CRI Online
Irak : Le gouvernement de Nouri al-Maliki en difficulté
27
août 2007
Le Premier ministre irakien a protesté contre les représentants
américains.
En effet, lors d'une conférence de presse, organisée le 26 août,
Nouri al- Maliki, a ouvertement critiqué le sénateur démocrate,
Hillary Clinton, ainsi que le président de la commission des
forces armées au Sénat, Carl Levin. Et ce, pour avoir considéré
l'Irak comme l'un de leur village et être intervenus dans les
affaires intérieures irakiennes. Nouri al- Maliki appelle donc
les hommes politiques américains à discuter du problème irakien
de manière respectable.
La réaction du Premier ministre irakien intervient à la
veille de la remise d'un rapport au Congrès par le commandant des
forces américaines en Irak, David Petraeus, et l'ambassadeur américain
en Irak, Ryan Crocker. Le document qui sera remis le 4 septembre
évalue la situation irakienne après l'envoi de 30 000 soldats en
renfort cette année sur le territoire irakien.
Face à cette situation, l'opinion publique estime que le
comportement, inhabituel, de Nouri al- Maliki traduit son inquiétude
par rapport à d'éventuels changements dans la politique
irakienne menée par Washington. Et il a peut-être raison.
D'autant qu'auparavant, M. Maliki et son gouvernement d'union
nationale ont fait l'objet d'une série de critiques de la part
des sénateurs démocrates. Mais aussi de la part d'officiels américains
dont le président Bush. Prenons l'exemple du 21 août. Ce jour ?
là, George Bush a ouvertement exprimé son mécontentement à l'égard
du Premier ministre irakien et indiqué que Bagdad avait, dans une
certaine mesure, échoué.
De son côté, l'ambassadeur américain va plus loin. Il
souligne que l'attitude du gouvernement irakien a été « extrêmement
décevante au cours du processus de négociations ». Dans son
rapport d'évaluation, rendu récemment public, le service des
renseignements américains estime que le processus politique
irakien stagne et que la capacité de gouvernance du gouvernement
d'union nationale est inquiétante. Quant au sénateur républicain
Jones-Wones, personnage influent dans le domaine militaire, il a
demandé à George Bush de retirer une partie des forces américaines
basées en Irak avant Noël.
C'est dans ces circonstances que Nouri al-Maliki a prié
l'administration Bush de continuer à le soutenir. Et pourquoi, il
a protesté contre les sénateurs démocrates. Au cours de la conférence
de presse, le 26 août, il a donc exprimé son souhait d'être
soutenu par David Petraeus dans son rapport.
D'après certains experts, bien que Nouri al -Maliki soit mécontent
des critiques émises par les Démocrates, il s'est rendu compte
qu'il ne pouvait se passer du soutien américain. Sans doute, va
t-il faire savoir à l'administration Bush si elle change
radicalement sa politique irakienne, son gouvernement se
retrouverait dans une impasse ; l'équilibre des différentes
forces politiques en Irak serait brisé et le pays serait définitivement
divisé.
Toujours selon les dires de ces experts, l'actuel gouvernement
irakien ne peut se passer du soutien ni de l'aide américains. En
revanche, la présence militaire américaine et son contrôle,
tant dans les affaires intérieures qu'extérieures, ont sérieusement
restreint la capacité du gouvernement et de l'armée de Nouri al-
Maliki à se construire.
Sur le plan militaire, la longue occupation par l'armée américaine
du territoire irakien a démoralisé la police et les forces de sécurité
d'Irak. D'autant que des terroristes s'y sont, depuis peu, infiltrés.
Au niveau des affaires intérieures, la présence militaire américaine
a réduit l'effet des efforts du gouvernement d'union nationale.
Un gouvernement qui cherche à faire avancer le processus de réconciliation
en graciant le personnel de l'ancien régime et de l'ancienne armée,
qui tente de rallier les forces du milieu et d'isoler les forces
anti-américaines. Enfin sur le plan diplomatique, le Premier
ministre irakien espère améliorer ses relations avec ses
voisins, tels que l'Iran et la Syrie, afin qu'ils participent à
la reconstruction sécuritaire et économique mais aussi à la réconciliation
politique de son pays. Des rapprochements peu approuvés par
l'administration Bush, de sorte que Bagdad s'enlise dans ses
rapports diplomatiques.
De leur côté, Bagdad et Washington entretiennent des
relations marquées par la dépendance. Et de nombreux problèmes
qui devraient persister. D'autant que la lutte politique entre Démocrates
et Républicains, au sein du Congrès américain, continue. Résultat,
les pressions politiques intérieures, auxquelles doit faire face
l'administration Bush, vont sans doute encore s'accroître. Et le
gouvernement de Nouri al- Maliki se retrouvera alors dans une
situation pire encore. Tant au niveau de sa politique intérieure
que de ses relations diplomatiques.
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Publié avec l'aimable autorisation de Radio Chine Internationale.
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