Tunisie
L'affaire du viol
est un test pour Ali Lârayedh
Aida
Bouchadakh
Mercredi 3 octobre 2012
L’affaire du viol d’une femme
par des policiers est un test pour le
ministre de l’Intérieur: soit il couvre
les siens et réinstaure la dictature
policière, soit il se désolidarise des
agents pourris et démontre qu’il n’y
aura plus d’impunité pour les policiers.
Par
Aida Bouchadakh
Le viol, cette arme redoutable qui
vous détruit de l’intérieur, a longtemps
été utilisée sous le régime de ben Ali
et toute impunité…et pour cause.
Très rares sont les femmes qui vont
oser défier les tabous de la société
arabo-musulmane et vouloir faire
prévaloir leur droit.
Certes, la violée est une victime de
son violeur, mais le fait de dévulger
cet acte ignoble, dont elle a fait les
frais, deviendra par après la victime de
la société toute entière.
Le qu’en dira t’on est parfois mortel
et rares sont les couples qui survivent
après un tel événement, surtout s’il est
étalé au grand public.
Aujourd’hui, il semble que les
mentalités changent et c’est tant mieux.
Cette jeune femme qui a eu le courage
d’affronter le regard de la société doit
être saluée et soutenue.
Les policiers, qui sont supposés être
les protecteurs des citoyens, ne doivent
pas croire qu’ils jouissent de
l’impunité. Bien au contraire, le fait
d’être policier doit être considéré
comme une circonstance aggravante.
Nous devons avoir une tolérance zéro
pour ce type de comportement, il en va
de la survie de notre démocratie
naissante.
Il serait erroné de croire que seules
les non voilées pourraient faire les
frais de ce type de comportement
bestial. Loin s’en faut. Certaines,
voilées de la tête au pieds, devenues
même une ombre, l’ont été également.
C’est que le viol ne relève pas
seulement d’un désir impulsif, non
canalisable, il relève aussi de la
volonté d’assujettir l’autre, de le
réduire à une chose dont on dispose
selon son bon vouloir.
Le viol peut également constituer une
politique.
La politique du viol collectif a été
utilisée comme arme de guerre. Ce fut
notamment le cas en Bosnie-Herzégovine,
en Irak et en Syrie. Ce fut également le
cas en Tunisie, il n’y a pas si
longtemps que ça….
Dans le cas de figure qui nous
concerne, ce viol est probablement un
test vis-à-vis du nouveau pouvoir en
place depuis la révolution: soit le
ministre de l’Intérieur couvre les siens
et réinstaure peu à peu la dictature
policière, soit il se désolidarise des
agissements de ses agents pourris et
démontre qu’il n’y aura plus d’impunité
pour les policiers.
La justice doit également se remettre
en cause.
Il semble que laisser la main libre à
une justice habituée aux anciennes
méthodes relèverait du suicide et
constitue à mon sens une grande entorse
au principe même de la justice.
Il est plus que temps de remettre à
plat le système judiciaire sous peine de
le voir annuler tout effort en matière
de lutte contre toutes les formes de
criminalités qui se développent
actuellement en Tunisie, qu’elles soient
d’ordre économique ou social…
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Publié le 4 octobre 2012 avec
l'aimable autorisation de Kapitalis
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