Cher(e) ami(e) et
membre de l’UJFP
Ainsi que vous le
savez, l’UJFP a décidé de se doter d’un outil de débat et de
réflexion public qui nous permettra
de mieux nous faire connaître et faire résonner nos points de vue
au-delà de notre cercle militant. Notre revue trimestrielle, baptisée
De l’autre côté, co-éditée
avec les éditions La Fabrique, sera diffusée par abonnement ainsi
qu’en librairies et par ventes militantes.
Aujourd’hui, le
retrait israélien de Gaza a aggravé une situation complexe au
Proche-Orient. Les dirigeants israéliens prétendent que la
solution est proche, mais ce qu’ils veulent imposer, est pseudo
Etat croupion palestinien, non-viable et sans unité. Ils veulent
que les Palestiniens abandonnent toutes leurs revendications légitimes.
L’Union juive Française
pour la Paix doit pouvoir se donner les moyens d’exprimer une voix
juive qui dise non à ce projet. Elle doit explique inlassablement
que la paix passe par la fin de l’occupation, le démantèlement
de toutes les colonies, le retrait de tous les territoires occupés
en 1967 (y compris, bien sûr, Jérusalem-est) et une véritable égalité
entre les deux peuples.
L’UJFP a une
responsabilité particulière dans cette période. Sa revue est un
outil indispensable interne et externe pour analyser, comprendre et
donner des pistes allant vers une paix juste. Indispensable aussi
pour appuyer l’action de notre association et pour faire entendre
ensemble des voix palestiniennes et israéliennes. Il est donc
fondamental que les membres de l’UJFP s’abonnent et s’engagent
à diffuser partout cette revue. C’est indispensable pour notre
combat.
A l’heure
actuelle, le niveau de nos financements est insuffisant pour mener
à bien un tel projet et il est important que chacun s’investisse
afin que notre revue voit le jour.
Le bureau
national de l’UJFP
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Aperçu du sommaire du N°1
Diasporas et mémoires interdites. Christophe
Colomb, la Palestine et les Juifs Arabes. Par Ella Shohat.
L’histoire a bien
des oublis. L’idéologie de la Reconquista,
de la pureté du sang, qui conduisit à l’expulsion ou à la
reconversion forcée des musulmans et des juifs d’Espagne au XV ème
et XVI ème siècle, a constitué pour l’Europe un premier
exercice d’auto-purification. En forgeant l’axiome selon lequel
les guerres menées au nom de l’Eglise étaient des guerres justes
(les croisades), l’antisémitisme et l’anti-islamisme ont fourni
le modèle conceptuel et disciplinaire appliqué à l’Autre,
extra-européen, sauvage, amérindien, noir africain. C’est cette
vision occidentale de l’occident qu’a absorbé Israël, refusant
les histoires comparées, seules capables de donner à chacun une
place non fantasmée.
Ella Shohat est
professeur en Etudes moyen-orientales et littérature comparée à
l’Université de New York (NYU). Elle est l’auteur de nombreux
ouvrages et articles sur des sujets très variés traitant notamment
du post-colonialisme, du multiculturalisme, du discours sioniste,
des rapports entre les notions d’Arabe, de juif et de juif
oriental
Les visitations secrètes de la mémoire. Par
Omar Al-Qattan.
« L’acte du
souvenir est un acte solitaire, même si on a parfois l’illusion
de le partager ». Issu d’une vieille famille palestinienne,
l’auteur accompagne son père à Jaffa, ville qu’ils quittèrent
après l’annexion israélienne. La redécouverte de la ville donne
naissance à la résurrection de mémoires croisées. Les morts
ressurgissent, et les espoirs aussi. Mais la société de notre
enfance est-elle encore possible, la mémoire ne nous enferme-t-elle
pas dans le piège de la nostalgie ? Comment dès lors penser
la société palestinienne ? Avec lucidité, entre la chronique
et le romanesque, un exercice littéraire qui interroge la
politique.
Réalisateur,
producteur et écrivain anglo-palestinien, Omar Al-Qattan a fondé
la Qattan Foundation, très active en Palestine et dont il est le
responsable scientifique et culturel. Il publie régulièrement des
articles dans The New Statesman, Sight & Sound, et, en arabe,
dans Al-Hayat et Al-Quds Newspapers à Londres.
Penser les Palestiniens de l’extérieur comme diaspora. Par
Sari Hanafi
C’est la plupart
de temps par facilité que l’on qualifie les peuples éparpillés
de « diasporiques ». Faite de nombreuses strates
d’immigration sur plusieurs générations, composée de nombreux
pays d’accueil plus ou moins consentis, la diaspora palestinienne
est bien plus complexe
que l’on peut le supposer. Que l’on parle des réseaux, de
l’idéologie ou du cyberespace, les liens entretenus entre toutes
ces périphéries et le centre sont éminemment variables. Ce
d’autant plus que si les périphéries sont diversement
dynamiques, le centre lui est faible. Sous l’assaut conjugué de
la politique israélienne
et de sa propre histoire, il perd son rôle de centre de gravité.
Sari Hanafi est
professeur de sociologie à l'Université américaine de Beyrouth (AUB)
et l’ancien directeur du Palestinian Refugee and Diaspora Centre (Shaml),
centre de recherche basé à Ramallah. Ses recherches portent
surtout sur la sociologie économique et la sociologie de la
migration, notamment celle des réfugiés palestiniens.
Le retour dialectique à l’histoire. Par Amnon
Raz-Krakotzkin
La négation de
l’exil est centrale à la conscience sioniste. Elle désigne
certes une volonté émancipatrice au regard de la situation des
Juifs d’Europe lors de création de l’Etat d’Israël. Mais
elle marque surtout une volonté de normalisation de l’existence
juive, base de production du « nouveau juif » par différence
avec le juif exilique. Le Retour sur les Terres ancestrales serait
donc comme l’accomplissement de l’Histoire juive. Il s’agit
donc de la négation des
histoires, négation de la diversité, pour des peuples qui n’ont
pourtant pas d’histoire commune. Ce nouveau juif ne peut être
qu’une construction idéologique.
Amnon Raz-Krakotzkin
est Maître de conférence en Etudes juives à l’Université Ben
Gourion. Ses recherches ont pour objet les relations juives et chrétiennes
et la conscience historique israélienne.
L’effaceur
sioniste-ashkenaze. Les programmes scolaires de l’Etat d’Israël
comme effaceur de l’histoire, de la culture et de l’identité
des juifs orientaux. Par Sami Shalom Shetrit
La place
qu’accordent les manuels scolaires israéliens à l’histoire et
à la culture juive orientale, témoigne d’un oubli, d’un mépris
et en tout cas d’une volonté de rupture. Quand ils y sont
mentionnés, les juifs d’Orient font figure d’otages entre les
mains des forces du mal arabe en attendant le sauveur blanc ashkénaze.
C’est sur de tels schémas que s’est fondée l’élite
intellectuelle israélienne, persuadée de la suprématie morale, économique
et symbolique des Ashkénazes. L’identité orientale des juifs
israéliens est détruite.
Auteur de nombreux articles et poèmes, Sami
Shalom Shetrit est chercheur à l’université de l’UCLA. Il a
par ailleurs réalisé avec Eli Hamo le film documentaire "Les
Panthères noires (d’Israël) parlent".
Qui êtes-vous Ka-Tzetnik 135 633 ? Par Frank Eskenazi
En 1990, Frank
Eskenazi rencontrait l’une des personne les plus énigmatiques
d’Israël, Yéchiel de Nur, C’est sous son nom de déporté,
Ka-Tzetnik 135 633 qu’il écrivit le premier livre de l’histoire
sur la déportation, qu’il témoigna au procès Eichman et lutta
pour les droits des Palestiniens. Une rencontre rare.
Frank
Eskenazi a été dix ans journaliste à Libération,
il est actuellement producteur de documentaires et rédacteur en
chef de De l’autre côté.
Un étranger d’ici. Par Eyal Sivan
Après des années d’absence, le cinéaste
israélien vivant à Paris, retourne chez lui pour un long séjour
d’enseignement à l’université. Il tient pour nous le bloc note
de son retour en Israël, entre désillusion et humour noir.
Eyal Sivan est cinéaste, producteur et essayiste. Il enseigne régulièrement
en Israël, à l’Institut Universitaire Sapir dans le Néguev
ainsi qu’à l’Institut Académique de Communication à Herzlia.
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