Lettre de Syrie
La vie de la communauté et la libération
d’Alep
Père Daniel Maes
©
Monastère Saint Jacques le Mutilé, à Qâra
Mercredi 21 décembre 206
Chers Amis,
La libération d’Alep
s’accompagne de tant de souffrances. De
plus l’EI, avec l’aide de la coalition
internationale dirigée par les USA, a
une fois de plus tiré abusivement parti
de la “trêve humanitaire” pour attaquer
par surprise Palmyre et s’emparer à
nouveau de la ville. Il est certain que
dans l’avenir proche, l’armée syrienne
la reprendra. Hélas, bien qu’il échouera,
l’Occident s’acharnera jusqu’au dernier
moment à tenter de soumettre la Syrie.
Quoi qu’il en soit, la libération d’Alep
marque un tournant irréversible en vue
de la libération du pays. Peut-être
aurons-nous plus tard une vision claire
de tout ce qui s’est passé. Il
semblerait aussi que des officiers de
l’OTAN retranchés à Alep dans des
bunkers aient été arrêtés. Que
faisaient-ils là?
Cordialement,
P. Daniel
XI/50
Vendredi 16
décembre 2016
LA VIE DE LA
COMMUNAUTE
Plaisirs d’hiver
Nos trois Nigérians
trouvent déjà qu’il fait froid quand le
mercure descend sous les 10°. Maintenant
il gèle, la température est tombée à
-10°. Mercredi, un tourbillon de neige
est venu couvrir tout le terrain d’un
tapis blanc. Ils n’avaient encore jamais
vu cela. Ils se précipitèrent dehors,
sautant et dansant dans la neige. Leur
plaisir n’en finissait pas. Un large
sourire aux lèvres, ils sont rentrés
tout couverts de neige. Personne ne se
plaignait du froid glacial.
Chaque semaine, les
frères ont la tâche de jouer un
après-midi pendant quelques heures avec
les 5 ou 7 enfants. Et ils s’y montrent
généralement très créatifs. Mais cette
fois, ce ne furent que batailles de
neige. Entretemps, 2 frères s’étaient
chargés de scier du bois pour le poêle
installé dans notre réfectoire. Celui-ci
procure instantanément une atmosphère
douillette de cocon tout chaud. Car
souvent encore, il y a le soir pendant
plusieurs heures des coupures
d’électricité. Quand bien même un
thermostat serait beaucoup plus facile,
nous ne pourrions jouir d’un chauffage
central. Et d’ailleurs ce n’est pas la
vie, ça. La vie est comme un feu de bois
qu’il faut toujours entretenir pour
qu’il continue à brûler. Au cours de
l’été 2013, nous nous étions préparé une
belle provision de bois. Les combats ont
alors éclaté alentour et dans le
monastère. Tous surent très vite où
trouver du bois, et au bout de quelques
semaines il n’en resta plus. Nous avons
essayé de colmater aussi bien que
possible les trous dans le grand
bâtiment neuf, mais nous constatons à
présent qu’il neige à l’intérieur en au
moins 10 endroits encore.
L’atelier de couture
Depuis un certain temps
déjà, l’une des soeurs se rend chaque
jour au village de Qâra, à 3km d’ici.
Elle y a monté avec 10 femmes
enthousiastes un atelier de couture.
Elles confectionnent de petits vêtements
d’enfants originaux, qu’elles vendent
ensuite à l’étranger. Nous espérons
pouvoir un jour en présenter quelques
modèles en Belgique.
Une pépinière de
champignons
Sous le réfectoire se
trouvent plusieurs grottes, qui en 2013
nous servirent d’abris pendant les
bombardements. Actuellement, nous y
cultivons avec succès des champignons.
Cette semaine, lors d’une célébration
eucharistique, une caisse remplie de
tout beaux champignons fut placée près
de l’autel pour que soit béni le fruit
de cette première récolte.
DANSES DE JOIE POUR
LA LIBERATION D’ALEP
J’avais 7 ans lorsque
prit fin la seconde guerre mondiale, et
j’ai encore quelques souvenirs du moment
du cessez-le-feu. Les gens sortaient
dans la rue, s’embrassaient et dansaient.
Il y avait aussi de petits tanks (canadiens?),
en haut desquels en tapant sur une fine
rainure nous faisions tomber les barres
de chocolat qui s’y trouvaient disposées.
Nous courrions d’un tank à l’autre pour
recevoir ainsi chacun une barre de
chocolat des soldats.
Ces images me reviennent
en entendant et voyant la libération
d’Alep. Depuis lundi soir, la population
vit là-bas une explosion de joie. C’en
est fini pour elle du règne des
terroristes, qui font payer très cher la
moindre nourriture, torturent les gens,
ou séquestrent et abattent ceux qui
tentent de fuir via les corridors
humanitaires mis en place par la Syrie
et la Russie. C’en est fini des
massacres et des destructions - pour
autant qu’il y restât encore quelque
chose à détruire. Le gouverneur d’Alep,
Hussein Diab, a quant à lui inauguré ce
mercredi un monument en hommage aux deux
doctoresses russes lâchement tuées lors
de l’attaque du lundi 5 décembre contre
leur hôpital mobile qui venait à peine
d’être installé. Nous savons désormais
aussi que l’information précise
concernant cet hôpital fut fournie aux
djihadistes par LandCom, le centre de
l’OTAN à Izmir (Turquie).
Le message aux pays
occidentaux qui continuent de soutenir
ces terroristes est clair: vos “bloody
games” ici sont terminés! Alors que le
peuple syrien éprouve une joie immense,
il s’agit pour eux d’une déconvenue
cauchemardesque. Que la Syrie soit
finalement parvenue avec ses alliés à
délivrer la population des griffes des
terroristes, cela ne viendra à la bouche
d’aucun chef d’Etat occidental. Que la
population cherche protection
massivement et avec gratitude auprès de
l’armée syrienne, les politiciens
occidentaux ne veulent pas l’entendre.
Alep qui, après Damas puis Homs, devait
devenir la capitale de la révolution, en
est devenue le cimetière. Quand bien
même la ville offre la vision désolante
d’une destruction presque totale avec
des milliers de morts, cette libération
finale apporte de la joie. Et voyez la
réaction de l’Occident: un “bourgmestre”
d’Alep et le chef du Pentagone Ashton
Carter en tournée, la prise de Palmyre
par l’EI, le tout couronné par un
monceau de mensonges jetés en pâture par
les médias pour alimenter la haine et la
propagande de guerre.
UN BOURGMESTRE DE
PERSONNE ET DE NULLE PART
Avant même la libération
finale d’Alep, Brita Hagi Hassan fut
reçu avec la plus grande solennité en
France, en Suisse et au Canada
en tant que “bourgmestre”. La
France et l’Arabie saoudite (les “championnes”
de la démocratie, bombardant un peuple
qui ne leur a jamais rien fait!) sont
les deux seuls pays qui
jusqu’aujourd’hui persistent avec
entêtement à prôner le départ d’Assad.
Ce Brita Hagi Hassan ne parle pas
d’Alep-Est comme ayant été occupée par
des rebelles, non, il dit qu’Alep-Est
avait été déjà en partie “libérée”. Il
lance maintenant un appel solennel à la
communauté internationale en faveur d’un
cessez-le-feu général, d’un gouvernement
de transition avec les pleins pouvoirs
et de corridors humanitaires, afin qu’un
jour Alep tout entière soit “libérée”.
Entendez bien: par les terroristes. Il
faudrait donc que le calme revienne pour
que ceux-ci puissent se regrouper,
tandis que l’Occident livrerait de
nouveaux effectifs et armements via les
corridors humanitaires qui permettraient
de réapprovisionner les terroristes en
toute sécurité. L’ONU, John
Kerry et la communauté internationale
devraient lancer au monde des appels
pathétiques pour empêcher soit-disant la
destruction totale d’Alep (comprenez:
par l’armée syrienne et les Russes). Et
voilà Brita Hagi
Hassan invité le plus
naturellement du monde par D. Tusk,
président du Conseil européen, à venir y
servir sa propagande. Qui est cet homme?
Il serait un “haut représentant” de
l’opposition syrienne - qui du reste n’a
été choisi ni voulu par personne au sein
de la population -, soudain sorti tel un
lapin du chapeau des magiciens de la
scène mondiale pour détourner
l’attention de la véritable libération
d’Alep et faire en sorte que la guerre
se poursuive. Et l’on comprend ainsi
pourquoi nos médias, eux non plus, ne
parlent pas de la « libération » mais
du « siège » d’Alep, ce qui est une
façon claire de signifier de quel bord
ils sont !
L’EI CONQUIERT A NOUVEAU
PALMYRE
En mai 2015, l’EI prit Palmyre et
détruisit plusieurs joyaux du patrimoine
mondial tels que la Nécropole, l’Arc de
Triomphe ainsi que les temples de Baal Shamin et Bel. Le but étant d’anéantir
l’identité d’un peuple. L’armée
syrienne, avec l’aide des Russes, a
libéré Palmyre en mars 2016. En mai, le
Russe Valery Gergiev y dirigea un
concert inoubliable. Lundi dernier, plus
de 4.000 djihadistes ont repris Palmyre
à la suite d’une attaque surprise,
pendant que l’Armée syrienne était
entièrement mobilisée par la libération
d’Alep. Les Syriens ont peut-être manqué
de vigilance ou commis des erreurs
tactiques, ou peut-être ont-ils trop peu
tenu compte du fait que chaque « trêve
humanitaire » est utilisée par les
terroristes pour commettre de nouvelles
attaques. Selon Sabbah Zanganeh,
analyste politique auprès de
l’Organisation de la coopération
islamique, il est
impossible qu’autant de terroristes se
soient rassemblés de Mossoul, d’Alep et
d’ailleurs sans la collaboration de la
Turquie, de l’Arabie Saoudite, du Qatar
et des USA, de même que sans les
directives explicites des USA. Quoi
qu’il en soit, depuis le début la
coalition internationale sous la
conduite des USA fait en sorte que l’EI
ne soit pas combattu mais piloté d’un
endroit à l’autre. 80 % de la population
de Palmyre ont pu être évacués à temps.
En même temps qu’un bon coup de
propagande pour le compte de l’EI,
l’Occident offre donc à celui-ci son
soutien moral. Affaiblissant constamment
la Syrie, tout en agressant la Russie.
Il ne fait aucun doute que la Syrie va
reconquérir Palmyre, mais entretemps
toutefois la guerre et la misère se
prolongent. Il n’est pas anodin que le
chef du Pentagone, Ashton Carter, ait
entrepris son tour du monde juste à ce
moment-là, peu avant la présidence de
Trump et à l’instant où Obama levait les
limitations de livraison d’armes aux
« rebelles » soutenus en Syrie par les
USA. Carter s’est rendu entre autres au
Japon, qui chaque année entretient pour
1,6 milliard de dollars les 50.000
militaires américains stationnés sur son
territoire; ensuite en Inde (pour
affaiblir les BRICS ?), puis au Bahrein
qui prend soin de 58.000 soldats
américains, dont 5.000 pour l’Irak et la
Syrie. Chemin faisant, il attaqua
durement la Russie qui selon lui ne
combat absolument pas l’EI, tandis que
les USA le font visiblement !? Et le 11
décembre il se trouvait « par hasard »
en Irak, alors que l’EI quittait Mossoul
pour Palmyre.
UN INEPUISABLE FLOT DE
MENSONGES
Tous les médias occidentaux font
de leur mieux pour se surpasser les uns
les autres dans la production de
mensonges sur Alep, suivant le principe:
« mentez, mentez, il en restera toujours
quelque chose ». Et l’on prétend, sur
base de rumeurs ou d’après l’Observatoire
Syrien pour les Droits de l’Homme,
que les troupes gouvernementales
auraient pénétré dans les maisons des
citoyens pour les tuer de sang-froid.
Bien qu’aucune
confirmation n’ait pu le certifier, des
civils innocents, dont des femmes et des
enfants, auraient été massacrés. Ainsi
veulent le voir les médias occidentaux
pour justifier la poursuite de la
destruction de ce pays. D’Alep où il
vit, le Dr. Nabil Antaki nous livre son
analyse: « Où est la vérité ?
Certainement pas chez les journalistes
et les médias, mais bien chez les gens
qui vivent sur place » (http://www.mondialisation.ca/alep-ou-est-la-verite/5562321).
Si vous avez suffisamment de patience et
de temps, vous pouvez lire en détails
comment travaille en réalité la machine
à mensonges française:
Mouna Alno-Nakal,
Alep ou la conscience
humanitaire exploitée à des fins
militaires (http://www.mondialisation.ca/alep-ou-la-conscience-humanitaire-exploitee-a-des-fins-militaires/5561921).
Le Père jésuite Zihad Hilal se plaint
également de mensonges qui n’ont pour
but que d’attiser la haine, alors que
c’est avant tout de réconciliation que
l’on a besoin maintenant. Oui, notre VRT
y va de sa propre inventivité et parle
de crimes de « groupes rebelles pro
régime ». Est-il donc concevable que ce
soient de loyaux citoyens qui massacrent
le pays ? Pour se donner raison, elle
affirme en outre que l’Armée s’est
divisée en différents groupes
combattants. Alors que l’unité et la
détermination de l’Armée, soutenue par
la population, constituent précisément
la force de la Syrie. Et la VRT
d’ajouter encore que la révolte est née
en Syrie d’une population pacifique qui
revendiquait uniquement la liberté,
négligeant le fait que le groupe Ahrar
al-Sham fut fondé pour susciter par la
violence le « printemps syrien ».
La libération d’Alep donnera sans
doute encore lieu à des meurtres et à
des destructions. Les terroristes ont
ainsi tenté de détruire leurs dépôts et
leurs provisions pour brouiller les
traces de leurs maîtres. Ce sont en
définitive les grands pôles médiatiques
qui alimentent le flot de mensonges
auxquels viennent s’accrocher maintes
affabulations. Eva Barlett, une
journaliste canadienne freelance,
prenait part vendredi dernier à une
conférence de presse de l’ONU. Il lui a
suffi de 2 minutes pour remettre à leur
place tous les médias officiels. Ayant
qualifié de non fiables l’Observatoire
Syrien pour les Droits de l’Homme
et les Casques
Blancs, elle demande:
« Comment pouvez-vous maintenir que
l’Armée syrienne attaque des civils et
des hôpitaux à Alep, alors que chaque
personne sortant libre des territoires
occupés par les terroristes raconte le
contraire ? »
Personne ne put lui répondre (https://sputniknews.com/middleeast/201612111048424532-eva-bartlett-press-conference-syria/).
AUTODEFENSE… “POUR UNE FOIS”
Merci pour les encouragements que
je reçois régulièrement de personnes
conscientes du fait que lutter pour la
vérité est un combat pour la vie et le
maintien non seulement des Chrétiens,
mais des peuples du Moyen-Orient. Cette
semaine, par ailleurs, j’ai reçu une
réaction inhabituellement forte. Parce
qu’il y a peut-être encore des personnes
aux prises avec de tels sentiments, j’ai
tenu à reproduire ici ma réponse.
« Merci de tout cœur de prier pour
moi. Je peux tout à fait comprendre
votre réaction très violente à mes
courriers. Ceux-ci sont à l’exact opposé
des informations que vous pouvez lire
dans les médias et découvrir aux
journaux télévisés. Il y a 5 ans, je
recevais parfois aussi de telles
réactions. Depuis, la plupart de mes
lecteurs ont compris qu’en Occident
toute l’information sur la Syrie ne
constitue qu’un seul et vaste mensonge,
une énorme manipulation pour continuer à
faire tourner l’industrie de l’armement
et la machine de guerre, et offrir aux
Pouvoirs la chance de contrôler la Syrie
et le Moyen-Orient en mettant le grappin
sur les richesses du sous-sol. C’est
dommage que vous n’ayez pas encore
réalisé cela, bien que je l’aie déjà
souvent montré. Vous trouverez dans mes
courriers toutes les réponses à vos
imputations. Je souhaite relever ici
pour vous aider un seul point. Vous
m’écrivez à vrai dire au départ d’un
lieu sécurisé et confortable, alors que
depuis 6 ans déjà je me trouve ici au
cœur de la guerre, ce qui fait toute la
différence entre un doux fantasme et une
dure réalité. Le Président syrien,
dites-vous, est un criminel de masse,
qui martyrise à mort son propre peuple,
largue sur lui des barils d’explosifs,
bombarde les hôpitaux avec l’Armée
syrienne et les Russes, etc. En partant
de la réalité, je vais vous poser
quelques questions qui peuvent vous
amener sur la bonne piste. Bachar al-Assad
était un tranquille ophtalmologue à
Londres, jusqu’à ce que son frère décède
dans un accident de voiture et qu’il
doive reprendre la présidence syrienne.
Personne ne le connaissait. Il veilla
entre autres à développer des
universités et des hôpitaux libres (même
moi aujourd’hui, bien qu’appartenant à
une communauté religieuse en Syrie, j’ai
accès aux infrastructures
gouvernementales - pour autant qu’elles
soient toujours en état !). Dans cette
guerre atroce, il veille à ce que le
prix du pain reste très bas. Comment se
fait-il qu’une telle personne puisse
soudain apparaître comme l’assassin de
son peuple ? Et comment se fait-il que
les Syriens eux-mêmes n’en savent rien ?
Presque chaque famille déplore un ou
plusieurs morts en raison de cette
horrible guerre. Se pourrait-il vraiment
qu’elles ne sachent pas par qui et pour
quoi leurs enfants furent tués ?
Pensez-vous sérieusement qu’elles
doivent recevoir l’information sur ce
qu’il se passe ici de
l’Observatoire Syrien pour les Droits de
l’Homme basé à Londres,
fonctionnant à partir d’une seule
personne s’appuyant sur les
terroristes ? Je pense que plus de
100.000 soldats ont été tués. A deux
reprises, j’ai assisté à une célébration
du peuple en hommage à ses « martyrs ».
Dans de tels moments, ressentant la
peine profonde de l’assemblée, vous
percevez toute la fierté et l’héroïsme
d’un peuple, l’unité et le sacrifice de
l’Armée syrienne (tellement sous-payée
en comparaison des terroristes !).
Comment expliquer que le peuple, à
une immense majorité, ait récemment
choisi Bachar al-Assad comme président ?
Les Syriens réfugiés à l’étranger l’ont
élu massivement aussi, du moins dans les
pays où ils purent voter (un droit
démocratique que le « régime » belge
n’accorda pas !). Connaissez-vous un
chef d’état occidental qui soit porté
par d’aussi larges franges de la
population ? Je n’ai encore jamais vu
non plus un chef d’état occidental
accueilli si chaleureusement lors d’une
visite après un attentat. De vieilles
dames l’étreignent avec enthousiasme.
Pas un seul militaire proche de lui pour
le protéger (au-delà oui, bien sûr).
Dites-vous bien d’autre part qu’il
n’existe pas de gouvernements, ni de
chefs d’état parfaits.
Comment comprendre qu’ici en Syrie
s’affichent surtout les photos de deux
personnes ? Vous voyez sur drapeaux et
maisons Bachar al-Assad et Poutine,
honorés comme les protecteurs et les
sauveurs du peuple !
Comment expliquer qu’il y ait en
Syrie une telle unité entre la
population, l’armée, le gouvernement et
le Président ? C’est ce qui fait
d’ailleurs que le pays puisse résister à
cette moitié du monde qui vient ici le
bombarder illégalement. Comment
expliquer enfin qu’une armée qui se
compose de plus de 70 % de sunnites
soutienne à ce point son Président, qui
n’est de fait qu’un alaouite ? Comment
un homme qui serait un affreux dictateur
envers son peuple pourrait-il, dans un
pays complètement envahi de terroristes,
rester plus de deux semaines en vie ? Si
la moindre chose de ce que vous écrivez
était vraie, tout ceci serait simplement
impossible. Je préférerais que nous
puissions un jour échanger nos idées
autour d’une bonne tasse de café, mais
cela n’est hélas pas (encore) possible.
En attendant, je vous demande de
réfléchir sérieusement et de prendre du
recul face au lavage de cerveau que
l’Occident exerce sur vous
quotidiennement. De sorte que vous
puissiez arrêter de soutenir les
massacres et les destructions de la
terre et du peuple syriens par
l’Occident. Sachez que vous aussi en
tant que Chrétien avez une
responsabilité. Vous ne pouvez pas
continuer à hurler dans le bois avec les
loups. Vous avez le devoir de servir la
vérité et de vous tenir aux côtés des
victimes innocentes, comme nous essayons
ici de le faire. Car ce sont finalement
les mensonges qui font durer le calvaire
tragique du peuple syrien. Si vous
posiez la question aujourd’hui aux
milliers de civils sauvés à Alep, ils
vous diraient exactement le contraire de
tout ce que vous avez jusqu’ici lu et
entendu. Le choix vous incombe. Selon ce
que vous penserez et direz, soit vous
continuerez à soutenir les criminels,
soit vous rallierez résolument le camp
des victimes innocentes et serez alors
traité par les « politiquement
corrects » de la même manière que je le
suis par vous aujourd’hui.
Ceci encore pour conclure. Ce
lundi 12 décembre 2016, le Pape François
a écrit une lettre de sympathie et de
soutien au Président Bachar al-Assad.
Laquelle lui fut remise par le Nonce
Apostolique Mario Zenari, devenu
cardinal entretemps. Avez-vous
connaissance qu’un pape ait jamais
envoyé à Staline ou Hitler pareil
témoignage ?
Merci de vos prières pour moi et
pour nous. Moi aussi je veux vous
inclure avec les vôtres dans ma prière.
Cordialement.
P. Daniel”
Lettre (16 décembre) du Père Daniel
Maes, du monastère Saint Jacques le
Mutilé, à
Qâra (https://www.maryakub.net/français/
). Lettre traduite du flamand par des
militantes belges du Comité de
surveillance Otan, à Bruxelles.
Le
dossier Syrie
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