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/ IDEOLOGIE ET ECONOMIE
L'endettement
comme construction sociale fondatrice du
pouvoir:
"Dette: 5000 ans d'histoire"
LM &
KH
Dimanche 6 octobre 2013
LM & KH pour EODE-BOOKS - lire -
s’informer – se former
Un service du Département EDUCATION &
RESEARCH
de l’Ong EODE
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http://www.eode.org/eode-books-ideologue-et-economie-lendettement-comme-construction-sociale-fondatrice-du-pouvoir-dette-5000-ans-dhistoire/
# DETTE : 5000 ANS D'HISTOIRE
David Graeber
Les Liens Qui Libérent Editions
"une vaste, érudite et provocante
histoire alternative de l'argent et des
marchés"
- Business Week
Un livre à contre-courant !
La dette non seulement comme réalité
économique, mais aussi comme idée-force
au cœur de l’Histoire et finalement de
l’idéologie occidentale …
Un essai essentiel et foisonnant qui
nous permet de mieux comprendre
l’histoire du monde, la crise du crédit
en cours et l’avenir de notre économie.
Voici un livre capital, best-seller aux
États-Unis – plus de 100 000 exemplaires
vendus – et en Grande-Bretagne, commis
par « l’un des intellectuels les plus
influents » selon le New York Times.
David Graber est Professeur à la London
School of Economics et est « grillé »
aux Etats-Unis pour son rôle majeur dans
le mouvement Occupy Wall Street à New
York.
Un livre qui, remettant en perspective
l’histoire de la dette depuis 5 000 ans,
renverse magistralement les théories
admises. Il démontre que le système de
crédit, apparu dès les premières
sociétés agraires, précède de loin
l’invention des pièces de monnaie. Quant
au troc, il n’a toujours été qu’un
pis-aller et ne s’est réellement
développé que dans des situations
particulières ou de crise. La dette a
donc toujours structuré nos économies,
nos rapports sociaux et jusqu’à nos
représentations du monde.
David Graeber montre que le vocabulaire
des écrits juridiques et religieux de
l’Antiquité - des mots comme «
culpabilité », « pardon » ou «
rédemption » - est issu en grande partie
des affrontements antiques sur la dette.
Or il fonde jusqu’à nos conceptions les
plus fondamentales du bien et du mal,
jusqu’à l’idée que nous nous faisons de
la liberté. Sans en avoir conscience,
nous livrons toujours ces combats…
Selon l’auteur, « l’endettement est une
construction sociale fondatrice du
pouvoir ».
Si autrefois les débiteurs insolvables
ont nourri l’esclavage, aujourd’hui les
emprunteurs pauvres – qu’il s’agisse de
particuliers des pays riches ou d’États
du tiers-monde – sont enchaînés aux
systèmes de crédit. « L'histoire montre,
explique Graeber, que le meilleur moyen
de justifier des relations fondées sur
la violence, de les faire passer pour
morales, est de les recadrer en termes
de dettes – cela crée aussitôt
l’illusion que c’est la victime qui
commet un méfait. »
Trop d’économistes actuels perpétuent
cette vieille illusion d’optique, selon
laquelle l’opprobre est forcément à
jeter sur les débiteurs, jamais sur les
créanciers.
Ils oublient aussi une leçon déjà connue
de la civilisation mésopotamienne: si
l’on veut éviter l’explosion sociale, il
faut savoir « effacer les tablettes »…
Ce livre revisite donc l'histoire de
l'humanité et plaide pour « l'annulation
de la dette illégitime ».
CE QUE DIT DAVID GRABER /
Extraits d’un entretien au Vif-L’Express
(Bruxelles, 31 août 2013) :
EXTRAITS : « (…) à la suite d’une
conversation avec une jeune femme, lors
d’une soirée à Londres. Elle travaillait
dans une organisation humanitaire où
elle avait vu tous les malheurs de la
planète, mais, lorsque nous avons abordé
la question de la dette du tiers-monde,
cette personne extraordinairement bien
intentionnée m’a répondu : « Mais... il
est normal de rembourser ses dettes ! »
Je me suis alors demandé quelle autre
obligation, à ses yeux, pourrait
justifier la mort de milliers de bébés
faméliques. Je n’en ai trouvé aucune.
D’où ma question : qu’est-ce qui fait du
remboursement de la dette un devoir
moral si impérieux ? »
« (…) le pouvoir moral de la dette
provient du fait qu’elle est une
promesse librement consentie, un acte de
civilité inscrit dans nos rapports
sociaux. Mais cette promesse peut être
pervertie par un mélange de violence et
de froides mathématiques financières (…)
Tout va bien, en principe, tant que la
dette est contractée entre humains de
même niveau. Les riches, entre eux,
savent se montrer compréhensifs, trouver
des arrangements à l’amiable. Il en va
de même pour les pauvres. Le problème
commence lorsque cette dette s’ajoute à
un rapport d’inégalité préexistant entre
le créancier et le débiteur. Là, elle
prend comme par hasard son caractère le
plus sacré, qui justifie alors les
dominations les plus terribles et les
actes les plus injustes du créancier.
C’est la loi du plus fort, mais déguisée
en contrat entre prétendus égaux, ce qui
rend la déchéance par l’endettement plus
douloureuse et humiliante encore. »
« Depuis le début de l’histoire humaine,
ou plutôt de l’histoire des Etats et des
empires, on raconte aux hommes qu’ils
sont par nature des débiteurs.
Redevables et endettés envers les
divinités, auxquelles ils doivent des
sacrifices ou de faire pénitence pour
prix de leur vie sur terre. Porteurs
d’une dette envers leurs parents,
aussi... Depuis les textes védiques
(NDLR : du védisme, civilisation de
l’Inde antique), on utilise des mots
presque interchangeables pour désigner
le péché, la culpabilité et… la dette.
Cette obligation est ensuite habilement
transférée vers le pouvoir terrestre, la
puissance de l’Etat, puis, au nom de la
moralité, vers la société tout entière
(…) notre vie sociale a toujours été un
tissu d’obligations mutuelles, pour le
meilleur comme pour le pire. Par
exemple, on a trop longtemps raconté que
l’économie primitive était fondée sur le
troc. Balivernes ! Pour nourrir un
échange en nature quotidien, il aurait
fallu que chaque habitant d’un village
soit assez spécialisé pour fournir une
production particulière, ce qui semble
aberrant. Ce n’était d’ailleurs pas le
commerce, mais le don, qui animait les
relations sociales et générait des
obligations mutuelles, parfois
généreuses mais aussi teintées de
mauvaises intentions. Un cadeau peut
dépanner une personne dans le besoin,
mais il induit parfois une humiliation
ou une relation d’obligé lourde de
conséquences. Je te donne ma vache, mais
ne t’étonne pas si je viens un jour
demander la main de ta fille… Notre
langage est façonné par la référence à
l’obligation : « thank you », qui vient
du verbe to think et signifie « je
repenserai à ce que vous venez de faire
». Le « merci » français signifie que
vous vous mettez « à la merci de », en
position de subordination face à votre
bienfaiteur. »
« L’économiste Adam Smith, icône des
néolibéraux, a brodé sur le mythe du
troc comme préalable à l’invention de la
monnaie, car il concevait une société
idéale où personne ne doit rien à
personne, un monde mû essentiellement
par l’intérêt personnel et le besoin
d’échanges instantanés entre égaux. La
réalité est bien différente. Le crédit a
été notre premier mode d’échange ;
ensuite est née la monnaie, et le troc
n’a été utilisé que bien plus tard,
quand on manquait de pièces pour le
commerce ».
« C’est (la dette) la principale cause
de contestation et de désordre. Dans
l’Antiquité, chaque fois que la société
est réduite au désespoir et au chaos par
le surendettement, le pouvoir lâche du
lest, efface certaines ardoises, lors de
grands jubilés cosmiques. Ou bien, comme
à Rome ou à Athènes, il allège
directement le fardeau des plus démunis
par des distributions de monnaie. C’est
ainsi que l’on maintient la paix. Dans
l’Histoire, les révoltes et révolutions
ont été plus souvent motivées par
l’envie de brûler les livres de comptes
des créanciers que par celle de changer
la société, de renverser les
hiérarchies, voire d’abolir le servage
(…) Or, depuis 1971, vous remarquerez
que les systèmes chargés d’éviter ces
crises périodiques – comme le FMI, par
exemple – protègent non pas les
débiteurs, mais les créanciers
eux-mêmes. Et n’ont pour tâche que
d’éviter le défaut de paiement ».
« (…) Notre crise de société
actuelle ressemble aux grands épisodes
d’injustice qui frappent, depuis cinq
mille ans, les civilisations humaines.
Aristote et Confucius jugeraient
sûrement aujourd’hui que l’homme moderne
est réduit en esclavage par notre
système économique néolibéral. Une fois
encore, à cause de crédits immobiliers
frauduleux et pourris, les victimes du
système de l’argent virtuel sont
considérées comme les fautives.
L’Amérique rouvre les prisons pour dette
tandis que l’on renfloue les
institutions financières avec l’argent
du contribuable ! Comprenez-moi bien :
je ne suis pas pour l’effacement de
toutes les dettes, mais je milite pour
la prise en compte de l’injustice. Avec
mes yeux d’anthropologue, je vois aussi
les libéraux européens dépeindre, non
sans ironie, l’austérité et la
souffrance sociale comme un sacrifice
nécessaire dicté par la morale. Ce n’est
pas nouveau ! »
UNE CRITIQUE RADICALE DE L’IMPOSTURE
AMERICAINE ET DE SON MILITARISME …
C’est là que Graber met l’accent sur le
cœur de la crise : « Les pages que je
consacre, dans ce livre, aux Etats-Unis
sont celles qui m’ont valu les réactions
les plus violentes. Je persiste pourtant
à penser que l’Amérique, qui prêche la
vertu et la tempérance au tiers-monde, a
de son côté accumulé une dette égale à
celle de tout le reste de la planète, en
raison de ses aventures militaires. Et
c’est la puissance de son armée, son
rapport de forces, l’image historique de
sa canonnière, plus que toute autre
qualité, qui assurent sa crédibilité de
débiteur. Nos créanciers chinois, qui
possèdent une grande part de la dette
américaine, ont toujours su amadouer et
neutraliser leurs ennemis potentiels à
travers des financiers. Ils font la même
chose aujourd’hui avec les Etats-Unis ».
« Au Congrès, un groupe progressiste
propose chaque année un budget qui
réduirait le déficit tout en améliorant
les services sociaux grâce à une
fiscalité plus élevée sur les hauts
revenus. Les médias n’en parlent même
pas tant cela leur paraît irréalisable.
66 % des Américains sont favorables à
une sécurité sociale universelle. Le
sujet n’est même pas débattu par les
élus. Comment, dans ces conditions,
peut-on considérer notre pays comme une
vraie démocratie ? »
L’AUTEUR
David Graber a un passé d'activiste
social et politique, notamment du fait
de sa participation à la protestation
contre le Forum économique mondial à New
York (2002). Il était membre du syndicat
IWW. Ce qui lui vaut le qualificatif
d’ « anarchiste » dans Wikipedia, cet
outil de conformisation sociale et
politique.
Il fut professeur adjoint
d'anthropologie à l'Université de Yale
jusqu'à ce que l'université ne
renouvelle pas son contrat en juin 2007,
ce qui fit controverse à cause du
soupçon de motivation politique à cette
éviction. Il se fit indemniser une «
année sabbatique » durant laquelle il
donna un cours d'introduction à
l'anthropologie culturelle et un autre
intitulé “DIRECT ACTION AND RADICAL
SOCIAL THEORY” . Puis, il occupa un
poste de maître de conférences au sein
du département d'anthropologie de
l'Université de Londres de l'automne
2007 à l'été 2013. Il est actuellement
professeur à la London School of
Economics.
Il est l'auteur de FRAGMENTS OF AN
ANARCHIST ANTHROPOLOGY (en français:
Pour une anthropologie anarchiste) et
TOWARDS AN ANTHROPOLOGICAL THEORY OF
VALUE: THE FALSE COIN OF OUR OWN DREAMS.
Il a composé de vastes œuvres
anthropologiques à Madagascar, et écrit
sa thèse de doctorat (THE DISASTROUS
ORDEAL OF 1987: MEMORY AND VIOLENCE IN
RURAL MADAGASCAR) sur ce pays.
En 2011, il publie une vaste monographie
intitulée DEBT: THE FIRST FIVE THOUSAND
YEARS (engl) (Melville House) (Publié en
France sous le titre "Dette
: 5000 ans d'histoire").
Broché: 624 pages
Editeur : LES LIENS QUI LIBERENT
EDITIONS
(25 septembre 2013)
Collection : LIENS QUI LIBERENT
Langue : Français
ISBN-13: 979-1020900593
EODE-BOOKS
eode.books@yahoo.com
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