La version habituelle des sionistes est qu’ils se sont
manifestés en Palestine à la fin du 19ème siècle
pour reconquérir leur patrie ancestrale ; que des Juifs achetèrent
des terres et commencèrent à y établir la communauté juive;
qu’ils rencontrèrent une opposition violente et grandissante
de la part des Arabes palestiniens, opposition provenant sans
doute de leur antisémitisme inhérent ; que les sionistes
furent alors obligés de se défendre et que, d’une manière
ou d’une autre, cette situation a perduré jusqu’à
aujourd’hui.
Le problème avec cette explication, c’est qu’elle est tout
simplement fausse. Nous allons le découvrir dans cet exposé grâce
à des preuves écrites noir sur blanc. La vérité, c’est que
dès le début le mouvement sioniste était pressé de déposséder
la population arabe native de la quasi-totalité de sa terre,
afin qu’Israël devienne un Etat hébreu d’un seul tenant.
Les terres, que le Fonds National Juif achetaient, étaient détenues
au nom du peuple juif et ne pourraient plus jamais être
revendues ou même louées à des Arabes (cette situation est
toujours d’actualité.)
Au fur et à mesure que la communauté arabe prenait conscience
des intentions sionistes, et parce que cela constituait un
danger réel et immédiat qui menaçait l’existence même de
la société arabe en Palestine, elle s’opposa vigoureusement
à la poursuite de l’immigration juive ainsi qu’à l’achat
de terres. A cause de cette opposition, l’ensemble du projet
sioniste n’aurait jamais pu aboutir sans le soutien militaire
des Britanniques. Soit dit en passant, la grande majorité de la
population de Palestine était arabe depuis le 7ème
siècle (soit depuis plus de 1.200 ans.)
En résumé, le sionisme s’est appuyé sur une vision erronée
et colonialiste du monde, ne faisant aucun cas des autochtones.
En fait, l’opposition des Arabes au sionisme trouvait son
origine dans la peur tout à fait légitime de voir leur peuple
dépossédé de sa terre, plutôt que dans des considérations
purement antisémites.
Etant juifs nous-mêmes, nous tenons à préciser que la
position que nous défendons ici, qui est une critique du
sionisme, n’est en aucune manière antisémite. En fait, nous
ne pensons pas que les Juifs ont agi d’une façon pire que
n’importe quel autre groupe l’aurait fait dans la même
situation. Après la sinistre oppression subie par les Juifs,
les sionistes (qui, jusqu’au lendemain de la 2ème
guerre mondiale, constituaient une nette minorité à l’intérieur
du peuple juif) avaient le désir compréhensible de
s’installer quelque part où les Juifs pourraient se rendre maîtres
de leur propre destin. Les agissements des sionistes étaient
motivés par un profond désespoir, d’autant plus que les
menaces sur la communauté juive se cristallisèrent à la fin
des années 1930 et suivantes.
Tout comme le désespoir des Arabes motivait leurs actes : la
mythique "terre sans peuple pour un peuple sans terre"[1]
était déjà la patrie de 700.000 Palestiniens en 1919 ! Ainsi
que nous allons le voir, c’est là que se trouve la racine du
problème.
L’histoire originelle de la région
Avant la première immigration des Hébreux, vers 1800 av.
J.C., le pays de Canaan était occupé par les Cananéens.
Entre –3000 et –1100, la civilisation cananéenne
couvrait tout le territoire constitué aujourd’hui d’Israël,
de la Cisjordanie, du Liban ainsi que d’une bonne partie de la
Syrie et de la Jordanie… Ceux qui restèrent sur les collines
de Jérusalem après l’expulsion des Juifs par les Romains (au
2ème siècle) formaient un melting-pot de fermiers
et de vignerons, de païens et de chrétiens fraîchement
convertis, de descendants des Arabes, de Perses, de Samaritains,
de Grecs ainsi que d’anciennes tribus cananéennes. Marcia
Kunstel et Joseph Albright, "Their Promised Land."
Le véritable héritage ancestral des Palestiniens
Mais tous ces [différents peuples qui étaient venus à
Canaan] constituaient des rajouts, des petites branches greffées
sur l’arbre originel… et cet arbre étalon était cananéen…
[Les envahisseurs arabes du 7ème siècle]
convertirent les autochtones à l’islam, s’installèrent de
façon permanente, et pratiquèrent l’exogamie avec eux, dont
le résultat fut que tous devinrent si complètement arabisés
que l’on ne peut pas dire où finissent les Cananéens et où
commencent les Arabes. Illene Beatty, "Arab and Jew in
the Land of Canaan."
Le règne des Juifs ne représente pas plus qu’une
simple période de toute l’histoire de la Palestine ancienne
Les longs règnes de David et de Salomon, sur lesquels les
sionistes basent leurs exigences territoriales, ne durèrent en
tout qu’environ 73 ans… Puis ils se désagrégèrent… [Même]
en admettant que l’ensemble des règnes juifs anciens furent
autonomes, de la conquête de Canaan par David en 1000 av. J.C.
jusqu’à la liquidation de Juda en 586 av. J.C., cela nous
donne [seulement] une domination juive de 414 ans. Illene
Beatty, "Arab and Jew in the Land of Canaan."
Plus sur la civilisation cananéenne
Des fouilles archéologiques récentes ont fourni la preuve
que Jérusalem était déjà une ville importante et fortifiée
en 1800 av. J.C.… Des découvertes montrent que le système
sophistiqué d’approvisionnement en eau, attribué jusqu’ici
à la maîtrise des Israélites, leur était en réalité antérieur
de huit siècles et était même encore plus sophistiqué
qu’on ne l’imaginait… Le Dr Ronny Reich, qui dirigea les
travaux d’excavation avec Elie Shuikrun, a affirmé que
l’ensemble de ce système fut construit comme un seul
complexe, au milieu de l’âge de bronze – vers 1800 av. J.C.
par les Cananéens. The Jewish Bulletin, 31 juillet 1998
Pendant quelle durée la Palestine a-t-elle été spécifiquement
un pays arabe ?
La Palestine est devenue un pays essentiellement arabe et
islamique à partir de la fin du septième siècle. Presque immédiatement
après, ses frontières et ses caractéristiques – y compris
son nom arabe, Filastin – furent connues dans tout le
monde islamique, tant pour sa fertilité et sa beauté que pour
son importance religieuse… En 1516, la Palestine devint une
province de l’empire ottoman, ce qui ne la rendit pas moins
fertile, moins arabe ou moins islamique… L’agriculture
occupait soixante pour cent de la population ; les quarante pour
cent restants étaient répartis entre les citadins et un groupe
relativement peu important de nomades. Tous ces gens étaient
convaincus de leur appartenance à un pays qui s’appelait la
Palestine, bien qu’ils se sentissent appartenir à une nation
arabe plus large… Malgré l’arrivée constante de colons
juifs en Palestine après 1882, force est de constater que
jusqu’aux dernières semaines précédant l’instauration
d’Israël au printemps 1948 il n’y avait jamais rien eu
d’autre qu’une écrasante majorité d’Arabes. A titre
d’exemple, la population juive en 1931 se chiffrait à 174.606
sur une population totale de 1.033.314. Edward Saïd, "The
Question of Palestine."
Comment la propriété terrienne en Palestine était-elle
organisée et quand cela a-t-il changé ?
[Le code de propriété ottoman de 1858] exigea
l’enregistrement nominatif de tous les propriétaires
individuels de terres agricoles. La plupart d’entre eux, qui
relevaient de systèmes traditionnels du droit à la jouissance
des terrains – généralement masha’a ou usufruit
collectif – dans les zones montagneuses de Palestine, ne se
firent jamais recenser. Ainsi, la nouvelle loi signifia que pour
la première fois un paysan pouvait être privé, non pas du
titre de propriété de son terrain qu’il avait rarement détenu
auparavant, mais du droit d’y vivre, de le cultiver et de le
transmettre à ses héritiers. Droit qui était demeuré inaliénable
jusque là…
Avec les dispositions de la loi de 1858, les droits collectifs
à la jouissance des terrains furent souvent ignorés… A la
place, des membres de la haute société, experts en
manipulation et en contournement du processus juridique, firent
enregistrer de vastes régions comme leur appartenant… Les fellahin
[les paysans] considéraient tout naturellement que la terre était
à eux et c’est, le plus souvent, lorsque la terre fut vendue
aux colons juifs par des propriétaires absents qu’ils découvrirent
qu’ils avaient cessé d’en être les propriétaires légaux…
Non seulement la terre avait été achetée, mais les Arabes qui
la cultivaient furent expropriés et remplacés par des étrangers
qui avaient des objectifs manifestes sur la Palestine. Rashid
Khalidi, "Blaming The Victims," éd. Saïd Hitchens.
L’opposition arabe à l’arrivée des sionistes
provenait-elle de leur soi-disant antisémitisme inhérent ou
plutôt du véritable sentiment de péril qu’ils éprouvèrent
quant à l’avenir de leur communauté ?
L’objectif du Fonds [National Juif] était de ‘convertir
la terre de Palestine, en possession inaliénable du peuple
juif.’… Dès 1891, le leader sioniste Ahad Ha’am[2]
écrivit que les Arabes ‘avaient très bien compris ce que
nous étions en train de faire et quel était notre but’…
[Théodore Herzl, le fondateur du sionisme, a exposé] ‘Nous
essaierons de faire disparaître la population [arabe] sans
ressources de l’autre côté de la frontière en lui procurant
du travail dans les pays de transit, tandis que nous lui
refuserons tout travail dans notre propre pays… Le processus
d’expropriation et l’expulsion des pauvres devront se dérouler
discrètement et avec circonspection’… Dans plusieurs
endroits du Nord de la Palestine, des fermiers arabes refusèrent
de quitter leur terre qui avait été achetée par le Fonds à
des propriétaires absents, et les autorités turques, à la
demande du Fonds, les en chassa… Les Juifs natifs de
Palestine, eux aussi, réagirent négativement au sionisme. Ils
ne voyaient pas l’intérêt d’un Etat hébreu en Palestine
et ne voulaient pas exacerber les relations avec les Arabes. John
Quigley, “Palestine and Israel : A Challenge to Justice.”
Vous avez dit un antisémitisme inhérent ?
Avant le 20ème siècle, la plupart des Juifs de
Palestine faisaient partie de l’ancienne communauté Yishuv
qui s’y était installée, d’ailleurs plus pour des raisons
religieuses que pour des motifs politiques. Il n’y avait
pratiquement aucun conflit entre eux et la population arabe.
C’est lors de l’arrivée des colons sionistes dans les années
1880 que les tensions surgirent… lorsqu’ils achetèrent des
terrains à des propriétaires absents, ce qui conduisit à
l’expropriation des paysans qui les avaient cultivés. Don
Peretz, "The Arab-Israeli Dispute."
[Pendant le moyen-âge,] l’Afrique du Nord et le Proche-Orient
arabe devinrent des lieux de refuge et des havres pour les Juifs
persécutés, d’Espagne ou d’ailleurs… En Terre Sainte…
tous vivaient ensemble en [relative] harmonie, harmonie qui ne
fut bouleversée que lorsque les sionistes commencèrent à
revendiquer que la Palestine était la possession ‘légitime’
du ‘peuple juif’ à l’exclusion de ses habitants musulmans
et chrétiens. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."
L’attitude des Juifs envers les Arabes, à leur arrivée
en Palestine
Les Juifs, qui étaient [généralement] des serfs dans les
pays de la Diaspora, se retrouvèrent subitement libres [en
Palestine] ; et ce changement éveilla en eux une tendance au
despotisme. Ils traitèrent les Arabes avec hostilité et cruauté,
les privèrent de leurs droits, ils les offensèrent sans raison
et se vantèrent même de ces exploits ; et aucuns d’entre
nous ne s’opposa à ce penchant méprisable et dangereux. Ahad
Ha’am, écrivain sioniste cité dans "Bitter Harvest"
de Sami Hadawi.
Propositions en vue d’une coopération judéo-arabe
Un article de Yitzhak Epstein, publié en 1907 dans Hashiloah…
appelait, après 30 ans d’activité colonisatrice, à une
nouvelle politique sioniste vis à vis des Arabes… Comme Ahad
Ha’am en 1891, Epstein expliqua que, puisque aucune bonne
terre n’était disponible, l’implantation juive impliquait
l’expropriation des Arabes… La solution d’Epstein à ce
problème, pour éviter une nouvelle ‘question juive’, fut
de créer un programme binational et non-exclusif de
colonisation et de développement. L’achat de terres ne devant
pas impliquer l’expropriation des pauvres métayers, il
proposa d’instaurer une communauté fermière mixte, où les
Arabes pourraient profiter des techniques modernes. Les écoles,
les hôpitaux et les bibliothèques devaient être non-exclusifs
et l’éducation bilingue… L’idée d’une coopération
paisible et non-exclusive en lieu et place de la pratique
d’expropriation ne trouva pas beaucoup d’écho. Epstein fut
calomnié et méprisé pour sa pusillanimité. Benjamin
Beit-Hallahmi, auteur israélien, "Original Sins."
Lorsque le mouvement sioniste débuta, la Palestine était-elle
la seule destination, voire celle préférée, des Juifs
confrontés à la persécution ?
Les pogromes obligèrent de nombreux Juifs à quitter la
Russie. Des groupes, connus pour être des ‘inconditionnels de
Sion’, précurseurs de l’organisation sioniste, réussirent
à convaincre quelques émigrants effrayés de se rendre en
Palestine. Là-bas, argumentèrent-ils, les Juifs reconstruiront
l’ancien ‘Royaume juif de David et de Salomon.’ Mais la
plupart des Juifs russes ignorèrent leur appel et fuirent vers
l’Europe et les Etats-Unis. A partir de 1900, rien qu’aux
Etats-Unis, un million de Juifs s’étaient déjà installés. The
People Press Palestine Book Project, "Our Roots Are Still
Alive."
La période du mandat britannique - 1920-1948
La déclaration de Balfour promet une patrie juive en
Palestine.
La déclaration de Balfour, faite en novembre 1917 par le
gouvernement britannique… a été faite
(a) par une puissance européenne,
(b) à propos d’un territoire non-européen,
(c) en totale indifférence à la présence et aux souhaits de
la majorité des autochtones vivant sur ce territoire…
[Comme Balfour l’a lui-même écrit en 1919], ‘La
contradiction avec la lettre de la convention (la déclaration
anglo-française de 1918 promettant l’indépendance aux Arabes
des anciennes colonies ottomanes en récompense pour leur
soutien aux alliés) est encore plus flagrante dans le cas
d’une nation indépendante de Palestine que dans celuid’une
nation indépendante de Syrie. En tout cas, en Palestine, nous
ne proposons même pas de consulter les habitants sur ce
qu’ils souhaitent… Les quatre puissances [Etats-Unis,
Grande-Bretagne, France et Russie] ont pris des engagements vis
à vis du sionisme – à tort ou à raison, qu’il soit bon ou
mauvais, le sionisme puise ses racines dans une tradition
ancestrale – pour satisfaire ses besoins présents et ses
espoirs futurs, plus importants que les désirs ou les préjugés
des 700.000 Arabes vivant aujourd’hui sur cette très vieille
terre. Edward Saïd, "The Question of Palestine."
La Palestine n’était-elle pas une terre laissée à
l’abandon avant l’immigration des Juifs ?
Le haut-commissaire britannique en Palestine, John
Chancellor, recommanda la suspension totale de l’immigration
juive et l’achat de terres afin de protéger l’agriculture
arabe. Il précisa que ‘toutes les terres cultivables étaient
occupées ; qu’aucune terre cultivable possédée actuellement
par la population autochtone ne pouvait être vendue à des
Juifs sous peine de créer une classe de cultivateurs arabes
sans terre’… Le Bureau Colonial rejeta cette recommandation.
John Quigley, "Palestine and Israel : A Challenge to
Justice."
Les premiers sionistes avaient-ils l’intention de vivre
côte à côte avec les Arabes ?
En 1919, la commission américaine King-Crane passa
six semaines en Syrie et en Palestine à discuter avec diverses
délégations et à lire des pétitions. Le rapport suivant fut
établi : Les membres de la commission commencèrent leur étude
sur le sionisme avec un à priori favorable… La réalité qui
apparut à plusieurs reprise lors des conférences de la
commission avec des représentants juifs est que les sionistes
attendaient avec impatience, au moyen de différentes modalités
d’achat, l’expropriation quasi totale des actuels habitants
non-juifs de la Palestine… Si le principe [de l’autodétermination]
doit être la règle, et que les souhaits de la population
palestinienne sont déterminants pour décider de ce que l’on
doit faire avec la Palestine, alors on doit garder en mémoire
que la population non-juive de Palestine – environ
quatre-vingt dix pour cent de sa totalité – est catégoriquement
opposée à l’ensemble du programme sioniste… Faire subir à
un peuple aussi déterminé une immigration juive illimitée
ainsi qu’une pression financière et sociale constante pour
qu’il cède sa terre serait une violation grossière de ce
fameux principe… Aucuns des officiers britanniques, consultés
par les membres de la commission, ne croient en la capacité du
programme sioniste de se réaliser, à moins de recourir à la
force des armes. Les officiers pensent globalement qu’une
force d’au moins cinquante mille soldats serait nécessaire
rien que pour démarrer ce programme. Ce qui, en soi, prouve la
profonde injustice du programme sioniste… La revendication
initiale soumise régulièrement par les représentants
sionistes, basée sur une occupation datant de deux mille ans,
ne peut être sérieusement prise en considération. Relevé
dans "The Israel-Arab Reader" éd. Laquer Rubin.
La politique sioniste d’occupation des sols fait partie intégrante
de la constitution de l’Agence Juive pour la Palestine…
‘la terre doit être acquise en tant que propriété juive et
les titres de propriété doivent être établis au nom du Fonds
National Juif, aux fins d’être détenus en tant que propriété
inaliénable du peuple juif.’ La clause stipule que
‘l’Agence encouragera l’implantation agricolebasée sur le
travail juif’… Cette politique de colonisation sioniste eut
pour effet de conférer l’extraterritorialité aux terres
acquises par des Juifs ; et les Arabes ne pouvaient plus les
exploiter…
Les sionistes ne firent pas mystère de leurs intentions,
puisque dès 1921, le Dr Elder, un membre de la commission
sioniste, dit effrontément devant la cour d’instruction,
‘Il ne peut y avoir qu’une seule patrie en Palestine, et
elle doit être juive, et il n’y aura pas de traitement égalitaire
entre les Juifs et les Arabes, mais une prépondérance juive dès
que la race aura atteint un nombre suffisant.’ Puis il réclama
que seuls les Juifs ne doivent être autorisés à porter des
armes. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."
Confrontés à une opposition arabe, les sionistes ont-ils
soutenu l’installation d’un gouvernement majoritaire en
Palestine ?
Il est clair que la dernière chose voulue par les sionistes
était que tous les habitants de Palestine eussent le même
poids dans la conduite des affaires du pays… Chaim Weizmann[3]
fit bien comprendre à Churchill qu’un gouvernement représentatif
sonnerait la fin de la patrie juive en Palestine… [Churchill]
déclara, ‘La forme de gouvernement actuelle se poursuivra
pendant de nombreuses années. Nous mettrons en place, pas à
pas, des institutions représentatives qui conduiront à une
autonomie totale, mais les enfants de nos enfants seront morts
lorsque cela sera accompli. David Hirst, "The Gun and
the Olive Branch."
Le rejet du droit à l’autodétermination pour les
Arabes
Même si personne n’avait dû perdre sa terre, le programme
[sioniste] était injuste dans son principe car il déniait les
droits politiques de la majorité… Le sionisme ne pouvait pas
autoriser les autochtones à exercer leurs droits politiques
parce que cela aurait sonné la fin de l’entreprise sioniste. Benjamin
Beit-Hallahmi, "Original Sins."
La résistance arabe envers le sionisme pré-israélien
De 1936 à 1939, les Arabes palestiniens tentèrent de
conduire une révolte nationaliste… David Ben Gourion, éminemment
réaliste, en reconnu la nature. Lors de discussions internes,
il fit la remarque suivante : ‘dans l’argument que nous développons
à l’étranger, nous minimisons l’opposition que les Arabes
nous portent,’ mais il conseilla vivement, ‘entre nous, nous
ne devons pas ignorer la vérité.’ Et cette vérité était
que ‘d’un point de vue politique, nous sommes les agresseurs
et eux se défendent…
Le pays leur appartient parce qu’ils y vivent et, nous, nous
voulons venir ici et nous y installer ; de leur point de vue,
nous voulons prendre leur pays, alors que nous sommes encore à
l’extérieur’… La révolte fut écrasée par les
Britanniques, dans une brutalité considérable. Noam Chomski,
"The Fateful Triangle."
Gandhi s’exprime sur le conflit en Palestine – 1938
La Palestine appartient aux Arabes au même titre que l’Angleterre
appartient aux Anglais ou que la France appartient aux Français…
Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine ne peut être justifié
par aucun code moral de conduite… S’ils [les Juifs] doivent
compter géographiquement sur la Palestine pour en faire leur
patrie, alors, se cacher derrière l’artillerie britannique
n’est pas la bonne façon d’y entrer. Toute action
religieuse ne doit pas s’accomplir à l’aide de la baïonnette
ou des bombes. Ils ne peuvent s’installer en Palestine
qu’avec la bienveillance des Arabes… Au point où cela en
est arrivé, ils sont co-responsables avec les Britanniques de
la dévastation d’un peuple qui ne leur a fait aucun mal. Je
ne défends pas les excès des Arabes. J’aurais souhaité
qu’ils eussent choisi la voie de la non-violence pour résister
à ce qu’ils considèrent à juste titre comme une intrusion
inacceptable dans leur pays. Mais selon les critères reconnus
du bien et du mal, on ne peut rien reprocher à la résistance
arabe face à une adversité écrasante. Mahatma Gandhi, cité
dans "A Land of Two Peoples" éd. Mendès-Flohr.
Les sionistes n’ont-ils pas, antérieurement à la
fondation d’Israël, légalement acheté une grande partie de
la terre ?
En 1948, lorsque Israël se déclara unilatéralement un Etat,
il était propriétaire d’un peu plus de 6% de la terre de
Palestine… Après 1940, lorsque l’autorité mandataire
restreignit l’accès à la propriété terrienne aux Juifs, à
des zones spécifiques de la Palestine, des achats (et des
ventes) illégaux continuèrent de s’opérer à l’intérieur
des 65% réservés aux Arabes. Ainsi, lorsque le plan de
partition fut déclaré en 1947, il incluait des terres détenues
illégalement par des Juifs et qui furent incorporées, comme un
fait accompli, à l’intérieur des frontières de l’Etat hébreu.
Et après qu’Israël proclama qu’il était devenu un Etat,
une batterie impressionnante de lois assimilèrent en toute légalité
des étendues immenses de terre arabe (dont les propriétaires
étaient devenus des réfugiés et avaient été déclarés
‘propriétaires défaillants’, afin de pouvoir exproprier
leurs terrains et empêcher définitivement leur retour.) Edward
Saïd, "The Question of Palestine."
La partition onusienne de la Palestine
Pourquoi l’O.N.U. a-t-elle recommandé ce plan qui
partageait la Palestine en deux Etats, l’un juif, l’autre
arabe ?
A partir de cette date [novembre 1947], les Etats-Unis
apparurent comme le partisan le plus acharné de la partition…
Ils firent retarder le vote de l’Assemblée Générale ‘afin
d’obtenir le temps nécessaire pour amener certaines républiques
d’Amérique Latine à rejoindre leur position.’… Certains
délégués accusèrent les fonctionnaires américains
‘d‘intimidation diplomatique’. Un éditorialiste anonyme
écrivit : "Sans la ‘pression violente que les Etats-Unis
exercèrent sur des gouvernements qui n’avaient pas les moyens
de s’exposer à des représailles américaines, la résolution
ne serait jamais passée." John Quigley, "Palestine
and Israel : A Challenge to Justice."
Pourquoi Truman a-t-il adopté cette position ?
Je suis désolé, messieurs, mais je suis responsable devant
des centaines de milliers de personnes qui sont très attachées
au succès du sionisme. Je ne compte pas des centaines de
milliers d’Arabes parmi mes électeurs. Le président Harry
Truman, cité dans "Anti Zionism" édité par Teikener,
Abed-Rabbo Mezvinsky.
Le plan de partition était-il à la fois équitable pour
les Arabes et pour les Juifs ?
Le rejet par les Arabes… se basait sur le fait que les
Juifs avaient été désignés corps dirigeant, alors que la
population constituant l’Etat hébreu devait être [seulement
pour moitié] juive et que les Juifs possédaient moins de 10%
du territoire de l’Etat hébreu – une règle que personne
digne de ce nom ne pouvait accepter sans protester ; et c’est
le moindre que l’on puisse dire !… L’action des
Nations-Unies entrait en conflit avec les principes de base
selon lesquels cette organisation mondiale avait été fondée,
à savoir : faire respecter le droit des peuples à l’autodétermination.
En refusant aux Arabes palestiniens, qui constituaient [alors]
une majorité des deux tiers du pays, le droit de décider par
eux-mêmes, les Nations-Unies violaient leur propre charte. Sami
Hadawi, "Bitter Harvest."
Les sionistes étaient-ils prêts à s’installer dans le
territoire que la partition de 1947 leur avait accordée ?
Alors que la direction du Yishuv avait officiellement
accepté la résolution de 1947, relative à la partition, les
pans entiers de la société israélienne – y compris Ben
Gourion – qui s’y opposèrent ou exprimèrent leur mécontentement
conclurent rapidement qu’une guerre fournirait une occasion idéale
d’étendre les frontières du nouvel Etat au-delà de celles désignées
par la partition onusienne, et aux dépends des Palestiniens. Benny
Morris, historien israélien, dans "Tikkun",
mars/avril 1998.
Déclarations publiques vs. déclarations privées
Lors d’une discussion interne en 1938 [David Ben Gourion]
exposa : ‘Une fois que nous serons devenus une force
puissante, résultat de la création d’un Etat, nous abolirons
la partition et nous nous étendrons sur toute la
Palestine’… En 1948, Ménahem Begin déclara : ‘La
partition de la patrie est illégale. Nous ne la reconnaîtrons
jamais. La signature de cet accord par des institutions et
diverses personnalités, entérinant une partition, n’est pas
valide. Cela ne rendra pas le peuple juif aveugle. Jérusalem a
été notre capitale et le sera pour toujours. Eretz Israël (la
patrie d’Israël) sera restituée au peuple d’Israël.
L’intégralité d’Israël. Et pour toujours. Noam
Chomsky, "The Fateful Triangle."
Le début de la guerre
En décembre 1947, les Britanniques annoncèrent qu’ils se
retireraient de Palestine à compter du 15 mai 1948. Les
Palestiniens, à Jérusalem et à Jaffa, appelèrent à la grève
générale contre la partition. Presque immédiatement, des
combats éclatèrent dans les rues de Jérusalem… De violents
incidents se multiplièrent et dégénérèrent en une guerre
acharnée… Pendant ce mois fatidique d’avril 1948, huit des
treize principales attaques sionistes contre des Palestiniens
eurent lieu dans les territoires attribués à l’Etat arabe. The
People Press Palestine Book Project, "Our Roots Are Still
Alive."
Le non-respect par les sionistes des frontières fixées
par la partition
Avant la fin du mandat, et donc avant que les Etats arabes ne
puissent intervenir, les Juifs, forts de leurs supériorités
militaire et d’organisation, occupaient… la plupart des
villes arabes de Palestine, donc avant le 15 mai 1948. Tibériade
fut occupée le 19 avril 1948, Haïfa le 22 avril, Jaffa le 28
avril, les quartiers arabes de la ville nouvelle de Jérusalem
le 30 avril, Beit Shean le 8 mai, Safed le 10 mai et Saint-Jean
d’Acre le 14 mai 1948… Par contre, les Arabes palestiniens,
eux, ne s’étaient emparés d’aucuns des territoires réservés
à l’Etat hébreu par la résolution de partition. Henry
Cattan, auteur britannique, "Palestine, The Arabs and
Israel."
Coupables de l’intensification des combats
Ménahem Begin, le dirigeant de l’Irgoun [groupe terroriste
sioniste], explique comment ‘à Jérusalem, comme ailleurs,
nous fûmes les premiers à passer de la défensive à
l’offensive… Les Arabes qui étaient terrorisés
s’enfuyaient… le Haganah remportait d’autres victoires à
l’occasion d’attaques sur d’autres fronts, tandis que les
forces juives continuaient d’avancer à travers Haïfa comme
un couteau dans du beurre’…
Les Israéliens prétendent aujourd’hui que la guerre commença
à cause de l’entrée des armées arabes en Palestine après
le 15 mai 1948, en fait, il s’agissait là de la seconde phase
de la guerre ; ils n’assistèrent pas aux massacres, aux
expulsions et aux expropriations qui eurent lieu avant cette
fameuse date et qui rendirent nécessaire ‘l’intervention’
des Etats arabes. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."
Le massacre de Palestiniens à Deir Yassin perpétré par
des soldats juifs
Pendant toute la journée du 9 avril 1948, l’Irgoun et les
soldats du LEHI, de façon froide et préméditée, exécutèrent
ce carnage … Les attaquants ‘alignèrent les hommes, les
femmes et les enfants le long des murs et les fusillèrent,’…
Le caractère impitoyable de l’attaque de Deir Yassin choqua
autant l’opinion juive que l’opinion mondiale ; ce massacre
sema la terreur et la panique parmi la population arabe ; et
dans tout le pays, ces populations civiles désarmées
s’enfuirent de leurs maisons. Simha Flapan, auteur israélien,
"The Birth of Israel."
Deir Yassin a-t-elle été la seule action de ce genre ?
A partir de 1948, le Juif était non seulement capable de se
‘défendre tout seul’ mais aussi de commettre des atrocités
à grande échelle. En effet, selon l’ancien directeur des
archives militaires israéliennes, ‘dans presque tous les
villages que nous occupions lors de la guerre d’indépendance,
des actes, définis comme crimes de guerre, tels que meurtres,
massacres et viols, furent commis’… Uri Milstein,
l’historien israélien spécialisé dans la guerre de 1948 et
qui fait autorité, va plus loin en affirmant encore
aujourd’hui que ‘chaque accrochage se terminait par un
massacre d’Arabes. Norman Finkelstein, "Image and
Reality of the Israel-Palestine Conflict."
1948 : Le statut d’Etat et les expulsions
Quelle fut la réaction arabe à l’annonce de la création
de l’Etat d’Israël ?
Les armées des Etats arabes entrèrent en guerre immédiatement
après la fondation de l’Etat d’Israël en mai. Pratiquement
tous les combats eurent lieu à l’intérieur du territoire
attribué à l’Etat palestinien… Environ 700.000
Palestiniens s’enfuirent ou furent expulsés durant le conflit
de 1948. Noam Chomsky, "The Fateful Triangle."
La partie de la Palestine attribuée à l’Etat hébreu
fut-elle en danger de mort face aux armées arabes
La Ligue Arabe appela précipitamment ses pays membres à
envoyer des troupes armées régulières en Palestine. L’ordre
consistait seulement à sécuriser les parties de la Palestine
attribuées aux Arabes en vertu du plan de partition. Mais ces
armées régulières étaient mal équipées et dépourvues
d’un commandement centralisé pour coordonner leurs efforts…
[Le roi de Jordanie, Abdallah] fit la promesse [aux Israéliens
et aux Britanniques] que ses troupes (la Légion Arabe, seule véritable
force de combat parmi les armées arabes) éviteraient de se
battre contre les implantations juives… Pourtant, les
historiens occidentaux rapportent que le tout nouvel Etat d’Israël
repoussa à ce moment-là ‘les hordes gigantesques’ de cinq
pays arabes. En réalité, c’est l’offensive contre les
Palestiniens qui s’intensifia. The Peoples Press Palestine
Book Project, "Our Roots Are Still Alive."
Le nettoyage ethnique de la population arabe de Palestine
Joseph Weitz était le directeur du Fonds National Juif à la
Terre… Le 19 décembre 1940, il écrivait : ‘Que ce soit
bien clair : dans ce pays, il n’y a pas de place pour deux
peuples… Jusqu’à présent, l’entreprise sioniste…
c’est bien déroulée, à son rythme, et elle pouvait se
contenter ‘d’acheter des terres’ – mais cela
n’aboutira pas à l’Etat d’Israël ; il faut que cela se
fasse d’un coup, à la manière d’un Salut (c’est le
secret de l’idée messianique) ; et il n’y a pas d’autres
moyens que de transférer les Arabes vers les pays voisins, de
les transférer tous ; à l’exception peut-être de Bethléem,
de Nazareth et du Vieux Jérusalem, nous ne devons leur laisser
aucun village, pas même une simple tribu’… Ce sont des
centaines de déclarations similaires que faisaient les
sionistes. Edward SaÏd, « The Question of Palestine. »
A la suite du soulèvement de 1936, pas un seul des principaux
dirigeants [sionistes] n’était capable de concevoir une
future coexistence sans une séparation physique et nette des
deux peuples – séparation réalisable uniquement par le
transfert et les expulsions. En public, ils continuaient tous de
parler de coexistence et attribuaient la violence à une petite
minorité de fanatiques et d’agitateurs. En fait, il ne
s’agissait que d’une simple posture. Ben Gourion résuma la
situation ainsi : ‘A l’aide du transfert forcé nous
disposerons d’un vaste espace (pour les implantations)… Je
soutiens le transfert forcé. Je ne vois rien d’immoral à
cela. Benny Morris, historien israélien, « Righteous
Victims. »
Ben Gourion voulait manifestement que le moins possible d’Arabes
demeurent dans l’Etat hébreu. Il espérait les voir
s’enfuir. Il le répéta souvent à ses collègues et à ses
assistants à l’occasion de réunions en août, septembre et
octobre [1948]. Mais aucune politique [générale] d’expulsion
ne fut jamais [officiellement] exposée et Ben Gourion se garda
toujours d’émettre par écrit des ordres d’expulsion clairs
; il préférait que ses généraux ‘comprennent’ par eux-mêmes
ce qu’il attendait d’eux. Il souhaitait éviter que
l’histoire ne se souvienne de lui comme du ‘grand expulseur’
et il ne voulait pas que le gouvernement israélien soit impliqué
dans une politique moralement douteuse… Mais alors qu’il
n’y avait pas de politique officielle d’expulsion, les
offensives de juillet et d’octobre [1948], en comparaison avec
la première moitié de la guerre, furent caractérisées par
des expulsions bien plus nombreuses et, pour tout dire, par
encore plus de brutalité envers les populations civiles arabes.
Benny Morris, « The Birth of the Palestinian Refugee Problem,
1947-1949. »
Les Palestiniens ne s’enfuirent-ils pas volontairement
de chez eux pendant la guerre de 1948 ?
La propagande israélienne a renoncé en grande partie à
affirmer que l’exode palestinien de 1948 était
‘volontaire’. Les cercles officiels concèdent implicitement
que la population arabe s’est enfuie à la suite de l’action
israélienne – soit directement, comme à Lydda [4]
et à Ramallah, soit indirectement, en conséquence de la
panique qui s’empara des populations arabes à travers toute
la Palestine (panique d’être massacrées comme à Deir Yassin.]
Cependant, même si la vérité historique a été rétablie
avec réticence, la direction israélienne a toujours refusé de
reconnaître sa responsabilité morale et politique vis-à-vis
du problème des réfugiés qu’elle – ou ses prédécesseurs
– a sciemment provoqué. Peretz Kidron, cité dans "Blaming
the Victims," éd. Saïd Hitchens.
Les Arabes n’ont jamais lancé d’ordre d’évacuer
La BBC a contrôlé toutes les diffusions sur le Moyen-Orient
pour l’ensemble de l’année 1948. Les enregistrements, ainsi
que les documents rédigés par une unité de contrôle américaine,
peuvent être consultés au British Museum. Il n’y a
jamais eu, en 1948, le moindre ordre ou appel ou même
suggestion d’évacuer la Palestine, émanant de stations de
radio arabes, à l’intérieur ou à l’extérieur de la
Palestine. Par contre, il y a des archives d’enregistrements
d’appels arabes répétés, voire des ordres clairs,
enjoignant la population arabe à ne pas bouger. Erskine
Childers, chercheur britannique, cité dans "Bitter Harvest"
de Sami Hadawi.
Le nettoyage ethnique – suite
Que l’objectif ultime de Ben Gourion fut d’évacuer la
plus grande quantité d’Arabes de l’Etat hébreu ne peut
difficilement être remis en cause, ne serait-ce qu’au regard
de la variété de moyens qu’il mit en œuvre pour y
parvenir… et de la manière la plus résolue, en détruisant
des villages entiers et en chassant leurs habitants… même
s’ils n’avaient pas pris part à la guerre et qu’ils étaient
restés en Israël dans l’espoir d’y vivre en paix et dans
l’égalité, ainsi que la déclaration d’indépendance
l’avait promis. Simha Flapan, auteur israélien, "The
Birth of Israel."
Destruction délibérée des villages arabes pour prévenir
tout retour des Palestiniens
Pendant le mois de mai [1948], les conceptions sur la façon
de consolider et de rendre permanent l’exil des Palestiniens
se concrétisèrent, et la destruction de villages fut immédiatement
perçue comme le meilleur moyen d’atteindre ce but… [Même
avant,] Le 10 avril, les unités du Haganah prirent Abou Shusha…
Cette nuit-là, le village fut détruit… Khulda fut rasée par
les bulldozers israéliens le 20 avril… Abou Zureiq, complètement
démolie… Al Mansi et An Naghnaghiya, dans le sud-est, furent
elles aussi rasées… A partir de la mi-49, la majorité [des
350 villages arabes fraîchement dépeuplés] était soit complètement
ou partiellement en ruines, soit rendue inhabitable. Benny
Morris, "The Birth of Palestinian Refugee Problem,
1947-1949."
Après la fin des combats, pourquoi les Palestiniens ne
sont-ils pas retournés chez eux ?
La première résolution de l’assemblée générale de l’O.N.U.
– la résolution n° 194 – affirmant le droit pour les
Palestiniens de retourner dans leurs maisons et de retrouver
leurs propriétés, fut adoptée le 11 décembre 1948. Elle fut
ré-adoptée pas moins de vingt fois depuis cette première
date. Bien que le droit politique et moral pour une personne de
retourner à son lieu de résidence continue soit
universellement reconnu, Israël a dénié toute possibilité de
retour… [et] a systématiquement et juridiquement rendu
impossible, quelle qu’en soit raison, le retour des Arabes
palestiniens, l’indemnisation de leurs propriétés ou même
le droit de vivre en Israël comme citoyens égaux devant la loi
avec les Juifs israéliens. Edward Saïd, "The Question
of Palestine."
Ces expropriations avaient-elles une quelconque
justification ?
Le fait que les Arabes se soient enfuis, terrorisés par la
peur d’une répétition des massacres sionistes de 1948,
n’est pas une raison pour les priver de leurs maisons, de
leurs champs et de leur gagne-pain. Généralement, les
populations civiles qui se trouvent prises dans des zones de
combats paniquent. Mais elles ont toujours pu retourner chez
elles une fois le danger passé. La conquête par des moyens
militaires n’abolit pas le droit à la propriété privée et
ne permet pas non plus aux vainqueurs de confisquer les maisons,
les propriétés et les biens personnels de la population civile
non combattante. La saisie de la propriété des Arabes par les
Israéliens fut un scandale. Sami Hadawi, "Bitter
Harvest."
Qu’en fut-il des négociations après la guerre de
1948-1949 ?
[A Lausanne,] l’Egypte, la Syrie, le Liban et les
Palestiniens tentèrent grâce à des négociations de sauver ce
qu’ils avaient perdu lors de la guerre – un Etat palestinien
aux côtés d’Israël. Cependant, Israël… [préféra] un
armistice précaire à une paix définitive qui aurait impliqué
des concessions territoriales et le rapatriement, même d’un
nombre symbolique, de réfugiés. Le refus de reconnaître aux
Palestiniens le droit à l’autodétermination et d’avoir un
Etat a prouvé au fil des ans que c’est là que se trouve la
source même de l’agitation, de la violence et du bain de sang
qui ont eu lieu. Simha Flapan, auteur israélien, "The
Birth of Israel."
Israël fut admis à l’O.N.U., mais se rétracta par la
suite des conditions de son admission
La conférence [de Lausanne] débuta officiellement le 27
avril 1949. Le 12 mai, le Comité de Conciliation de la
Palestine [des Nations-Unies] n’obtint son unique succès que
lorsqu’il persuada les parties de signer un protocole à
propos d’une feuille de route en vue d’une paix complète…
Pour la première fois, Israël acceptait le principe du
rapatriement [des réfugiés arabes] et l’internationalisation
de Jérusalem… [mais en fait] il ne s’agissait de leur part
que d’un pur exercice de relations publiques dans le seul but
de restaurer leur image internationale… Walter Eytan, le chef
de la délégation israélienne, [exposa]… ‘Ma décision
principale était de saboter le protocole du 12 mai, que nous
n’avions signé que dans le seul but d’être admis à l’O.N.U.
Si nous avions refusé de signer… cela aurait été immédiatement
rapporté au Secrétaire Général et aux Etats membres. Illan
Pappé, historien israélien, "The Making of the
Arab-Israel Conflict, 1947-1951."
Dans le préambule de cette résolution d’admission figurait
la clause de sauvegarde suivante : ‘Rappelant la résolution
du 29 novembre 1947 (sur la partition) et celle du 11 décembre
1948 (sur les réparations et les indemnités), et prenant note
des déclarations et des explications faites par le représentant
du gouvernement israélien devant le Comité Politique ad hoc au
sujet de l’exécution des dites résolutions, l’Assemblée Générale…
décide d’admettre Israël en tant qu’Etat membre des
Nations-Unies.’
Il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’une condition
ainsi que d’une promesse d’exécuter les résolutions
mentionnées. En aucune manière, il n’y était question que
de telles exécutions soient assujetties à la conclusion
d’une paix aux conditions fixées par Israël, ainsi que les
Israéliens le revendiquèrent plus tard pour justifier leur
refus de se plier [à l’exécution de ces résolutions.] Sami
Hadawi, "Bitter Harvest."
Quel sort fut réservé aux Palestiniens qui étaient
alors devenus des réfugiés ?
L’hiver 1949, le premier hiver d’exil pour plus de
750.000 Palestiniens, fut rude et froid… Des familles se
blottirent dans des grottes, d’autres dans des huttes abandonnées
ou encore dans des tentes improvisées… Nombre de ces affamés
n’étaient distants que de quelques kilomètres de leurs
jardins potagers et de leurs vergers en Palestine occupée –
le nouvel Etat d’Israël… A la fin de 1949, les
Nations-Unies finirent par agir. Elles mirent sur pieds l’UNRWA
(United Nations Relief and Works Administration – l’Administration
d’Aide et de Travaux des Nations-Unies) pour prendre le relais
des associations humanitaires sur soixante camps de réfugiés.
Cela permit tout juste de maintenir les gens en vie. The
Peoples Press Palestine Book Project, "Our Roots Are Still
Alive."
La guerre de 1967
[5]
et l’occupation israélienne
de la Cisjordanie et de la bande de Gaza
Les Egyptiens sont-ils vraiment à l’origine de la
guerre de 1967, ainsi qu’Israël l’a toujours affirmé ?
L’ancien commandant de l’armée de l’air, le général
Ezer Weitzman, faucon réputé, affirma qu’il n’y avait pas
de ‘menace de destruction’ mais que l’attaque de l’Egypte,
de la Syrie et de la Jordanie était néanmoins justifiée pour
permettre à Israël ‘d’exister par rapport à la taille,
l’esprit et la qualité qu’il incarne.’… Menahem Begin
fit la remarque suivante : ‘En juin 1967, nous étions de
nouveau face à un choix. Les concentrations militaires égyptiennes
dans les voies d’accès au Sinaï ne prouvaient pas que Nasser
allait vraiment nous attaquer. Soyons honnêtes avec nous-mêmes
: C’est nous qui avons décidé de les attaquer.’ Noam
Chomsky, "The Fateful Triangle."
Je ne crois pas que Nasser voulait la guerre. Les deux divisions
qu’il envoya dans le Sinaï n’auraient pas été suffisantes
pour lancer une offensive. Il le savait et nous le savions. Yitzhak
Rabin, chef d’Etat-major interarmées en 1967, Le Monde,
28/2/1968.
Les déclarations posthumes de Moshé Dayan à propos du
plateau du Golan
Moshé Dayan, le célèbre chef militaire qui donna
l’ordre, en 1967, en tant que ministre de la défense, de
conquérir le Golan, … [rapporta] que de nombreuses
escarmouches avec les Syriens furent provoquées par Israël ;
et les habitants des Kibboutzim, qui faisaient pression sur le
gouvernement pour prendre le plateau du Golan, étaient moins
motivés par des raisons de sécurité que par l’extension de
leurs exploitations… [Dayan rapporta] ‘Ils n’essayèrent même
pas de cacher leur convoitise des terrains… Dans la zone démilitarisée
où nous ne pouvions rien faire, nous avions prévu d’envoyer
un tracteur pour labourer quelque endroit sachant d’avance que
les Syriens se mettraient à tirer. S’ils ne tiraient pas,
nous dirions au conducteur d’avancer plus loin jusqu’à ce
que les Syriens finissent par être énervés et tirent. Et après,
nous utiliserions l’artillerie et encore plus tard nous y
ajouterions la force aérienne, et c’est ce qui c’est passé…
Les Syriens, au quatrième jour de la guerre, ne constituaient
plus une menace pour nous.’ The New York Times, 11 mai
1997.
L’histoire de l’expansionnisme israélien
Accepter la partition ne nous oblige pas à renoncer à la
Transjordanie[6] ; on
ne demande à personne de renoncer à ses idées. Nous sommes
obligés d’accepter un Etat dans les limites territoriales fixées
aujourd’hui. Mais ces frontières, selon les aspirations
sionistes, concernent le peuple juif et aucun facteur extérieur
ne pourra les limiter. David Ben Gourion, en 1936, cité dans
"The Fateful Triangle" de Noam Chomsky.
Le danger principal que pose Israël, en tant qu’Etat hébreu,
à son propre peuple, aux autres Juifs et à ses voisins, réside
dans la poursuite de son expansion territoriale, trouvant sa
source dans l’idéologie, et de la série inévitable de
guerres qui s’en suivra… Aucun politicien sioniste n’a
jamais répudié l’idée de Ben Gourion selon laquelle la
politique israélienne doit se baser (dans les limites de la
considération pratique) sur la restauration des frontières
bibliques comme frontières de l’Etat hébreu. Israël
Shahak, professeur israélien, "Jewish History, Jewish
Religion : The Weight of 3000 Years."
Dans le journal personnel du Premier ministre israélien Moshé
Sharatt, on y trouve un extrait datant de mai 1955 dans lequel
il cite Moshé Dayan : [Israël] doit regarder l’épée comme
le principal, sinon l’unique, instrument avec lequel il peut
maintenir son enthousiasme au plus haut et contenir ses tensions
morales. Pour ce faire, il peut – non, il doit – inventer
des dangers, et pour y parvenir, il doit adopter la méthode
provocations/représailles… Et surtout, espérons une nouvelle
guerre avec les pays arabes pour que nous puissions enfin régler
nos problèmes et acquérir notre espace. Cité dans "Israel’s
Sacred Terrorism" de Livia Rokach.
Mais l’occupation des terres arabes n’était-elle pas
nécessaire pour garantir la sécurité d’Israël ?
Le sénateur [J. William Fulbright] proposa en 1970 que l’Amérique
garantisse la sécurité d’Israël par un traité officiel, le
protégeant si nécessaire par des forces armées. En échange,
Israël se replierait à l’intérieur de ses frontières de
1967. Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies garantirait cet
accord, et par conséquent, amènerait l’Union Soviétique –
alors fournisseur d’armes et soutien politique aux Arabes –
à s’y conformer. Tandis que les troupes israéliennes se
retireraient du plateau du Golan, de la bande de Gaza et de la
Cisjordanie, elles seraient remplacées par des forces de
maintien de la paix de l’O.N.U. Israël accepterait un certain
nombre de Palestiniens sur son sol et les autres
s’installeraient dans un Etat palestinien à l’extérieur
d’Israël.
Ce plan engendra un formidable soutien des éditorialistes aux
Etats-Unis. La proposition, cependant, fut purement et
simplement rejetée par Israël. ‘ Toute cette affaire dégoûta
Fulbright,’ écrivit [son biographe Randall] Woods. ‘Les
Israéliens ne voulaient même pas agir dans leur propre intérêt.’
Allan Brownfield dans "Issues of the American Council
for Judaism." Automne 1997. [NdE : Il s’agissait d’une
des nombreuses propositions similaires]
Que s’est-il passé après la fin de la guerre de 1967 ?
En violation de la loi internationale, Israël confisqua plus
de 52% du territoire de la Cisjordanie et 30% de la bande de
Gaza pour un usage militaire ou pour des implantations de
populations civiles juives… De 1967 à 1982, Le gouvernement
militaire d’Israël a démoli en Cisjordanie 1.338 maisons
palestiniennes. Pendant cette période, plus de 300.000
Palestiniens ont été détenus sans procès, et pour des durées
variables, par les forces de sécurité israéliennes. Intifada
: The Palestinian Uprising Against Israeli Occupation éd.
Lockman Beinin.
L’opinion mondiale sur la légalité du contrôle israélien
de la Cisjordanie et de la bande de Gaza
Conformément à la charte des Nations-Unies, il ne peut y
avoir d’accroissement territorial par la guerre, même
lorsqu’un Etat agit en légitime défense. La réponse des
autres Etats à l’occupation par Israël est unanime pour dire
que même si l’action d’Israël était défensive, son
maintien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ne l’est
pas… L’Assemblée Générale de l’O.N.U. détermina que
l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël
constituait une négation de l’autodétermination et donc une
‘menace sérieuse et grandissante à la paix et à la sécurité
internationale.’ John Quigley, "Palestine and Israel :
A Challenge to Justice."
Exemples d’effets provoqués par l’occupation israélienne
Une étude menée par des étudiants de l’Université de
Bethléem et rapportée par le Comité International de
Coordination des O.N.G. à Jérusalem montrait que de nombreuses
familles étaient privées d’eau courante pendant cinq jours
d’affilée… L’étude va plus loin en montrant que, ‘les
quotas sur l’eau restreignent les Palestiniens vivant en
Cisjordanie et la bande de Gaza, pendant que les colons israéliens
ont accès à des quantités pratiquement illimitées.’
Un voyage d’été dans une implantation juive au bord du désert
de Judée, à moins de huit kilomètres de Bethléem, nous
confirma l’inégalité au sujet de l’eau. Alors que les
habitants de Bethléem devaient acheter l’eau à des camions
citernes et à des prix prohibitifs, les pelouses des
implantations étaient vertes. Les systèmes d’arrosage
fonctionnaient à midi sous le soleil brûlant du mois d’août.
Les cris des enfants nageant dans les piscines extérieures
ajoutaient une touche supplémentaire à l’irréel. Betty
Jane Bailey, dans "The Link", décembre 1996.
Il faut se souvenir que 90% des enfants âgés de deux ans et
plus ont vécu l’expérience – et certains à de très
nombreuses reprises – de l’armée [israélienne] forçant la
porte de leur maison, frappant les membres de leur famille et détruisant
une partie de leur mobilier. Nombre d’entre eux furent eux-mêmes
battus, eurent les os brisés, furent aspergés de gaz lacrymogène,
reçurent des balles ou virent de telles scènes se dérouler
sur leurs frères et sœurs ou sur leurs voisins…
L’orientation psychologique de l’enfant se trouve affectée
par [l’absence] de sécurité. Il a besoin de se sentir en sécurité.
Nous voyons les conséquences qui résultent de son absence.
Dans notre étude, nous avons mis en évidence que les enfants
qui ont été exposés à des expériences traumatisantes ont
tendance à se radicaliser dans leur comportement et, plus tard,
dans leur conviction politique. Dr Samir Quota, directeur de
recherche au Programme de Santé Mentale de la Communauté de
Gaza, cité dans "The Journal of Palestine Studies,"
été 1996, p.84.
Il n’y a rien de comparable à la souffrance que l’on peut
ressentir lorsque l’on écoute un [Palestinien] de 35 ans qui
a travaillé pendant quinze ans comme journalier illégal en
Israël pour constituer assez d’économies afin de construire
une maison pour lui et sa famille, et qui retrouve un jour en
rentrant du travail sa maison et tout ce qu’elle contenait écrasée
par un bulldozer israélien. Lorsque je demandais pourquoi cela
était arrivé – le terrain, après tout, lui appartenait –
on me répondit qu’il reçut le lendemain de la part d’un
soldat israélien un document stipulant qu’il n’avait pas
l’autorisation de construire. Dans quel autre endroit du monde
les gens ont-ils besoin d’une telle autorisation (systématiquement
refusée) pour construire sur leur propriété ? Les Juifs ont
le droit de construire, mais les Palestiniens jamais. Ceci est
un apartheid. Edward Saïd, dans "The Nation", 4
mai 1998.
Toutes les colonies juives des territoires occupés, établies
lors de la guerre de 1967, constituent une violation patente des
Conventions de Genève qu'Israël a signées.
La Convention de Genève exige qu’une puissance occupante
modifie le moins possible l’ordre existant durant son
occupation. Un des aspects de cette obligation est de laisser le
territoire aux gens qu’elle y a trouvés. Elle n’a pas le
droit de faire venir ses propres nationaux pour peupler ce
territoire. Cette interdiction se trouve dans l’Article 49 de
cette Convention, qui stipule, ‘La puissance occupante n’a
pas le droit de déplacer ou de transférer une partie de sa
propre population civile dans les territoires qu’elle
occupe.’ John Quigley, "Palestine and Israel : A
Challenge to Justice."
Extraits de rapports établis, lors de l’Intifada, par
le Département d'Etat
Voici quelques extraits des rapports régionaux émanant du Département
d’Etat américain sur les pratiques relatives aux droits de
l’homme de 1988 à 1991 :
1988 : ‘De nombreux morts et blessés auraient pu être évités’
si les soldats israéliens n’avaient pas utilisé leurs armes
à feu lors de situations qui ne mettaient pas les troupes en
danger de mort… Les troupes FDI (Force de Défense Israélienne]
se sont servies de matraques pour frapper des Palestiniens qui
n’étaient pas directement impliqués dans les émeutes ou qui
refusaient d’obtempérer, et leur casser les jambes… Il a été
établi qu’au moins treize Palestiniens sont morts de ces
brutalités…’
1989 : Des associations de droits de l’homme ont accusé le
personnel de sécurité en civil, agissant comme des escadrons
de la mort, d’avoir tué sans sommation des activistes
palestiniens, après qu’ils se furent rendus ou après
qu’ils eurent été maîtrisés…
1991 : [Le rapport] ajoutait que les associations de droits de
l’homme avaient publié ‘des rapports détaillés et crédibles
de torture, de sévices sexuels et de mauvais traitements perpétrés
sur des détenus palestiniens dans les prisons et les centres de
détention. Paul Findley, ancien membre du Congrès, "Deliberate
Deceptions."
Jérusalem – Capitale éternelle et indivisible d’Israël
?
Ecrivant dans le Jerusalem Report (28 février 2000),
Leslie Susser faisait remarquer que les frontières actuelles
furent dessinées durant la guerre des six jours. La
responsabilité du tracé de ces frontières en revient au chef
du commandement central, Rehavan Ze’evi. Elles ‘incluaient
non seulement les cinq kilomètres carrés du Jérusalem-Est
arabe – mais aussi les 65 kilomètres carrés de ses environs,
constitués de campagne et de villages dont la plupart
n’avaient jamais eu auparavant de lien municipal avec Jérusalem.
En l’espace d’une nuit, ces étendues devinrent une partie
de la capitale éternelle et indivisible.’ Allan
Brownsfield dans le rapport de Washington sur les affaires du
Moyen-Orient, mai 2000.
L’histoire du terrorisme dans la région
Note de l’éditeur :
Notre conviction est que le meurtre d’innocents, quelles
qu’en soient les motifs, est quelque chose de mal, Nous ne
pouvons donc tolérer l’utilisation du terrorisme par quelque
groupe extrémiste palestinien que ce soit, particulièrement répandu
pendant les années 70. Ceci dit, il est toutefois nécessaire
d’examiner les contextes dans lesquels ces incidents se sont
produits.
Nous entendons beaucoup parler de terrorisme palestinien.
Qu’en est-il du passé israélien ?
Le passé du terrorisme israélien remonte aux origines de
l’Etat – loin en arrière, en effet – il comprend le
massacre de 250 civils et l’expulsion brutale de soixante-dix
mille autres civils de Lydda et de Ramallah en juillet 1948, le
massacre de centaines d’autres dans le village sans défense
de Doueimah près d’Hébron en octobre 1948, … les
boucheries de Quibya, Kafr Kassem et d’une kyrielle d’autres
villages assassinés, l’expulsion de milliers de bédouins des
zones démilitarisées peu après la guerre de 1948 et de
milliers d’autres au Nord-Est du Sinaï au début des années
70, leurs villages ayant été détruits pour ouvrir la région
aux colonies juives, et encore, et encore… Noam Chomsky,
"Blaming The Victims," éd. Saïd Hitchens.
On a beau se lamenter, voire même souhaiter se venger, d’une
manière ou d’une autre, des vies perdues et de la souffrance
infligée à des innocents par la violence palestinienne, je
pense que l’on doit dire aussi, malgré tout, qu’aucun autre
mouvement nationaliste que celui des palestiniens n’a été si
injustement pénalisé, diffamé et soumis à des représailles
disproportionnées pour ses crimes. La politique israélienne de
contre-attaques punitives (ou terrorisme d’Etat) semble être
de tuer de 50 à 100 Arabes pour chaque Juif mort. La dévastation
de camps de réfugiés au Liban, d’hôpitaux, d’écoles, de
mosquées, d’églises et d’orphelinats, les arrestations
arbitraires, les déportations, les destructions de maisons, les
mutilations et la torture de Palestiniens en Cisjordanie et à
Gaza… tout cela, plus le nombre de morts palestiniens, la
dimension des pertes matérielles, les privations physiques,
politiques et psychologiques, ont énormément excédé les
dommages causés aux Israéliens par les Palestiniens. Edward
Saïd, "The Question of Palestine."
Le parti-pris américain (gouvernement et médias) à
propos du terrorisme au Proche-Orient
C’est tout bonnement extraordinaire et sans aucun précédent
que l’histoire d’Israël et son passé – du fait qu’il
s’agit d’un Etat établi sur la conquête et qui a envahi
ses pays voisins, bombardé et détruit à tout va, du fait
qu’il occupe actuellement des territoires libanais[8],
syriens et palestiniens en violation de la loi internationale
– ne soient simplement jamais cités, jamais soumis à un
examen dans les médias américains ou dans les discours
officiels… jamais suggérés comme ayant joué un rôle
quelconque dans le déclenchement du ‘terrorisme islamique’ Edward
Saïd in The Progressive. 30 Mai 1996.
Des juifs critiquent le sionisme
Albert Einstein – ‘Je préférerais de beaucoup qu’un
accord raisonnable ait lieu avec les Arabes sur le principe de
vivre ensemble dans la paix plutôt que d’assister à la création
d’un Etat hébreu. Mis à part certaines considérations
d’ordre pratique, la conscience que j’ai de la nature
fondamentale du judaïsme s’oppose à l’idée d’un Etat hébreu,
avec des frontières, une armée et une certaine puissance
temporelle, même la plus modeste. Ma crainte est que le judaïsme
ne subisse des dommages de l’intérieur’…
Erich Fromm[9]…
[exposa]… ‘En matière de loi internationale, le principe
est établi qu’aucun citoyen ne peut être privé de sa propriété
ou de ses droits à la citoyenneté ; et le droit à la
citoyenneté est de facto, en Israël, un droit bien plus légitime
pour les Arabes que pour les Juifs. Juste parce que les Arabes
ont fui ? Depuis quand cela est-il puni par la confiscation de
sa propriété et par l’interdiction de retourner sur la terre
où ses ancêtres ont vécu pendant des générations ? Voilà
pourquoi la prétention des Juifs à la terre d’Israël ne
peut être une revendication légitime. Si toutes les nations
revendiquaient subitement les territoires où leurs ancêtres
avaient vécu deux mille ans auparavant, le monde dans lequel
nous vivons serait un asile de fous… Je pense que,
politiquement parlant, il n’y a qu’une seule solution pour
Israël, et cette solution est de reconnaître unilatéralement
aux Arabes le droit à avoir un Etat – pas comme argument en
vue d’un quelconque marchandage, mais en tant qu’obligation
morale absolue de l’Etat israélien envers les habitants
d’origine de la Palestine’…
Martin Buber[10] –
‘Seule une révolution intérieure donnera la force nécessaire
à notre peuple pour sortir de sa folie meurtrière, basée sur
une haine irrationnelle… Elle finira par nous détruire entièrement.
Et seulement alors, les jeunes et les vieux de notre pays réaliseront
combien fut immense notre responsabilité envers ces misérables
réfugiés arabes ; envers ceux dont nous avons pris les villes
pour y installer des Juifs qui furent amenés de très loin,
dont nous avons hérité les maisons, dont nous labourons et récoltons
les champs, dont nous ramassons les fruits de leurs jardins, de
leurs vergers et de leurs vignes, et dont nous avons volé les
villes pour y édifier des lieux d’éducation, de charité et
de prière, alors que nous pérorons et nous enflammons sur le
fait que nous sommes le ‘Peuple élu’ et ‘la Lumière des
nations’
Dans un article paru dans le Washington Post du 3 octobre 1978,
il est rapporté que le Rabbin Hirsch (de Jérusalem) a déclaré
: ‘le 12ème principe de notre croyance, il me
semble, est que le Messie rassemblera les Juifs exilés qui ont
été dispersés dans toutes les nations du monde. Le sioniste
est diamétralement opposé au judaïsme. Le sionisme veut faire
du peuple juif une entité nationaliste. Les sionistes disent en
fait : ‘Dieu, regarde donc ! Nous n’aimons pas l’exil.
Fais-nous revenir, et si tu ne le fais pas, nous retrousserons
nos manches et nous reviendrons par nous-mêmes.’ Le rabbin
poursuit : ‘cela, bien sûr, est une hérésie. Le peuple juif
est lié par le serment Divin de ne pas retourner à la Terre
Sainte contre le gré de ceux qui y résident.’ Sami Hadawi,
"Bitter Harvest."
Une patrie juive en Palestine, bâtie à l’aide des baïonnettes
et de l’oppression, n’en vaut pas la peine, même si cela
finit par réussir, tandis que la tentative même de la bâtir
pacifiquement, en coopération, avec compréhension, bienséance
et bonne volonté, en vaut vraiment la peine, même si cela
devait échouer. Rabbi Judah L. Magnes, premier président de
l’Université Hébraïque de Jérusalem, cité dans Like All
The Nations ? éd. Brinner Rischin.
Ce que le sioniste aurait dû être, selon Martin Buber
Le premier point est qu’au moment où nous avons conclu une
alliance (laquelle, je l’admets, n’a jamais été clairement
définie) avec un Etat européen auquel nous avions octroyé le
droit de gouverner la Palestine, nous n’essayèrent même pas
de parvenir à un accord avec les Arabes de ce pays sur les
conditions de l’implantation juive et du cadre dans lequel
elle pouvait se poursuivre. En conséquence de cette approche négative,
les Arabes, qui s’en rendaient compte et qui s’inquiétaient
de l’avenir de leur peuple, nous considérèrent de plus en
plus, non pas comme un groupe désireux de vivre en coopération
avec eux, mais comme des personnes qui n’avaient pas été
invitées et comme des agents défendant des intérêts étrangers
(à l’époque, je l’avais clairement fait remarquer.)
Le deuxième point est que nous avons occupé les postes-clé de
l’économie de ce pays sans offrir de compensation à la
population arabe, ce qui veut dire que nous n’avons pas permis
à leur capital et à leur travail de prendre une part active
dans notre économie. Payer les achats de terre à de gros
propriétaires terriens ou indemniser les locataires de ces
terres n’est pas la même chose que dédommager tout un
peuple. C’est pourquoi, un grand nombre d’Arabes, parmi les
plus prévenants, considérèrent la progression de la
colonisation juive comme une sorte de complot destiné à déposséder
leurs générations futures de la terre nécessaire à leur
subsistance et à leur développement. Il n’y a qu’avec une
politique économique compréhensive et forte, destinée à
organiser et à développer des intérêts communs, qu’il eut
été possible de contrer ce point de vue et ses inévitables
conséquences. Ce n’est pas ce que nous avons fait.
Le troisième point est que lorsque la possibilité survint que
le Mandat [britannique] prendrait bientôt fin, non seulement
nous n’avons pas proposé à la population arabe de le
remplacer par une administration conjointe juive et arabe, mais
nous avons foncé et exigé de diriger seuls l’ensemble du
pays (le programme Biltmore), comme suite politique appropriée
aux acquis que nous avions déjà réalisés. En procédant
ainsi, nous avons fourni nous-mêmes à nos ennemis du camp
arabe l’aide et le réconfort les plus précieux – le
soutien de l’opinion publique – sans lequel l’attaque
militaire n’aurait pu être lancée contre nous. Ainsi apparaît-il
maintenant à la population arabe qu’en poursuivant les
activités dans lesquelles nous nous sommes engagés depuis des
années, l’acquisition de terres et le développement du pays,
nous préparions le terrain pour prendre le contrôle de tout le
pays. Martin Buber, cité dans "A Land of Two Peoples"
éd. Mendes-Flohr.
Les nouveaux historiens israéliens réfutent maintenant
les mythes sur lesquels se base la fondation de l’Etat [hébreu]
Depuis les années 80, … des érudits israéliens [se sont]
joints à leurs homologues palestiniens pour démontrer que le
sionisme s’est… déroulé comme un pur acte colonial contre
la population locale : un mélange d’exploitation et
d’expropriation…
Leur motivation s’est attachée à présenter dans une large
mesure un point de vue révisionniste en levant le secret sur
des pièces justificatives provenant des archives israéliennes,
britanniques et américaines. [A titre d’exemple,] …
La contestation du mythe de l’anéantissement
La nouvelle situation historiographique conteste
fondamentalement l’histoire officielle, affirmant que la
communauté juive fut confrontée à un possible anéantissement
à la veille de la guerre de 1948. Les documents d’archives décrivent
un monde arabe fragmenté, ravagé par l’affliction et la
confusion, et une communauté palestinienne dépourvue de
capacité militaire avec laquelle elle aurait pu menacer les
Juifs…
La responsabilité d’Israël vis-à-vis des réfugiés
– L’avantage militaire juif se traduisit par
l’expulsion massive de plus de la moitié de la population
palestinienne. Les forces israéliennes, à de rares exceptions
près, chassèrent les Palestiniens de chaque ville et village
qu’elles occupaient. Dans certains cas, ces expulsions
s’accompagnaient de massacres [de civils] comme ce fut le cas
à Lydda, Ramallah, Ad-Dawayima, Sasa, … et à d’autres
endroits. Les expulsions s’accompagnaient aussi de viols, de
pillages et de confiscations [de terres et de propriétés
palestiniennes]…
Le mythe de l’intransigeance arabe
– [l’O.N.U.] organisa une conférence de paix à Lausanne
au printemps 1949. Avant la conférence, l’Assemblée Générale
des Nations-Unies adopta une résolution qui avait pour effet de
remplacer la résolution de novembre 1947 relative à la
partition. Cette nouvelle résolution, la résolution 194 du 11
décembre 1948, entérinait le cadre de la négociation
triangulaire de Bernadotte [médiateur de l'O.N.U] pour une paix
globale : le retour inconditionnel de tous les réfugiés dans
leurs maisons, l’internationalisation de Jérusalem et la
partition de la Palestine en deux Etats. Cette fois-ci,
plusieurs Etats arabes ainsi que différents représentants des
Palestiniens acceptèrent ce cadre comme base de négociation,
de la même manière que le firent les Etats-Unis, qui
commandaient à Lausanne… Le Premier ministre Ben Gourion
s’opposa fermement à toute négociation de paix dans ce cadre
prédéfini… L’unique raison pour laquelle il accepta de
participer à la conférence de paix résidait dans sa crainte
d’une réaction de colère de la part des Américains… Le
chemin de la paix a bien été compromis par l’intransigeance
israélienne, et non par celle des Arabes.
Conclusions
– Les nouveaux historiens israéliens… souhaitent réparer
le fléau du passé que leurs recherches ont révélé… Il y
avait un prix important à payer en contrepartie de la création
d’un Etat hébreu en Palestine. Et il y avait des victimes,
dont la détresse continue d’alimenter la poudrière du
conflit en Palestine. Ilan Pappé, historien israélien, dans
"The Link", janvier 1998.
Le Sionisme
"Ce n’est plus mon pays"
Pour moi, cette entreprise qui s’appelle l’Etat d’Israël
est terminée… Je ne supporte plus de voir tout cela,
l’injustice faite aux Arabes et aux bédouins. Toutes sortes
de racailles venant d’Amérique et qui, dès leur descente
d’avion, accaparent des terres dans les territoires et les
revendiquent comme étant à eux… Je ne puis rien faire pour
changer cela. Je ne peux que partir et laisser cette bande
d’ordures aller en enfer sans moi. L’actrice israélienne,
de son vrai nom, Rivka Mitchell, citée dans le périodique israélien
du mouvement pour la paix, "The Other Israel", août
1998.
Les effets du sionisme sur les Juifs américains
Le détournement du judaïsme, en tant que religion basée
sur des valeurs universelles, à travers sa politisation par le
sionisme et la substitution de son dévouement à Dieu et à la
loi morale par la consécration d’Israël, est la raison qui
l’a écarté d’un si grand nombre de jeunes Américains qui,
cherchant à donner un sens spirituel à leurs vies, ne trouvèrent
pas grand chose dans la communauté juive. Allan Brownfield,
"Issues of the American Council for Judaism",
Printemps 1997.
Le sionisme et l’holocauste
Les décisions des Nations-Unies de créer une partition de
la Palestine et d’accorder ensuite l’admission en son sein
à l’Etat d’Israël furent, entre autres, une réponse émotionnelle
aux horreurs de l’holocauste. Dans des circonstances normales,
la juste revendication, exprimée par la majorité arabe,
d’accéder à la souveraineté aurait prévalu. Cette réaction
de culpabilité de la part des alliés occidentaux était compréhensible,
mais cela n’était pas une raison pour que les Palestiniens
payent pour des crimes commis par d’autres – un exemple
classique que deux erreurs additionnées qui ne se transforment
pas en une juste cause. L’holocauste est bien souvent utilisé
comme argument en faveur du sionisme, mais cette connexion
est-elle justifiée ? Il y a différents aspects qui doivent être
considérés pour répondre honnêtement à cette question. Tout
d’abord, nous examinerons les archives pour savoir en quoi le
mouvement sioniste a aidé la communauté juive européenne
contre les nazis.
Quand Shamir proposa une alliance aux Nazis
Dès 1941, le groupe sioniste LEHI, dont un des leaders,
Yitzhak Shamir, devint Premier ministre d’Israël, approcha
les nazis en utilisant le nom de son organisation mère, l’Irgoun
[NMO]… [Voici sa proposition] : ‘l’installation de l’Etat
hébreu historique, basée sur le nationalisme et le
totalitarisme et liée à un traité avec le Reich allemand,
serait dans l’intérêt du renforcement du futur rapport de
force allemand au Proche-Orient… Le NMO en Palestine propose
de prendre une part active dans la guerre aux côtés de l’Allemagne’…
Les nazis rejetèrent la proposition parce que, selon ce qui a
été établi, ils considérèrent la puissance militaire du
LEHI[11] comme
quantité ‘négligeable.’ Allan Brownfield dans "The
Washington Report on Middle Eastern Affairs", juillet/août
1998.
Le but principal du sionisme n’était-il pas de sauver
les Juifs de l’holocauste ?
En 1938, une trente et unième conférence sur la réinsertion
des victimes du nazisme eut lieu à Evian. L’Organisation
Sioniste Mondiale refusa d’y participer, craignant que la réinsertion
de Juifs dans d’autres Etats réduise le nombre de candidats
disponibles pour immigrer en Palestine. John Quigley,
"Palestine and Israel: A Challenge to Justice."
Il a été résumé, lors du meeting [de l’exécutif de l’Agence
Juive, le 26 juin 1938] que la meilleure attitude sioniste
consiste ‘à déprécier autant que faire se peut la Conférence
[d’Evian] pour l’amener à ne rien décider… Notre
principale inquiétude est qu’elle pourrait conduire des
organisations juives à collecter d’importantes sommes
d’argent pour venir en aide aux réfugiés juifs, et ces
collectes pourraient interférer avec nos propres
collectes’…
Voici la déclaration que Ben Gourion a faite lors de ce meeting
: ‘aucune justification ne peut transformer la conférence
pour la faire passer de dangereuse à utile. Ce qu’il est
possible et doit être fait, c'est de réduire les dégâts au
minimum.’ Boas Evron, auteur israélien "Jewish State
or Israeli Nation ?"
[Ben Gourion a déclaré] 'Si j’avais le choix entre sauver
tous les enfants d’Allemagne en les transportant en Angleterre
et en sauver seulement la moitié en [les transportant en]
Palestine, je choisirais la seconde possibilité – parce que
nous ne devons pas seulement faire face à la reconnaissance de
ces enfants, mais nous nous retrouvons face à la reconnaissance
historique du peuple juif.’ A la suite des pogromes de Kristallnacht[12],
Ben Gourion observa que ‘la conscience humaine’ peut
conduire divers pays à ouvrir leurs portes aux réfugiés juifs
d’Allemagne. Il considérait cette éventualité comme une
menace et mit en garde : ‘Le sionisme est en danger.’ Tom
Segev, historien israélien, "The Seventh Million.
Même son sympathique biographe admet que Ben Gourion n’a rien
fait de concret pour [leur] porter secours, consacrant toutes
ses énergies aux perspectives d’après guerre. Il délégua
les opérations de sauvetage à Yitzhak Gruenbaum, qui [déclara]…
‘Ils diront que je suis antisémite, que je ne veux pas mettre
fin à l’Exil, que je n’ai pas un varm yiddish hartz[13]…
Laissons-les dire ce qu’ils veulent. Je ne demanderai pas à
l’agence juive d’allouer une somme de 300.000 ou de 100.000
livres sterling pour aider la communauté juive européenne. Et
je pense que celui qui fait une telle demande commet un acte
anti-sioniste.’
En Amérique, les sionistes… adoptèrent la même position. En
mai 1943, lors d’un meeting de l’American Emergency
Committee for Zionist Affairs[14],
Nahum Goldmann argua, ‘Si une brèche est ouverte contre le
Livre Blanc [la politique britannique de restreindre strictement
le nombre d’immigrants juifs en Palestine], les manifestations
de masse protestant contre le meurtre de la communauté juive
européenne devront s’arrêter. Nous ne disposons pas d’une
force suffisante pour les deux campagnes.’ Peter Novick,
"The Holocaust in American Life."
Le mouvement sioniste… empiéta sur d’autres organisations,
juives et non-juives, et leur fit obstacle à chaque fois
qu’il pensait que leurs activités, politiques ou
humanitaires, différaient des objectifs sionistes ou qu’elles
entraient en compétition avec eux, même lorsqu’elles
auraient pu s’avérer utiles pour les Juifs, et même
lorsqu’il s’agissait de vie ou de mort… Beit Zvi[15]
prouve par des documents que les dirigeants sionistes ne s’intéressaient
pas à sauver les Juifs de la menace nazie sauf dans les cas où
les Juifs pouvaient être emmenés en Palestine… [par exemple]
la proposition du dictateur de la République Dominicaine, Raphaël
Trujillo, d’intégrer cent mille réfugiés, et le sabotage
par le mouvement sioniste de cette idée – comme d’autres,
telles que les propositions d’établir des Juifs en Alaska et
aux Philippines…
La stupidité du mouvement sioniste envers le sort de la
communauté juive européenne ne l’empêcha pas, bien sûr,
d’accuser plus tard le monde entier d’indifférence vis-à-vis
de la catastrophe juive et d’avoir des exigences insistantes,
matérielles, politiques ou morales sur le monde entier à cause
de cette indifférence. Boas Evron, auteur israélien, "Jewish
State or Israeli Nation ?"
J’ai déjà expliqué en détail le motif de notre présence
ici, raisons, que je peux affirmer en tant que pionnier de 1906,
qui n’ont rien à voir avec les Nazis ! … Nous sommes ici
car cette terre est la nôtre. Et nous sommes ici parce que nous
l’avons faite nôtre une nouvelle fois grâce au travail que
nous y avons consacré. Le nazisme et notre passé de martyre à
l’étranger n’ont pas de lien direct avec notre présence en
Israël. David Ben Gourion, "Mémoires."
Rétrospectivement, il est facile de dire que les millions de
Juifs qui furent assassinés pendant l’Holocauste auraient pu
être sauvés si la Palestine avait été une destination
permettant une immigration illimitée. Toutefois, l’histoire
de cette période n’est pas simple. Premièrement, il faut
garder en mémoire que d’autres plans réalistes d’intégration
furent proposés, mais rejetés activement par le mouvement
sioniste. Deuxièmement, en Europe, la grande majorité des
Juifs n’étaient pas sionistes et n’essayèrent pas d’émigrer
en Palestine avant 1939. Troisièmement, une fois la guerre
commencée, les Nazis occupèrent divers pays et refusèrent de
laisser partir les Juifs, rendant l’émigration virtuellement
impossible. Et la Palestine, ainsi que nous l’avons démontré,
était déjà occupée ; les Arabes natifs avaient des raisons
autrement plus valables que d’autres pays pour limiter
l’immigration juive. Lisez donc ceci :
L’émigration vers la Palestine avant la deuxième
guerre mondiale
En 1936, la Ligue Sociale Démocratique (Social Democratic
Bund) remporta une large victoire dans les élections de la kehilla[16]juive
en Pologne… Ses caractéristiques principales comprenaient
‘une hostilité inflexible au sionisme’ et à l’entreprise
sioniste de l’émigration juive de la Pologne vers la
Palestine. La Ligue souhaitait que les Juifs polonais combattent
l’antisémitisme en Pologne en y restant… Les principaux
partis et mouvements de la communauté juive polonaise d’avant
1939 s’opposaient aussi, par principe, à l’objectif
sioniste… "Partout ailleurs en Europe de l’Est… les
sionistes étaient encore plus faibles."Prof. William
Rubinstein, "The Myth of Rescue."
En fait, le sionisme à subi sa propre défaite par l’Holocauste
; en tant que mouvement, il a échoué. Après tout, il
n’avait pas réussi à persuader la majorité des Juifs de
quitter l’Europe pour la Palestine alors qu’il en était
encore temps. Tom Segev, historien juif, "The seventh
Million."
L’émigration pendant la deuxième guerre mondiale
[Avec le commencement de la guerre, le Nazi] instaura dans
tous les pays sous son contrôle direct l’interdiction d’émigrer
: après 1940-1 il était en effet impossible pour les Juifs
d’émigrer légalement de l’Europe occupée par les Nazis
vers des lieux de sécurité… Les portes… étaient
solidement fermées : par les Nazis, faut-il le souligner. Prof
William D. Rubinstein, "The Myth of Rescue."
La Palestine n’était pas non plus un havre de sécurité
évident
En septembre 1940, les Italiens, en guerre contre l’Angleterre,
bombardèrent le centre-ville de Tel-Aviv, causant une centaine
de victimes… Alors que l’armée allemande avait envahi l’Europe
et l’Afrique du Nord, il semblait possible qu’elle conquît
aussi la Palestine. Pendant l’été 1940, le printemps 1941,
et aussi l’automne 1942, le danger semblait imminent. Les yishuv
paniquèrent… De nombreuses personnes tentèrent de
trouver un moyen de quitter le pays mais ce ne fut pas simple…
Quelques-uns… ne prirent pas de risques ; ils avaient sur eux
des capsules de cyanure. Tom Segev, historien israélien,
"The Seventh Million."
De toute façon, la Grande-Bretagne ne pouvait pas donner
la Palestine ; elle était déjà occupée.
Nous arrivâmes dans ce pays qui était déjà peuplé par
des Arabes, et nous étions en train d’y établir un Etat hébreu,
c’est à dire juif… Des villages juifs furent bâtis en lieu
et place des villages arabes… Il n’y avait pas une seule
communauté dans le pays qui n’avait pas une population arabe
antérieure. Moshé Dayan, dirigeant israélien, cité dans
"Original Sins" de Benjamin Neit-Hallahmi.
On peut admettre l’argument selon lequel une minorité persécutée
a le droit de trouver refuge dans un autre pays qui peut
l’accueillir ; c’est plus difficile, cependant, d’admettre
l’idée qu’une minorité pacifique ait le droit de
supplanter politiquement et peut-être physiquement la
population autochtone d’un autre pays. Pourtant… ce fut la véritable
intention du mouvement sioniste. Norman Finkelstein,
"Image and Reality of the Israel-Palestine conflict."
L’utilisation de l’Holocauste à des fins politiques
[En 1947] les Nations Unies nommèrent un organisme spécial,
the United Nations Special Committee On Palestine [UNSCOP],
pour prendre les décisions concernant la Palestine, et l’O.N.U.
avait demandé aux membres de l’UNSCOP de visiter les camps
constitués par les survivants de l’Holocauste. Nombre de ces
survivants voulaient émigrer aux Etats-Unis, un vœu qui sapait
la revendication sioniste affirmant que le sort de la communauté
juive européenne était lié à celui de la communauté juive
en Palestine. Lorsque les représentants de l’UNSCOP arrivèrent
dans ces camps, ils n’étaient pas conscients que des
manipulations en coulisse limitaient leurs contacts aux seuls
survivants qui avaient souhaité émigrer en Palestine. Ilan
Pappé, historien israélien, dans "The Link,"
janvier-mars 1998.
A l’intérieur des camps de DP [Displaced Persons,
personnes déplacées], des émissaires du Yishuv organisaient
l’activité de rencontre des survivants – fait décisif, les
témoignages que les DP rapportaient au Comité d’Enquête
Anglo-Américain et à l’UNSCOP à propos de l’endroit où
ils souhaitaient aller…
Les envoyés de l’Agence Juive rapportèrent à leur siège
qu’ils avaient réussi à éviter l’audition de témoins
‘indésirables’. L’un d’eux écrivit à sa petite amie
de Palestine qu’ils ‘devaient constamment changer le style
et leur écriture afin de leur faire croire que les
questionnaires étaient remplis par les réfugiés.’ Peter
Novick, "The Holocaust in American Life."
Le conseiller de Roosevelt explique pourquoi les
Etats-Unis n’offrirent pas le droit d’asile aux réfugiés
juifs après la deuxième guerre mondiale
Et si le Canada, l’Australie, l’Amérique du sud, l’Angleterre
et les Etats-Unis avaient tous été d’accord pour ouvrir une
porte à une certaine immigration ? Encore aujourd’hui [écrit
en 1947] mon jugement est que, et je suis allé en Allemagne
depuis la fin de la guerre, seule une minorité de DP choisirait
la Palestine…
[Roosevelt] proposa un budget mondial pour faciliter l’émigration
de 500.000 européens battus. Chaque nation devait ouvrir ses
portes à des milliers de réfugiés… Pendant la guerre, il me
suggéra qu’à l’occasion des voyages que j’effectuais
pour son compte en Angleterre je sonde d’une manière générale
et non-officielle les leaders de l’opinion publique
britannique, à l’intérieur et à l’extérieur du
gouvernement… L’unique réponse : La Grande-Bretagne
s’alignera sur les Etats-Unis, homme pour homme, pour les
admissions en provenance d’Europe… Cela semblait réglé.
Considérant que le reste du monde serait prêt à donner
l’asile à 200.000 personnes, il y avait une raison solide
pour faire pression sur le Congrès d’accepter au moins
150.000 immigrants après la guerre…
Cela nous libérerait de l’hypocrisie consistant à fermer nos
propres portes alors que nous formulons des exigences supérieures
auprès des Arabes… Mais ça n’a pas marché… Il est
possible que le manquement des principales organisations juives
à supporter avec zèle ce programme d’immigration ait amené
le Président à ne pas y donner suite à ce moment-là…
J’ai parlé à de nombreuses personnes militant dans des
organisations juives. Je leur ai soumis ce plan… et j’ai été
surpris et je me suis même senti insulté lorsque des
dirigeants juifs de ces organisations militantes me décrièrent,
me méprisèrent, et enfin m’attaquèrent comme si j’étais
un traître… Je crois connaître la raison de leur opposition.
Il y a un intérêt personnel, profond, réel, souvent fanatique
et émotionnel, à mettre en valeur le mouvement [sioniste]
palestinien. Des hommes tels que Ben Hecht ne se sentent pas très
concernés par le sang humain tant qu’il ne s’agit pas du
leur. Morris Ernst, avocat juif et ami du Président
Roosevelt, "So Far, So Good."
Victimologie
Les Juifs, partisans de jouer la carte ‘victimes’ ont non
seulement conscience de son efficacité sociale mais aussi de
son utilité comme moyen pour renforcer la solidarité juive et,
par voie de conséquence, sa survivance. Si nous sommes haïs
par tous et sommes condamnés à l’être jusqu’à la fin des
temps, alors nous ferions mieux de nous serrer les coudes et
d’en tirer le meilleur parti possible… Personnellement, je
n’ai jamais trouvé que cette vision des Gentils haïssant éternellement
[les Juifs] ait une quelconque ressemblance avec la réalité.
Cela ressemble à un pur et simple mythe, et même, particulièrement
hideux.
S’agit-il d’un bon moyen de contrôle social ? Peut-être.
Mais à quel prix ? En asséchant la foi et en vidant
l’histoire, aussi bien celle des Juifs que celle des Gentils,
de tout son contenu sauf de leur antagonisme ? Procéder ainsi,
c’est se vautrer dans des images diaboliques et établir comme
postulat que le Juif, toujours moralement supérieur, est la
victime du ‘goy’, toujours moralement inférieur. J’ai
passé la plus grande partie de ma vie d’adulte parmi des
Juifs hassidiques, dont la plupart étaient des survivants de
l’Holocauste, et je n’ai pratiquement jamais entendu ce rabâchage
incessant sur la victimologie et sur notre besoin de
l’immortaliser pour toujours… [La victimologie] permet aux
Juifs de contourner leur propre foi et substitue à sa place
l’allégeance Holocauste/Israël. Rabbi Mayer Schiller, cité
dans "Issues of the American Council for Judaism," Eté
1998.
Considérations d’ordre général :
Israël a recherché la paix avec ses voisins arabes mais
a constamment refusé, jusqu’à ces dernières années, de négocier
directement avec les Palestiniens, pourquoi ?
Mes amis, prenez garde ! Lorsque vous reconnaissez le concept
de ‘Palestine’, vous détruisez votre droit de vivre à Ein
Hahoresh[17]. S’il
s’agit de la Palestine et non de la terre d’Israël, alors
vous êtes les conquérants et non ceux qui ont labouré cette
terre. Vous êtes des envahisseurs. S’il s’agit de la
Palestine, alors cela appartient au peuple qui y habitait avant
que vous n’y veniez. Seulement s’il s’agit de la terre
d’Israël, vous avez le droit de vivre à Ein Hahoresh ou à
Degania Alaph[18].
S’il ne s’agit pas de votre pays, de votre patrie, du pays
de vos ancêtres et de vos fils, alors qu’y faites-vous ? Vous
êtes venus dans la patrie d’un autre peuple qui la
revendique, vous avez expulsé ses habitants et vous avez pris
leur terre. Menahem Begin, cité dans "Peace in the
Middle East?" de Noam Chomsky's.
Encore plus, de source sûre
Pourquoi les Arabes devraient-ils faire la paix ? Si j’étais
un dirigeant arabe, je ne ferais pas de compromis avec Israël.
C’est tout naturel : nous avons pris leur pays. Bien sûr,
Dieu nous l’a promis, mais qu’est-ce que ça peut bien leur
faire ? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous venons d’Israël,
c’est vrai, mais d’il y a deux mille ans, et qu’est-ce que
ça représente pour eux ? Il y a eu l’antisémitisme, les
Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne
voient qu’une seule chose : Nous sommes venus et nous avons
volé leur pays. Pour quelle raison devraient-ils l’accepter ?
David Ben Gourion, cite dans "The Jewish Paradox"
de Nathan Goldman, ancien président du Congrès Juif Mondial.
Devant les propres yeux [des Palestiniens] nous possédons la
terre et les villages où ils ont vécu, eux et leurs ancêtres…
Nous sommes la génération des colonisateurs, et sans le casque
d’acier et le barillet du revolver il nous est impossible de
planter un arbre et de construire une maison. Moshé Dayan,
dirigeant israélien, cité dans "Original Sins :
Reflections on the History of Zionism et Israël," de
Benjamin Beit-Hallahmi.
Les Arabes seront notre problème pendant longtemps, disait
Weizmann. Cela ne sera pas simple. Un jour, il faudra bien
qu’ils partent et qu’ils nous laissent posséder le pays.
Ils sont à dix contre un, mais nous, les Juifs, n’avons-nous
pas dix fois leur intelligence ? Le dirigeant sioniste Chaim
Weizmann en 1919 à la conférence de paix de Paris, cité dans
"And Not To Yield" de Ella Winter.
Le consensus international sur Israël (un tout petit échantillon
représentatif)
[Au début des années 1950], les Etats arabes se plaignaient
régulièrement auprès du Conseil de Sécurité de L’O.N.U.
des représailles qu’ils subissaient, et L’O.N.U. rejetait
de façon routinière les revendications d’Israël à propos
de son droit à l’autodéfense…
En juin 1982, Israël envahit une nouvelle fois le Liban et détruisit
par des bombardements aériens des camps entiers de réfugiés
palestiniens. En procédant ainsi, Israël tua 20.000 personnes,
dont la plupart étaient des civils… Israël revendiqua
l’autodéfense pour justifier cette agression, mais
l’absence d’attaques en Israël de la part de l’O.L.P,
pendant toute l’année précédant [ces bombardements] rendit
douteuse cette revendication… Le Conseil de Sécurité [des
Nations-Unies] exigea ‘qu’Israël retire toutes ses forces
militaires, sur-le-champ et inconditionnellement, derrière les
frontières internationalement reconnues du Liban’…
La Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies,
s’appuyant sur la disposition de la Convention de Genève déterminant
que certaines violations du droit humanitaire représentent des
‘infractions graves’ et méritent une condamnation
criminelle pour ceux qui les ont perpétrées, découvrît
qu’un certain nombre de pratiques israéliennes perpétrées
lors du soulèvement [l’Intifada] constituaient des ‘crimes
de guerre.’ Cela incluait la torture physique et psychologique
de détenus palestiniens et leur assujettissement à un
traitement inhumain et indécent ; des punitions collectives sur
des villes, des villages et des camps ; la détention
administrative de milliers de Palestiniens ; l’expulsion de
citoyens palestiniens ; la confiscation de propriétés
palestiniennes ; et l’organisation de raids et de démolitions
sur des habitations palestiniennes. John Quigley,
"Palestine et Israel : A Challenge to Justice."
Des années 1970 jusqu’en 1999, malgré la décision de
la Haute Cour de Justice israélienne interdisant (en théorie)
la torture pendant les interrogatoires, des centaines de
milliers de Palestiniens subirent des traitements inhumains dans
les prisons israéliennes.
Les deux principales agences israéliennes en charge des
interrogatoires dans les territoires occupés adoptent un
comportement systématique de mauvais traitements et de tortures
– selon les définitions internationalement reconnues… Les méthodes
utilisées dans presque toutes les séances d’interrogatoire
sont : la privation prolongée de sommeil ; la privation prolongée
de lumière, au moyen de bandeaux sur les yeux ou de cagoules
serrées ; le maintien prolongé et forcé dans des positions
corporelles qui produisent une douleur croissante ; et des
menaces verbales et des insultes.
Ces méthodes étaient presque toujours doublées des abus
suivants : détention dans des espaces étroits de la taille
d’un placard ; exposition à des températures extrêmes,
telles que des pièces délibérément surchauffées ; privation
prolongée d’aller aux toilettes et de se laver ; et
traitements dégradants… Les corrections sont largement plus
habituelles dans les interrogatoires des IDF[19]
que dans ceux du GSS[20].
Seize des dix-neuf détenus que nous avons interviewés [détenus
entre 1992 et 1994] rapportèrent qu’ils avaient été agressés
lors de leur interrogatoire. Les coups de poings et les coups de
pieds étaient dirigés vers la gorge, les testicules et
l’estomac. Certains furent étouffés à plusieurs reprises ;
d’autres furent projetés contre les murs, tête en avant…
Les interrogatoires israéliens utilisent constamment des méthodes
combinées les unes aux autres, et sur de longues périodes.
Ainsi, un prisonnier en détention par le GSS peut passer des
semaines durant lesquelles, à l’exception de quelques courts
répits, il passe d’une chaise étroite à laquelle il est
enchaîné à une cabine étroite étouffante dans laquelle il
ne peut pratiquement pas bouger, puis à des sessions de
questionnement lors desquelles il est frappé ou violemment
malmené, et enfin, retour à la chaise.
L’usage intensif, prolongé et combiné de ces méthodes cause
une souffrance mentale et physique sévère qui est au cœur des
définitions de la torture internationalement reconnues. La
direction politique d’Israël ne peut prétendre ignorer que
les mauvais traitements sont la norme dans les centres
d’interrogatoires. Le nombre des victimes est trop important
et les abus trop systématiques. Rapport de Human Rights
Watch (1994), "Torture and Ill-Treatment : Israel ’s
Interrogation of Palestinians from the Occupied Territories."
Amnesty International a aussi observé que, lorsqu’ils sont
conduits devant la cour, la plupart des détenus palestiniens
arrêtés pour des délits ‘terroristes’ et torturés par le
Shin Bet (GSS) ‘sont accusés de délits tels que lancer des
pierres ou faire partie d’associations illégales. Ils ont
aussi inclus des prisonniers d’opinion, tels que des gens arrêtés
au seul motif d’avoir brandi un drapeau.’ A propos d’un
cas similaire, l’éditorialiste de Haaretz, B. Michael, a noté
qu’il n’y avait pas un seul cas connu où l’utilisation de
la torture par le Shin Bet était motivée par un scénario de
la ‘bombe à retardement’ : ‘Dans chaque cas où un
Palestinien a porté plainte pour torture, le Shin Bet justifia
son usage de la torture pour extorquer des aveux à propos de
quelque chose qui avait déjà eu lieu, et non pas à propos de
quelque chose d’imminent." Norman Finkelstein, « The
Rise and Fall of Palestine."
La Commission des Nations-Unies Contre la Torture de 1997
prend des mesures contre Israël
B’Tselem[21]
estime… que le GSS interroge chaque année entre 1000 et 1500
Palestiniens [sur la base de 1998.] Environ 80% d’entre eux
– soit au moins 850 personnes par an – sont torturées
pendant leur interrogatoire…
Le Comité des Nations-Unies Contre la Torture aboutit à une
conclusion sans équivoque : … ‘ Selon le point de vue du
Comité, les méthodes d’interrogatoire [utilisées dans les
prisons israéliennes]… sont en infraction avec l’article 16
et constituent des actes de torture tels que définis à
l’article 1 de la Convention… En tant que signataire de la
Convention Contre La Torture, il est exclu pour Israël de faire
valoir devant ce Comité des circonstances exceptionnelles’…
La prohibition de la torture est par conséquent absolue et
aucune circonstance ‘exceptionnelle’ ne peut justifier
d’en déroger. Rapport de 1998 de B'Teslem, The Israeli
Information Center for Human Rights in the Occupied Territories,
"Routine Torture : Interrogation Methods of the General
Security Service."
Quelques arguments utilisés pour justifier le sionisme
Il n’y a clairement aucune raison pour justifier le rêve
sioniste – désir de délivrance de la souffrance juive… Le
problème avec le sionisme commence, pour ainsi dire,
lorsqu’il pose un pied sur la terre de Palestine. Ce qui a
besoin d’être justifié est l’injustice faite aux
Palestiniens par le sionisme : la dépossession et la persécution
de tout un peuple. Il y a clairement quelque chose qui cloche
ici, un mal qui crée le besoin d’une justification…
[Par exemple, la revendication de l’héritage ancestral]
L’objectif du sionisme est la restauration d’une souveraineté
juive à son statut d’il y a 2.000 ans. Le sionisme ne se fait
pas l’avocat d’une révision identique de toute la situation
mondiale. Il ne se fait pas l’avocat de la restauration de
l’Empire romain… [De plus] Les Palestiniens ont revendiqué
la descendance des anciens habitants de Palestine d’il y a
3.000 ans !…
[La souffrance juive comme justification] C’était
facile de faire payer aux Palestiniens pour 2.000 ans de persécution.
Les Palestiniens, qui ont ressenti l’énorme puissance de
cette vengeance n’étaient pas les oppresseurs historiques des
Juifs. Ils n’ont pas mis les Juifs dans des ghettos et ne les
ont pas forcés à porter des étoiles jaunes. Ils n’ont pas
planifié d’Holocaustes. Mais ils commirent une faute. Ils étaient
faibles et sans défense face à une réelle puissance
militaire, et furent ainsi les victimes idéales d’une
vengeance abstraite…
[L’antisémitisme comme justification] Contrairement à
la situation des Juifs, persécutés pour le simple fait d’être
juifs, les Israéliens font la guerre au monde arabe parce
qu’ils ont commis le pêché de colonialisme et non à cause
de leur identité juive…
[La justification par la loi de la jungle] Présenter le
monde comme naturellement injuste, et l’oppression comme une
composante de la nature, a toujours été le refuge de ceux qui
veulent préserver leurs privilèges… Le besoin de justifier
le sionisme, et l’absence d’autres moyens de défense, fait
partie intégrante de la vision israélienne du monde… En Israël,
le cynisme, pour lequel les Israéliens ont acquis une certaine
notoriété, est devenu habituel…
[L’effet sur les Israéliens] Les Israéliens donnent
l’impression d’être hantés par un sortilège. C’est le
sortilège provenant du pêché originel contre les Arabes indigènes.
Comment peut-on parler d’Israël sans rappeler la dépossession
et l’exclusion des non-Juifs ? C’est le point fondamental
concernant Israël que l’on ne peut pas comprendre sans
prendre cela en compte. Le pêché originel hante et tourmente
les Israéliens ; il marque tout et laisse des traces sur tous.
Son souvenir empoisonne le sang et marque chaque moment de
l’existence. Benjamin Beit-Hallahami, auteur israélien, «
Original Sins : Reflection on the History of Zionism and Israel."
Le droit historique du sionisme sur la Palestine
Le ‘droit historique’ du sionisme sur la Palestine n’a
été ni historique, ni un droit. Il n’est pas historique dans
la mesure où il a occulté deux millénaires d’implantation
non-juive en Palestine et les deux millénaires d’implantation
juive en dehors de la Palestine. Cela n’est pas non plus un
droit, sauf pour le ‘mysticisme’ romantique de ‘la terre
et du sang’ et le ‘culte’ romantique de ‘la mort, des héros
et des tombes’…
La revendication du Juif-errant se fonde sur un ensemble
d’affirmations qui dénient à la fois l’idée libérale de
citoyenneté et qui reproduisent l’idée antisémite selon
laquelle l’Etat appartient à la majorité ethnique qui forme
la nation. En un mot, le procès sioniste pour un Etat hébreu
est aussi valable que le procès antisémite pour un Etat
ethnique qui marginalise les Juifs. Prof. Norman Finkelstein,
"Image and Reality of the Israel-Palestine Conflict."
Qu’en est-il de l’argument sioniste prétendant que la
Jordanie est déjà l’Etat palestinien ?
Il est souvent prétendu qu’il y avait, en fait, un précédent
‘compromis territorial’. A savoir, lorsque la Transjordanie
fut retirée, en 1922, de la promesse ‘une patrie pour le
peuple juif,’… décision difficile à critiquer à la lumière
de la réalité, puisque ‘le nombre de Juifs y habitant de façon
permanente en 1921 a été estimé de manière fiable à deux
ou, selon certaines autorités, à trois personnes.’ Noam
Chomsky, "The Fateful Triangle."
Pourquoi Israël, "la seule démocratie du
Proche-Orient," n’a-t-il pas de constitution ?
Le fait de ne pas avoir élaboré une constitution n’est
pas le fruit du hasard. L’expropriation massive de terres et
autres propriétés, appartenant à ces Arabes qui s’enfuirent
du pays à cause de la Guerre d’Indépendance et à ceux qui
restèrent mais furent quand même déclarés absents, ainsi que
la confiscation de grandes étendues de terres à des villages
arabes qui n’avaient pas fui, de même que les lois qui furent
passées pour légaliser ces actes – tout ceci aurait forcément
été déclaré inconstitutionnel, nul et non avenu, par la Cour
Suprême, étant donné le caractère expressément
discriminatoire envers une partie des citoyens, alors qu’une
constitution démocratique oblige l’Etat à traiter tous ses
citoyens sur un pied d’égalité. Boas Evron, auteur israélien,
"Jewish State or Israeli Nation ?"
La décision, prise en 1989 par la Haute Cour israélienne,
stipulant que tout parti politique défendant l’égalité
totale entre Juifs et Arabes peut être empêché de présenter
des candidats à une élection…[signifie] que l’Etat israélien
est l’Etat des Juifs…pas celui des [Arabes]. Norman
Finkelstein, "Image and Reality of the Israeli-Palestine
Conflict."
Le fondamentalisme juif en Israël
L’aile fondamentaliste de la religion juive, bien qu’elle
ne soit certainement pas représentative du Judaïsme dans son
ensemble, est influente en Israël et constitue la base idéologique
du mouvement de colonisation en Cisjordanie et dans la Bande de
Gaza (à l’exception du "Grand Jérusalem" où de
nombreux Juifs laïcs se sont installés, attirés par des
logements bon marché et subventionnés.) La parenthèse précédente
montre le racisme inhérent à cette vision du monde et pourquoi
son influence devrait être combattue par toutes les personnes
sensées.
Les fondements idéologiques du racisme en Israël
Le Talmud expose… qu’il existe deux types contraires d’âmes
: une âme non-juive, originaire des sphères Sataniques, tandis
que l’âme juive provient de la Sainteté… Le Rabbin Kook[22],
l’Ancien, le père révéré de la tendance messianique du
fondamentalisme juif, disait : ‘La différence entre une âme
juive et les âmes non-juives… est plus grande et plus
profonde que la différence entre une âme humaine et celle du bétail.’
Israël Shahak et Norton Mezvinsky’s, "Jewish
Fundamentalism in Israel."
Les rabbins du Gush Emunim[23]
ont continuellement répété que les Juifs qui tuent des Arabes
ne devraient pas être punis, [par ex.]…S’appuyant sur le
Code de Loi de Maïmonide[24]
et sur la Halacha[25],
le Rabbin Ariel exposa, ‘Un Juif qui a tué un non-Juif est
exempté de jugement humain et n’a pas violé l’interdiction
[religieuse] du meurtre’. Ici, la signification est d’autant
plus remarquable que la large approbation, à la fois directe et
indirecte, du Gush Emunim est mise en évidence. Environ la
moitié de la population juive d’Israël soutien le Gush
Emunim. Israël Shahak et Norton Mezvinsky’s, "Jewish
Fundamentalism in Israel."
Les raisons fondamentalistes pour s’emparer de la terre
arabe
Ils [les fondamentalistes] prétendent que ce qui ressemble
à la confiscation de terres appartenant aux Arabes en vue de la
colonisation ultérieure des Juifs est en réalité, non pas un
vol, mais bien un acte de sanctification. De leur point de vue,
la terre est moralement sauvée[26]
grâce au transfert de la sphère satanique vers la sphère
divine… Pour faire avancer ce processus, l’usage de la force
est permis, chaque fois que cela est nécessaire… La Halacha
autorise les Juifs à voler les non-Juifs dans ces localités où
les Juifs sont plus forts que les non-Juifs. Israël Shahak
et Norton Mezvinsky’s, "Jewish Fundamentalism in Israel."
La deuxième Intifada et le "Processus de Paix"
L’échec des Accords d’Oslo
Les Etats-Unis ont été un ‘parrain’ épouvantable du
processus de paix. A la suite de la pression exercée par les
Israéliens, ils ont plié sur tout, abandonnant le principe
d’échanger la terre contre la paix. (Aucune Résolution de
l’O.N.U. ne mentionne quoi que soit sur la restitution d’un
petit pourcentage, en contrepartie de toute la superficie qu’Israël
à saisie en 1967.) Ils ont poussé une Autorité palestinienne
apathique dans un gouffre de plus en plus profond afin de répondre
aux exigences grotesques de Nétanyahou.
Le fait est que les Palestiniens se retrouvèrent dans une
situation radicalement pire que celle où ils étaient avant que
le processus d’Oslo ne débute. Leur revenu annuel [en 2000]
était inférieur à la moitié de ce qu’il était en 1992 ;
ils ne peuvent ni voyager, ni se déplacer ; Une quantité
encore plus vaste de terre leur a été prise ; il y a un plus
grand nombre d’implantations ; et Jérusalem est pratiquement
perdue…
"Chaque démolition de maison, chaque expropriation, chaque
arrestation et torture, chaque barricade, chaque clôture,
chaque geste d’arrogance et d’humiliation intentionnelle ne
font que raviver la mémoire du passé et reproduisent les mêmes
offenses contre l’esprit, la terre et le corps politique
palestiniens. Parler de paix dans un tel contexte c’est comme
essayer de réconcilier l’inconciliable." Edward Saïd,
dans "The Progressive," mars 1998.
Les racines de la deuxième Intifada
"La colère palestinienne qui a explosé le 29 septembre
[2000] mit un coup d’arrêt à la comédie qui débuta à Oslo
[il y a dix ans] et qui s’intitulait ‘processus de paix.’
En 1993, les Palestiniens, ainsi que des millions de gens dans
le monde entier, étaient enclins à espérer qu’Israël se
retirerait de Cisjordanie et de la Bande de Gaza dans les cinq
ans, et que les Palestiniens seraient alors libres de constituer
un Etat indépendant. Pendant ce laps de temps, les deux parties
auraient affiné les détails relatifs au retrait d’Israël et
se seraient mises d’accord sur le statut de Jérusalem, sur
l’avenir des implantations israéliennes, et sur le retour des
réfugiés palestiniens.
"A cause du déséquilibre des forces en présence, les négociations
n’ont abouti nulle part et les espoirs des Palestiniens
n’ont jamais pu se concrétiser. Les Israéliens, quel que
soit le gouvernement en place, chicanèrent sur les
formulations, exigèrent des modifications sur ce qui avait déjà
été accepté, puis refusèrent de respecter les nouveaux
accords. Pendant ce temps-là, les gouvernements israéliens
successifs démolissaient des maisons palestiniennes, prenaient
les faubourgs arabes de Jérusalem-Est pour y construire des
logements destinés aux Juifs, et saisissaient des terres
palestiniennes pour y établir de nouvelles colonies. Un nouveau
réseau autoroutier de grande envergure, construit après 1993
sur des terrains confisqués aux Palestiniens, sépare les
villes des villages et de Jérusalem, obligeant de nombreux
Palestiniens à passer par des postes de contrôle, juste pour
se rendre dans la ville voisine…
"Selon les dires du Président Clinton et de la plupart des
médias, le Premier Ministre Ehud Barak céda sur presque toutes
les demandes palestiniennes, et Yasser Arafat gâcha
l’occasion de faire la paix en rejetant l’offre de Barak. En
réalité, Arafat ne pouvait pas l’accepter. Barak, soutenu
par Clinton, voulait assurer à Israël la poursuite du contrôle
stratégique de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie, y compris
l’espace aérien et les frontières, et insista pour qu’Israël
garde la souveraineté permanente sur la quasi-totalité de Jérusalem-Est,
y compris Haram Al-Sharif[27].
Il s’agissait d’un accord qu’aucun Arabe aurait pu
accepter.
"Tandis que les protestations s’élevaient, des hélicoptères
de l’armée lancèrent des roquettes sur les faubourgs de
plusieurs villes palestiniennes, détruisant des pâtés entiers
de maisons et causant un record de victimes. Les chars israéliens
encerclèrent des villes palestiniennes, canons tournés vers
elles. A l’intérieur de la ligne verte[28],
des civils israéliens armés mirent à sac des quartiers
arabes, détruisant des propriétés arabes et criant ‘Mort
aux Arabes’… la police israélienne, prompte à tirer à
balles réelles sur les lanceurs de pierres palestiniens, ne
s’attelèrent pas à contenir les Israéliens et, à la place,
ils tirèrent sur les Arabes qui défendaient leurs maisons.
Deux Arabes furent tués.
"La révolte a sans aucun doute été alimentée par le
ressentiment d’années d’abus et d’humiliation quotidiens
sous l’occupation israélienne. Le 6 septembre [2000], un
groupe de policiers des frontières israéliens arrêtèrent
trois travailleurs palestiniens alors qu’ils rentraient d’Israël
pour retourner chez eux et, sans aucune raison, leur firent
subir des tortures pendant 40 minutes. Le San Francisco
Chronicle rapporta le 19 septembre que les policiers avaient
frappé les trois hommes à coups de poings, leur avaient cogné
la tête contre un mur de pierre, les avaient obligés à avaler
leur propre sang et avaient insulté leurs mères et leurs sœurs.
Cet incident fut révélé uniquement à cause des photos que
les policiers avaient prises où on les voyait tenir la tête de
leurs victimes par les cheveux comme on exhibe des trophées de
chasse. Des représentants israéliens aux droits de l’homme
exposèrent que de telles corrections étaient monnaie courante,
mais qu’elles sont rarement rapportées. Rachelle Marshall,
"The Peace Process Ends in Protests and Blood,"Rapport
de Washington sur les Affaires au Moyen-Orient, décembre 2000.
"Israël a échoué au test"
"Dans les Accords d’Oslo, Israël et les Occidentaux
mirent les Palestiniens à l’épreuve : En échange de la
promesse israélienne de démanteler graduellement les mécanismes
d’occupation en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, les
dirigeants palestiniens promirent de faire cesser immédiatement
tout acte de violence et de terrorisme. Dans ce but, tout un
appareil de coordination pour la sécurité fut créé, de plus
en plus de prisons palestiniennes furent construites, et les
manifestants furent empêchés de s’approcher des
implantations [juives].
"Les deux parties se mirent d’accord pour fixer une période
de cinq ans afin d’achever le nouveau déploiement et de négocier
un accord final. Les dirigeants palestiniens acceptèrent de
prolonger cette période, encore et encore… De leur point de
vue, Israël était aussi soumis à un test : Est-ce qu’Israël
renoncera vraiment à son attitude de supériorité et de
domination, créée pour garder le peuple palestinien sous son
contrôle ?
"Sept ans plus tard, Israël détenait les contrôles
administratif et de la sécurité sur 61,2% de la Cisjordanie et
environ 20% sur la Bande de Gaza, ainsi que le contrôle de la sécurité
sur encore 26,8% de la Cisjordanie. C’est ce contrôle qui a
permis à Israël de doubler le nombre de colonies en 10 ans…
et de contenir une nation tout entière dans des zones limitées,
nation emprisonnée dans un réseau de routes de contournement réservées
aux seuls Juifs…
"Israël a échoué au test. Le contrôle palestinien de
12% de la Cisjordanie ne montre pas qu’Israël a renoncé à
son attitude de supériorité et de domination… Le bain de
sang qui a duré pendant trois semaines [en 2000] est la conséquence
naturelle de sept années de mensonges [israéliens] et de
tromperie." Amira Hass, journaliste israélien, "Israel
Has Failed The Test," dans le quotidien israélien
Ha’aretz, 18/10/2000.
Jimmy Carter dresse un bilan simple des faits – novembre
2000
"Une des raisons, sous-jacente, à l’échec d’années
de diplomatie américaine et à la persistance de la violence au
Proche-Orient, est que les dirigeants israéliens continuent de
‘créer des circonstances’ en poursuivant la construction de
colonies dans les territoires occupés…
"A Camp David, en septembre 1978… les clauses bilatérales
conduisirent à un traité global et pérenne entre l’Egypte
et Israël. Il fut rendu possible grâce à l’acceptation de
dernière minute par Israël de retirer ses implantations du
Sinaï. Concernant le statut de la Cisjordanie et… de Gaza, il
y a des contraintes similaires qui n’ont pas été honorées,
et qui ont conduit à la confrontation permanente et à la
violence…
"[Quant à la Résolution 242 des Nations-Unies],
l’engagement juridique de notre gouvernement à soutenir cette
résolution équilibrée n’a pas changé… Il était clair
que les implantations israéliennes dans les territoires occupés
constituaient une violation directe de cet accord, et représentaient,
selon la position américaine établie depuis longtemps, à la
fois ‘une illégalité et un obstacle à la paix.’ De la même
manière, le Premier Ministre Begin fit la promesse qu’aucune
nouvelle implantation ne serait établie jusqu’à
l’aboutissement de négociations finales. Mais plus tard, sous
la pression du Likoud, il refusa d’honorer cet engagement…
"Il est improbable qu’un véritable progrès puisse avoir
lieu... aussi longtemps qu’Israël persistera dans sa
politique de colonisation, illégale suivant les lois
internationales, soutenues par les Etats-Unis et toutes les
autres nations.
"De nombreuses questions restent en suspens tandis que nous
continuons à rechercher la fin de la violence au Proche-Orient,
mais il y en a une qui est essentielle et à laquelle il n’y a
pas moyen d’échapper : La terre ou la paix ?" L’ancien
Président Jimmy Carter dans le Washington Post, le 26 novembre
2000.
Oslo et la deuxième Intifada (2000) – suite
"Amnesty International a conclu dans un rapport détaillé,
et pratiquement jamais mentionné aux Etats-Unis, qu’après
trois semaines de guerre virtuelle dans les territoires occupés
par Israël, le Premier Ministre Ehud Barak annonça un nouveau
plan destiné à déterminer le statut final de la région.
Pendant cette période, plus de 100 Palestiniens furent tués
– dont 30 enfants – à cause, le plus souvent, d’un
‘usage excessif des armes dans des circonstances où, ni la
vie des forces de sécurité, ni celle d’autres personnes n’étaient
en danger immédiat. Ce qui représente des tueries illégales.’
"Le plan de Barak… s’assure que la terre cultivable et
les ressources [essentiellement l’eau] restent largement entre
les mains israéliennes tandis que la population sera administrée
par une Autorité Palestinienne brutale et corrompue, jouant le
rôle traditionnellement assigné aux collaborateurs indigènes
sous différentes variétés de règles impériales : la
direction noire des Bantoustans d’Afrique du Sud, pour ne
mentionner que l’analogie la plus évidente…
"Il est important de rappeler que ces politiques ont été
non seulement proposées, mais aussi exécutées avec le soutien
des Etats-Unis. Ce soutien fut décisif dès 1971, lorsque
Washington abandonna le cadre diplomatique principal qu’elle
avait initié (La Résolution 242 du Conseil de Sécurité des
Nations-Unies), puis continua, dans les années qui suivirent,
à dénier unilatéralement les droits des Palestiniens, et dont
le point culminant fut le ‘processus d’Oslo.’ Alors que
tout ceci a été effectivement gommé de l’histoire aux
Etats-Unis, un peu de travail est nécessaire pour découvrir
les faits essentiels. Ils ne sont pas discutables, seulement
occultés." Noam Chomsky, "Al-Aqsa Intifada,"
octobre 2000, sur Znet.
L’Amérique – Un médiateur impartial ?
"La crédibilité de l’Amérique en tant que médiateur
a été mise en doute depuis longtemps par les Palestiniens, et
pour de bonnes raisons. ‘Les Palestiniens se plaignent
toujours que nous connaissions les détails de chaque
proposition américaine avant eux,’ disait récemment une
source gouvernementale israélienne à The Independent.
‘Il y a une bonne raison à cela : c’est nous qui les écrivons.’"
Phil Reeves, dans "The Independent" (U.K.)
9/10/2000.
Les médias américains verrouillés relatent
(quelques-uns) des faits mais pas LA vérité
"Il est rare que les journalistes américains explorent
les nombreuses raisons qui poussent à croire que les Etats-Unis
sont une des parties du cycle de violence si souvent décrié.
Dans la première moitié d’octobre [2000], là non plus, il
n’y a pas eu beaucoup d’analyses journalistiques sur le fait
que la violence a frappé de manière écrasante le peuple
Palestinien.
"En quelques jours, plusieurs douzaines de Palestiniens
furent tués par des hommes en uniforme et lourdement armés –
souvent décrits par CNN et d’autres organes de presse comme
étant ‘les forces de sécurité israéliennes.’ Dans de
telles circonstances, il s’agit notablement de termes
bienveillants pour décrire une armée qui tire sur des
manifestants.
"Quant aux lanceurs de pierres palestiniens, je n’ai
jamais vu ou entendu un seul compte-rendu journalistique américain
les décrire comme des ‘manifestants pour la démocratie.’
Pourtant, cela serait une manière appropriée de parler de gens
qui – après plus de trois décennies de vie sous occupation
– sont dans la rue pour réclamer l’autodétermination.
"Tandis que les policiers et les soldats israéliens, forts
de leur puissance de feu extraordinairement supérieure,
commettaient la plupart des tueries… les articles dans la
presse américaine mettaient en valeur les ultimatums trompeurs
délivrés par le Premier Ministre Ehud Barak sommant les
Palestiniens de mettre fin à la violence – pendant que des
Israéliens en uniforme continuaient à les tuer…
"Comme un certain nombre d’autres Américains juifs, je
suis scandalisé par la manière dont Israël emploie les
dollars issus de l’impôt américain. Pendant ce temps, alors
que les journalistes s’entendent entre eux pour travestir la vérité,
ils réduisent à peu de chose ce qu’il reste d’humanité en
chacun de nous." Norman Solomon, "Media Spin
Remains In Sync With Israeli Occupation," dans Fair’s
Media Beat, 14 octobre 2000.
Intifada 2000 – Une vue d’ensemble
"Dans l’analyse finale, il y a un seul moyen de
‘stopper la violence’ : c’est de mettre fin à
l’occupation. Le désir de libération finira toujours par
faire descendre dans la rue les populations occupées, des
pierres dans les mains, prêtes à affronter la force d’armées
puissantes, et préférant risquer la mort plutôt que de vivre
comme des esclaves. Il ne s’agit pas d’action extrémiste,
de racisme ou de ferveur religieuse. C’est juste le besoin
d’être libre…
"La réalité de [l’occupation] est une violence sans
fin. Cela signifie : être encerclé par une armée étrangère
abusive qui impose un système social impossible à distinguer
de l’apartheid ; des confiscations de terres qui sont ensuite
données à des centaines de milliers de colons israéliens dans
des communautés réservées aux Juifs et reliées entre elles
par des routes utilisables par les seuls Juifs ; des démolitions
de maisons ; la torture ; des villes séparées les unes des
autres, coupées régulièrement du monde. Cela signifie : vivre
dans une énorme prison…
"Depuis 1967, une seule solution valable au conflit a été
proposée. Le plan s’articule dans la Résolution 242 du
Conseil de Sécurité des Nations-Unies, qui établit une
solution en deux parties ‘la terre contre la paix’. La première
partie dit qu’Israël doit se retirer des territoires occupés
après 1967. La deuxième partie demande à tous les Etats de la
région de vivre en paix et en sécurité dans ces frontières.
L’obligation israélienne, le retrait des territoires occupés,
n’a pas du tout été tenue."Hussein Ibish, directeur
de la communication du Comité Américano-Arabe Contre la
Discrimination, dans le Los Angeles Times, 18 octobre 2000.
Albright leur met les faits sous le nez
"Avec son éternel air pincé, sans expression, ne
laissant filtrer aucune émotion et son regard vitreux, Madame
Albright a répété : ‘Ces lanceurs de pierres palestiniens
assiègent Israël,’ ajoutant que l’armée israélienne se défend…[Mais]
‘C’est Israël qui est l’occupant belligérant de la
Palestine (et non pas l’inverse). Les chars israéliens et
autres véhicules blindés encerclent les villages palestiniens,
les camps et les villes (et non pas l’inverse). Les chars
d’assaut Apache (de fabrication américaine) tirent des
missiles LAU et d’autres sortes de missiles sur les
manifestants palestiniens ainsi que sur leurs maisons (et non
pas l’inverse). C’est Israël qui importe des colons juifs
pour installer des colonies armées illégales au cœur du
territoire palestinien (et non pas l’inverse). Ces colons sont
installés sur le saccage de la Cisjordanie et les Israéliens
terrorisent les Palestiniens jusque dans leurs maisons (et non
pas l’inverse)… Israël commet des atrocités contre les
Palestiniens en totale impunité, et pourtant vous maintenez
‘qu’Israël est assiégé.’" Hanan Ashrawi, dans
« The Progressive, » décembre 2000.
Ce qu’Arafat a offert
"Dans sa couverture des récentes rencontres de Camp
David, la presse américaine a suivi docilement la position des
gouvernements américain et israélien, prétendant que c’est
la mauvaise volonté des Palestiniens qui a été la cause de
l’échec, alors que le Premier Ministre Ehud Barak avait fait
des concessions courageuses en faveur de la paix.
"Peu importe si les ‘courageuses concessions’ de Barak
consistaient à autoriser les Palestiniens à avoir une
responsabilité administrative conjointe sur deux ou trois
quartiers arabes éloignés de Jérusalem-Est – misérable
miette jetée sur le tapis qu’Arafat était censé ramasser
avec gratitude." Eduardo Cohen, reporter juif américain,
"What Americans Need to Know – But Probably Won’t Be
Told – To Understand Palestinian Rage," Palestine Media
Watch, www.pmwatch.org
"Barak donne l’impression de ne demander que 10% des
territoires occupés. La vérité est plus proche de 30%, en
tenant compte des territoires qu’il veut annexer dans la région
de Jérusalem et ceux qu’il veut placer sous son ‘contrôle
et sa sécurité’ dans la vallée du Jourdain. Mais il y a
pire : sur la carte soumise aux Palestiniens, les points
concernant les pourcentages coupaient le pays entre l’ouest et
l’est et entre le nord et le sud. Ainsi, l’Etat palestinien
aurait consisté en un groupement d’îlots, chacun entouré de
colons et de soldats juifs.
"L’opinion publique mondiale est toujours du côté de
l’opprimé. Dans ce combat, nous sommes Goliath et eux David.
Aux yeux du monde [hors les Etats-Unis], les Palestiniens
livrent une guerre de libération contre une force
d’occupation. Nous sommes sur leur territoire, pas eux sur le
nôtre. Nous sommes les occupants, ils sont les victimes. Voici
la situation objective et aucun ministre de la propagande ne
peut changer cela" Uri Avnery, activiste pour la paix,
« 12 Conventional Lies About the Palestine-Israeli Conflict, »
Palestine Media Watch, www.pmwatch.org
"Lettre Ouverte A Un Ami, Maintenant En Paix",
écrite par un Israélien
"Cela fait exactement sept ans que je t’ai écrit ma
dernière lettre. C’était le lendemain de la signature des
Accords d’Oslo, lorsque tu m’avais invité à danser sur la
place Menora… Laisse-moi te rappeler quelques passages de
cette ancienne lettre.
"Tu dansais sur la place parce que cette paix te rendait
heureux. Pas juste la paix, mais un mélange de paix, de sécurité,
de Palestiniens se frappant la poitrine pour les pêchés commis
(en renonciation au terrorisme), et de concessions considérables
effectuées par l’autre partie. Une paix dont tu peux être
fier. Une paix – ainsi que tu le vantes – pour laquelle nous
ne concédons rien ("Trois fois rien," chuchote le
Premier Ministre) et nous gagnons beaucoup : la reconnaissance,
une plus grande sécurité, la fin de l’Intifada, la
renonciation au terrorisme, ne plus être inquiétés par les
Arabes et plus encore. Cette paix te rend joyeux et en son
honneur tu m’invites à danser avec toi. Non merci…Vous vous
êtes débarrassés de Gaza, vous avez séparé les Israéliens
des Palestiniens, vous leur avez laissé le sale boulot et vous
n’avez même pas promis le retrait ou la création d’un véritable
Etat. La paix peut-elle être aussi bon marché ?"
"Moi, par contre, je vois la paix comme une fin, pas
seulement comme un moyen, et j’appelle à quitter les
Territoires Occupés parce que nous n’avons rien à y faire, même
si l’occupation ne nous coûtait pas une seule victime ou pas
un centime ; et je suis contre tirer sur des enfants – et des
adultes – tout simplement parce qu’il est interdit de tirer
sur des enfants ou sur de simples civils.
"Après ces quelques lignes que je t’avais écrites, tu
as célébré la paix et tu es devenu gros et prospère. Les
multiples violations répétées de ces accords ne t’ont pas
ému – sans parler du changement dans notre culture de la
guerre et de l’occupation, le ton arrogant de ceux qui négocient
en notre nom et leurs tentatives d’obtenir de plus en plus en
échange de moins en moins…
"Qu’est-ce qui pourrait nous troubler dans tout cela ?
Une armée conquérante utilise des chars et des hélicoptères
de combat pour disperser des manifestations. Qu’est-il si
difficile à comprendre là-dedans ?… Il y a l’occupation et
le combat contre l’occupation. Il y a des manifestants et il y
a une armée qui a reçu l’ordre de faire couler leur sang. Et
ne viens pas me raconter l’histoire des fusils ! Avec ton
glorieux passé guerrier tu devrais comprendre ce que même les
reporters de CNN comprennent, à savoir que les fusils ne sont
pas dangereux ni pour Israël ni pour les soldats tant qu’ils
ne sont pas trop près…
"[Dans la lettre de 1993, je disais] ‘la paix est un
tango qui se danse dans l’unité entre deux partenaires ; ce
n’est pas une danse où l’un des deux fait tourner l’autre
selon sa convenance… Dans ta danse de la paix tu n’as pas de
partenaires, seulement des ennemis. Puisque ta paix est son
occupation, ton succès est sa perte…La paix est encore très
loin parce qu’il n’y a pas de paix sans honnêteté, parce
qu’il n’y a pas de paix sans égalité. Tu veux les forcer
à mentir, tu veux les forcer à se rendre pour faire la paix,
tu célèbres une paix entre maîtres et esclaves. Dans ces
conditions il y aura peut-être paix-et-silence, mais de Paix,
non. Pas tant que tu n’ouvriras tes yeux et ton cœur. Pas
tant que nous ne serons prêts pour une paix de partenaires et
dans l’égalité." Michael (Mikado) Warschawski,
"The Party Is Over: An Open Letter to a Friend In Peace Now."
« Barak a promis la paix et a apporté la guerre, et ce
n’était pas un accident. »
"…Alors qu’il parlait de paix, il accéléra la
colonisation. Territoires palestiniens coupés en morceaux par
des routes de ‘contournement’. Terres confisquées. Maisons
démolies. Arbres déracinés. Economie palestinienne paralysée…
Il conduisit des négociations où il tenta d’imposer aux
Palestiniens une paix qui se résumait à leur capitulation. Il
n’était pas satisfait que les Palestiniens, en acceptant la
Ligne Verte, avaient renoncé à 78% de leur patrie historique.
Il demanda l’annexion de ‘blocs d’implantations’ et prétendit
que cela représentait 3% du territoire alors qu’en fait, il
entendait que plus de 20% restent sous contrôle israélien. Il
voulait contraindre les Palestiniens à accepter un ‘Etat’
coupé de tous ses voisins et constitué de plusieurs enclaves
isolées les unes des autres, chacune encerclée par des
implantations israéliennes et des soldats… Se vantant
publiquement qu’il n’avait pas rendu le moindre centimètre
de territoire… Lorsque l’Intifada éclata, il envoya des
snipers pour tuer froidement et de loin des centaines de
manifestants non-armés, des adultes et des enfants. Il fit le
blocus de chaque village et de chaque ville, les conduisant au
bord de la famine, pour les forcer à se rendre. Il bombarda les
faubourgs, Il entama une politique de ‘liquidations’ de type
mafieux, causant une escalade inévitable de la violence." Uri
Avnery, activiste israélien pour la paix, le 3 février 2001,
www.gush-shalom.org
Une occupation ‘bénigne’ ?
"Les Israéliens aiment à croire, et le disent au monde
entier, qu’ils conduisent une occupation ‘éclairée’ ou
‘bénigne’, différant qualitativement des autres
occupations militaires que le monde a pu connaître. La vérité
est tout autre. Comme toutes les autres occupations, Israël
s’est établi par la brutalité, la répression et la peur, la
collaboration et la traîtrise, les chambres de torture et de
corrections, et aussi l’intimidation, l’humiliation et la
manipulation quotidiennes." Benny Morris, historien israélien,
"Righteous Victims."
Ce que le mot « bouclage » signifie
"A juste une heure de route de Jérusalem, un drame
cruel, que l’on n’avait plus revu depuis les premiers jours
de l’occupation israélienne, se déroule depuis cinq mois,
mais la majorité des Israéliens s’en moquent éperdument.
L’étau que constitue la clôture de séparation, dans sa
nouvelle forme, étrangle de plus en plus une population de 2,8
millions d’habitants, et pourtant personne n’en parle.
"Cela doit être dit sans fioriture et de façon simple :
Il n’y a jamais eu une telle clôture à cet endroit, sur la
terre des barrières et des clôtures. Aux pires moments de la
première Intifada, lorsque l’IDF (Israeli Defense Force)
était omniprésente et que le couvre-feu régnait en maître
absolu, il n’y avait pas de situation où tout un peuple était
emprisonné sans procès et sans le droit de faire appel.
"Israël a découpé la Cisjordanie au moyen de centaines
de tranchées, de remparts de terre et de cubes de béton qui
ont été placés à l’entrée de la plupart des villes et
villages. Personne n’entre et personne ne sort, ni les femmes
enceintes, ni les mourants. Il n’y a même pas un soldat avec
lequel on peut argumenter ou supplier. Un réseau de sentiers et
de pistes sinueuses qui traversent l’encerclement jettent tout
un peuple sur des routes boueuses et caillouteuses, avec le
risque aggravé de se faire prendre ou de se faire tirer dessus
par des soldats qui ouvrent souvent le feu sur des voyageurs désespérés…
"Les Palestiniens des territoires n’ont jamais connu dans
le passé une telle détresse et une telle souffrance sur une si
grande échelle. Elles engendreront un désespoir sans précédent
et finiront par déclencher une violence encore plus cruelle et
douloureuse que ce que l’on a vu jusque là… Voilà de quoi
il s’agit : la détresse épouvantable des Palestiniens, causée
par la présente clôture, deviendra bien vite celle des Israéliens…
Le siège actuel, opération honteuse et scandaleuse, doit être
levé rapidement. Il ne doit pas être conditionné à l’arrêt
des violences, parce que le siège en lui-même est le meilleur
encouragement à la violence." Gideon Levy, écrivain
israélien, dans Haaretz, le 4 mars 2001.
Quelques idées sur l’avenir
Un futur, libéré de tout ethnocentrisme
"Le premier défi, donc, est d’obtenir d’Israël la
reconnaissance de ce qu’il nous a fait subir… Mais alors, je
pense que nous devons aussi insister sur l’éventualité
d’une forme de coexistence où il serait possible de créer
une vie nouvelle et meilleure, libérée de tout ethnocentrisme
et d’intolérance religieuse… Si nous présentons nos
revendications à propos du passé comme une ouverture vers la
voie à une forme de réciprocité et de coexistence future,
nous obtiendrons un écho positif et durable de la part des Israéliens
et des Occidentaux." Edward Saïd dans "The
Progressive," mars 1998.
La réponse ? Un Etat palestinien souverain.
"La destination finale d’un accord de paix israélo-palestinien
a commencé d’émerger de la brume politique. Un tel accord
doit… donner un Etat souverain au peuple palestinien, non
contesté, indépendant et à eux. C’est une question de
justice et de sens pratique. Si une véritable paix, stable et pérenne,
est l’objectif, alors il n’y a aucune autre option… Les
seuls signes extérieurs d’un Etat ne seront pas suffisants.
L’Etat devra être réel et viable. Les conditions suivantes
sont essentielles : l’intégrité territoriale et la contiguïté…
; de nouveaux découpages du territoire palestinien rendront
politiquement et économiquement impossible le maintien d’un
Etat… ; il ne pourra subsister sur la terre palestinienne
aucune poche de civils palestiniens régie par les autorités
israéliennes … ; la capitale souveraine devra se situer à Jérusalem
; Jérusalem-Est est le cœur historique, spirituel et
commercial de la Palestine ; l’exclure de l’Etat palestinien
est impensable…
"La justice et l’équité pour les réfugiés…
Par principe, le droit des Palestiniens au retour ou à être
indemnisés pour la perte de leurs maisons et de leurs terres
n’est pas négociable… Israël doit reconnaître la
souffrance et les privations des réfugiés palestiniens en résultat
de leur expulsion de leur pays d’origine, et doit les assister
dans leur réinsertion et leur réintégration." Editorial
d’A.S. Khalidi dans le "New York Times" du 11 février
1997.
La réclamation des réfugiés palestiniens sur leur droit
au rapatriement est aussi réaliste que juste
L’ingénieur et parlementaire palestinien Salman Abou Sitta…[démontra]
que ‘le retour des réfugiés est possible tout en
n’impliquant aucune dispersion notable de résidents juifs.’
Cela parce que 78% de la population juive vit sur seulement 15%
du territoire’…
"Ironiquement, la région du Nord de la Galilée, de
laquelle un grand pourcentage de réfugiés ont été chassés,
est très peu peuplée parce que la plupart des immigrants qui
s’y sont installés ont refusé de rester loin des centres
urbains israéliens d’Haïfa, de Tel-Aviv et de Jérusalem…
et que ceux qui cultivent les anciens champs palestiniens sont
bien souvent des Thaïlandais, des Roumains et autres non-juifs
qui ont de fortes chances de retourner dans leurs pays à la fin
de leurs contrats." Richard Curtiss, dans le numéro de
juin 2000 du "Washington Report On Middle East Affairs."
Un professeur israélien appelle à un nouveau sionisme
"Il s’agissait de notre propre nationalisme…qui a
conduit le pays à l’occupation et à la colonisation de la
Cisjordanie… Aucun des dirigeants du mouvement travailliste ne
pensait que les Palestiniens méritent d’avoir les mêmes
droits [que les Juifs] parce qu’aucuns d’eux ne croient dans
les droits universels. Prétendant, comme [Arthur] Hertzberg et
d’autres, que l’occupation et la situation coloniale créées
dans les trente dernières années étaient simplement le résultat
du refus des Arabes de reconnaître Israël, n’est rien
d’autre que la recherche d’un alibi et la falsification de
l’histoire…
"Le moment est venu de dire que si les colonies de Judée
et de Samarie ou dans le cœur même d’Hébron sont une
continuation naturelle, logique et légitime de l’intention
originelle du sionisme, alors, nous avons besoin d’un nouveau
sionisme. Si un ‘Etat juif’ qui ne reconnaît pas l’égalité
absolue de tous les êtres humains est considéré comme étant
plus proche de l’esprit des pères fondateurs que de
l’esprit d’un nouveau sionisme libéral, alors il est temps
de dire au revoir aux fantômes des fondateurs, et de commencer
à nous fabriquer une identité séparée des ramifications
mystiques de notre religion et séparée du côté irrationnel
de notre histoire." Ze’ev Sternhell, professeur israélien
en sciences politiques, dans "Tikkun,"mai 1998.
Sources pour effectuer de plus amples recherches sur la
Palestine et sur Israël
Ces courtes citations ne prouvent pas, bien sûr, les
affirmations qui sont faites ici. La preuve historique,
cependant, est abondante et disponible dans une forme bien
documentée dans les ouvrages cités.
Vous trouverez des sources utiles[29]
notamment dans : 1. "Palestine and Israel : A Challenge
to Justice" de John Quigley, professeur de droit à
l’université de l’Ohio, Duke University Press, 1990.
2. "The Fateful Triangle : The United States, Israël, The
Palestinians" de Noam Chomsky, professeur au MIT et ‘sans
doute le plus important intellectuel vivant’ [NY Times]. South
End Press, 1983.
3. "Original Sins : Reflections on the History of Zionism
and Israel" de Benjamin Beit-Hallahmi. Une histoire honnête
du sionisme écrite par un érudit israélien enseignant à
l’université d’Haïfa. Olive Branch Press, 1993.
4. "Bitter Harvest" de Sami Hadawi. Une vue complète
des preuves documentaires de la création de l’Etat d’Israël,
écrite par un Palestinien chrétien qui y vécut pendant cette
période. Caravan Books, 1979.
CONCLUSION 1
A l’attention des lecteurs juifs
Ainsi que nous venons de le voir, la racine profonde qui a
engendré le conflit israélo-palestinien est limpide. Durant la
guerre de 1948, 750.000 Palestiniens ont fuit dans la terreur ou
furent activement expulsés de leur terre d’origine ancestrale
et sont devenus des réfugiés. Puis, l’Etat d’Israël leur
refusa tout droit au retour et soit il détruisit leurs villages
entièrement, soit il les expropria de leurs terres, vergers,
maisons, entreprises et possessions personnelles pour l’usage
de la population juive. Ceci constitua la naissance de l’Etat
d’Israël.
Nous savons que c’est difficile à accepter émotionnellement,
mais cette fois-là le peuple juif était dans son tort. Nous prîmes
aux Arabes, par la force, la majeure partie de la Palestine et
nous avons accusé les victimes d’opposer une résistance à
leur dépossession. Si vous tamponnez une voiture, quelle
qu’en soit la raison, la simple justice exige que vous la répariez.
Notre obligation morale vis-à-vis des Palestiniens est tout
aussi claire. Il est temps pour tous les Juifs de bonne
conscience de faire tout ce qui est nécessaire pour réparer
l’injustice faite aux Palestiniens afin de vivre selon la
meilleure partie de la tradition juive – ses bases morales et
éthiques.
Toute critique d’Israël est perçue par les Juifs américains
comme mettant en danger le peuple juif, même si la critique est
fondée. Mais "mon peuple, à tort ou à raison, mon
peuple" n’est pas différent de "mon pays, à tort
ou à raison, mon pays". Dès que nous nous aventurons sur
la pente savonneuse où la fin justifie les moyens, nous
laissons derrière nous toute prétention à la moralité. Avec
des millions d’autres Juifs américains, non-affiliés aux
principales organisations juives américaines, nous sommes outrés
par l’oppression continuelle exercée par le gouvernement israélien
sur les Palestiniens et nous avons le sentiment que cela a été
la ruine de la haute réputation morale du peuple juif. Le
gouvernement israélien pourrait résoudre la crise israélo-palestinienne
dès demain. Ce serait vraiment dans le plus grand intérêt de
ses citoyens d’agir ainsi, car les actes terroristes commis au
hasard contre les Israéliens cesseraient si l’exigence des
Palestiniens à avoir un Etat viable et indépendant était
acceptée en compensation des pertes qu’ils ont subies.
Ici, en Amérique, nous autres Juifs sommes totalement intégrés
dans le courant dominant de la société et nous détenons des
positions de pouvoir et d’influence dans tous les champs
d’activité. Nous n’avons plus besoin de camper sur notre défensive.
Nous pouvons nous permettre de changer d’attitude en passant
de "est-ce bon pour les Juifs ?" à "est-ce bon,
tout-court ?" Les Juifs américains doivent au moins déclarer
catégoriquement qu’ils ne peuvent tolérer l’occupation illégale
de la terre palestinienne par Israël, ainsi que le meurtre ou
la mutilation des manifestants palestiniens armés seulement de
pierres, comme il est documenté dans les rapports du Conseil de
Sécurité des Nations-Unies, de la Commission aux Droits de
l’Homme de l’O.N.U., d’Amnesty International, de Human
Rights Watch, de groupes israéliens tels que B’Tselem, etc.
Selon une étude commandée par les cinq plus grandes
organisations juives américaines, mais retirée ensuite par
eux, 20% des Juifs américains soutiennent l’exigence
palestinienne et 35% disent que Jérusalem devrait être partagée.
Face à un black-out quasi total dans notre presse sur la
position palestinienne, ce résultat est très impressionnant.
Rejoignez cette frange croissante de Juifs américains en
contactant Not In My Name [Pas en mon nom] sur www.nimn.org,
une association qui mène une coalition de groupes juifs pour
protester contre l’occupation israélienne.
Les intérêts à long terme d’Israël seront bien mieux
servis en soutenant les associations israéliennes qui oeuvrent
pour la paix, telles que Gush Shalom (Le Bloc de la Paix)
[www.gush.shalom.org], plutôt que le gouvernement israélien et
sa répression brutale, qui conduit tout simplement à une
violence sans fin. Les associations israéliennes pour la paix
ont raison de critiquer leur gouvernement et doivent le faire,
étant donné qu’elles agissent en notre nom. Des associations
américaines comme le Jewish Peace Lobby [le Lobby Juif
pour la Paix], Jewish Voice for Peace [La Voix Juive pour
la Paix] et the Middle East Children’s Alliance [l’Alliance
des Enfants pour le Moyen-Orient] ont besoin aussi de votre
soutien. Ne faites pas de compromis avec votre sens de l’éthique
en soutenant aveuglément des mauvaises politiques –
travaillez à la place à une juste solution.
SVP, écrivez à l’adresse à la fin de ce document pour
demander des copies gratuites [en Anglais] et demandez à vos
amis juifs de prendre connaissance de l’information qui est présentée
ici. Pour le bien de tous. Paix.
CONCLUSION 2
A l’attention des lecteurs non-Juifs
Nous espérons que cette vue d’ensemble sur le passé
historique à propos des racines qui sont à l’origine du
conflit au Proche-Orient donnera à réfléchir à tous ceux qui
ont soutenu jusqu’à présent les actions d’Israël. La persécution
des Juifs en Europe, pendant des siècles, fut la pire des
taches dans l’histoire européenne, et le désir des sionistes
pour un refuge est certainement compréhensible. Cependant,
comme toutes les autres entreprises coloniales, le sionisme était
basé sur la totale indifférence concernant les habitants
d’origine. C’est pourquoi il est moralement indéfendable.
Et comme il a été dit précédemment, tous les crimes qui
s’en sont suivis – et il y en a eu de nombreux des deux côtés
– ont été la conséquence inévitable de cette injustice
originelle faite aux Palestiniens.
Etant donné les dommages causés au peuple palestinien,
l’obligation d’Israël est de faire tout ce qui est possible
pour s’amender. Parmi ces possibilités, Israël devrait
oeuvrer à la création d’un Etat souverain palestinien sur la
totalité de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza avec pour
capitale Jérusalem-Est. Israël ne devrait pas s’opposer à
cet Etat et, de plus, devrait aider à sa fondation par
l’entremise de réparations généreuses. En plus d’être la
juste chose à faire, ceci aiderait à stopper les actes
sporadiques de violence contre Israël, puisque le désir légitime
des Palestiniens de posséder leur propre Etat serait réalisé.
Enfin, toutes les lois discriminatoires contre les non-Juifs
vivant en Israël devraient être abrogées. Au regard de
l’histoire, résumée dans ce document, nous concluons que les
Palestiniens ont été floués et que la justice exige justement
que l’injustice soit réparée.
Une justice complète et totale devrait impliquer
l’autorisation de tout Palestinien de retourner en Israël
s’il le désire, mais, à vrai dire, nous comprenons que cela
mènerait à encore plus de bains de sang. En conséquence,
prenant en compte la réalité, nous nous joignons à Gush
Shalom et aux autres groupes israéliens oeuvrant pour la paix
pour demander un droit modéré au retour, négocié avec la
majorité des réfugiés palestiniens qui seraient alors fixés
dans un Etat palestinien, financé par des réparations généreuses
provenant à la fois d’Israël et de la communauté
internationale.
En tant que citoyens américains, nous avons l’obligation spéciale
de nous assurer que la justice sera faite sur ce sujet. L’aide
financière américaine envers Israël a été, et continue de
l’être, colossale ; et notre soutien diplomatique est
l’atout maître qui permet à Israël de poursuivre son
occupation des territoires arabes. Nous vous recommandons
vivement de contacter vos représentants élus à Washington[30]
et de les presser d’insister, comme condition préalable à la
poursuite du soutien, pour qu’Israël respecte l’opinion
publique internationale et se retire dans ses frontières de
1967, ainsi que les nombreux votes aux Nations-Unies l’ont
exigé. Les Juifs américains, tout spécialement, ont la
responsabilité particulière de reconnaître le point de vue
des Palestiniens afin d’aider le débat à avancer. Comme
Chomsky l’écrit dans "Peace in the Middle East
?," il y a dans la communauté juive américaine une
petite volonté d’accepter le fait que les Arabes palestiniens
ont subi une monstrueuse injustice historique, quel que soit ce
que l’on peut penser des réclamations concurrentes. Tant que
cela n’aura pas été reconnu, une discussion sur la crise au
Proche-Orient ne peut même pas débuter."
A long terme, ce n’est qu’en admettant leur culpabilité et
en s’amendant que les Israéliens pourront vivre en paix avec
leurs voisins. Seulement alors, la tradition séculaire des
Juifs en tant que peuple doté d’un haut caractère moral
pourra être restaurée. Et c’est seulement de cette façon
que la sécurité, la paix et la justice retourneront réellement
à cette ancienne terre.
Jews for Justice in The Middle East
P.O. Box 14561
Berkeley CA 94712
Envoyez vos commentaires par e-mail à truth@cactus48.com
Ils seront transmis aux éditeurs
Traduit de l’anglais (américain) par Jean-François Goulon
[1] [NdT] La formule,
souvent attribuée à Golda Méïr, qui l'a effectivement utilisée,
n'est pourtant pas d'elle. En effet, à en croire le regretté
savant lillois, Jean-Marie Delmaire, elle "a été prononcée
en 1891, aux Etats-Unis, par Blackstone, un pasteur rempli de zèle
pour le retour à Sion des juifs, qu'il souhaitait ensuite
convertir au plus vite." (Jean-Marie Delmaire, De Jaffa
jusqu'en Galilée. Les premiers pionniers juifs (1882-1904),
p. 109.)
[2] [NdT] Ahad-Ha’am
fonda en 1896 la revue mensuelle Hashiloah, qu'il dirigea
jusqu'en 1902. En 1897, il participa au premier Congrès
sioniste, où il critiqua sévèrement la conception politique
de Herzl. Ahad-Ha’am s'établit à Londres en 1907, et pendant
la première guerre mondiale, il s'associa aux efforts du Dr Haïm
Weizmann pour l'obtention de la Déclaration Balfour, à la rédaction
de laquelle il prit une part active. En 1922, il vint s'établir
à Tel-Aviv. Le principe fondamental du sionisme d'Ahad-Ha’am
est la régénération spirituelle et morale du peuple. Ses
essais eurent une grande influence sur la doctrine sioniste, et
il est considéré comme le père du "sionisme
spirituel". Sa phrase la plus célèbre : "Ce n'est
pas Israël qui a conservé le Shabath, mais c'est le Shabath
qui a conservé Israël".
[3] [NdT] Chaim
Weizmann fut investi le 29 février 1949 en tant que premier Président
de l’Etat d’Israël.
[4] [NdT] : la ville
fut prise par les Israéliens le 11 juillet 1948, la population
s’enfuit et la mission fut totalement pillée
[5] [NdT] Dite aussi
"Guerre des Six Jours"
[6] Partie-ouest de la
Jordanie, le long de la rive gauche du Jourdain.
[8][NdT] Tsahal s’est
retirée du Liban, sur ordre d’Ehud Barak, le 24 mai 2000 après
22 ans d’occupation.
[9] [NdT] Sociologue et
philosophe américain d’origine allemande (1900-1980), considéré
comme un des grands humanistes du 20ème siècle.
[10] [NdT] Martin
Mordechai Buber (1878-1965), philosophe et théologien israélien
d’origine autrichienne, reçut le prix Nobel de la Paix en
1958. Figure contestataire du sionisme, il s’est attaché à
améliorer la compréhension entre Arabes et Israéliens, et à
renouer le dialogue avec les intellectuels et les institutions
allemands après la guerre.
[11] [NdT] Acronyme
pour Lohamei Herut Yisrael (combattants pour la liberté
d’Israël.) Le LEHI était une organisation clandestine qui opéra
entre 1940 et 1948. Branche dissidente d’Etzel (organisation
militaire nationale, elle-même dissidente du Haganah –
branche militaire clandestine du Yishuv), et composée
essentiellement d’un groupe conduit par Avraham Stern, elle
avait trois points de désaccord avec l’Irgoun : (a) le groupe
réclamait que la lutte armée contre le gouvernement
britannique se poursuive sans tenir compte de la guerre contre
l’Allemagne nazie ; (b) son opposition à l’enrôlement dans
l’armée britannique ; et (c) sa volonté de collaborer, comme
mesure tactique, avec tous ceux qui soutenaient la lutte contre
les Britanniques en Palestine. Les objectifs du LEHI étaient
maximalistes : la conquête et la libération d’Eretz
Yisrael ; la guerre contre l’Empire britannique ; le
retrait total de la Grande-Bretagne de Palestine ; et l’établissement
d’un "royaume hébreu, allant de l’Euphrate jusqu’au
Nil."
Les institutions du Yishuv condamnèrent le LEHI et la police
britannique recherchèrent ses membres (guère plus de quelques
centaines) sans relâche. Le 12 février 1942, Avraham Stern fut
capturé à Tel-Aviv et assassiné par des policiers
britanniques. Une nouvelle structure de commandement prit la
suite et les combattants restants continuèrent leur guerre en
poursuivant leurs actes de terrorisme, dont l’assassinat de
Lord Moyne (Ministre britannique en charge du Moyen-Orient au
Caire) le 6 novembre 1944. Les coupables furent arrêtés et
pendus en mars 1945.
Le LEHI rejoignit, en même temps que le Haganah et Etzel, le
Mouvement de Résistance Hébreux qui fut créé en novembre
1945. La plus grande opération qu’il mena pour le compte de
ce mouvement fut l’attentat à la bombe des ateliers du chemin
de fer d’Haïfa en juin 1946, dans lequel 11 membres du LEHI
trouvèrent la mort. Mais le Mouvement de Résistance Hébreux
se disloqua à la suite à l’attentat de l’Hôtel King David
(QG des forces et de la police britanniques) à Jérusalem en
juillet 1946, et le LEHI retourna à ses activités de
harassement et de guerre d’usure. En 1947, le LEHI décida de
concentrer ses activités sur Jérusalem afin d’en empêcher
l’internationalisation, ainsi que l’application du plan de
partition.
Lorsque l’IDF fut créée le 31 mai 1948, le LEHI fut dissout
et ses membres intégrés dans la nouvelle armée d’Etat. Il
n’y eut qu’a Jérusalem où le LEHI resta une organisation
indépendante, arguant que le sort de Jérusalem n’était pas
encore déterminé. Le 17 septembre 1948, le Comte suédois
Folke Bernadotte, médiateur de l’O.N.U., y fut assassiné et
l’on suspecta les membres du LEHI. Le nouveau gouvernement
israélien déclara alors illégale cette branche de
l’organisation à Jérusalem, et deux de ses dirigeants furent
condamnés à de lourdes peines de prison par un tribunal
militaire, mais ils furent relâchés à l’occasion d’une
amnistie générale.
Source : Ministère des Affaires Etrangères Israélien
[12] [NdT] Le 9
novembre 1938, les sections d'assaut nazies (SA), les SS et les
Jeunesses hitlériennes s'en prirent aux synagogues et aux
locaux des organisations israélites, ainsi qu'aux magasins et
aux biens des particuliers. Près d'une centaine de personnes
furent tuées à l'occasion de ce gigantesque pogrome,
une centaine de synagogues furent brûlées et 7500 magasins
pillés. Avec un certain cynisme, les Nazis ont donné à ces
premières violences antisémites planifiées en Allemagne le
nom poétique de «Nuit de Cristal», en référence aux
vitrines et à la vaisselle brisées cette nuit-là.
[13] [NdT] Yiddish
signifiant ‘un grand cœur juif.’
[14] [NdT] Comité
d’Urgence Américain aux Affaires Sionistes.
[15] [NdT] Historien
israélien spécialisé dans les recherches sur l’Holocauste.
[16] Communauté, en
hébreu.
[17] [NdT] Kibboutz
fondé dans les années 1930.
[18] [NdT] 1er
Kibboutz fondé en 1909.
[19] Israel Defense
Forces.
[20] General Security
Services
[21] Le Centre
d’information israélien pour les droits de l’homme dans les
Territoires Occupés.
[22] [NdT] Abraham
Isaac Kook fut le premier grand rabbin ashkénaze de Palestine.
Mort en 1935, donc avant la grande catastrophe de la Shoah, il
n’a pas connu l’État d’Israël.
[23] [NdT] Mouvement
messianique nationaliste et expansionniste qui se mobilise pour
la colonisation du "Grand Israël."
[24] [NdT] L'Espagnol
Maimonide fut le plus grand théologien juif du XIIème
siècle. Il conciliait la théologie et la philosophie
d'Aristote, appuyant la religion sur les vertus de
l'intelligence et de la morale.
[25] [NdT] Ensemble
des règles de vie du judaïsme.
[26] [NdT] "La rédemption
de la terre" selon la terminologie sioniste.
[27] [NdT] Le Mont du
Temple, où se trouve l’Esplanade des Mosquées.
[28] [NdT] Frontières
de 1967.
[29] [NdT] Nous
n’avons pas trouvé de traductions françaises de ces
ouvrages.
[30] Les Français
peuvent aussi contacter leur député à l’Assemblée
Nationale : www.assemblee-nationale.fr