Centre Palestinien
d'Information
D’un leader du Fatah :
Rapprochement avec le Hamas avant le Ramadan
Photo CPI
19 août 2007
De Khalid Amayreh en
Cisjordanie
Un leader de haut rang
du Fatah a prédit qu’un « rapprochement » avec le
Hamas sera atteint avant le mois béni des musulmans de Ramadan
qui commence le 13 ou le 14 septembre.
L’officiel basé à
Ramallah, qui a demandé l’anonymat « en raison de la
sensibilité du sujet », a dit qu’il croyait que le président
de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas était en train de
reconsidérer sa précédente position exagérée vis-à-vis du
Hamas.
Abbas a déclaré à
maintes reprises qu’il ne parlerait pas avec le Hamas jusqu’à
ce que « les bellicistes reviennent au statu quo ante »
qui précédait les événements de mi-juin dans la bande de Gaza
et qu’ils s’excusent au peuple palestinien.
« Je pense qu’Abbas
a remarqué que dire "Non" à tous les efforts de médiation
arabes et étrangers est contreproductif, que cela mène à sa défaite
et que c’est inapproprié pour les intérêts nationaux
palestiniens », a dit l’officiel qui occupait un poste
ministériel dans les gouvernements palestiniens de l’époque
d’Oslo.
« Vous voyez, la
grande majorité des Palestiniens veulent un accord entre le Fatah
et le Hamas dès que possible. Personne n’est confortable avec
cette situation anormale et déprimante, et il y a certains signes
que plusieurs Palestiniens sont en train de blâmer Abbas et le
Fatah pour l’impasse actuelle en raison de leur refus de
s’asseoir avec le Hamas et de mettre fin à la crise. »
Interrogé pour savoir
s’il pensait qu’Israël allait en fin de compter empêcher
Abbas de renouer des liens avec le Hamas, l’officiel a dit qu’Israël
allait certainement essayer de faire de son mieux pour « garder
Abbas dans le cercle américano-israélien ».
« Bien sûr, ils
font des efforts, ils utilisent la carotte et le bâton, pour le
garder dans le cercle américano-israélien. Cependant, il est
assez clair que le président est en train de réaliser qu’Israël
n’est pas vraiment sincère concernant la paix et que la conférence
régionale à venir ne sera qu’une autre illusion. »
« Il a donc peur
que le fait de mettre tous ses œufs dans le panier américano-israélien
tout en éloignant le Hamas et en exacerbant davantage le désaccord
national ne sera pas de bonne augure, ni pour lui personnellement,
ni pour le Fatah, et certainement pas pour la cause nationale. »
L’officiel du Fatah a
dit que le rapprochement avec le Hamas ne serait pas facile des
points de vue psychologique et politique.
« Psychologiquement,
il y a des cicatrices pour lesquels le traitement prendra quelques
temps, et politiquement, il y a plusieurs leaders du Fatah qui défendent
une position intransigeante vis-à-vis du Hamas. »
« Mais Abbas
n’est pas à l’aise avec ces extrémistes et il pense
qu’adopter leur ligne de pensée pourrait réellement faire
exploser les urnes. Vous savez, la majorité des Palestiniens
n’aiment pas l’extrémisme dans quelque direction que ce soit. »
Mercredi, Abbas a montré
quelques signaux conciliants à l’égard du Hamas, en disant
qu’il essayait de réunir Gaza et la Cisjordanie et en appelant
le groupe de la résistance à « retourner à l’unité
nationale ».
« La rupture qui a
eu lieu en conséquence du coup du Hamas est temporaire et sera
retirée. Le peuple palestinien est opposé à cette séparation
car il veut un état palestinien uni et indépendant. »
« Nous
continuerons aussi à soutenir notre peuple dans la bande de Gaza,
car c’est notre responsabilité », a dit Abbas lors
d’une conférence de presse à Ramallah, suite à une rencontre
avec le ministre japonais des affaires étrangères Taro Aso.
Les remarques d’Abbas
ont attiré des réactions positives du Hamas. Un porte-parole
islamique à Gaza a décrit les remarques de « bienvenues et
positives ».
Le porte-parole a invité
Abbas à venir dans la bande de Gaza pour des discussions de réconciliation
afin de « donner à notre peuple une confiance et un espoir
pour un avenir meilleur ».
De plus, des sources
proches du Hamas à Gaza ont dit qu’il était probable qu’Ismaïl
Haniyeh, le premier ministre du gouvernement dirigé par le Hamas
basé à Gaza, donne un discours dans les quelques jours à venir
dans lequel il « tendrait ses mains à Abbas pour une réconciliation
et une unité ».
Comme prévu, les déclarations
d’Abbas ont attiré des réactions dures du gouvernement israélien
qui a averti que des discussions entre le Fatah et le Hamas vers
le rétablissement de l’unité nationale palestinienne seraient
considérées comme une « ligne rouge ».
Le journal israélien de
droite Jerusalem Post a cité jeudi un officiel israélien anonyme
en disant qu’une réconciliation entre le Fatah et le Hamas
« mènerait à une rupture dans le processus diplomatique
avec l’autorité palestinienne refondée ».
Selon des sources
palestiniennes et arabes, plusieurs états arabes et la Russie ont
fait de grands efforts pour convaincre Abbas de reprendre les
discussions avec le Hamas. Des diplomates russes ont averti Abbas
que si le désaccord actuel avec le Hamas restait non-résolu, les
Palestiniens iraient à la conférence régionale à venir parrainée
par les Etats-Unis dans un « état effroyable de faiblesse ».
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