Rapport CPI
La famille Abou Taïma attend
toujours le jugement de l'assassin
sioniste de son fils
Photo: CPI
Lundi 16 janvier 2012
Gaza – CPI
Au petit matin du 28
décembre 2008, Mahmoud Abou Taïma, sa
femme Mnanal et ses enfants Khalil et
Nabil sont partis ramasser des
courgettes, dans leur ferme, dans le
village de Khozaa, à l’est de la ville
Khan Younes, dans la bande de Gaza.
Quelques heures plus tard, ils sont
partis vers la ferme de leur oncle,
quelques mètres plus loin. A 8h30 du
matin, les forces sionistes d'occupation
ont tiré un obus à travers la clôture
des frontières. Il est tombé entre les
deux frères, en tuant un, Nabil, 16 ans,
et blessant l’autre, grièvement.
Le père Mahmoud, 40
ans, se rappelle du calme de la zone.
Une zone même très calme. Les fermiers
travaillaient leur terre : « J’ai vu un
obus venant de la clôture frontalière
vers les fermes palestiniennes. J’ai
entendu le bruit d’une forte explosion.
J’ai couru vers le lieu où se trouvaient
mes enfants. A mon arrivée, j’ai vu mes
garçons dans une charrette tirée par un
âne, qui les amenait vers l’hôpital.
Khalil souffrait de blessures très
graves à la poitrine et aux bras. Il
avait été atteint par un éclat d’obus. A
l’hôpital, il a immédiatement subi une
opération chirurgicale ».
La famille d’Abou
Taïma se rappelle de son fils Nabil, le
calme, le gentil, le serviable, dit son
père : « Nabil faisait partie de nous,
je l’aimais beaucoup. Je me rappelle de
lui ; je sens qu’il est toujours parmi
nous, quand je bois du thé, quand je
mange ; on dirait qu’il est toujours
parmi nous ; je ne pourrais jamais
oublier Nabil ».
La mère aussi se
rappelle de son fils : « Nabil était
très mûr pour son âge. Il travaillait
bien à l’école. Ses instituteurs et ses
camarades l’aimaient beaucoup. Ils
viennent nous rendre visite chaque année
lors de la commémoration de son départ.
Nabil aimait les lapins. Nous avions
environ cinquante lapins. Nous les avons
perdus petit à petit. Sans Nabil, nous
n’y étions plus attachés ».
Ses frères Ibrahim et
Abdou Ar-Rahman avaient un lien très
fort avec Nabil, ajoute la mère : « Ils
étaient très tristes de la mort de
Nabil. Ils ont pris une pioche pour
aller creuser sa tombe pour le sortir et
le montrer à un médecin pour le soigner.
J’étais obligé d’amener Ibrahim chez un
médecin psychiatre, voyant qu’il était
toujours choqué pour un long moment ».
Et en ce qui concerne
Khalil, blessé par l’obus sioniste, il
est toujours sous traitement. Il a subi
plusieurs opérations. Et avec
l’organisation des médecins sans
frontières, il a eu le droit à des
séances de rééducation. Plusieurs éclats
restent encore dans ses jambes, sa
poitrine. Il ne peut plus bouger comme
avant.
Khalil ne souffre pas
seulement de ses blessures physiques,
mais également d’un choc psychologique ;
il pense souvent à son frère : « Nous
avions l’habitude d’aller ensemble à
l’école, ou n’importe où. C’est comme si
j’avais perdu une partie de moi-même, de
mon corps, de mon âme ; il est difficile
de continuer ma vie sans cette partie…
Puis je ne peux plus dormir normalement
; dès je que ferme les yeux, le vacarme
d’un missile se précipitant vers moi me
hante ». Sa mère confirme les dires de
son fils, plus encore : « Même les
chants d’oiseaux peuvent le mettre en
état de panique ».
La ferme rasée
Quelques jours après
le drame, les forces sionistes
d'occupation ont rasé la ferme de la
famille Abou Taïma, 700 mètres au loin
de la clôture des frontières. Le père se
rappelle de ces jours où il travaillait
à la ferme : « Dans notre ferme, nous
plantions des courgettes. Et nous y
avions une petite cabane où nous
conservions l’engrais, les outils, la
pompe à eau… Tout a été détruit. Pour
deux ans, nous ne pouvions atteindre
notre terre. Maintenant, on y va, même
si les soldats de l’occupation sioniste
nous tirent dessus ». Il ajoute : « En
tout cas, je n’ai plus le goût de
travailler à la ferme, après avoir perdu
mon fils ».
Le père Mahmoud n’ose
plus compter sur l’avenir : « Tous nos
rêves se brisent sous l’occupation
sioniste. Comment peux-tu parier sur
l’avenir en voyant ton fils que tu mets
monde et à qui tu donnes l’éducation tué
par eux ? Tous tes rêves seront balayés
par les vents. Penser à l’avenir est
désormais impensable ».
Les meurtriers de son
fils devraient être jugés. La famille
Abou Taïma n’y croit pas. Les occupants
sionistes ont tué plus d’enfants
palestiniens, sans mettre la main sur
les assassins. Dans le meilleur des cas,
ils diront qu’ils sont fous.
Notons que le Centre
palestinien des droits de l’homme avait
présenté une plainte aux autorités de
l’occupation sioniste contre ce crime,
en 2009. Mais la plainte reste toujours
lettre morte.
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