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Ha'aretz
Le
test du cigare de Lieberman
Akiva Eldar
Akiva Eldar - Photo Ha'aretz
Après
Annapolis, les ambiguïtés du gouvernement Olmert. Trois tests
qui révéleraient ses véritables intentions. Il semble que, pour
l¹instant du moins, Lieberman et ses amis colons peuvent dormir
tranquilles (NdT).
Ha¹aretz, 3 décembre 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/930351.html
Alors que les députés de tous les partis avaient envahi la cafétéria
de la Knesset pour regarder la retransmission d¹Annapolis à la télévision,
le ministre chargé des affaires stratégiques Avigdor Lieberman
faisait fi de l¹écriteau d¹interdiction de fumer au fond du
grand auditorium. Clairement, les débats sur le contenu de la déclaration
conjointe israélo-palestinienne (1) ne l¹intéressaient pas. Et
la décision d¹entamer des négociations accélérées sur un
accord définitif n¹a pas beaucoup ému les cercles de droite,
appartenant ou non à la coalition gouvernementale.
D¹un autre côté, les décisions d¹Annapolis lient les
travaillistes au gouvernement Olmert et protègent les ministres
des éventuelles conclusions du rapport Winograd (sur la gestion
de la guerre du Liban). Même au Meretz, on s¹interroge sur la
manière de traiter un homme de droite qui s¹exprime comme Uri
Avnery.
Comment savoir qui a raison ? Ceux qui restent aux côtés d¹Olmert
parce qu¹ils croient/espèrent qu¹Annapolis se terminera comme
les innombrables accords qui l¹ont précédé ? Ou bien ceux qui
restent parce qu¹ils croient/espèrent que, cette fois, ce sera
différent ? Les preneurs de décisions ont-ils tiré les leçons
des échecs précédents, ou bien conduisent-ils (involontairement
ou délibérément), au pire, à un régime d¹apartheid,
comme Olmert l¹a déclaré lui-même, ou à un autre cycle de
violences ? Voici trois tests pour nous aider à résoudre
cette énigme.
1. Le test des positions d¹ouverture des négociations
Avant même le début des pourparlers sur un accord définitif, le
gouvernement doit clarifier ses positions d¹ouverture sur chacun
des points essentiels. S¹il adopte l¹approche selon laquelle les
Palestiniens doivent se contenter de la clôture de sécurité
comme frontière politique, accepter la souveraineté d¹Israël
sur le Mont du Temple et effacer totalement tout rappel du retour
des réfugiés, nous pouvons économiser les frais entraînés par
la mise en place d¹une Administration de la paix.
Mahmoud Abbas et la direction palestinienne, qui a émergé d¹Annapolis
avec la mission de mener les négociations sur un accord de paix,
est bien plus faible que la délégation emmenée par Yasser
Arafat à Camp David en juillet 2000. Après sept ans de « pas de
partenaire », la destruction des infrastructures du gouvernement
central palestinien, la victoire du Hamas et la perte de Gaza, la
marge de manœuvre du Fatah est très réduite.
Mahmoud Abbas ne peut pas se permettre de renoncer à un seul
centimètre carré de plus qu¹Arafat (les lignes de 1967), avec
des ajustements de frontières sur la base de l¹égalité et de l¹accord
mutuel des deux parties. Sur Jérusalem et les réfugiés, il ne
servirait à rien de proposer aux Palestiniens moins que ce que le
plan Clinton offrait en décembre 2000.
2. Le test du tissu social
Les principes d¹Annapolis renvoient les parties à la formule de
Rabin : mener les négociations comme s¹il n¹y avait pas de
terrorisme et combattre le terrorisme comme s¹il n¹y avait pas
de négociations. Toutefois,
l¹expérience du processus d¹Oslo nous enseigne qu¹un canal
diplomatique n¹a aucune valeur s¹il ne s¹accompagne pas d¹une
amélioration pour la population occupée par Israël. Les limites
imposées à la circulation, les expropriations pour la
construction de la clôture aussi bien que pour les colons, les
assassinats et les arrestations massives sapent le soutien de l¹opinion
palestinienne à Abbas, et réduisent encore sa marge de manœuvre,
déjà étroite. Le démantèlement des colonies dites sauvages,
un gel total de la construction dans les colonies, sans se cacher
derrière son petit doigt (appel aux notions de «croissance et d¹expansion
naturelles »), et une application totale des recommandations du
rapport Sasson sur les colonies sauvages ont toujours constitué
le test des intentions du gouvernement israélien (3).
3. Le test du chef d¹équipe
Au sein de l¹état-major, nombreux sont les généraux qui
partagent toujours la conception de « l¹assèchement de la
motivation » des Palestiniens qui avait cours sous Shaul Mofaz et
Moshe Ya'alon. Dans les départements planification et
renseignement, aussi bien qu¹au bureau de liaison diplomatie-sécurité
du ministère de la défense, on dit et l¹on écrit que si l¹armée
devait se retirer de la Cisjordanie, nous serions obligés de protéger
les maisons de Kfar Saba (ville proche de Tel-Aviv et près de la
ligne Verte) des tirs de roquettes.
Si cela ne tenait qu¹à eux, l¹armée retournerait à Gaza. Ils
n¹ont aucune empathie pour le côté palestinien et ne pensent
pas que des gestes généreux ni même un accord de paix feraient
que les services de sécurité palestiniens remplaceraient
convenablement les forces israéliennes dans les territoires. Or,
bien qu¹Olmert dise qu¹il n¹est pas impressionné par les scénarios
d¹horreur de l¹establishment militaire, il envisage de nommer un
ancien membre dudit establishment à la tête de l¹administration
de la paix, un homme qui, depuis des années, s¹est habitué à
voir les Arabes à travers une lunette de tir.
Lieberman n¹est pas un imbécile. Après Annapolis, comme avant,
il ne se presse pas de quitter le gouvernement. Tant qu¹il peut
fumer tranquillement ses cigares, ses amis de la colonie de Nokdim
peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
(1) Texte : http://www.lapaixmaintenant.org/article1725
(2) Paramètres Clinton (résumé, sur les 3 principaux problèmes.
Source : "Israël et Palestine : Plans de paix et
propositions d¹Oslo au désengagement" par le Pr Galia
Golan - pas d'éditeur pour l'instant).
Ces paramètres ont été présentés par Clinton aux 2 parties
comme non négociables, après l¹échec de Camp David.
Frontières : Israël se retire
de 94 à 96% de la Cisjordanie, et échange territorial égal à 1
à 3% de la Cisjordanie qui viendrait compenser les Palestiniens.
Réfugiés : deux propositions,
toutes les deux fondées sur l'idée que la question des réfugiés
devait être résolue, en gros, dans le cadre de l'Etat
palestinien. La formule pouvait être, soit une reconnaissance par
les
deux partie du "droit au retour des réfugiés dans la
Palestine historique", soit le "droit des réfugiés
palestiniens à leur patrie". Dans un cas comme dans l'autre,
il n'y aurait aucune ambiguïté quant au lieu où s'exercerait
ce droit : ce serait Israël qui, d'après Clinton, avait le droit
de déterminer sa politique d'immigration et de préserver son
caractère juif.
Supposant qu'Israël pourrait autoriser un petit nombre de réfugiés
à entrer, il proposa cinq options, souvent discutées par le passé
: "retour" dans l'Etat palestinien ; "retour"
dans les zones transférées aux Palestiniens
dans le cadre des échanges de territoires ; intégration dans les
pays où ils se trouvaient actuellement ; réinstallation dans un
pays tiers ; admission en Israël. Ces trois dernières options dépendraient
de la politique
d'immigration de chaque pays concerné, y compris Israël. La
priorité serait donnée aux réfugiés du Liban, dont le sort était
peut-être le pire, et dont la plupart avaient de la famille qui
vivait toujours en Galilée (Israël).
Prises dans leur globalité, ces dispositions étaient considérées
comme une application de la résolution 194.
Jérusalem : Les idées de
Clinton ne tenaient aucun compte des arrangements géographiques
compliqués imaginés par les Israéliens à Camp David, et
allaient clairement dans le sens des exigences palestiniennes.
Très simplement, Clinton suggéra : les quartiers arabes seraient
sous souveraineté palestinienne et les quartiers juifs sous
souveraineté israélienne. Les Palestiniens auraient réellement
leur capitale à Jérusalem, et Israël, ainsi que le présenta
Clinton, obtiendrait enfin la reconnaissance d'une grande partie
de Jérusalem en tant que capitale de l'Etat d'Israël.
(3) Rapport Sasson : voir l¹édito d¹Ha¹aretz "Fini de
jouer" http://www.lapaixmaintenant.org/article1009
Trad. : Gérard
pour
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