# LE
SCANDALE DU JOUR/
France : relance de l'enquête pour emplois fictifs
sur les dirigeants du Modem, pilier de
régime Macron
Luc Michel
Samedi 14 septembre 2019
Luc MICHEL/ 2019 09 13/
Avec Le Point – AFP – FranceInfo -
Marianne /
Emplois fictifs du MoDem : de Sarnez et
Bayrou convoqués par la police !
François Bayrou, le président du MoDem,
et son bras droit, Marielle de Sarnez
ont été entendus par l'OCLCIFF. Ils sont
soupçonnés d'avoir fait travaillé pour
le compte de leur parti des assistants
parlementaires payés par Bruxelles. Les
deux cadres du MoDem, figures centrales
du Premier Gouvernement macroniste,
attendent leur audition depuis deux ans
et demi. Ironie, Bayrou devait être le
ministre de la « moralisation de la vie
politique française » du Régime Macron
en 2017 …
La veille, l’ex ministre macroniste
Goulard, imposée depuis par Paris comme
Commissaire européen à Bruxelles, était
entendue pour les mêmes faits !
I-
EMPLOIS FICTIFS AU MODEM :
SYLVIE GOULARD ENTENDUE PAR LES
POLICIERS
C'est une malheureuse coïncidence
(sic) ! Au moment même où l'on apprenait
par voie de presse que Sylvie Goulard
héritait du portefeuille du marché
intérieur, de l'industrie et de la
défense à la Commission européenne,
l'ex-députée et éphémère ministre des
Armées sous Emmanuel Macron était...
interrogée par les policiers dans
l'affaire des emplois fictifs du MoDem.
Après avoir entendu ces dernières
semaines plusieurs collaborateurs
parlementaires et la plupart des cadres
ou anciens membres du parti politique de
François Bayrou, l'Office central de
lutte contre la corruption et les
infractions financières et fiscales
(OCLCIFF) a en effet auditionné Sylvie
Goulard, mardi 10 septembre. Entrée très
tôt dans les locaux de Nanterre, la
femme politique en est ressortie peu
avant 14 heures, accompagnée de son
avocat, selon nos informations.
Comme Le Point l'a révélé la semaine
dernière, Sylvie Goulard a déjà
remboursé 45 000 euros au Parlement
européen, qui correspondent à des
salaires versés à Stéphane Thérou, son
ancien assistant, alors qu'il ne
travaillait plus pour elle. Sylvie
Goulard s'était justifiée en assurant
« qu'elle avait voulu, en 2014,
concentrer ses activités autour du
Parlement européen et qu'elle ne voulait
donc plus avoir d'assistant
parlementaire en circonscription. Plutôt
que de le licencier sèchement, elle
avait préféré continuer à rémunérer
Stéphane Thérou pendant sa recherche
d'emploi. L'ex-députée précise cependant
qu'elle ignore ce que son collaborateur
a fait pendant cette période, et s'il a,
oui ou non, travaillé pour le MoDem,
alors qu'il continuait à être rémunéré
par le Parlement européen » (sic).
Stéphane Thérou, homme de confiance de
François Bayrou, était par la suite
devenu son directeur de cabinet à Pau en
2015.
« LE PLUS DUR EST FAIT »
Dans l'entourage de Sylvie Goulard, qui
ne veut pas croire à une mise en examen,
on pense que « le plus dur est fait
maintenant que son audition est derrière
elle ». L'accord passé avec le Parlement
européen, qui s'est conclu par le
remboursement de 45 000 euros
correspondant aux salaires versés à son
ancien assistant parlementaire Stéphane
Thérou, alors qu'il n'était plus à son
service, a permis d'éteindre un premier
feu : l'enquête administrative instruite
par le secrétariat général du Parlement
est close. « Ce geste a été très bien
reçu par les parlementaires, ils y ont
été très sensibles », plaide un proche
de l'éphémère ministre de la Défense du
premier gouvernement d'Édouard Philippe
– Sylvie Goulard avait démissionné de ce
poste quand l'affaire a éclaté, au grand
dam de François Bayrou et de Marielle de
Sarnez, contraints de lui emboîter le
pas. « En même temps, cela signifie que
des sommes indues ont été perçues »,
nuance une autre source, qui pense
néanmoins, elle aussi, que « le
Parlement ne sera pas harcelant au
moment du débat d'investiture avec un
statut de témoin assisté ».
CORINNE LEPAGE (AUTRE CADRE DU MODEM)
RÉENTENDUE
Ce remboursement a d'ores et déjà permis
à Sylvie Goulard de clore la procédure
administrative avec le Parlement
européen. Un geste indispensable avant
que le président Macron ne la propose,
fin août, au poste de commissaire
européenne. Mais un geste encore
insuffisant pour mettre fin à l'enquête
pénale, qui peut se poursuivre en toute
indépendance. Dans le camp de François
Bayrou et de Marielle de Sarnez – «
remontés comme des coucous suisses »
contre leur ancienne alliée, selon un
élu – on parle d'un « mauvais coup ». «
Le fait qu'elle ait remboursé les 45 000
euros, c'est évidemment un sujet »,
précise leur entourage.
Selon les informations du ‘Point’,
l'ancienne députée européenne Corinne
Lepage, qui avait évoqué dans un livre
l'existence d'une « note », par laquelle
les eurodéputés centristes s'engageaient
à détacher un assistant parlementaire,
payé par Bruxelles, pour travailler pour
le MoDem, a quant à elle été auditionnée
une nouvelle fois en juin par l'OCLCIFF
et a apporté de nouveaux éléments.
Contactée par Le Point, elle dit
réserver ses déclarations à la justice.
Tout comme Matthieu Lamarre, l'ancien
assistant de Jean-Luc Bennahmias, qui
fut le premier à faire un signalement à
la justice, et qui a lui aussi été
interrogé une nouvelle fois cet été.
II-
EMPLOIS FICTIFS DU MODEM :
DE SARNEZ ET BAYROU CONVOQUÉS PAR LA
POLICE
« Ils attendent leur audition depuis
deux ans et demi », explique leur
entourage. Et le coup de massue reçu à
la fin de l'été, lorsqu'ils ont appris
que Sylvie Goulard avait remboursé 45
000 euros au Parlement européen,
reconnaissant ainsi implicitement avoir
rémunéré un emploi fictif pendant des
mois, n'y changera rien : François
Bayrou, le président du MoDem, et son
fidèle bras droit, Marielle de Sarnez,
sont prêts à en découdre. Le premier en
tant que maire de Pau, la seconde en
tant qu'eurodéputée, mais tous deux
soupçonnés d'avoir mis sur pied un
système visant à faire travailler pour
le compte de leur parti des assistants
parlementaires payés par Bruxelles.
Selon les informations du ‘Point’,
l'éphémère ministre chargée des Affaires
européennes au début du quinquennat
Macron, avant que l'affaire des
assistants parlementaires du MoDem
n'éclate, doit être entendue ce mercredi
par les policiers de l'Office central de
lutte contre la corruption et les
infractions financières et fiscales
(OCLCIFF), à Nanterre. Soit le lendemain
de l'audition de Sylvie Goulard,
proposée mardi matin, au moment même où
elle était entendue par les enquêteurs,
au poste de commissaire européenne en
charge du marché intérieur, de
l'industrie et de la défense.
2 300 DOCUMENTS VERSÉS AU DOSSIER
Selon ses proches, Marielle de Sarnez
s'est dite « soulagée » par cette
convocation et entend bien faire valoir
ses arguments. Selon nos informations,
sa défense a déjà fait verser au dossier
près de 2 300 pièces visant à démontrer
le travail effectif de ses assistants
parlementaires pour Bruxelles. La
manœuvre vise surtout à contrecarrer les
déclarations explosives de l'une de ses
anciennes collaboratrices, qui a affirmé
devant les enquêteurs, selon L'Obs,
avoir été la « gouvernante de Marielle
de Sarnez ». L'assistante a assuré
s'être essentiellement occupée
d'affaires privées ou de dossiers
concernant le MoDem, tout en étant
rémunérée sur fonds européens.
La députée nie également l'existence
d'une note, évoquée par Corinne Lepage
dans un livre, selon laquelle les
parlementaires nouvellement élus
s'engageaient à mettre à disposition du
parti un de leurs collaborateurs. « Le
seul engagement était de contribuer à la
délégation du MoDem, comme c'est le cas
dans tous les partis », assure une
source proche de la femme politique.
Marielle de Sarnez entend également
mettre à profit son audition pour
prendre des nouvelles d'une plainte
déposée par ses avocats pour
dénonciation calomnieuse, et qui vise
l'ex-députée européenne frontiste Sophie
Montel. C'est cette dernière qui avait,
au printemps 2017, dénoncé plusieurs
élus. Interrogé, l'entourage de Marielle
de Sarnez, à la veille de son
interrogatoire par la police, minimise
en tout cas les faits : « On parle
d'emplois dit fictifs, mais ils ne l'ont
jamais été. C'est vraiment impropre
comme intitulé de l'affaire. Tout le
monde travaillait au MoDem. On ne
pouvait pas se payer le luxe d'être payé
à ne rien faire. »
FRANÇOIS BAYROU ENTENDU JEUDI
François Bayrou, quant à lui, doit être
entendu jeudi, avant que d'autres ne
prennent sa place, comme l'ancien
eurodéputé du MoDem Robert Rochefort,
lui aussi convoqué. Le patron du
Mouvement démocrate joue son avenir
politique à court terme. D'où la
virulence, mardi, de son entourage à
l'encontre de Sylvie Goulard : « Elle a
rémunéré Stéphane Thérou parce qu'il
travaillait pour elle, pas du tout pour
subventionner sa recherche d'emploi
comme j'ai pu le lire [voir notre
article ici] […] Elle a tenté de se
blanchir alors qu'on vient de découvrir
qu'en étant parlementaire, elle a été
rémunérée par des intérêts privés. »
Photo :
A gauche d'Edouard Philippe, Sylvie
Goulard et Francois Bayrou, en mai 2017.
La ministre des Armees et le ministre de
la Justice ont du abandonner leur poste
au gouvernement apres que l'affaire des
emplois fictifs du MoDem a ete revelee
par la presse.
Luc MICHEL / Люк
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