Centre
Palestinien
d'Information
Rapport
La réconciliation, une joie réservée dans la bande de Gaza
Photo: CPI
Mardi 3 mai 2011
Gaza – CPI
Les Gazaouis, les habitants de la bande de
Gaza, ont reçu la nouvelle de la signature de l’accord de
principe d’une réconciliation entre les mouvements du Fatah et
du Hamas, un accord qui tournera la page de cette division qui
déchire tant la scène palestinienne, une division des plus dures
de l’histoire palestinienne.
Le Gazaoui Abdou Ar-Rahman Al-Hindi, 65 ans,
habitant du camp de Khan Younes, confie au correspondant du
Centre Palestinien d’Information (CPI) que cette nouvelle
concernant la réconciliation est une source de joie et
d’inquiétude à la fois. La joie règne parce que le peuple
palestinien a une volonté profonde de voir s’effacer la page de
la division politique qui a petit à petit déchiré la société
palestinienne. L’inquiétude gâche la joie parce que ce n’est pas
gagné d’avance ; le passé a montré que des obstacles pourraient
surgir pour ramener les choses vers la première case, explique
Al-Hindi.
A souligner que Moussa Abou Marzouq,
vice-président du mouvement de la résistance islamique Hamas, et
Azzam Ahmed, président du groupe parlementaire du mouvement du
Fatah, ont signé l’accord de principe sur les cinq affaires
causes de la division entre les deux mouvements. Il s’agit de la
constitution du gouvernement et de ses missions, de la date des
élections et leur tribunal, de la commission sécuritaire, en
plus du sujet de l’OLP et du Conseil Législatif. La signature
définitive devrait avoir lieu ce jeudi, au Caire.
Une
atmosphère positive, mais…
L’étudiant gazaoui Thabet Miqdad montre,
pour sa part, une grande réticence quant à l’atmosphère positive
que les deux mouvements essaient de montrer. Pour lui, ce qui
est important, c’est de mettre en application tout cela.
Miqdad dit au correspondant du Centre
Palestinien d’Information (CPI) qu’ils n’ont signé qu’un accord
sur les points généraux : « Espérons que la réconciliation sera
bâtie sur des fondations solides. »
Selon ce nouvel accord, des rencontres
seraient organisées pour se mettre d’accord sur le prochain
premier ministre et sur les membres de son cabinet. L’envoyé de
notre Centre Palestinien d’Information (CPI) a noté que ces
personnes seraient choisies parmi les technocrates qui
pourraient représenter toutes les factions palestiniennes, selon
leurs proportions au Conseil Législatif Palestinien. Ce conseil
reprendrait son travail jusqu’à l’élection d’un nouveau conseil,
dans un an.
Facteurs pour une réconciliation
Ahmed Hamad, activiste du mouvement du
Hamas, croit que ce que vient de se réaliser devrait rendre
notre peuple palestinien joyeux : « Nous espérons que les
affaires bien se poursuivre jusqu’à ce que la réconciliation se
concrétise réellement sur le terrain ». Il y a beaucoup de
facteurs qui poussent les affaires vers la réconciliation. Tout
d’abord, le pari de Mahmoud Abbas sur les Etats-Unis est tombé à
l’eau. Puis il y a ces révolutions arabes. Il ne faut cependant
oublier « qu’il y a beaucoup d’obstacles qui pourraient mettre
en échec cet accord », ajoute-t-il.
Ces appréhensions viennent par exemple de
cette injonction faite de Benyamin Netanyahu, le premier
ministre israélien, à Mahmoud Abbas, lui imposant de faire le
choix entre la paix et le Hamas. Il y a aussi ces menaces
américaines de couper court au financement de l’autorité
palestinienne si elle continue dans le chemin de la
réconciliation avec le Hamas.
Il est important de ne pas oublier qu’une
des plus importantes causes du conflit interne palestinien reste
les résultats des élections palestiniennes gagnées par le
Hamas ; les résultats de ces élections bien connues pour leur
transparence et leur impartialité n’étaient pas au goût des
Israéliens et de certaines forces internationales. Le conflit a
commencé dès lors que le mouvement du Fatah a cédé aux pressions
israéliennes et internationales et a refusé d’accepter ces
résultats.
Questions des plus légitimes
Le Gazaoui Abdou Al-Khaleq Hamid, 43 ans, a
lui aussi beaucoup d’appréhensions. Il pose beaucoup de
questions. Le mouvement du Fatah accepterait effectivement la
réconciliation ? Si oui, sur quelle base ? La coordination
sécuritaire avec les occupants israéliens s’arrêterait ? Les
appareils de sécurité de la Cisjordanie seraient-ils prêts à
l’arrêter ? Accepteraient-ils l’arrêt du financement
international ? Que serait l’avenir de toutes ces associations
fermées, des fonctionnaires licenciés ?
Toutefois, en dépit de toutes ces questions,
Hamid se veut rassurant en disant que tout est possible si
l’intention est véridique : « Il nous suffit de nous libérer de
ces pressions américaines et sionistes ».
Amer Badran, 21 ans, est pessimiste. La
réconciliation n’est pas du tout au goût des occupants
israéliens qui feront tout pour la mettre en échec.
Finalement, beaucoup d’habitants de la bande
de Gaza espèrent que la réconciliation se concrétise afin de
voir le peuple palestinien réuni face à l’occupation. L’union
est la base de la liberté et de l’indépendance.
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