Par Fériel Berraies Guigny
Note
de lecture
Bouts Lambeaux
Richard Bohringer
Les Editions Arthaud
Date
de parution : 2008
Richard
Bohringer, avec Bouts Lambeaux nous livre des éclats de vie dans
l’émotion de l’instantané, un retour vers le passé et les
souvenirs qui ont constitué l’essentiel d’un parcours bien
tourmenté et riche en émotions. De Saint Germain des Prés à
Saint-Louis du Sénégal, il nous fait partager les choses qui ont
compté et déchanté dans sa vie. Des bouts de vie usés, fanés
par le passage du temps et des épreuves qui nous révèlent un
homme lucide, cynique parfois dans sa vision des rapports avec
l’autre, un homme qui a parfois perdu ses illusions. Bohringer a
grandi de ses peines et il regarde aujourd’hui sa vie pour mieux
la comprendre.
Une
mise à nu sans fioritures ni désir de séduire par le verbe, se
révéler tel qu’il est, nu face à lui-même, il ne saurait se
mentir. Et pourtant, l’heure est venue d’exorciser le sens des
choses.
Réunissant
des textes, des images, des croquis, des dessins, de brefs
instants où la pensée de l’homme se dérobe parfois à la
raison, il nous conte cette lente descente aux enfers d’être
dans la différence. Les paroles sont tourmentées, pleines de
sens, irréalistes mais pourtant poignantes. Le verbe est cru et
sans détour quand il dépeint les turpitudes de l’humain et le
mal d’être et d’amour « Alors j’ai vécu ma tourmente… »
P 8
Bohringer
l’incassable est si proche de la fêlure, mais il a du composer
avec la vie « J’ai muté. Il fallait bien pourtant vivre dans
la multitude de l’humain »
Spectateur
de cette farce humaine et du jeu incessant des pouvoirs sur
l’autre « Les humains ont cette chose en commun. Le meurtre de
l’autre » alors pour survivre à cette marée humaine,
Bohringer se réfugie dans l’écriture. Pour ne pas brûler, lui
qui a brûlé sa vie « T’as cramé, tas cramé… »
Existentialisme,
et introspection sont au rendez-vous pour un homme face à
l’intelligence de ses failles « Il était une fois avant
d’avoir traversé le miroir » résigné à la vie « …
j’étais une vie balafrée, qu’un putain d’artiste
combattant » qui n’en oublie pas pour autant les rares
cadeaux de la vie, être père, faire un beau film, aimer, autant
de moments fugaces mais intemporels dans la mémoire.
Car
Bohringer l’indomptable a trouvé sa voie « Ecrire à l
‘instinct, déchirer l’avenir ne vivre qu’avec le présent »
pour mieux donner un sens à une vie et à un talent qui l’étouffe
parfois, pour mieux saisir l’insaisissable et accepter
l’improbable.
Fiche Technique :
Richard
Bohringer
« Bouts
Lambeaux » aux Editions
Arthaud, ( Mis
en vente le 15 mai 2008)
LE LIVRE
: « Je voulais les débuts de la vie avec les mots le début
des mots dans ma vie j’avais vingt ans je voulais écrire le plus
beau des poèmes. Rimbaud avait déjà fait le boulot. Alors j’ai
fracassé la vie. Je voulais le jus. Le jus divin. Celui qui donne
des ailes aux mots. Jamais découragé. C’est trop beau les
mots. C’est trop fou. Les années ont passé. J’ai vécu l’attente
du génie. Jamais venu. Juste une fleur a poussé en moi. J’ai pris
la fleur et voilà tout. Il y avait tellement de monde en moi, d’humain
croisé, raté parce que c’était pas le jour et tu te rajoutes
une gamelle en te disant que tu t’étais levé con et qu’il y
avait de fortes chances que tu te recouches aussi con.
Je voulais faire ce film aussi. Des jours je voulais
fort et d’autres un peu moins. C’est Denis mon pote, celui qui
jouait au rugby. Qui jouait bien même très bien, c’est lui c’est
de sa faute et de la merveilleuse foi du groupe Aventures pour son
incroyable énergie et amour que ce putain de film existe. Alors chaque
jour avec des bouts de papier des bouts-bouts de mémoire des acteurs
oh Dieu combien habités — pas de petits, que des humains brûlants.
Et puis la lumière si belle par instant. Chef Dominique merci. Merci
la vie. Tous les jours construire se laisser instruire par
l’inspiration. Faire un joli film. Et se faire détruire dans les
couloirs par des spadassins du royaume des ignares »
Crédits :
Article de presse
Courtesy of F.B.G Communication
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Publié le 5 mai 2008 avec l'aimable autorisation de Fériel
Berraies Guigny
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