Rapport
A Jénine, la joie de l’Aïd confisquée
par les prix exorbitants et l’anarchie
sécuritaire
CPI
Photo: CPI
Jeudi 7 juillet 2016
Jénine – CPI
Un Palestinien quinquagénaire
s’est retiré de la boutique de vêtements
d’enfants, dans la ville de Jénine,
après avoir épuisé toutes ses tentatives
menées pour avoir un pantalon à un prix
que sa maigre bourse pouvait payer, la
tête basse, le cœur serré.
Un autre homme rentre dans la
boutique, avec son fils de cinq ans. Le
père demande au propriétaire des
vêtements pour son petit, les moins
chers possibles. Mais même les moins
chers sont trop excessifs pour la bourse
de ce père, si maigre. Il dit à son
fils : « Allons voir ailleurs quelque
chose de plus beau ! »
Ces deux cas ne sont pas
isolés. Beaucoup parcourent les souks,
sans pouvoir oser entrer dans une
boutique pour acheter quelque chose qui
pourrait mettre un peu de joie dans les
cœurs de leurs enfants. Le premier prix
d’un costume pour un petit garçon de
deux ans est de 150 shekels, et 200
shekels pour une petite fillette de cinq
ans. Trop cher pour un Palestinien
moyen.
Mohammed Kamil, directeur de la
chambre de commerce de la ville de
Jénine, exprime son mécontentement, son
désarroi face à ces prix exorbitants. Il
appelle les commerçants à ne pas briser
les bourses des parents et la joie des
enfants, au moment de l’Aïd, à ne pas
faire de l’intérêt financier exorbitant
leur premier souci, à regarder les
enfants d’un œil clément.
Une autre raison
La montée des prix n’est pas le
seul élément qui brise la joie de l’Aïd
dans cette ville.
« L’autre jour, le souk était
plein à craquer d’acheteurs. Cependant,
dès que la nouvelle d’une bagarre
s’était répandue, dans le village de
Yaabod, causant la mort de trois
personnes, aucune âme n’y est restée »,
raconte le commerçant Mohammed Abou
Taleb.
Il dit au correspondant de
notre Centre Palestinien d’Information
(CPI) que l’incident du village de
Yaabod a beaucoup affecté les souks, les
jours précédant l’Aïd. Les bagarres qui
l’ont suivi n’ont pas arrangé les
choses. Elles ont brisé la joie de la
fête et les niveaux de vente.
Pour sa part, le commerçant
Hassan Khalef souligne amèrement qu’il
avait voulu prendre sa famille vers la
Jordanie, le deuxième jour de l’Aïd,
mais les derniers incidents le poussent
à partir beaucoup plus tôt pour rester à
l’étranger le plus longtemps possible,
pour faire le vide loin de tous ces
vacarmes empoisonnant la vie et le
commerce.
La fête a perdu tout son sens,
les gens sont vraiment fatigués de ce
qui se passe, matériellement et
psychologiquement. Une bagarre entre
deux familles répandra effectivement la
tension dans toute une région,
résume-t-il.
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