Centre Palestinien
d'Information
Après
Annapolis, un futur sombre attend la cause palestinienne
Photo CPI
7 décembre
2007
Washington – CPI
Une simple lecture de toutes les déclarations émanant du président
américain Bush, du premier ministre israélien Olmert et du président
de l’autorité palestinienne Abbas, après l’Annapolis, révèle
qu’il y a un duo gagnant et un duo perdant. Le duo gagnant se
compose de l’administration américaine et l’Entité sioniste.
Le duo perdant comporte les Palestiniens et les Arabes. La perte a
largement dépassé toutes les prévisions.
Opération
d’embellissement
Tout simplement, la
rencontre a été organisée pour cacher l’échec des forces et
des politiques américaines en Iraq et en Afghanistan. Une
tentative destinée à dire à l’opinion publique américaine
que sa diplomatie avait réalisé quelque chose, un simple début
de négociations palestino-sionistes, bien que beaucoup d’Américains
voient déjà en ces négociations un échec.
Des analystes sionistes
et occidentaux ne voient en Annapolis qu’une conférence de
relations publiques. La politique avait mis toute sa force pour
que la conférence ait lieu, sans donner le même effort pour le
contenu, ni pour les résultats. En fait, Washington avait voulu
embellir la fin du mandat de Bush sur la scène internationale,
dit Menahem Clayne, professeur à l’université israélienne de
Bar Eylan.
Par ailleurs, les Américains
ont tenté de relier cette conférence d’Annapolis à ce
qu’ils appellent « la guerre contre le terrorisme ».
Une belle parole pour inciter le président palestinien Abbas à démanteler
les « infrastructures du terrorisme », qui veut tout
simplement dire la résistance palestinienne.
Un
pays juif
Beaucoup d’analystes
croient que c’est l’Entité sioniste qui a tiré le plus de
profits de la conférence.
En effet, cette Entité
a pu arracher une reconnaissance qu’elle représente un « pays
national pour tous les Juifs ». Cela non seulement extorque
le droit de six millions de réfugiés palestiniens, mais essaie
aussi de se débarrasser d’un million et demi de personnes
vivant à l’intérieur de la Ligne verte.
De plus, cette Entité
sioniste ne s’est pas engagée à un accord politique traitant
des « affaires essentielles » ; elle a pu pousser
les choses vers un communiqué commun des plus vagues et élastiques.
Bien que Bush ait parlé
de négociations continuelles, il est revenu sur ses paroles et a
dit que le but de la rencontre n’est d’arriver à un accord.
Et le premier ministre israélien Olmert a dit à la chaîne américaine
BBS qu’un calendrier n’est définitif : « Je fait
tout mon effort ».
La
sainte mosquée d’Al-Aqsa
D’un autre côté, le
gouvernement sioniste a pu confirmer son hégémonie sur la sainte
mosquée d’Al-Aqsa. Cette hégémonie n’est pas à discuter,
dit Olmert, rapporte la radio israélienne, le jeudi 29 novembre
2007.
Il y a aussi l’entrée
de plusieurs pays arabes dans le cadre de la normalisation avec
l’Entité sioniste. Leur seule présence est considérée comme
un pas dans le chemin de cette normalisation. D’autre part,
cette présence arabe donnait et à Washington et au gouvernement
de l’occupation l’occasion inespérée de pratiquer toutes les
pressions supplémentaires sur les pays arabes et islamiques pour
qu’ils prennent des mesures concrètes vers cette normalisation.
Le président américain, lui-même, a incité les Arabes à
travailler vers cette normalisation pour montrer qu’ils croient
que l’Entité sioniste est un pays permanent au Moyen-Orient.
En parallèle, Olmert a
supposé que les pays arabes allaient « ouvrir des bureaux
ou des représentations en "Israël", après la conférence
d’Annapolis ». Il a mentionné que parmi les seize pays
arabes participant à cette conférence, dont plus de dix n’ont
pas de relations politiques, pourraient accepter cette idée.
Livni était encore plus
prétentieuse lorsqu’elle a dit que l’importance de la conférence
d’Annapolis réside dans l'étendue de la participation arabe,
non pas dans ce que le premier ministre sioniste offrira.
Normalisation
arabe gratuite
La participation arabe
à cette rencontre représente une normalisation en soi. Mais une
normalisation gratuite, sans aucune contrepartie. Ni la rencontre
de protocole, ni le communiqué commun, ni les discours américains
et sionistes n’ont parlé du Golan occupé ou des territoires
libanais occupés.
L’affaire ne s’arrête
pas là. Les participants américano-sionistes ont exigé la non
intervention des pays arabes dans les négociations entamées
entre les Palestiniens et l’Entité sioniste. C’est Livni, la
ministre israélienne des affaires étrangères, qui a exigé aux
Arabes qu’ils n’interviennent pas dans les discussions entre
l’autorité palestinienne et son gouvernement, en aucun cas.
L’autre signe révélateur
présentant l’ennemi sioniste comme le gagnant est
l’insistance sur l’idée que la sécurité de l’Entité
sioniste reste une priorité et est une partie non négligeable
des négociations. Cette sécurité ne signifie que l’anéantissement
de la résistance.
Et si l’autorité
palestinienne applique ces exigences, elle se tiendra face aux
mouvements de la résistance, en premier lieu devant le mouvement
du Hamas. Cette application donnera une légitimité aux
incursions et invasions sionistes pratiquées contre les
territoires palestiniens denses en habitation, ou contre les
territoires que les Sionistes veulent réoccuper dont les
territoires palestiniens de la bande de Gaza.
Les observateurs s’étonnent
du fait que Mahmoud Abbas a accepté cette mission, tandis que le
défunt président Yasser Arafat n’avait pu appliquer la partie
sécuritaire de la feuille de route, ou du moins, il avait hésité
à l’appliquer, sachant combien cette application est dangereuse
pour la sécurité du peuple palestinien tout entier et pour son
unité.
En fin de compte, les résultats
d’Annapolis mettront les Palestiniens dans un tunnel sombre si
les factions palestiniennes n’y font pas face, si elles ne
s’unissent pas pour mettre en échec toutes ces conspirations.
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