Collectif pour la Syrie
Lettre ouverte aux Médias, aux Elus et
aux Candidats à la Présidence de la
République Française
Paris, le 21 mars
2012
Mesdames et
Messieurs,
Nous sommes des
citoyens majoritairement syriens,
français et/ou franco-syriens de
culture, de religion, de profession et
de sensibilités multiples. Le collectif
qui nous unit a pour objectif de
rassembler nos forces et convictions
pour la défense de la Syrie et de son
peuple, de son histoire, et de sa
générosité, tout en conservant l'amour
que nous portons pour la France, sa
grandeur, et les valeurs que cette
patrie - d'adoption pour un grand nombre
de signataires - porte en elle en termes
d'humanisme, d'universalisme, de
liberté, et de démocratie.
Pas un jour ne passe
sans informations sur la Syrie. Mais
quelles informations ? Les médias
internationaux "mainstream" font-ils
réellement leur travail en ne livrant
qu’une seule version des événements
alimentée par « l’observatoire syrien
des droits de l’homme, (OSDH) » géré par
un seul homme qui compile à l’étranger
des vidéos qui lui seraient adressées de
Syrie.
Ces informations de
l’OSDH sont couplées avec les annonces
de l’opposition syrienne en exil, les
déclarations de la Ligue Arabe et sont
reprises sans aucune vérification par
les Chancelleries Occidentales.
Traitement univoque
et toujours émotionnel de l’information
qui a trouvé son épiphénomène avec le
drame de Homs, en ignorant toute
considération géopolitique pourtant très
éclairante.
Des membres de la
coordination du Collectif ont effectué
plusieurs séjours en Syrie :
-
du 17 au 24
janvier 2011,
-
du 8 au 15 mars
2011,
-
du 1er au 4 avril
2011,
-
du 23 avril au 7
mai 2011,
-
du 12 au 19 mai
2011,
-
du 10 au 17
juillet 2011,
-
du 20 au 27
septembre 2011,
-
du 29 octobre au 8
novembre 2011,
-
du 15 au 22
novembre 2011,
-
du 21 au 28
décembre 2011,
-
du 14 janvier au 4
février 2012,
-
du 18 au 28
février 2012.
Ils reviennent après
s’être entretenus avec de très nombreux
interlocuteurs de toutes tendances et
après avoir effectué plusieurs
déplacements dans le pays.
Nous sommes toujours
frappés par le grand écart entre la
réalité sur le terrain en Syrie et la
version officielle et/ou gouvernementale
transmise en France de façon
monolithique.
La situation est
d’une extrême gravité mais ne justifie
pas une couverture des événements
décalée par rapport à la réalité de
ceux-ci.
Soucieux de la paix
et de la stabilité dans cette région du
monde, nous avons également pleinement
conscience de la vocation de la France
dans cette région, plus particulièrement
avec la Syrie où elle se doit de
maintenir sa place.
Le problème majeur
auquel nous sommes confrontés est
l’attitude autistique des médias en
France qui ne diffusent qu'un seul point
de vue, quotidiennement, avec
acharnement, sans mesure, sans nuance.
La question de la
finalité de ce type d’information se
pose.
Il n'est pas
concevable de diffuser la même version
des faits non vérifiable, commentée
souvent par de faux spécialistes et
documentée par de fausses images.
Ce ne sont pas les
exemples qui manquent. Une des questions
qui s’impose est donc celle de la
désinformation. Comment expliquer une
telle différence entre la réalité du
terrain et les propos tenus dans nos
journaux et sur nos petits écrans, qui
donnent de la Syrie l’image d’un pays à
feu et à sang, où la répression aurait
fait plus de huit mille morts (un nombre
de plus en plus souvent avancé sans
emploi du mode conditionnel) ? Pour
l’essentiel, une réponse : l’OSDH ;
l’Observatoire Syrien des Droits de
l’Homme (ou, plus exactement, « les »
OSDH), la source quasiment unique des
médias occidentaux, presque
systématiquement mentionnée dans tous
les articles de journaux et reportages
télévisés.
En juillet 2011 déjà, nous avons été
frappé par la distorsion qui existait
entre le terrain et « l’information »,
et ce plus encore à l’occasion d’une
expérience très précise, à Hama. Le
vendredi 15 juillet, nous
avons assisté à une manifestation
qui avait rassemblé entre 3.000 et
10.000 personnes. Le soir même, l’AFP,
suivie des bulletins de France 24,
d’Euronews et du journal Le Monde, avait
annoncé 500.000 manifestants et la fin
prochaine du régime ! Il convenait de
s’interroger sur l’origine de «
l’information » : l’OSHD… La ville de
Hama, qui plus est, ne compte pas même
400.000 habitants, ce qu’aucune
rédaction n’a vérifié. L’étiquette «
droits-de-l’homme» de cette organisation
semble ainsi avoir inspiré une totale
confiance. Pourtant, à plusieurs
reprises, les dépêches de l’OSDH se sont
révélées contenir des « fakes ». Autre
cas très concret : le 20 novembre, toute
la presse a annoncé une attaque de
roquettes contre le siège du parti Baath
à Damas. Un de nos contacts à Damas nous
a informé
de ce que le bâtiment était
intact. Nous l’avons vérifié. Deux coups
de fil ont été suffisants pour vérifier
l’information et publier une
photographie du siège du Baath, avec, en
avant-plan, la une d’un grand quotidien
du lendemain de la prétendue attaque.
Autre exemple vécu : le 27 décembre,
nous étions à Damas lorsque l’on a
annoncé une fusillade à l’université.
Nous nous sommes immédiatement rendus
sur place, puis à l’hôpital où les
blessés étaient transportés. Nous avons
rencontré des étudiants, ainsi que la
mère et la tante d’un des blessés : un
opposant au gouvernement, un étudiant,
était entré dans une salle d’examen et
avait tiré, en choisissant ses cibles,
tous membres d’organisations étudiantes.
Dans l’heure, l’OSDH a affirmé que
plusieurs tireurs pro-régime avaient
ouvert le feu, tuant et blessant des
étudiants qui manifestaient contre le
gouvernement… Une « information »
immédiatement reprise par l’ensemble des
sites de presse occidentaux. Il
convenait dès lors de mener une enquête
de fond, dans le but d’identifier avec
précision l’OSDH, organisation basée à
Londres qui, selon plusieurs sources
interrogées en Syrie en juillet déjà,
dans les milieux de l’opposition,
comprendrait notoirement des membres des
Frères musulmans.
Il n’a pas été bien difficile de
rencontrer les membres de cette
organisation, à l’origine de laquelle on
trouve un certain Rami Abdel Rahmane,
syrien émigré à Londres, propriétaire
d’un commerce de prêt-à-porter. Depuis
le début de la crise syrienne, cet
opposant au régime baathiste a créé un
site sous le label rassurant
d’observatoire des droits de l’homme,
adressant aux agences de presse des
dépêches dénonçant les exactions du
gouvernement syrien et des bulletins
nécrologiques chiffrés, informés
quotidiennement, selon lui, par un
réseau de plusieurs centaines
d’observateurs présents en Syrie.
Il doit y avoir
d'autres points de vue dans le cadre
d'un débat contradictoire.
La France, notre
patrie d'adoption pour certains, est la
mère universelle de l’avènement de la
démocratie et respectée pour cela.
Comment concevoir que
dans ce pays de liberté, il ne puisse y
avoir pour des événements aussi graves
aucun débat, aucun discours déviant de
quelques mots de la ligne officielle,
aucune voix portant une information
autre ?
Cela nous concerne,
mais concerne également la France qui a
su se faire respecter en 2003 face au
monde occidental en disant simplement «
non » à la guerre en Irak.
Pour envahir l’Irak,
les dirigeants des États Unis se sont
ouvertement servis de l’opposition «
extérieure » après avoir commis la plus
grande escroquerie du siècle concernant
les « armes de destructions massives ».
Avant même le retrait
de leur armée, ils reconnurent que ce
choix fut à l’origine de nombreuses
erreurs d’appréciation qui, sur le
terrain, coûtèrent des pertes immenses
humaines et autres.
Aujourd’hui, il ne
reste pour les U.S.A. que le prix
exorbitant d’une guerre qui n’était
censée durer que quelques mois.
Mais pour les
Irakiens leur pays est désormais
dévasté, ravagé, détruit et la
population est en butte à des conflits
religieux incessants. Qui n’a pas
conscience aujourd’hui d’avoir été
manipulé par des informations relayées
ad nauseam par l’ensemble des médias
occidentaux ?
Il ne semble pas que cet échec ait servi
ni à l’OTAN ni à ses alliés. Non
seulement le même procédé est utilisé
pour tenter d’imposer
le
Conseil d’Istanbul dit Conseil National
Syrien, de Tunisie, ou de l’Union
Européenne [le
CNS] en tant que représentant légal
du peuple syrien qui le rejette ; mais
on ose s’adresser aux chrétiens du
Proche-Orient en tant que protecteur. En
effet, dans une tribune intitulée « Les
chrétiens d’Orient et les printemps
arabes »
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/spip.php?page=article_imprim&id_article=98696,
Monsieur Juppé appelle les chrétiens de
Syrie à
« participer » à sa propre vision
de la Syrie future et leur assure qu’il
a beaucoup insisté sur la question du
respect des « minorités » auprès du CNS
« qui a vocation à rassembler
l’opposition syrienne » ! Il ignore que,
malgré les attaques terroristes, le
peuple syrien vient d’adopter une
Constitution qui démontre, entre autres,
qu’une solution politique est possible…
CNS ou pas !
Dans une interview télévisée sur la
chaîne ANB
http://www.youtube.com/watch?v=46OThtTtZHw&feature=share,
Monsieur Michel Samaha, homme politique
libanais et ancien ministre de
l’information, répond à cette
sollicitude et à la notion de «
minorités »… si inattendue de la part
d’un ministre d’État Français où la
laïcité fait loi
«
Non… Alain Juppé ne défend pas les
minorités lorsqu’il écrit : Les
chrétiens d’Orient sont inquiets.
Inquiets pour la pérennité de leur
présence dans une région qui est leur
région depuis 2000 ans. Inquiets pour le
respect de leurs droits dans un contexte
de bouleversements majeurs. Inquiets
face à la montée des tensions liées au
confessionnalisme. Je veux leur dire que
j’entends, que je comprends leurs
craintes. Je voudrais rappeler que Juppé
n’est pas De Gaulle pour se permettre de
déclarer un « Je vous ai compris »
équivalent à celui adressé autrefois aux
Algériens réclamant leurs droits
nationaux… Il n’est pas De Gaulle et il
ne s’adresse pas aux Algériens… Je dis
qu’il a fait alliance et a fabriqué des
révolutions désormais livrées aux
Takfiristes… Je lui dis qu’il est
responsable de la mise en pièces,
aujourd’hui même, des croix tombales du
cimetière chrétien en Libye…http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/video-libye-un-cimetiere-militaire-britannique-profane-par-des-miliciens_1090178.html
Monsieur Juppé, vous en êtes
responsable au même titre que l’État que
vous représentez ; puisqu’avec Bernard
Henri-Levy, vous avez revendiqué avoir
fabriqué et réussi la révolution
libyenne. Est-ce là le modèle que vous
nous proposez ? Nous refusons vos
propos, comme nous refusons que vous
nous qualifiiez de minorités, alors que
vous considérez les musulmans français
comme des citoyens à part entière
appartenant à une communauté
particulière. Nous ne sommes pas des
minorités dans nos patries respectives…
Nous sommes des citoyens en pleine
possession de notre citoyenneté, mais
nous sommes chrétiens et nous nous
soumettons à Dieu à travers l’Évangile,
tout comme le musulman se soumet à Dieu
à travers le Coran… Cette coexistence
nous convient depuis toujours… nous la
vivons bien, et notre culture commune en
est l’expression…».
Certains hauts dignitaires européens
n’hésitent pas à proposer de traiter la
situation en Syrie avec des méthodes
identiques à celles utilisées en Libye.
Des dizaines de milliers de civils ont
été massacrés, des dizaines d’usines et
de sites économiques ont été détruits
par des frappes aériennes, et maintenant
la Libye est en plus divisée. Ce qui se
passe entre Tripoli et Benghazi est un
cauchemar politique : plus aucune
autorité ne règne sur le pays, les
milices s'entre-déchirent et le spectre
de la partition menace l'unité
nationale. A l'heure où les opposants
syriens songent à militariser leur
lutte, le chaos alarmant qui règne en
Libye a de quoi faire réfléchir :
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/l-echo-de-la-libye-retentit-en-syrie_1093039.html
.
L'opposition reconnue
par la France est autoproclamée et ne
représente aucunement les syriens. Elle
est composée de personnes qui ne vivent
plus en Syrie depuis de nombreuses
années et n’en connaissent que ce qu’ils
en ont retenu lorsqu’ils ont quitté leur
pays. Pas un syrien ne connaît M.
Ghalioun ! Nous sommes loin de
l’histoire de Monsieur Mandela ou de
Monsieur Vaclav Havel.
Il est très difficile
de définir aujourd'hui l'opposition
syrienne qui est composée de coalitions
hétéroclites dans lesquelles se trouvent
des intellectuels, des jeunes de la
classe moyenne, des exclus du système
informel, des membres de courants
libéraux, une opposition conservatrice,
voire islamiste.
Mais cette opposition
existe et se situe en Syrie – tous ceux
qui la représentent vivent dans leur
pays.
Les premières
manifestations n’ont pas été perçues par
le pouvoir syrien pour ce qu’elles
étaient, à savoir une recherche
d’ouverture politique, de liberté et de
lutte contre la corruption.
Ce manque de vision a amené des éléments
extérieurs à utiliser les premiers
mouvements non pas pour aider les
manifestants, mais pour déstabiliser la
Syrie avec des groupes armés
extrémistes, salafistes et jihadistes
financés de l’étranger. Exemple :
Le Premier ministre du Qatar, Hamed ben
Jassem al-Thani, s'est dit aujourd'hui
favorable à des livraisons d'armes à
l'opposition syrienne en lutte contre le
régime du président Bachar al-Assad
http://plus.lefigaro.fr/article/syrie-le-qatar-veut-armer-lopposition-20120227-772956/commentaires?page=2.
Déjà très impliqué dans le renversement
du gouvernement de Libye, où, suite à un
accord bilatéral avec la France, il a
armé plusieurs mouvements islamistes, le
Qatar utilise désormais son bras
médiatique, Al-Jazeera, pour soutenir la
contestation en Syrie.
Les rumeurs, les
messages anonymes sur Internet et les
rapports émis par la TV satellite dans
l’intention d’exacerber les divergences
sectaires font partie de la campagne de
déstabilisation.
La France, y participe
malheureusement d’une part à travers les
médias et d’autre part par un soutien
logistique. Le canard enchaîné, dans
son édition du 23 novembre 2011 :
«des officiers de la DGSE, le service de
contre-espionnage français,
ont été envoyés au nord du Liban
et en Turquie avec pour mission
d’instruire et de structurer les «
contingents » de l’Armée Syrienne Libre,
censée regrouper des « milliers » de «
déserteurs » syriens».
D’autre part, le chef
d’Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri a manifesté
son soutien à la contestation en Syrie,
le 12/2/2012, dans un enregistrement
vidéo
où
«il demande aux musulmans de Turquie, de
Jordanie et du Liban de soutenir la
rébellion et de renverser le régime
actuel, qu’il qualifie
d’anti-islamiste».
Selon la télévision
russe, le 16 février 2012, le chef du
renseignement américain James Clapper
«reconnaît devant la commission des
armées du sénat lors d’une audition, le
soutien d’Al-Qaïda à l’opposition
syrienne».
Quelle coïncidence
!!!! La France qui a payé
un lourd tribu, 82 soldats tués
depuis 2001 en Afghanistan pour
combattre les terroristes islamistes
d’Al-Qaida, se retrouve dans le même
camp que ces derniers contre la Syrie
laïque !!!
De pacifiques, les
manifestations sont devenues armées,
visant à atteindre des objectifs qui
n’ont rien à voir avec des réformes
politiques et sociales.
Les forces de
sécurité ont commis plusieurs erreurs
injustifiables dans le traitement de ces
manifestations.
L’utilisation de ces
erreurs par des éléments extérieurs a eu
pour conséquence que des milliers de
civils et des soldats ont été tués. Des
gangs armés se sont constitués,
attaquant des propriétés publiques et
privées, et mettant en place des
barricades dans certaines villes où ils
ont pris le dessus. Dans les tous
derniers mois, ces bandes armées se sont
chargées de mettre sur pied des sites
armés dans les régions frontalières
entre la Syrie, la Turquie, le Liban, la
Jordanie et l’Irak pour s’assurer une
continuité dans le ravitaillement en
armes et en équipements divers.
Dans le même temps,
certains événements ont été exagérés.
Des faits ont été falsifiés ; «comme
la mort de l’enfant Sary Saoud
attribuée à l’armée syrienne alors que
la mère le contestait et indiquait que
si l’armée avait été présente cela ne se
serait pas passé. Les équipements
dernier cri électroniques et médiatiques
ont été utilisés afin de faire passer
l’armée syrienne comme étant
complètement responsable de ces actes,
et de déresponsabiliser totalement les
bandes armées».
Parallèlement sur le plan politique, la
seule voie ouverte par les occidentaux
est le dit
Conseil National Syrien.
Imposer comme
préalable à toute discussion le retrait
du régime en place s’assimile à un
coup d’état, car en réalité, c’est
le «CNS»
qui s’imposera de fait.
En vertu de quoi ce
parti serait-il représentatif des vœux
des syriens ?
A-t-il été désigné
suite à des élections libres ?
A-t-il œuvré en Syrie
pour faire connaître ses programmes ?
Ses membres sont-ils
tous syriens résidents ?
Ce n’est pas un coup
d’état que demandent les syriens, mais
l’ouverture d’une voie réellement
démocratique.
La mise en place du
CNS en remplacement du régime actuel
consiste en fait à imposer aux syriens
la décision arabo-occidentale dans un
but qu’il serait bon d’éclaircir.
N’êtes-vous pas
surpris que, subitement des pays comme
le Qatar ou l’Arabie Saoudite se
préoccupent de la mise en place d’une
démocratie chez un pays « frère » alors
qu’elle n’existe pas chez eux ?
N’êtes-vous pas
surpris que la Ligue Arabe, silencieuse
lors de l’invasion de l’Irak, de
l’Afghanistan, de la guerre faite par
Israël au Liban, devant les difficultés
auxquelles doivent faire face les
palestiniens, se mobilise aujourd’hui
avec force démonstrations, reprises par
les médias quotidiennement contre le
régime syrien, avec virulence,
intransigeance et vote à tout va toutes
les sanctions économiques possibles et
imaginables ?
N’êtes-vous pas
surpris que pas un mot ne soit prononcé
par les médias concernant le Bahreïn,
l’Arabie Saoudite ou le Kuwait ?
Depuis quand ces pays
se préoccupent-ils de la démocratie ?
Enfin quel pays
accepterait que des éléments armés
tentent de faire la loi chez lui
et reste « l’arme au pied » sans
se défendre ?
La démocratie ne
s’impose pas, elle s’obtient par les
peuples concernés.
Aujourd’hui c’est la
guerre civile, demain ce peut-être une
déflagration dans tout le Moyen-Orient.
Nous ne croyons pas à
la bonne volonté missionnaire, gratuite
et altruiste des Chancelleries
Occidentales ni à celle de la Ligue
Arabe.
Pressé par les
événements, le gouvernement syrien a
adopté plusieurs réformes dont la fin du
monopole du pouvoir exercé par le parti
Baath et le vote d’une
nouvelle constitution visant (en
dépit de nos réserves quant à certains
articles) à l’établissement d’une
société pluraliste et démocratique,
garantissant les libertés publiques et
privées, aidant au développement de la
liberté d’expression et à la
reconnaissance du droit de l’opposition
à une activité politique pacifique.
De vastes secteurs de
l’opposition nationale pacifique ont
accueilli positivement ces mesures.
«L’opposition se compose d’un large
spectre de partis très divers
majoritairement
patriotiques, s’opposant à
l’ingérence étrangère et aux bandes
armées. De plus, il faut compter avec
les Frères musulmans qui peuvent être
considérés comme le parti le plus actif
et le mieux organisé dans le pays et à
l’étranger». Il y a également plusieurs
groupes traditionalistes avec
différentes orientations, dont
l’influence devient clairement visible
dans des rassemblements et
manifestations dans différentes régions.
Ces groupes ne cachent pas leurs
objectifs qui sont typiquement
réactionnaires et sectaires.
Tandis que
l’opposition fondamentaliste et armée
s’en tient toujours au slogan du
renversement du régime, attisant les
tensions communautaires.
Dire ceci n’est pas «
soutenir le régime », contrairement à
une pensée qui s’assimile à du
terrorisme intellectuel. Il est possible
de revendiquer un Etat de droit sans
pour autant cautionner des interventions
étrangères, dont l’histoire montre
régulièrement qu’elles ne sont jamais
dénuées d’arrière-pensées.
Il faut
donc agir pour que cesse l’armement des
groupes étrangers dont l’existence hier
contestée ne fait plus aucun doute
aujourd’hui.
Il faut
accepter l’idée d’un cessez-le-feu entre
les groupes armés et l’armée syrienne
qui ne peut que se défendre tant que les
attaques persistent.
Il faut
cesser de tuer ses habitants, et de
ruiner le pays sur le plan économique.
Il faut
donner la parole aux partis
d’oppositions créés, développés et
agissant EN Syrie et non de l’extérieur,
et pour ce faire, accepter de les
recevoir en France, de leur donner une
audience à tout le moins égale à celle
donnée au
CNS.
Il faut
utiliser les élections législatives
prévues pour favoriser un débat réel,
ouvert et actif et ce, pourquoi pas,
sous le contrôle d’une commission neutre
composée de représentants de pays a
priori non concernés tels, par exemple,
la Suède, la Suisse l’Inde ou le Japon.
Il faut que les
élections législatives (mai
2012) se déroulent sous le contrôle
d’une même commission, que le
dépouillement des votes soit effectué
sous le même contrôle.
Les syriens peuvent
choisir agir et décider.
Le tragique de la
situation actuelle ne justifie pas
qu’elle persiste.
Si des comptes
doivent être réglés, ils le seront une
fois qu’aura cessé cet état de guerre et
qu’un pouvoir légitime sera mis en
place.
Si ces mesures
étaient mises en œuvre, elles pourraient
être un pas important, dans la
transition de la Syrie vers une société
démocratique et pluraliste.
Jusqu’à présent, les
États-Unis, la France et la
Grande-Bretagne (et l’Europe) mènent la
campagne internationale visant à imposer
de plus en plus de sanctions contre la
Syrie. Jour après jour, la situation
économique se détériore, la pression sur
les conditions de vie du peuple syrien
s’intensifie.
Tenter de présenter
le problème comme s’il s’agissait d’une
lutte communautaire ou religieuse serait
une falsification flagrante des faits.
La Syrie a maintenu la liberté
religieuse pour tous, tout en
n’autorisant aucun groupement religieux
à dominer l’État ou à être promu par ce
dernier.
Dix mille ans
d’histoire. Berceau de la civilisation.
Premier alphabet. Terre des religions
monothéistes. Symbole du vivre ensemble.
La Syrie est menacée aujourd’hui
d’implosion. La situation est critique
et nous ne sommes malheureusement pas
encore au bout du chaos qui s’annonce,
avec les plus vives inquiétudes qui sont
celles de tout un peuple aujourd’hui,
meurtri par des débordements qui le
dépassent.
Ce qui se passe en
Syrie fait partie d'une contestation qui
dépasse le simple cadre du pays. Certes,
nombre de revendications sont justes
et légitimes, mais il est des
tentatives, de l’intérieur comme de
l’extérieur, visant la déstabilisation
de la Syrie. Le maintien de la
répression et de la situation
insurrectionnelle serait au profit d’un
désordre sans précèdent qui affecterait
tous les pays de la région sans
exception. N’oublions pas l'inquiétante
dimension interconfessionnelle. La Syrie
court des dangers immenses de
confrontation communautaire qui
n’épargneront aucun état du Proche-
Orient. La laïcité est en danger ainsi
que la paix, la stabilité régionale et
le dialogue euro-méditerranéen.
Des solutions de
réformes en Syrie et d’apaisement local
et régional existent et méritent d’être
entendues pour SAUVER non seulement la
SYRIE, mais tout le Proche-Orient.
La solution ne peut être que
politique. Les syriens dans leur
majorité écrasante refuseront toute
ingérence étrangère. La France pourrait
aider à montrer les voies pour une vraie
réforme. Elle pourrait également
encourager un dialogue serein entre les
diverses composantes.
Aussi, nous réclamons
le droit de réponse afin d’apporter un
autre éclairage, notre témoignage ainsi
que notre vision concernant ce qui se
passe en Syrie.
Nous
tenons à vous présenter une brève
analyse des événements successifs qui se
sont déroulés en Syrie, afin de mettre
en lumière certains faits, d’une part,
et d’autre part, tordre le cou à
certaines contre-vérités montées de
toute pièce et médiatisées.
Pour finir nous n’oublions pas le bien
que peuvent apporter les médias dans la
mise à jour de scandales, mais également
le mal qui peut être fait dans une
utilisation non journalistique de ce
moyen de communication. Rappelons-nous
entre autre de Timisoara en Roumanie
et
les « armes de destructions massives »
en Irak.
Dans l’attente,
recevez, Mesdames et Messieurs,
l’expression de notre parfaite
considération.
pour la Coordination du Collectif pour
la Syrie
Anas Alexis CHEBIB
a.chebib@wanadoo.fr
Mobile: +33 (0) 684633390
Ali Najib IBRAHIM
alinajib@voila.fr
Philippe MORRON
pmorron@free.fr
Iyad HALLAJ
iyad.hallaj@noos.fr
Bassam TAHAN
pierhan@yahoo.fr
Père Michel LELONG 54 rue de Rome- 75008
Paris/ France.
Mobile: +33 (0) 608571835
Safa DELYE
safadelye@yahoo.fr
karim SAYEGH
ksayegh06@gmail.com
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|