Opinion
Abdication au
Qatar : changement de cap ?
Ahmed Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 26 juin 2013
Le "
changement " d'émir au Qatar, cette tête
de pont étatsunienne au Moyen-Orient,
pourrait bien être dans une certaine
mesure l'élément d'une reconfiguration
de l'agenda atlantiste pour la région.
L'hypothèse repose sur le fait que le
verrou syrien n'a pas sauté comme prévu
par les " think tank " de l'OTAN, pour
ouvrir la voie à une destruction du
bastion iranien. La résistance de l'Etat
syrien, appuyé par l'écrasante majorité
de la population, sans laquelle il
n'aurait pu faire face à la guerre par
procuration qui lui a été imposée, a
déjoué tous les pronostics. Il se permet
même une contre-offensive qui sème le
doute et la panique au sein des " amis
de la Syrie ", dont le seul argument est
constitué par une présumée " Coalition "
qui peine à satisfaire aux critères de
représentativité de la fiction d'un
peuple révolté, exprimé par une
nébuleuse dénommé pompeusement " armée
syrienne libre ". Au bout de deux années
d'injection d'armes, d'argent et de "
rebelles ", le constat est implacable,
la réalité des faits gagne chaque jour
un peu plus de terrain. Au point de
pousser les Etats-Unis à prendre pour
leur seul compte le dossier et de
s'isoler pour le négocier avec la
Russie, au grand dam de leurs satellites
européens. Chez les vassaux arabes,
l'heure est aussi au désenchantement.
L'épopée des pétromonarques, qui devait
en faire les satrapes des Arabes et
assimilés, si elle a connu l'illusion
d'aboutir par la destruction de la Libye
et par l'arrivée au pouvoir des Frères
musulmans au pouvoir en Tunisie et en
Egypte, ou par l'obtention de
strapontins au Maroc, est stoppée nette.
Le plan judicieusement étudié d'un "
printemps ", qui récupérerait le
mécontentement populaire et conjurerait
l'émergence d'alternatives
antilibérales, n'a pas fonctionné. L' "
exception algérienne " ajoutée aux flops
des "grandes batailles" de Damas et
d'Alep, sur fond d'irruption de l'axe
Moscou-Pékin sur la scène et de
déstabilisation du gouvernement de Rajab
Tayeb Erdogan en Turquie, ont mis fin au
triomphalisme. Alors, le Qatar promu fer
de lance des " révolutions " a du plomb
dans l'aile. Une nouvelle dynamique doit
être mise en place, dans une tentative
de conserver les acquis et de sauver la
face. Fortement identifié en tant que
mercenaire de l'OTAN, haï par la " rue
arabe ", stigmatisé par la presse
occidentale à cause de son intrusion
financière en France en particulier,
l'émir qui abdique au profit de son
fils, ne pouvait plus servir la cause,
il a atteint son seuil d'obsolescence et
sa télévision Aljazeera a perdu de son
éclat. Son successeur, dans une
acception personnalisée du pouvoir,
pourrait sans trop de discrédit
permettre une révision de l'attitude de
l'émirat. Washington, dont le rôle est
plus qu'évident dans l'opération,
voulait un nouveau visage pour le
remaniement qu'elle a mis en œuvre dans
son approche de la problématique
régionale. Il s'agit de s'adapter au
cours nouveau en se débarrassant d'une
figure trop connotée et caricaturale. Ce
qui devrait se confirmer à travers le
mode de préparation des prochaines
formules de gestion de la crise
syrienne.
Article publié sur
Les Débats
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