Rapport
Avec sa famille, après treize ans dans
les prisons
de l’occupation sioniste
CPI
Photo:
CPI
Jeudi 6 août 2015
Gaza – CPI
Un jour du mois de juillet 2002, le
jeune Jamal Al-Nouri était sur le point
de voyager vers l’Algérie, accompagné de
son père, homme d’affaires, afin de
mettre en place plusieurs projets
économiques, lorsque ce projet de voyage
a été tué dans l’œuf, sur le point de
passage de Rafah où les forces sionistes
d'occupation l’ont interpellé, frappé et
emmené vers leurs prisons. Il a gardé
les séquelles de cette interpellation
pour de longues années.
Durant ce dernier mois béni de
Ramadan, Al-Nouri, 34 ans, a été libéré
et a pu se réunir avec sa famille, le
premier Ramadan, après treize ans de
détention dans les prisons de
l’occupation israélienne dont celle d’Eshel
où il a perdu huit ans de sa vie. Il
s’est aussi retrouvé dans l’isolement
pendant plus d’un an.
Treize ans durant
Al-Nouri n’arrive pas encore à
s’accoutumer à sa liberté ; il pense à
ses anciennes cellules, à ses anciens
bourreaux, à la cour de récréation. Il
contemple ses deux filles qu’il avait
laissées bébés et qui sont maintenant
devenues de jeunes filles. Manar avait
un an, maintenant quatorze. Ibtissam
était dans le ventre de sa mère ;
maintenant, elle a treize ans.
Al-Nouri n’est pas prêt d’oublier la
torture qu’il avait subie durant les
interrogations, dix-sept jours de
torture, dans la base militaire Zakim :
placé dans une position terriblement
inconfortable (Shabah), enfermé dans une
boîte métallique, menacé de voir la
maison de sa famille bombardée.
Une fois, il a eu un dialogue spécial
avec un enquêteur israélien. Celui-ci
lui avait dit qu’il est né en 1964, en
"Israël" ; il a donc un droit sur cette
terre. Al-Nouri lui a répondu : « Moi,
c’est mon grand-père qui était né sur
cette terre, un jour où tu n’étais pas
né ! N’essayez pas de falsifier
l’histoire ; cela ne vous sert à rien !
Ne parlez pas d’un prétendu temple. Tout
cela n’est que mensonge ! ».
Une position décisive
Trois mois après son emprisonnement,
en septembre 2002, Al-Nouri a vécu une
attaque que les forces sionistes
d'occupation menait contre les captifs
de la prison israélienne d’Ar-Ramla :
frappes et gaz.
Ces jours-là, Al-Nouri a compris
combien ces sionistes sont rancuniers.
Le médecin de la prison lui avait
demandé où il avait mal ; lorsqu’il lui
a montré les endroits en question, le
médecin a commencé à le frapper sur les
zones douloureuses !
Al-Nouri a mené une action jamais vue
dans l’histoire des prisons de
l’occupation sioniste. En fait, il a
mené une grève deux ans avant sa
libération, appelant à le libérer en se
basant sur la loi israélienne Shlish qui
permet au captif d’exiger sa libération
lorsqu’il purge deux tiers de sa peine.
Au sujet de cette action, il
raconte : « Je me suis mis en grève. Je
n’avais pas vu ma famille et mes filles
de 2006 à 2013. J’étais le sujet
d’harcèlements et de sanctions
permanentes, surtout après quatre
tentatives d’évasion ». Après la grève,
les autorités de l’occupation sioniste
lui avaient accordé la liberté ; il a dû
quitter la prison en janvier dernier,
mais elles n’ont pas respecté leur
engagement et ne l’ont relâché que six
mois après, bien qu’elles aient signé un
accord écrit.
Les conditions des
prisons
Al-Nouri vient de quitter les prisons
sionistes et les connaît bien. C’est un
autre monde où les bourreaux ne
respectent rien.
Dans les prisons sionistes, les
souffrances les plus dures sont celles
des captifs malades, en particulier les
captifs souffrant de maladies graves et
chroniques. La politique de négligence
médicale ne fait qu’aggraver leurs cas.
Al-Nouri a perdu treize ans de sa vie
dans les prisons de l’occupation
israélienne, treize longues et lourdes
années. Dans les prisons, il a fait un
et demi d’Histoire à l’Université d’Al-Aqsa,
a appris et a perfectionné l’hébreu.
Pour lui, ce qu’il y a de plus dur,
c’est l’hôpital et la séparation avec
des parents ou des amis.
Les années passaient très lentement,
surtout le temps d’attente avant la
libération. Là, un soldat israélien a
fait exprès d’uriner sur le portail de
sa cellule pour le provoquer. Il évoque
cet incident et la première impression
lors de son arrivée dans la bande de
Gaza : « J’avais frappé le portail avec
mes pieds. Ils m’ont pris à l’hôpital
pour le mal que j’ai fait à mes pieds.
Lorsque je suis arrivé à Gaza, j’ai
remarqué une population énormément
dense ! ».
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