Rapport
En Palestine, cette jeune ingénieure
reconstruit Gaza
avec des parpaings écologiques
CPI
Photo :
CPI
Mercredi 12 juillet 2017
CPI
Pour répondre à la pénurie de ciment qui
freine la reconstruction de l’enclave
palestinienne, Majd Mashhrawi développe
depuis 2014 le "Green Cake", une brique
écologique créée à partir de cendres de
charbon.
Grâce à l’ingéniosité d’une jeune
palestinienne, la bande de Gaza pourrait
bien renaître de ses cendres.
Littéralement. Avec l’aide de sa
camarade de classe Rawan Abdulatif, Majd
Mashhrawi confectionne, depuis août
2014, des briques écologiques à partir
de cendres de charbon.
L’idée lui est
venue face à la pénurie de ciment que
connaît la bande de Gaza depuis 2006.
Suite à l'arrivée du Hamas au pouvoir,
un blocus y est imposé par le
gouvernement israélien pour éviter
l'entrée d'armes et la construction de
tunnels. Depuis, les matériaux de base
ne sont que peu ou plus acheminés
jusqu’à Gaza.
Pénurie de béton
La situation se
dégrade en juillet 2014 lorsque la ville
subit des bombardements israéliens lors
de l’opération militaire "Bordure
protectrice". En plus du lourd bilan
humain, 18 000 maisons sont endommagées
et plus de 100 000 personnes se
retrouvent à la rue.
"Encore
aujourd’hui, des maisons sont
complètement en ruine et leurs
propriétaires ne peuvent pas être
fournis en matériaux indispensables à la
reconstruction", explique la jeune femme
dans les colonnes de Fast Company.
"Pendant ma dernière année d’étude en
génie civil, je n’arrêtais pas de me
demander comment pourrait-on mettre un
terme à cette misère ?"
Dans ce contexte,
la jeune palestinienne décide de se
tourner vers des matériaux alternatifs.
Quel ingrédient local pourrait remplacer
le sable et les gravillons – deux
éléments essentiels à la confection du
béton - tous deux importés d’Israël ?
La cendre : une
solution écologique et économique
La solution :
récupérer les cendres issues de la
combustion du charbon et du bois
utilisés pour la production d'énergie.
Chaque semaine, ce ne sont pas moins de
six tonnes qui partent en décharge. Majd
Mashhrawi va réutiliser ces déchets
comme matériau pour les parpaings. Un
moyen de remédier à la crise du logement
et à l'absence de recyclage dans la
bande de Gaza.
Après de nombreux
tests de résistance (compression, chute,
incendie, humidité…), le Green Cake –
c'est ainsi que ce matériau a été
baptisé – fonctionne aussi bien que du
béton ordinaire. À la seule différence
que son coût est 25 % moins élevé et son
poids inférieur de moitié à celui des
parpaings standards.
Les briques
écologiques de Majd Mashhrawi n'ont plus
qu'une seule épreuve à passer : celle du
temps.
"Nous ne pouvons
pas encore garantir leur durabilité,
nous le pourrons dans dix ans peut-être
[...] Mais je pense que ce parpaing sera
durable, parce que le charbon ne réagit
pas chimiquement avec le ciment",
détaille Majd Mashhrawi pour le Middle
East Eye
Le Green Cake face
à un mur ?
En 2016, grâce à
des fonds levés via la start-up
Mobaderoon 3, les inventeurs du Green
Cake édifient un premier mur pilote avec
1 000 parpaings. Mais pas de quoi aller
plus loin dans le développement de
l'entreprise, malgré le soutien de
l’Université islamique de Gaza et de la
municipalité.
Après avoir échoué
de peu, en avril dernier, au concours du
forum MIT de Jeddah – doté de 150 00
dollars –, le Green Cake fait
aujourd’hui partie des nominés à l’Index
Award 2017, le concours international le
plus prestigieux en matière de design,
organisé au Danemark et dont le but est
de trouver des solutions aux problèmes
globaux. Verdict le 1er septembre.
Pendant ce temps,
Majd Mashhrawi travaille à pérenniser
son projet par tous les moyens. La jeune
femme se trouve actuellement à Boston,
où elle participe au mouvement Our
Generation Speaks, dont le but est
d'aider de jeunes Palestiniens et
Israéliens à lancer leurs start-up.
"Si on veut
vraiment quelque chose, il faut s'en
donner les moyens, affirme la jeune
femme, à Fast Company. Au départ, je
n'aurais jamais pensé arriver jusque-là,
réaliser ce rêve et avoir la possibilité
de voyager, de rencontrer d'autres
personnes et tenter d'obtenir des
investissements. Si on y croit, ce n'est
pas impossible".
Résolue à améliorer
le quotidien des habitants de Gaza, Majd
Mashhrawi espère par la suite ouvrir une
usine et embaucher des centaines de
travailleurs. Elle souhaite également
développer le concept du Green Cake en
Cisjordanie. Et dans le reste du monde ?
Source:www.wedemain.fr
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