Gaza
L'hiver à Gaza
Ziad Medoukh
Ziad Medoukh
Mercredi 1er décembre 2010
L’hiver à Gaza
N’est pas l’hiver d’ailleurs,
C’est un hiver très doux,
Un hiver sans orage ni vent,
Un hiver aux rares pluies
Un hiver plein d’étoiles.
L’hiver à Gaza est si particulier
Que même la poésie la plus colorée
Ne pourrait décrire,
Cet hiver gazaoui,
Cet hiver ensoleillé !
Pendant l’hiver, à Gaza
A l’horizon, peu de nuages
Et dans le ciel, l’ombre chuchote
Aucun arbre n’est coiffé de blanc.
En hiver, à Gaza
Le soleil est ardent.
Il est magnifique l’hiver à Gaza !
Les arbres fruitiers
Sont couronnés de mille fleurs.
L’olivier se prépare à donner
Les fruits de l’automne suivant.
A Gaza, l’hiver est un printemps.
A Gaza, l’hiver semble s’éterniser.
Les soirées sont longues
Sans lumière sans électricité.
Seules les étoiles tentent
De briser l’obscurité
De ce morceau de terre enfermé,
Soumis aux atroces mesures
D’une occupation qui aime les ténèbres
Et déteste la clarté.
L’hiver à Gaza serait l’occasion rêvée
De
mettre fin à l’assassinat du ciel,
De mettre fin au vrombissement des avions,
Ces engins qui sèment la terreur et la mort,
Ces machines qui éparpillent dans le ciel
Des cadavres d’oiseaux.
Les cerfs-volants n’y peuvent plus danser.
En hiver, les femmes de Gaza
Brodent les robes traditionnelles
Pour les mariages de l’été.
En cette Palestine
Qui vit de l’espérance,
Elles préparent pour la
famille
La
tisane aux multiples arômes
Et
le thé à la sauge.
En hiver, une pauvre pluie
Arrose les oliviers, les orangeraies
Et les feuilles desséchées de nos arbres si beaux.
Elle estompe les ruines et les décombres
Des maisons détruites en plein hiver
Par les missiles et par les bulldozers
Des soldats de l’armée de l’occupant.
Gaza la prisonnière, comme
L’oiseau en cage,
Se souvient d’un autre hiver peu pluvieux,
C’était
en 2008 !
Quand la guerre a commencé,
C’était le début de l’hiver !
Mais la guerre ignore les saisons.
Les combats faisaient rage
Les bombes au phosphore blanc illuminaient le ciel
Et les missiles s’enfonçaient dans les champs d’herbe verte.
Lors de ce dramatique hiver
Une nappe de brouillard s’étendait
Sur
le nord de Gaza
Et le vent soufflait vers le sud
Quand une pluie de feu
S’abattit
sur la colline de Jabalya
Rayant de la carte
Un village nommé
Ezbat Abd Rabou.
Lors de cet hiver meurtrier,
L’oiseau ne chantait plus,
L’hirondelle ne volait plus
Et sur les troncs calcinés,
La pluie a fait place aux bombes.
Les pilonnages rendaient fou
La peur étreignait le cœur de nos enfants.
En chaque début d’hiver,
Confronté à sa réalité de prisonnier
Et à ses souvenirs douloureux
Chaque Gazaoui
s’interroge :
Quand la pluie reviendra-t-elle ?
Quand aurons-nous un hiver
Comme les autres hivers ?
Quand retrouverons-nous la liberté ?
Quand retrouverons-nous la paix ?
Quand ?
Quand ?...
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