Dans une
conversation ayant fuité, une
journaliste de la BBC exhorte un pigiste
couvrant la mobilisation des Gilets
jaunes à dénicher des liens entre
celle-ci... et Moscou. Le ministère
russe des Affaires étrangères s'est ému
de telles pratiques.
La mobilisation des Gilets jaunes,
qui a rassemblé des dizaines de milliers
de manifestants dans toute la France
depuis cinq semaines, et qui a
cristallisé l'attention de la presse
française voire internationale, a-t-elle
vraiment eu besoin d'un coup de pouce
venu de l'étranger ? C'est ce que
semble avoir cherché à démontrer coûte
que coûte la BBC qui, selon une
conversation à laquelle l'agence
russe RIA Novosti a eu accès, s'est
évertuée à traquer de potentiels liens
entre le mouvement citoyen français et
la Russie.
Dans une discussion
en russe, tirée selon RIA Novosti d'une
«messagerie» (en
témoigne des captures d'écran), la
correspondante russe de la BBC Olga
Ivshina échange avec un pigiste
(journaliste indépendant), qui couvre
les manifestations des Gilets jaunes.
Olga Ivshina
demande d'abord au pigiste s'il y a des
«membres du Front national dans les rues
de Paris». La journaliste de la chaîne
publique britannique ajoute : «Et si
on trouve ces ultras-droite,
parleront-ils de Poutine et de leurs
liens avec Moscou ?»
Devant ce qui
semble être une réponse négative du
pigiste, Olga Ivshina demande si «des
Russes» participent aux manifestations.
Visiblement confrontée à de nouvelles
dénégations, la journaliste de la BBC ne
baisse pas les bras et interroge le
pigiste sur une possible présence
d'«entreprises russes» sur place, qui
feraient «leurs choux gras lors des
émeutes». «Mais peut-être y a-t-il au
moins des ultras-droite ? Et ils peuvent
déjà être liés à Poutine…»,
demande-t-elle encore, déterminée.
La rédaction
demande du sang, quoi
Toujours selon la
conversation à laquelle RIA Novosti
a eu accès, la journaliste de la BBC
explique sa démarche au pigiste : «Oui,
je cherche des angles. La rédaction
demande du sang, quoi.»
La BBC confirme
l'existence de cette conversation
Ces révélations ont
fait réagir le ministère russe des
Affaires étrangères, qui s'est engagé à
soulever cette question auprès de
l'Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (OSCE). De plus,
la porte-parole du ministère des
Affaires étrangères russes Maria
Zakharova a appelé le public britannique
à juger des pratiques de la BBC. «C'est
au Royaume-Uni en particulier que les
médias et chaînes russes sont
régulièrement accusés de produire de la
propagande», a également déploré la
porte-parole russe, ajoutant que de
telles accusations n'étaient pas étayées
par des faits tangibles.
Contactée par RT,
la BBC – confirmant la conversation mise
en lumière par RIA Novosti – a répondu
en ces termes: «Dans
la mesure où le ministre des Affaires
étrangères français a publiquement parlé
de rapports médiatiques sur une possible
influence russe sur les manifestations,
il était tout à fait raisonnable pour
notre correspondante de soulever le
sujet. Cependant, dans leur état final,
ses reportages n'ont fait aucune mention
d'un possible lien avec la Russie. Nous
nous en tenons à un journalisme
impartial et indépendant.»
L'implication russe
ne s’appuie, à ce jour, sur aucun fait
avéré
La BBC faisait ici
référence à l'enquête des services de
renseignements français, coordonnés par
le Secrétariat général de la défense et
de la sécurité nationale (SGDSN), qui
dépend du Premier ministre, sur des
ingérences étrangères supposées sur les
réseaux sociaux.
La France s'est
penchée sur cette question après que le
quotidien britannique The Times a
affirmé, le 8 décembre, avoir eu accès à
une analyse de la société de
cybersécurité New Knowledge démontrant
le rôle de «centaines de comptes de
médias sociaux liés à la Russie» qui
auraient «cherché à amplifier les
manifestations de rue». Quelques 200
comptes Twitter de ce type auraient
diffusé des photographies et des vidéos
de personnes blessées par la police.
De son côté, Moscou
a formellement démenti avoir interféré
«dans les affaires intérieures de tout
pays, y compris la France, par le biais
de Dmitri Peskov, le porte-parole du
Kremlin.
Quant aux premiers
résultats de l'enquête française, ils
n'ont pour l'heure établi aucune
implication de la Russie dans l'ampleur
prise par la crise des Gilets jaunes,
selon les informations obtenues par le
Journal du Dimanche ce 16 décembre.
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