Opinion
Le détournement du
cours du Nil:
Un problème secondaire qui menace
l'existence de l'Egypte
Akil
Cheikh Hussein
Vendredi 14 juin
2013 Tous les faits
indiquent que l'Egypte commence à sortir
perdante de la «guerre du Nil», sauf si
le Ciel exauce les invocations du
président Muhammad Morsi. Cette guerre
est entrée dans une phase décisive avec
le début des démarches éthiopiennes
visant à dévier le cours du Nil Bleu
dans le cadre du projet qu'est la
construction du «barrage d'Annahda» avec
toutes ses répercussions néfastes pour
l'Egypte.
Non seulement parce qu'il réduit de 40 %
sa part des eaux et de 20% ses capacités
dans le domaine de la production de
l'électricité, mais aussi parce que la
tension dans les relations entre
l'Egypte et l'Ethiopie se reflète
négativement au niveau de la relation
avec les Coptes égyptiens à un moment où
les plans hégémoniques tiennent
particulièrement à investir dans les
discordes confessionnelles.
Outre l'Egypte et l'Ethiopie, les neuf
pays africains qui se partagent les eaux
du Nil, y compris le Soudan, ont pris
des positions qui approuvent ou se
montrent satisfaites à l'égard du geste
éthiopien. Il est clair que cette
situation est en liaison avec le recul
du statut de l'Egypte dans le continent
africain, statut qui fut
considérablement distingué à l'époque du
président Abdel Nasser.
L'inconséquence de la position
égyptienne face à cette crise est le
premier parmi les éléments qui poussent
vers l'inéluctabilité de la perte. Des
menaces à la Don Quichotte de bombarder
le barrage ou de déstabiliser l'Ethiopie
à partir d'actions égyptiennes en
Somalie et en Erythrée, d'une part, et
d'autre part des affirmations sur
l'attachement à l'option d'une solution
pacifique. Le tout allant de pair avec
des assurances émanant de responsables
égyptiens selon lesquelles la
construction du barrage n'aura pas des
conséquences négatives pour l'Egypte ou
prétendant que «les études» n'ont pas
encore abouti à des conclusions sur le
caractère, positif ou négatif, des
conséquences.
En même temps, on ne manque pas
d'entendre des voix qui se veulent
optimistes en louant les répercussions
positives au niveau du développement en
Afrique grâce à l'expansion des terres
irriguées et à l'accroissement en
Ethiopie de la production de l'énergie
électrique et son exportation vers un
grand nombre de pays proches et
lointains.
Ce qui est encore plus grave est que ce
problème qui expose à des dangers
supplémentaires la sécurité alimentaire
en Egypte intervient à un moment où ce
pays est aux prises avec un nombre
incalculable de problèmes intérieurs et
extérieurs qui le prédisposent à être un
pays raté avec distinction.
Il est clair que le régime du président
Morsi n'a pas réussi à assurer le
minimum nécessaire du fameux
«affermissement» pour gouverner le pays,
et ce en raison de la tendance à
l'autocratie contraire à l'exigence de
mobiliser toutes, ou la plupart des
forces politiques égyptiennes et de les
investir dans un projet à même de faire
face aux étouffants problèmes
économiques, sociaux et politiques qui
sévissent en Egypte.
Il ne fait montre non plus d'aucune
tendance à rompre avec les politiques
extérieures suivies par l'Egypte depuis
Sadat, surtout en ce qui concerne les
bonnes relations avec les Etats-Unis et
l'entité sioniste, sachant qu'une telle
exigence était et est toujours
fondamentale parmi les objectifs de la
révolution du 25 janvier 2011.
Ce qui est encore non moins important
est que les positions de ce régime
vis-à-vis du grand événement qui
commence à modifier les équations
internationales au profit des forces de
libération, à savoir la résistance de la
Syrie face à la féroce offensive
internationale et régionale, sont plutôt
favorables à cette offensive, bien que
l'Egypte soit visée par une offensive
analogue à celle qui vise la Syrie.
En remplaçant la Turquie impliquée dans
la guerre contre la Syrie par l'Ethiopie
qu'on utilise aujourd'hui comme fer de
lance du plan visant à faire glisser
l'Egypte dans les dédales obscures du
chaos, nous constatons que les parties
internationales et régionales sont les
mêmes dans les deux cas : Les Etats-Unis
et leurs alliés occidentaux qui
participent avec les Etats du Golfe au
financement du barrage et à l'achat de
vastes terres agricoles autour du cours
du Nil et de ses affluents, encourageant
ainsi l'Ethiopie à construire le barrage
sans faire le moindre effort pour
aboutir à un accord avec l'Egypte au
sujet du partage des eaux.
Sans oublier l'entité sioniste qui
renforce son influence en Afrique et
notamment en Ethiopie et qui utilise le
Nil comme moyen de pression qui empêche
l'Egypte de se redresser économiquement
et d'occuper sa place comme puissance de
poids dans la direction du mouvement de
libération dans la région.
Il est vrai que le Nil est très
important pour l'Egypte comme pour tous
les pays riverains. Mais différentes
solutions techniques sont en mesure
d'apporter des solutions à ce problème
dans l'intérêt de tous. Pourtant, il
reste en dépit de toute sa gravité un
problème secondaire en comparaison avec
les tas de problèmes qui menacent
l'unité de l'Egypte et son existence et
dont l'Egypte ne peut en sortir sans
rejoindre le camp de la résistance dans
la région et le monde.
Le sommaire d' Akil Cheikh Hussein
Les dernières mises à jour
|