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Résistance

Le plafond de mes exigences et le général d'Israël
Abdel Sattar Qâsim

 

Dimanche 6 juin 2010

Le gouverneur militaire de la province de Tulkarm m’a convoqué un jour en 1987, j’étais alors en résidence surveillée à Deir Ghossoun, en vue de rencontrer un des officiers de l’état-major israélien. J’avais rendez-vous à 14 heures, il eut quinze minutes de retard, je décidai de quitter le sérail de Tulkarm. A peine sorti de la porte principale que les soldats pointaient sur moi leurs fusils, me demander de rentrer. L’un des officiers me dit que le général a pris un peu de retard mais qu’il insiste pour te voir. Il prit ma carte d’identité pour m’obliger à rester. Le général arriva vers 14h30.

Le général me questionna à propos de la solution dans la région, je lui répondis qu’elle se résumait en deux mots, le droit au retour. Il dit que cela signifie la destruction de l’Etat d’Israël, je lui répondis qu’il se trouvait face à deux alternatives : ou bien accepter le droit au retour et échapper, lui et son peuple, à la destruction ou bien ne pas l’accepter, il exposait alors son peuple à un danger qu’il ne pouvait concevoir. Il demanda à propos de ce qu’il ne pouvait concevoir, je lui répondis, l’anéantissement et l’expulsion. Il  dit que le rapport de forces dit que c’est plutôt vous qui allez être anéantis, je lui dis que je ne parlais pas du rapport de forces actuel, mais du prochain. Il dit que mes paroles sont démesurées, je lui répondis : elles sont démesurées en 1987, mais elles seront modestes trente ans après. Il me demanda si je patienterai toute cette période, je lui dis que je léguerai la patience à mon fils.

Le général me dit que le gouvernement d’Israël est prêt à accepter la fondation d’Etat palestinien en Cisjordanie et la bande de Gaza, je lui répondis que l’Etat qui n’est pas la conséquence du droit à l’autodétermination ne pourra être autre que l’agent sécuritaire d’Israël. Lorsque j’obtiendrai le droit à l’autodétermination, je déciderai ce que je veux, fonder un Etat ou un Empire, ou bien décider l’unité avec un Etat arabe. Cette décision appartient au peuple palestinien. Il me dit que Arafat recherche un Etat et il est prêt à négocier avec Israël. Je lui répondis : tant mieux, négocie, essaie. Le projet d’Etat palestinien que vous bénissez sera dépassé  par les événements, il sera dépassé par le rapport de forces. Vos charges seront lourdes dans le futur de sorte que vous ne trouverez aucune utilité à négocier avec ceux qui sont prêts à le faire. Le général m’a décrit comme un extrémiste et m’a menacé de déportation. Je lui  répondis : « je serai soulagé de ne pas te voir ».

Depuis cette date, vingt-trois ans sont passés, il reste donc sept ans à ma promesse. Au cours de cette période, Israël est sorti chassé du Liban, il a perdu la guerre de 2006, il a perdu la guerre contre Gaza, et il a vu, de ses propres yeux, comment la panique a contraint un quart de la population d’Israël à s’enfuir et à réclamer le salut, tout comme il a mené des manœuvres spéciales pour se préparer à chasser des forces étrangères qui se sont emparées d’agglomérations juives au nord de la Palestine.

Sur quoi me suis-je appuyé et sur quoi je m’appuie ? Je me suis appuyé sur une évolution qui faisait son chemin en silence, dans la région, et qui s’est poursuivie jusqu’en 2006, en silence aussi, lorsque le Hezbollah a livré une partie de ses secrets de combat. Je voyais l’éclipse rapide de l’OLP, principal acteur de la région et la montée de nouvelles forces sur la scène palestinienne, plus sérieuses et plus engagées envers la cause palestinienne, je voyais un éveil technologique en Iran qui annonçait un éveil technologique en Syrie, tout ceci constituant de fortes motivations pour de larges catégories sur la scène arabe et islamique pour se révolter contre l’humiliation, la faiblesse et décider la lutte. Les Américains e les Israéliens ont énormément fait souffrir les Arabes et les musulmans et il n’y avait aucune alternative que la relève. Ce comportement ne peut que susciter sa négation et son contraire, et c’est ce qui s’est passé, à grande vitesse, du Pakistan jusqu’au Soudan.

Il est clair que la corruption mine l’Etat d’Israël, de la tête au pied et que l’effondrement moral est parvenu jusqu’à la tête de l’Etat et ses ministres. Sa direction historique a disparu, son armée a changé et son moral est tombé. Israël est toujours puissant, sur le plan militaire et sécuritaire, mais le ver a pénétré dans tous ses membres.

Ce que j’ai demandé, monsieur le général, en 1987, n’a plus cours. Le plafond de mes exigences a été relevé, et s’élèvera au fil des jours. Actuellement, je demande la suppression des accords de Sykes-Picot, je demande la proclamation d’une résolution rendant illégal le mandat en 1922 et considérant tout ce qui a suivi comme illégitime.

En espérant que vous ne vous appuyerez pas sur vos muscles, car l’ardeur des muscles non régis par la raison risque d’aboutir à la catastrophe. Nous pouvons résorber la destruction provoquée par vos bombes nucléaires, mais vous êtes incapables de résorber celle provoquée par nos fusées traditionnelles. Ne vous appuyez pas sur les Américains, car ce qu’ils pouvaient vous offrir il y a dix ans, ils ne pourront vous en fournir le quart dans dix ans. Je te conseille d’agir  pour ton lendemain, tu pourrais venir à moi réclamer l’assistance. Je te ferai attendre pour voir quel sera le jugement de Dieu envers toi : te prêter assistance et t’accorder la sécurité ou bien te faire goûter le supplice ?

Ne lis pas mon article de travers, à la façon dont tu as lu mes paroles en 1987.

Traduction: Cirepal (Centre d'Information sur la Résistance en Palestine)

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Source : Cirepal


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