Interview
La résistance unie pose ses conditions
Ramadan Shallah
Dr Ramadan
Shallah
Lundi 15 juillet 2014
L’entité sioniste crie aux abois.
Elle veut arrêter son agression, mais
garder « la tête haute », c’est-à-dire
préserver sa capacité de détruire et de
tuer et plonger le peuple palestinien
dans la soumission. La résistance unie
du peuple palestinien exige, pour cesser
ses tirs sur l’entité coloniale, la fin
du blocus, la reconnaissance de son
droit à riposter à toute attaque future,
contre les civils ou les militaires. La
résistance n’est pas pressée pour signer
une trêve ou un accord quelconque, sous
l’égide de l’Egypte. Elle veut défendre
le sang palestinien et les sacrifices de
tous ceux qui sont tombés au cours de
cette agression criminelle.
C’est ce qu’a annoncé dr. Ramadan
Shallah, secrétaire général du mouvement
du Jihad islamique en Palestine, au
cours de l’interview accordée à la
chaîne Al-Jazeera.
Quelques passages-clés de cette
interview
« Ce qui se passe à présent n’est pas
une guerre mais une tuerie perpétrée par
Israël avec la connivence américaine
occidentale et un désintérêt arabe, au
moins officiel.
Notre peuple palestinien est devenu une
légende à cause de sa résilience, de sa
cohésion autour de sa résistance.
L’ennemi mène un génocide réel, il pense
qu’il peut arrêter la résistance, qui
est cependant puissante et cohérente, et
elle maîtrise la bataille avec fermeté
et patience.
La situation est difficile à tous les
niveaux, mais notre peuple palestinien
mène une des plus importantes batailles
de la nation.
Les buts de cette guerre ? L’ennemi
lui-même ne sait pas quels sont les buts
de cette guerre. Le gouvernement de
l’ennemi a essayé d’aller de l’avant
pour exporter ses problèmes internes, il
a pris prétexte des colons disparus à
al-Khalil pour régler ses comptes avec
la bande de Gaza, avec ce qu’elle
représente en tant que résistance, pour
la conscience collective et populaire
palestinienne. Il pense qu’il est en
train de détruire la force de la
résistance, alors qu’il apparaît,
plusieurs jours après, qu’il ne peut
réaliser ses buts. Il est monté sur un
arbre et il ne sait plus en descendre.
Il a considéré que les conditions
régionales et internationales lui
permettaient d’attaquer Gaza. Mais il a
été surpris par la riposte de la
résistance. Ni ses services de
renseignements, ni son état-major, ni
ses politiciens, n’avaient prévu tout
cela. Ils ont été surpris.
Qui peut jouer le rôle d’intermédiaire ?
L’intermédiaire participe à cette
guerre, les Etats-Unis ont donné le feu
vert. C’est pourquoi nous comptons sur
nos propres forces, après Dieu, pour
obliger l’ennemi à cesser son agression.
La guerre ne peut s’arrêter sans la voix
de l’Egypte. A cause de la
géographie, et l’implication historique
de l’Egypte, aucun rôle ne peut prendre
la place de l’Egypte. C’est à l’Egypte
d’intervenir pour faire cesser
l’agression.
Les conditions d’une trêve ?
L’ennemi veut que nous levions le
drapeau blanc. En Cisjordanie, les
agressions se poursuivent, même en
Palestine occupée en 48. Les conditions
israéliennes ne nous concernent pas,
l’ennemi ne veut pas voir un peuple
palestinien sur cette terre. Quant à nos
conditions, en tant que peuple, nous
avons le droit sur cette terre, nous
revendiquons d’y vivre dignement.
L’équation trêve contre trêve est finie.
En 2012, nous avions conclu une trêve
dont les conditions étaient de cesser
les assassinats, la suppression de la
zone de séparation, l’arrêt des
invasions, l’élargissement de la zone
maritime pour les pêcheurs. L’ennemi n’a
respecté aucune de ces conditions. Nous
avions longtemps attendu et c’est
pourquoi le Jihad islamique a mené il y
a quelques mois la bataille « briser le
silence ». Aujourd’hui, la guerre a
commencé, et nous disons cette guerre ne
s’arrêtera pas sans que le blocus ne
soit levé, sans que notre droit de nous
défendre ne soit reconnu pour riposter à
toute agression contre tout citoyen
palestinien dans la bande de Gaza. Nous
refusons de nous croiser les bras
pendant qu’Israël mène ses agressions
contre la population de Gaza. Israël est
toujours un Etat d’occupation, même s’il
est sorti de la bande de Gaza, il
maintient un blocus.
Concernant l’Autorité palestinienne,
Yasser Arafat nous manque, au cours de
cette agression. Nous aurions souhaité
qu’il aperçoive ce qu’a fait le peuple
de Abu ‘Ammar, de Ahmad Yassin, de Fathi
Shiqaqi et tous les martyrs, de cette
entité qui tremble aujourd’hui, qui est
devenu un « Etat sous le feu », c’est ce
qu’écrivent leurs télévisions. Et par
qui ? Un million et demi de réfugiés
massés dans la bande de Gaza.
Je dis au frère Abu Mazen que le peuple
qui est visé à Gaza, après la formation
du gouvernement d’entente, c’est le
peuple placé sous son autorité, c’est
pourquoi l’Autorité palestinienne doit
avoir une attitude ferme, et refuser de
se transformer en autorité mandataire,
et poursuivre la coordination militaire.
Les Etats, dans de tels cas, rappellent
leurs ambassadeurs, Abu Mazen doit au
moins rappeler son coordinateur
sécuritaire avec l’occupant. Plus
important, des mouvements s’étendent en
Cisjordanie et même au sein de notre
peuple (dans les territoires occupés) en
48, commencés avant l’agression, mais
nos militants, du mouvement du Jihad
islamique et ceux du Hamas, sont
poursuivis par les appareils
sécuritaires de l’occupation et de
l’Autorité palestinienne à la fois.
C’est pourquoi je m’adresse aux membres
du Fateh et les appelle à diriger
l’intifada en Cisjordanie, et nous
serons tous derrière eux, mais il faut
arrêter la coordination sécuritaire avec
l’occupant.
Certains pensent que cette guerre ne les
concerne pas parce qu’elle vise le
pouvoir et l’armée du Hamas et les
fusils du Hamas, mais en réalité, cette
guerre vise le peuple palestinien, et
toutes ses formations combattantes.
C’est pourquoi nous, le mouvement du
Jihad islamique, avons dit non, c’est
une guerre contre tout le peuple
palestinien, et nous avons pris la
défense des brigades Al-Qassam, avec les
autres organisations de la résistance.
Nous sommes unis dans un même rang.
Il y a une décision unie pour les
organisations de la résistance de
poursuivre l’affrontement. La résistance
est unie, du sommet jusqu’aux éléments
de la base, à tous les niveaux, que ce
soit sur le plan politique ou militaire.
Sur le plan politique, il y a une
liaison permanente entre le mouvement du
Jihad islamique et le Hamas, et sur le
terrain, toutes les formations
combattantes coordonnent et se
complètent les unes les autres. C’est la
première fois qu’elles arrivent à
atteindre ce degré de complémentarité et
de coordination.
Sur le plan politique, nous sommes en
liaison permanente avec la direction du
mouvement Hamas et nous essayons
d’étudier le meilleur moyen pour sortir
de cette guerre avec le maximum de gains
pour notre peuple, pour préserver ses
capacités combatives et porter la
défaite à cet ennemi, dans le sens de
l’empêcher d’accomplir ses visées et ses
objectifs.
Israël ne veut pas que le peuple
palestinien soit uni, il était satisfait
de l’état de division qui existait, il
ne cherche qu’à assurer sa sécurité à
nos dépends. Si l’un des buts de
l’agression est d’empêcher l’unité
palestinienne, le grand perdant ne sera
autre que l’Autorité palestinienne qui
compte toujours sur toute forme de
« paix » avec Israël. L’Autorité prétend
qu’il n’y a pas d’alternatives, mais
aujourd’hui la résistance lui montre, en
toute clarté, qu’il y a une alternative,
celle d’arracher notre liberté, notre
indépendance et notre dignité par
nous-mêmes. Nous espérons toujours qu’il
y ait réconciliation en vue d’assurer
l’unité nationale, et que l’ennemi pense
ce qu’il veut..
Le sommaire de Rim al-Khatib
Les dernières mises à jour
|