Le 29 mars, alors qu’il travaillait
dans son oliveraie, Muhammad Kashu’a (88 ans), habitant de
‘Elar, a entendu quelqu’un qui l’appelait. « Je me
suis retourné et j’ai vu un groupe d’environ 12 soldats »
raconta-t-il à B’tselem. Un des soldats a demandé à Kashu’a
ce qu’il faisait là. « Je lui ai dit que je travaillais
sur ma terre, que je désherbais...Il m’a dit que ce n’était
pas la saison de récoltes d’olives et m’a à nouveau demandé
pourquoi j’étais là. J’ai répondu que c’était ma terre
et que j’étais venu la cultiver. Il m’a dit que je mentais et
que j’étais venu pour donner de la nourriture à des gens sur
une liste de personnes recherchées par Israël. Je lui ai répondu
que je ne connaissais aucune des personnes recherchées, que
j’avais presque 90 ans et que je ne connaissais personne (sur la
liste) ».
« Il m’a de nouveau humilié
en disant ‘Vous les vieux vous êtes des menteurs.’ Je lui ai
répété que j’avais presque 90 ans et que je n’avais jamais
menti à qui que ce soit, qu’il soit juif ou arabe... Puis il
m’a demandé si j’avais une carte d’identité...je lui ai
donné la carte d’identité, il l’a regardé puis a dit :
‘Tu as presque 90 ans mais tu es insolent... ‘ Puis il m’a
donné un coup de poing dans la poitrine. »
« Je lui ai dit ‘Ne me frappe
pas, je suis malade et vieux. Je ne supporte pas d’être battu.
Pourquoi me bats-tu ? Est-ce que je suis si menaçant que tu
doives m’agresser ? Je lui ai dit que je voulais parler à
l’officier en charge...Le soldat à qui je parlais ainsi que
deux autres soldats m’ont fait tomber par terre. Ils m’ont
donné des coups de pieds dans le dos et m’ont battu ».
« Je leur ai demandé pourquoi
ils battaient un vieil homme. Les lois partout dans le monde
disent qu’il est interdit de battre des vieillards, des femmes
et des enfants. Un des soldats m’a répondu que j’étais
insolent et que je me comportais comme si je connaissais la loi.
Puis il m’a frappé derrière la tête avec la crosse de son
fusil. Je me suis écroulé et je me suis évanoui. J’ai repris
connaissance environ 40 minutes plus tard. J’ai vu que je
saignais à la tête et que du sang coulait le long de mon corps.
J’avais des vertiges et j’avais mal, principalement au dos, à
la poitrine, à la tête et à ma cuisse gauche. Les soldats n’étaient
plus là. Il ne restait que mon âne. Il mangeait les mauvaises
herbes que j’avais coupées ».
Kashu’a est rentré chez lui avec
son âne. Une ambulance l’a emmené à l’hôpital de Tulkarem,
où il a été soigné.
A Hébron, des enfants de colons
lancent des pierres sur une femme palestinienne
Le 2 avril, Bahija Sharbati, une
habitante de Hébron, a vu deux barres de fer traverser les
panneaux en bois que sa famille avait placés sur les fenêtres de
leur maison afin de protéger les vitres des colons vivant à
proximité. « J’ai réalisé que les colons étaient en
train de passer des barres de fer à travers le bois pour casser
les vitres » raconta-t-elle à B’Tselem. « Je me
suis précipitée dehors et j’ai crié pour alerter le soldat
qui était positionné sur le toit. Tout en faisant cela, j’ai
vu environ dix enfants de colons âgés de 6 à 12 ans. Ils me lançaient
des pierres. Trois pierres m’ont atteint : une à la
poitrine, l’autre à la cuisse gauche et la troisième, derrière
la tête. J’ai de nouveau crié au soldat sur le toit. Il
s’est mis à rire... »
Sharbati a été emmenée à l’hôpital,
a eu des points de suture et est sortie le soir même. Quand elle
est retournée chez elle, elle a vu que six de ses carreaux
avaient été brisés.
Quatre jours plus tard, un membre de
l’équipe de B’Tselem a accompagné ses enfants sur le chemin
sinueux qu’ils doivent prendre pour rejoindre leur maison. Ils
sont obligés d’emprunter ce chemin à cause des barrages de
routes de l’armée et de la présence voisine d’une colonie
juive. Quelques minutes après que le membre de B’Tselem ait
quitté les lieux, plusieurs enfants de colons ont commencé à
lancer des pierres sur la maison de la famille.
Bahija Sharbati a raconté plus tard
à B’Tselem : « J’ai entendu le bruit de verre qui
se brisait dans la chambre des enfants... j’ai crié au soldat
stationné sur le toit de notre maison, d’arrêter les colons.
Il y avait plus de dix enfants qui lançaient des pierres. Ils se
tenaient dans la colonie qui est située sur une hauteur par
rapport à notre maison... Le soldat a rit et m’a ordonné de
rentrer dans la maison ».
Prison de Gaza : témoignages vidéo sur le
site de B’Tselem http://www.btselem.org/English/Video/200503_Testimony_of_Nahed_a_Zaanin.asp
En mars, B’Tselem et HaMoked :
le Centre pour la Défense des Individus a publié un rapport sur
les dures restrictions concernant les déplacements des habitants
palestiniens de la Bande de Gaza depuis 4 années et demi. Ces
restrictions ont encore renforcé le siége qui existait déjà à
Gaza, transformant cette zone en une seule grande prison.
Quatre vidéos de témoignages
rendant compte de la vie sous le siège sont maintenant
disponibles sur le site de B’Tselem :
Muhammad
Abu Hashish
Nahed
a-Za’anin
Faiz
Abu ‘Aker
Jamal
Nasser
Les fermiers de Qafin dans l’impossibilité de
travailler la terre à l’Ouest de la Barrière de Séparation
Des officiels israéliens parlent régulièrement
de points de passage agricoles le long de la Barrière de Séparation
comme étant la solution aux épreuves que provoque la Barrière
aux Palestiniens vivant le long de la route. En réalité, les
points de passage n’apportent pas de solutions. Beaucoup de ces
points de passage n’ont pas d’heures d’ouverture régulières
et même, quand elles sont ouvertes, la permission de traverser
n’est pas accordée automatiquement.
La construction de la Barrière de Séparation
sur leurs terres forcent les fermiers de Qafin, au Nord de la
Cisjordanie, à traverser un de ces points de passage afin
d’atteindre leurs terres situées à l’Ouest de la Barrière.
Leurs terres sont situées à l’intérieur de la Cisjordanie, près
de la Ligne Verte. En octobre 2004, après la récolte des olives,
l’armée a fermé le point de passage et il est resté fermé
ces six derniers mois.
Les fermiers de Qafin se sont tournés
vers le Bureau de Coordination de District pour demander
assistance après quoi l’armée a donné son accord en février
de les laisser travailler leurs terres pendant trois semaines, à
condition qu’ils traversent la Barrière au point de passage
« Reihan », qui se trouve à plusieurs kilomètres de
Qafin.
Mais trois semaines se sont réduites
à une seule journée. Le lendemain, l’armée a révoqué la
permission donnée aux fermiers de Qafin de traverser au point de
passage de « Reihan ». Dans une lettre adressée à
B’Tselem, l’Administration Civile a expliqué la révocation
en disant que « plusieurs habitants de Qafin avaient été
trouvés demeurant illégalement en Israël ».
La révocation de la permission
d’utiliser le point de passage alternatif, qui, dès le début,
devait être disponible pour les fermiers pendant une courte période
de temps, est une forme de punition collective. La fermeture du
point de passage « Qafin » pendant une période aussi
longue contrevient à la liberté de mouvement des fermiers, à
leur droit à la propriété et à leur capacité de gagner leur
vie et à soutenir leurs familles.