Gaza - CPI
L'inquiétude envahit l'esprit des dizaines de
milliers de Palestiniens. Les parents voient les
résultats de leurs enfants de plus en plus en baisse.
Cela se vérifie aussi bien pour les écoles primaires que
pour les collèges de l'UNRWA. Cette inquiétude dépasse
les parents. Les responsables d'éducation, les
directeurs, les instituteurs, tous expriment leur
mécontentement face à ces « résultats catastrophiques ».
Réforme
John Ging, responsable des activités sur le terrain
de l'UNRWA à Gaza, a confirmé, le dimanche 24 février,
la nécessité d'une réforme du programme palestinien des
écoles de son agence pour arriver à de meilleurs
résultats. « Sinon, on va tout droit vers un désordre
total », exprime-t-il.
Il se trouve choqué devant les résultats du mois de
janvier. Les résultats sont le reflet d'un échec
général, notamment dans la langue, les mathématiques,
les sciences !
Occupation, blocus, pauvreté
Plusieurs raisons sont derrière cet échec, dit le
responsable international. La première raison reste
l'occupation israélienne, et suivent le blocus et la
pauvreté qui en résultent. Toutefois, il ne faut pas se
fier à de telles excuses. Il y a d'autres raisons. Il
s'agit de l'UNRWA, de son nouveau programme, de
l'absence de preuves périodiques. A titre d'exemple, il
avait suggéré une preuve dans trente et une écoles. Le
niveau d'échec a dépassé les 76%. L'échec de nos enfants
reflète le nôtre, dit-il. Il faut donc chercher des
solutions pour chaque école, chaque enfant, cas par cas.
Les universités palestiniennes doivent y contribuer, du
moins par leurs conseils.
Un vrai problème
Dr. Youssef Al-Youssef, ministre des affaires
religieuses, croit que l'éducation en général est un
vrai problème. On doit y trouver des solutions
adéquates. L'étudiant, le professeur, le programme,
l'environnement, tous souffrent de l'occupation
israélienne, explique-t-il.
L'organisation des Nations Unies doit assumer son
rôle, en venant en aide au peuple palestinien qui endure
une vie trop difficile, dans tous les domaines. Beaucoup
d'élèves ne peuvent atteindre leurs écoles à cause de
l'occupation et faute de carburant et d'électricité. Le
ministre a alors exhorté l'UNRWA de défier toutes les
difficultés qui entravent l'éducation. En effet,
l'éducation dans les territoires palestiniens a besoin
de vrais efforts internationaux pour éduquer des
générations capables d'assumer leurs responsabilités
envers leur patrie.
Les responsables ?
L'instituteur RQ informe notre Centre Palestinien
d'Information que l'occupation est le premier
responsable de la dégradation catastrophique de
l'éducation. Une dégradation dont l'élève palestinien
est la première victime.
Toutefois, l'agence de l'UNRWA porte une grande part
de cette responsabilité, exprime-t-il. La politique de
réussite automatique en fin d'année y est pour beaucoup.
Cette politique adoptée par les écoles de l'UNRWA crée
des élèves fainéants. Pourquoi travaillent-ils, si la
réussite sera là, en fin de compte ? De plus, toute
sanction est prohibée, ce qui accroît la négligence de
l'élève. Celui-ci va jusqu'à défier son professeur qui
est désormais dans une position trop fragile pour
pouvoir affronter des élèves qui ne craignent rien.
L'institutrice HA se range de l'avis de son collègue.
Elle dit à l'envoyé de notre CPI que la personnalité du
professeur n'est plus imposante devant et l'élève et sa
famille. Devant tout problème, il est menacé d'être le
sujet des plaintes officielles auprès de l'UNRWA. Son
poste est toujours menacé. « Nous préférons alors le
moins de contact possible avec les élèves, filles comme
garçons », ajoute-t-elle. Plusieurs fois, l'élève
agresse un professeur. Et celui-ci n'ose même pas se
défendre. Il craint les décisions abusives de l'agence
de l'UNRWA ! Il peut être licencié, ou du moins être
muté vers un endroit éloigné de son domicile.
Malgré cette atmosphère d'irresponsabilité, l'élève
se trouve face à un programme trop chargé. « Tous nos
efforts n'arrivent pas à améliorer leurs résultats »,
dit-elle.
En plus de ces difficultés, l'agence confit à
l'instituteur des charges administratives. Il doit
désormais avoir un diplôme universitaire. Celui qui n'en
a pas sera muté vers un poste moins important !
« Nous sommes donc obligés de nous engager dans des
cours du soir », ajoute-t-elle. Du temps et des efforts
supplémentaires pris de ceux de l'enseignement.
En fin de compte, c'est l'élève palestinien qui est
la vraie victime. Restera-t-il ainsi, ou la situation
catastrophique de l'éducation trouvera-t-elle des
solutions ? Qui vivra verra !