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Résistance
Extraits de l'interview de Ramadan Shallah, secrétaire général
du mouvement du Jihad Islamique en Palestine sur al-Manar
Ramadan Shallah - AP Photo/Bassem Tellawi
Samedi 27 mars 2010
….
Question : on dit que
2010 est l’année de la judaïsation de la ville
d’al-Quds. Est-ce qu’il s’agit d’une exagération ou bien une
mise en garde à partir de données et de preuves sur le terrain ?
Réponse : Je
pense que la question d’al-Quds, dans la pensée stratégique
israélienne, est plus importante que ce qui se dit, il ne s’agit
pas de détails, de chiffres, de statistiques, de vingt ou deux
milles unités, etc.. Ce n’est pas ainsi. Le dossier d’al-Quds,
dans le règlement proposé, est le dossier le plus ardu.
Netanyahu utilise l’état de faiblesse arabe et utilise la
démission totale de l’Autorité palestinienne face aux
Israéliens, cette autorité qui a perdu toute initiative et qui
ne cesse de dire qu’il n’y a nulle alternative aux négociations
que les négociations, et les Arabes disent qu’il n’y a pas
d’alternative à l’initiative de la paix que l’initiative de la
paix. Il s’agit, pour la droite israélienne et notamment
Netanyahu, d’une occasion en or pour clore le dossier d’al-Quds,
de sorte que s’il y a quelque chose nommée encore règlement, il
n’y aura plus de négociations sur al-Quds. Ce sont les données,
des données graves.
Prenez par exemple la solution
des deux Etats. Netanyahu a lié la solution des deux Etats à la
reconnaissance par les Palestiniens de la judaïté de l’Etat
(sioniste). La question d’al-Quds n’est pas discutée. Mais y at-il
un seul Palestinien qui accepte un Etat palestinien sans que al-Quds
(ou pour certains la partie Est d’al-Quds, comme Abou Mazen et
ses collaborateurs) n’en soit la capitale ? Aujourd’hui,
Netanyahu essaie d’arracher al-Quds du mental palestinien. Il
dit : « Oubliez-la ! » Lorsqu’il dit qu’il n’y a pas de Quds
capitale de l’Etat palestinien, que al-Quds n’est pas une
colonie et que la construction dans al-Quds est semblable à la
construction dans Tel Aviv, cela veut dire qu’actuellement dans
al-Quds, est en train d’être enterré le projet illusoire de deux
Etats, fondement de ce problème dans l’histoire et la gestion du
conflit dans la lutte nationale palestinienne.
Question : comment cependant empêcher les Israéliens de
réussir leurs projets ?
Réponse : Avant de parler du comment les en
empêcher, il faut dire que le projet israélien pour al-Quds est
complexe. Lorsque les Israéliens promulguent une loi pour
interdire l’extension de la partie occidentale d’al-Quds, en
direction de l’entité, ou des terres occupées en 48, ils veulent
signifier que cette profondeur qui s’appelle la Cisjordanie,
c’est l’espace où doit s’étendre la colonisation. Là, il y a
légifération. L’affaire est au cœur même du régime politique
israélien. Lorsque les aides arrivent et qu’il y a course aux
Etats-Unis entre les donateurs, les Eglises, les Evangélistes et
que des millions de dollars sont dépensés pour le projet de
judaïsation d’al-Quds, ils ont pris la décision qu’il n’y aura
plus d’al-Quds.
Concernant les mécanismes que
nous pouvons utliser pour empêcher cela, posons la question
d’une autre façon : d’où vient leur appétit ? Pourquoi sont-ils
aussi féroces et pressés pour clore le dossier d’al-Quds : ils
ne craignent personne, ni les Arabes, ni les Etats-Unis, ni
personne. En Israël, les gens croient que Netanyahu peut faire
ce qu’il veut dans al-Quds, aucune attitude arabe l’en
empêchera. Concernant même les Etats-Unis,
Netanyahu pense qu’il peut vaincre Obama en plein cœur des
Etats-Unis, en ce qui concerne la politique dans la région et la
politique extérieure. Face à cette sensation de puissance, où
aucune partie ne peut dissuader l’ennemi, il ne reste, pour
changer l’équation, que la résistance et le choix de la
résistance, qui ont imposé de nouvelles données, comme l’a dit
le président Bashar al-Assad il y a quelques jours dans une
interview dans al-Manar. Certains veulent supprimer ces acquis,
tout ce que la résistance a réalisé, toute la fermeté et le
refus de se plier, pour l’offrir à Netanyahu afin qu’il
poursuive son projet dans al-Quds.
Question : la question posée
reflète ce qui se dit dans les milieux populaires. Face à cette
grave situation, il n’y a pas en face une attitude adéquate, ni
sur le plan palestinien, ni sur le plan arabe, ni sur le plan
international. Tout le monde reconnaît la gravité de la
situation, mais dans le passé,
al-Quds a été le moteur de toute action et de toute lutte.
Réponse : Al-Quds est le moteur sur le plan
symbolique, mais malheureusement, même les symboles n’ont plus
de poids dans la politique arabe. Le problème, c’est comment
comprendre la situation arabe qui se comporte ainsi avec la
question d’al-Quds. Il y a deux visions dans la région. L’une
dit qu’Israël est devenu un état de fait, que nous devons
admettre absolument sa présence dans la région. Les responsables
de cette vision nous disent que c’est « Israël (qui) est une
ligne rouge » et non pas al-Quds. Ceux qui gênent Israël et qui
luttent contre Israël, Israël a reçu le droit de les pourchasser
dans les hôtels et les pays arabes. Les drapeaux israéliens sont
présents dans les pays arabes comme si Israël était leur allié
stratégique, et tout ce qui s’est passé dans al-Quds, dans son
sens symbolique, n’a pas suffi pour qu’un dirigeant arabe
interpelle l’ambassadeur israélien et lui dise de prendre la
porte car « la ville d’al-Quds et la mosquée al-Aqsa que vous
voulez détruire représente pour nous plus que tout ». Mais
l’ennemi sioniste réalise à présent qu’al-Quds, dans le sens
symbolique, est déjà détruite dans la conscience officielle
arabe. Elle n’existe plus.. Au temps de Yasser Arafat, il y a eu
quelques remous et lorsqu’il a pris une décision ferme, ils
l’ont rejeté. Actuellement, il n’y a pas personne pour s’occuper
d’al-Quds. La synagogue de la ruine, qui se trouve actuellement,
que le touriste américain va prendre en photo, et dont le dôme
est plus élevé que celui du dôme du Rocher, cette synagogue est
en construction depuis 2006. A cette époque, le président de
l’Autorité se rendait chez le premier ministre israélien pour
prendre un repas, et peut-être que de la fenêtre, il voyait la
construction ou du moins les bulldozers qui étaient en action,
mais personne n’en a parlé. Si l’ennemi parvient à la conviction
que la ville d’al-Quds et même la mosquée al-Aqsa n’existent
plus dans la conscience arabe, qu’ils ont été détruits dans la
conscience des arabes, ce sera le début de sa destruction sur le
terrain. La question de la destruction d’al-Aqsa n’est pas de la
propagande que nous menons, les Israéliens ont des documents et
des projets. La mosquée al-Ibrahimi, après avoir été divisée,
vient d’être intégrée dans la liste du du patrimoine juif, c’est
une question de temps. Ils envahissent al-Aqsa, ils le divisent,
ils le mettent dans la liste du patrimoine. Il y a actuellement
150 sites, des sites et des lieux islamiques attendent d’être
progressivement intégrés à cette liste.
Question : certains appellent à une troisième intifada. Dans
le temps, un ministre israélien avait dit : si nous bougeons une
pierre de la mosquée al-Aqsa, nous commençons une guerre.
Aujourd’hui, les appels à l’intifada ne sont pas suivis.
Réponse : quand on me pose la question à propos
de l’intifada, je donne deux réponses principales : 1) Ce qui se
passe en Cisjordanie, quant à al-Quds et la mosquée al-Aqsa,
sous le pouvoir de l’Autorité d’Oslo, sous l’égide de Dayton et
de l’équipe de Dayton, la tâche de cette équipe étant d’empêcher
l’intifada, quelle que soit la forme de la résistance contre
cette agression. L’intifada est aujourd’hui interdite par
décision palestinienne officielle, qui pratique la répression et
pourchasse les résistants, tout en développant le pessimisme au
sein du le peuple, en lui faisant sentir qu’il n’y a plus
d’espoir dans la résistance, et que celle-ci a nui à ses
intérêts. 2) l’intifada ne se déclenche pas par décision. C’est
un acte populaire et spontané. Dès le début de notre mouvement
de libération, dans les années vingt jusqu’à aujourd’hui, c’est
ainsi que cela fut. Cela s’est ainsi passé lors de la première
intifada, et dans la seconde. Ensuite, les organisations
interviennent pour encadrer, diriger, selon le rapport de forces
qui s’établit dans la bataille avec l’ennemi. Je suis certain
qu’à un moment, le peuple palestinien ne permettra pas la
destruction de la mosquée al-Aqsa ni n’abandonnera al-Quds,
comme le pensent certains. Mais ce moment dont nous sommes sûrs
qu’il viendra, les autres œuvrent pour qu’il soit annulé et
entravé.
Question : Netanyahu est revenu des Etats-Unis tout en
maintenant ses projets de colonisation dans al-Quds. Tout le
monde parle des dissensions entre les Etats-Unis et le
gouvernement de l’occupation. La première question est :
sont-elles sérieuses, ces dissensions ?
Réponse : pour
comprendre objectivement cette question, il faut dire d’abord
qu’il y a deux points de vue dans le monde arabe à ce propos, le
premier point de vue affirmant qu’entre les Etats-Unis et
Israël, il y a une alliance stratégique, donc, il n’y a aucune
dissension. Je pense de mon côté qu’il s’agit d’une
simplification de la question, qui est beaucoup plus complexe.
En fait, il faut revenir à l’arrivée d’Obama et le besoin des
Etats-Unis, après Bush, de changer leur image dans le monde.
L’institution américaine a eu un rôle important dans l’élection
d’Obama. Ce dernier avait et a toujours des problèmes internes,
notamment économiques, et des problèmes externes, dans notre
région notamment, en Irak, en Afghanistan, la question du
règlement, bref, les dossiers « chauds ». Obama a levé le slogan
du changement, mais concernant sa relation avec l’Etat sioniste,
il a affirmé clairement, en tant que démocrate, que la sécurité
et lla prospérité de l’Etat d’Israël sont garanties. Mais,
a-t-il ajouté, « nous avons des problèmes internes et externes,
et comme nous sommes partenaires, vous devez tenir compte de nos
intérêts ». Netanyahu, du fait de sa situation interne, son
alliance avec les partis de la colonisation et sa vision
idéologique et stratégique, ainsi que sa vision relative aux
Arabes et au règlement, tout cela l’a incité à ne pas tenir
compte des Etats-Unis, surtout qu’il y a des dossiers avec
lesquels il se comporte avec l’administration américaine comme
des dossiers de négociations, le dossier du nucléaire iranien
par exemple. Netanyahu pense que ce dernier représente un danger
existentiel pour Israël et reproche aux Etats-Unis qui veulent
le négocier, il affirme donc que pour al-Quds et la
colonisation, il n’est pas prêt à écouter les Etats-Unis. De
l’autre côté, des responsables militaires américains et même un
rapport présenté au congrès disent franchement que la politique
israélienne nuit à l’intérêt des Etats-Unis d’abord, et nuit
même à la vie des soldats américains à l’étranger, même si les
dernières déclarations américaines à ce propos ont été
désavouées. Hillary Clinton, l’amie chaleureuse d’Israël, est
obligée de faire pareil. Cette poussée de Netanyahu concernant
al-Quds et ses exigences du processus de règlement indique qu’il
vise les Arabes et la région, plus amplement que ne s’attendent
les Etats-Unis. Ces derniers affirment poursuivre la voie de
toutes les administrations précédentes, que non seulement la
sécurité mais aussi la prospérité d’Israël seront garanties,
mais réclament qu’Israël tienne compte de leurs intérêts, car
rien d’autre dans la région n’aide Obama.
Du côté, arabe, les Arabes n’ont aucune carte, et il y a une
autorité palestinienne qui dit : « trois facteurs existent pour
le règlement : les Etats-Unis, Israël et le régime arabe qui
considère qu’Israël est une ligne rouge. Que peut donner un tel
trio ? Le fait de dire qu’il n’y a aucune alternative aux
négociations que les négociations est un cadeau à Netanyahu.
Question : Peut-on considérer
qu’il y a un changement dans la politique
américaine ?
Réponse : A mon avis, il y a un changement, et
ce changement, c’est le Hezbollah qui l’a fait, le Hamas, le
Jihad islamique, la résistance, l’attitude de la Syrie et de
l’Iran. Le soutien à la résistance et l’attitude de la
résistance ont instauré une nouvelle équation dans la région.
Actuellement, le peuple américain se demande jusqu’à quand il va
être sacrifié pour Israël qui pose ses lois, et pourquoi ses
fils sont tués ? Le régime arabe, au lieu de tirer profit de
cette équation, au sommet arabe, par exemple, au lieu de tourner
la page, retirer l’initiative arabe, se réconcilier avec les
peuples et prendre en compte leurs aspirations, voit dans le
discours de la résistance une menace contre lui et contre ses
intérêts. Après ce qui s’est passé au Liban et à Gaza, l’image
d’Israël dans le monde est au plus bas. Israël n’est plus perçu
comme la victime et nous, les bourreaux. Quiconque regarde les
images de Gaza, les armes au phosphore, les bombardements,
l’enfer qui est tombé sur Gaza, réalise parfaitement ce qu’est
Israël. Il y a changement, mais est-ce que ce changement peut
modifier les bases de la politique américaine dans la région ?
Jusqu’à présent, il n’y a pas de changement pratique. Netanyahu
a dit ce qu’il voulait, Obama l’a bien écouté. Netanyahu a remis
l’affaire entre les mains de son cabinet, ce qui veut dire qu’il
ne veut pas écouter les demandes américaines, qui sont
d’ailleurs rien que l’arrêt de la colonisation, car 4 des
ministres se situent à la droite de Netanyahu et ce dernier,
comme disent certains, se situe à sa propre droite.
Question : Une question que se posent les intellectuels et
politiciens dans le monde arabe : qui dirige qui ? Israël ou les
Etats-Unis ?
Réponse : Cette question s’est terminée avec
l’effondrement de l’Union soviétique. Ce débat est un débat
académique, qui ressemble à l’affaire de l’œuf et de la poule.
Netanyahu est revenu des Etats-Unis se comportant avec arrogance
et disant que l’Etat hébreu est la grande puissance dans le
monde. Les Etats-Unis craignent pour leur image dans le monde,
et à présent, l’opinion publique américaine sait pourquoi les
peuples les détestent. Obama a besoin du lobby juif aux
Etats-Unis, et Netanyahu s’est comporté comme s’il était le
maître aux Etats-Unis, mais l’institution militaire est
mécontente. Elle réclame que le centre de décision envers la
zone palestinienne soit transféré vers le lieu où domine l’armée
américaine, en Floride, pour ne pas être maintenu sous la
domination du lobby israélien, en Europe. Je ne dis pas que les
Etats-Unis vont prendre en compte nos aspirations, non, les
Etats-Unis sont les Etats-Unis. Mais nous, nous ne nous aidons
pas nous-mêmes. Car nos régimes, depuis les années 50, sont au
service de la politique extérieure des Etats-Unis, dont les
piliers dans la région sont le pétrole, le soutien à Israël et
le soutien aux régimes arabes et non pas soutenir la démocratie
comme les text books des universités américaines le propagent.
C’est un grand mensonge. Nos régimes considèrent qu’ils ont été
programmés à obéir à la politique américaine à tout jamais …
Question : Les journalistes israéliens ont mis en garde
Netanyahu contre la colère d’Obama. Quelle est la réalité de
cette colère ?
Réponse : que signifie la colère d’Obama ?
Est-ce qu’il va faire la guerre contre Israël ? Est-ce qu’il va
prendre des décisions aux Nations-Unies contre Israël ? Non, la
colère d’Obama peut s’exprimer sur un point : le règlement
américain proposé (nous, nous sommes contre ce règlement,
d’ailleurs, pour que personne ne vienne prétendre que nous
cherchons à le vendre).. Obama peut être en colère en disant
voilà la vision américaine, si Israël veut une solution, la
voici. Ou Netanyahu la prend ou Israël va vers de nouvelles
élections. Je suis d’ailleurs certain que toutes nouvelles
élections n’amèneront que Netanyahu ou pire que lui, jusqu’à ce
qu’il y ait un nouveau dirigeant qui adopte la vision américaine
issue de la colère d’Obama.
Question : concernant la question d’al-Quds, certains
experts de la politique américaine disent qu’il n’y a pas de
différence entre les visions américaine et israélienne, mais
qu’il y a un bavardage israélien, que si la colonisation se
poursuivait en silence, il n’y aurait pas eu de problème. Est-ce
que la question est cette droite israélienne qui affirme tout
haut son arrogance de vouloir coloniser al-Quds ?
Réponse : Il faut laisser de côté la droite
israélienne et revenir aux négociations au temps de Barak,
lorsqu’il était en pourparlers avec Yasser Arafat, sous l’égide
de Clinton qui appartient au même parti qu’Obama. Les détails
sur les quartiers chrétien, arménien, ce qu’on appelle quartier
juif et ce qui a été pris après juin 67, nos dirigeants étaient
arrivés à un accord, et même Silwan où il y a actuellement une
poussée israélienne, ils étaient prêts à l’abandonner. Le
problème était uniquement à propos de la place de la mosquée al-Aqsa,
ils ont dit à Yasser Arafat : « vous avez ce qui est situé
au-dessus de la terre, et nous nous voulons le souterrain où
nous construirons notre temple car vous avez construit votre
mosquée sur le mont du templeé. Yasser Arafat avait ce jour-là
refusé et prononcé sa célèbre phrase à Clinton qui a essayé de
faire pression sur lui. Il lui a dit : « si tu veux que
j’accepte cela, je t’invite à mes funérailles ». Yasser Arafat a
eu peur que le peuple palestinien ne le tue. Mais il ne l’a pas
pas tué, ce sont eux (les Israéliens) qui l’ont tué. Il s’est
avéré depuis que Barak ne voulait que jeter de la poudre aux
yeux, il n’était pas sérieux.
Revenons à la droite, le problème d’Obama avec la droite est
qu’il veut quelle tienne compte des intérêts des Etats-Unis dans
la région. Que veulent les Etats-Unis ? Ils veulent ne pas être
détestés, ils ne veulent pas que les régimes amis qui assurent
le pétrole soient déstabilisés par leurs peuples, la résistance
et ce grand mensonge qui s’appelle terrorisme international. Les
Etats-Unis ont un projet de règlement, depuis Madrid, où ils ont
placé toutes leurs cartes pour régler la question du
Moyen-Orient. Actuellement, un des éléments de cette solution,
qui consiste à liquider la question palestinienne, est la
question d’al-Quds, qui est un symbole, où les Palestiniens
n’acceptent pas qu’on leur donne un bout de terrain, un canton,
sans qu’il y ait quelque chose qui s’appelle al-Quds, pour leur
vendre cette transaction et enrober le poison. Aujourd’hui, la
droite israélienne est têtue, même cela, elle ne veut pas
l’admettre. Elle dit : « Ces gens-là ne nous concernent pas ».
Les Israéliens sont dans le projet de l’Etat Juif. D’ailleurs,
que signifie la judéité de l’Etat ? L’expulsion des Palestiniens
de 48 et un Etat palestinien dépourvu de toute souveraineté,
puissance et maîtrise. En réalité, c’est un grand mensonge.
Aux Etats-Unis, en mai 2006, d’après Noam Chomsky, Olmert que
certains considèrent comme étant modéré, a prononcé un discours
au congrès américain, au temps de Bush, où il a dit : « dans
l’histoire ancienne d’Israël, nos ancêtres ont peut-être
abandonné, sans aucun droit, des miettes de terrain pour les
« cafards drogués » (les Arabes et les Palestiniens). Bien que
j’ai foi dans la terre d’Israël entière et le non abandon d’une
parcelle de cette terre, nous serons probablement contraints,
pour rester sur cette terre dans la sécurité et la stabilité,
d’abandonner, comme l’ont fait les ancêtres, quelques miettes de
la terre pour les « cafards drogués ». Le congrès américain a
applaudi parce que Barak nous avait décrit comme des « cafards
drogués ». Mais les jeunes qui ont affronté les généraux
israéliens, à l’est de Khan Younes, ces jours-ci, s’ils sont des
« cafards drogués », que Dieu fasse de tous les Arabes des
« cafards drogués » de cette sorte.
Question : Certains pensent que, puisqu’il n’y a que les
négociations, que la question d’al-Quds sera remise à plus tard,
que la colonisation sera gelée, quelques prisonniers seront
libérés et les négociations reprendront. Penses-tu que ce
scénario est possible ?
Réponse : Je ne veux pas discuter de ces
scénarios. Je vais parler du point de départ, pour ne pas faire
partie de leur agenda. Le fond de l’affaire, la Palestine est
notre terre. L’occident et le colonialisme ont aidé les bandes
sionistes à créer cette entité, ils nous ont arrachés à notre
terre, et expulsés en 48. A partir de là, les Arabes (les pères
et ancêtres de ceux qui se trouvent au sommet) ont voulu aider
et sauver la Palestine. Il y eut ensuite la création de l’OLP,
pour libérer la Palestine, toute la Palestine, du fleuve à la
mer. En 1967, les Arabes ont réduit le but en parlant d’effacer
les conséquences de l’agression de 67, puis ensuite, ce but a
été adopté. Il ne reste que 22% de la Palestine qui est devenu
le but stratégique. Ensuite, même la libération de la terre, les
22%, a été retirée, le terme terre a été retiré et on nous a
annoncé : le rêve palestinien c’est l’Etat palestinien. Cet
Etat, ils veulent le faire dans un garage, dans le marché de
Gaza, ou la poissonnerie d’al-Khalil, personne ne sait.
L’essentiel, c’est l’Etat, le rêve palestinien. En 1988, ils
l’ont proclamé indépendant à Alger, ils ont applaudi, dansé, et
tous les ans, on célèbre cette occasion ; gare à celui qui n’y
participe pas. Quelle différence entre la fête de l’Indépendance
de l’Etat d’Israël qui défie aujourd’hui les Etats-Unis, et la
nôtre, la fête de notre indépendance, qui est sur le papier,
pour laquelle le regretté Mahmoud Darwish a écrit 300 lignes
pour dire que nous avons un Etat.
Les accords d’Oslo concernent une terre que nous avons abandonné
à 80%, et qui considère que les 20% restants sont des terres sur
lesquelles il y a conflit. Depuis Oslo jusqu’à aujourd’hui, tant
que la définition de la Cisjordanie et de la bande de Gaza
demeure « des terres sur lesquelles il y a confit » et que les
Palestiniens ont signé ceci à Oslo, pourquoi reprocher aux
Israéliens qui, à cause du rapport de forces, tirent de leurs
côtés et arrachent les oliviers à Naplouse, Jénine et ailleurs ?
Le rapport de force en leur faveur leur permet d’arracher ce
qu’ils veulent, parce qu’ils sont vainqueurs. Tout ce calcul, A,
B, C, a eu lieu parce qu’il y a eu falsification et tromperie,
il y a un processus d’égarement envers le Palestinien,
d’égarement du Palestinien.
Ils se demandent pourquoi il ne se soulève pas ? Quand Gaza
était en train d’être bombardée, ils lui ont dit : « c’est Gaza
du Hamas », comme si c’était un autre peuple. Au Brésil, au
Vénézuela, il y a eu des réactions, et en Cisjordanie, le
maximum, certains ont brûlé des bougies. Est-ce que cela veut
dire que le peuple palestinien a abandonné sa terre et son
peuple ? Non, lorsque la bande de Gaza a été libérée et que les
colons sont partis, je l’avais dit, à l’époque, sur al-Manar
même, c’est la Cisjordanie, avec les opérations martyres, qui a
libéré la bande de Gaza,. Qu’est-ce qui nous a amené à cette
situation d’effondrement ? à ce sentiment de vanité ? C’est ce
mensonge qui est pratiqué, le rêve palestinien n’est pas l’Etat
palestinien. Ils nous ont pris la terre, ils nous ont chassés,
et le bout de terrain le plus cher pour cette nation, c’est al-Quds.
Aujourd’hui, les Israéliens l’envahissent de tous côtés,
destructions de maisons, judaïsation, bulldozers. Qui défend
aujourd’hui al-Quds ? Il n’y a que sheikh Raed Salah et ses
frères, les Palestiniens de 48, ils représentent le milliard et
demi de musulmans. Quels que soient les scénarios, et je reviens
à ta question, il faut que cesse la falsification, la tromperie
et le lavage de la conscience palestinienne avec l’encre
américaine et israélienne doit cesser. Il n’y a rien qui
s’appelle Etat palestinien. C’est fini. Cet Etat érigé par le
mot d’ordre de la solution de deux Etats est un prétexte pour
qu’ils prennent toute la Cisjordanie. Ils ont doublé la
colonisation et il n’y a plus que la mosquée d’al-Aqsa à
prendre.
Question : Qu’en est-il des négociations non directes et de
l’initiative arabe ?
Réponse : Ils ne vont pas retirer l’initiative
arabe. C’est un prétexte pour masquer leur vision. Il y a deux
visions : pour l’une, il faut reconnaître l’existence d’Israël,
et pour l’autre, le refus absolu de l’existence d’Israël. Depuis
Camp David, la jeunesse résistante refuse absolument cette
existence.
Il y a une vision qui considère qu’Israël a le droit d’exister
dans la région, à l’intérieur de cette nation, c’est la vision
du régime arabe en général, même s’il y a certaines voix
différentes, mais dans l’ensemble, c’est cette vision. Il y a
d’autre part l’autre vision, celle du refus absolu de cette
présence, qui considère que la nation peut changer le cours des
événements, et réaliser l’objectif de la libération.
Aujourd’hui, nous disons à ces régimes : « nous ne voulons pas
que vous déclenchiez la guerre pour al-Quds ». Il y a
trois choix : soit remplacer une initiative pour une autre, ce
qui veut dire s’abandonner encore plus à Israël. Cela n’est pas
d’actualité. Le second choix est ce que souhaitent toutes les
masses de cette nation, qui est un devoir national, légal,
humain, c’est de se préparer à l’affrontement. L’Iran se
prépare, la Turquie se prépare. Le troisième choix, c’est de
rester neutre. Nous leur disons : « Si vous dites : nous ne
pouvons rien faire aujourd’hui, ni la guerre ni la paix, en tant
que régimes, les gens d’al-Quds sont là, nous pouvons affronter
cette entité. Nous ne voulons ni soutien matériel, ni soutien
militaire, laissez nos peuples mener leur devoir national,
légal, humain et moral, laissez nos peuples soutenir la
résistance, l’aider autant qu’ils peuvent le faire. En tant que
régimes, dites seulement que ceux qui sont agressés ont le droit
de se défendre, c’est le droit du peuple palestinien de se
défendre et de ne pas être assassiné par Israël ». C’est tout ce
que nous leur demandons. Mais maintenir l’initiative arabe en
tant que prétexte, signifie qu’ils disent à Israël « fais ce que
tu veux ». C’est ce qui s’est passé avec la demande des reprises
des négociations indirectes. Israël a des difficultés, il est
dans l’impasse, les Etats-Unis lui demandent de geler la
colonisation, même limitée, pour reprendre les négociations, les
régimes arabes interviennent et parlent de négociations
indirectes, ce qui signifie qu’ils veulent sortir Israël de son
impasse, de lever la gêne dans laquelle il se trouve, de lui
pardonner ses crimes, d’assurer une couverture pour tout ce que
fait Israël dans al-Quds et la mosquée al-Aqsa. C’est pourquoi
si ces négociations reprennent de manière directe ou indirecte,
par une fatwa officielle arabe ou du mufti, c’est un crime
commis contre le peuple palestinien et la nation.
…..
Question : la réconciliation est-elle devenue un rêve
palestinien ?
Réponse : Non,
il y a un cauchemar qui s’appelle division et réconciliation.
Des parties extérieures sont responsables de la
non-réconciliation. Cela a été longuement expliqué. S’il y avait
une volonté sincère de la part des frères de l’Autorité
palestinienne et s’il y avait un soutien arabe à cette
réconciliation, qui est une demande et un besoin palestiniens,
il y aurait eu réconciliation. Mais ils ont posé des conditions
préalables, il faut que Hamas reconnaisse une deux trois
choses…des conditions du quartet, ce qui veut dire que le Hamas
s’annule en tant que résistance et qu’il rejoigne le cadre de
l’autorité et qu’il entre dans le jeu concurrenciel de l’Etat.
Ces conditions sont posées pour empêcher la réconciliation. A ma
connaissance, les positions de la résistance étaient favorables,
dans une grande mesure, mais des bâtons ont été mis par d’autres
parties.
Question : qu’en est-il du document égyptien ?
Réponse : Le
document égyptien, dans sa formule actuelle, ne répond pas aux
besoins et revendications du peuple palestinien. Nous, pour
notre part, nous ne l’avons pas reçu, nous l’avons lu dans la
presse, nous avions des remarques à son propos, plus vives même
que celles de Hamas, mais les parties responsables de ce
document n’ont pas demandé notre avis. Cependant, avec les
organisations palestiniennes, nous avions discuté et notre
position est connue. Nous avons beaucoup de remarques sur ce
document, la plus importante étant que nous ne sommes pas dans
l’Autorité. S’il s’agit de l’OLP, nous pouvons discuter comment
y participer, mais pour l’Autorité, nous ne sommes pas au
gouvernement, nous n’avons pas participé aux élections, nous ne
faisons pas partie de l’appareil sécuritaire. Tous ces détails,
qui sont d’ailleurs minés, renferment des
expressions qui nous entraînent dans un cercle par rapport
auquel nous avons pris position, comme par rapport au document
de la réconciliation, ou de l’entente nationale, par le passé,
qui a été rédigé à partir du document des prisonniers. A
l’époque, nous étions la seule organisation dans la scène
palestinienne qui avait exprimé ses réserves alors que le
document des prisonniers est mille fois meilleur que celui-ci.
Un dernier mot, pour ne pas croire que nous sommes contre la
réconciliation. Nous sommes pour une réconciliation qui
consolide la résistance, contre une réconciliation qui empêche
la résistance, nous voulons protéger la résistance et le peuple
palestinien.
Question : certains parlent de la nécessité de supprimer
l’Autorité alors que d’autres évoquent le nouveau système
palestinien, qui serait un système post-organisations. Qu’en
penses-tu ?
Réponse :
Concernant la suppression de l’autorité, lorsque nous en
parlons, cela part de la comparaison entre ce qu’il y a
aujourd’hui, et ce qui serait si l’autorité est supprimée. Ce
qui existe aujourd’hui, c’est une occupation reposante pour
Israël. L’autorité est une couverture qui accorde une
légitimité, en Cisjordanie, à Gaza et al-Quds, pour tout ce que
fait l’occupation sans cependant lui faire porter de poids, ni
humain, ni moral, que devrait assumer tout Etat qui occupe un
peuple, selon le droit international. Le peuple palestinien
vivait avant Oslo, sous occupation, Israël était obligé
d’apporter l’eau, la farine, de faire en sorte que le peuple
vive. Et la résistance était là, comme elle a toujours été dans
la lutte contre l’occupation. Actuellement, Israël sorti, il n’a
plus aucune obligation envers ces gens qui existent dans cette
terre, et qui sont surveillés par un grand surveillant qui
s’appelle l’autorité, un fonctionnaire sécuritaire au service de
l’ennemi sous couvert de coordination sécuritaire. L’autorité
parle d’Etat, de bien-être, etc.. ce sont des mots qu’ils
doivent vendre ailleurs, c’est une occupation reposante qui a
libéré Israël des charges dont il a l’obligation, selon le droit
et les accords internationaux. Ainsi, à quoi sert l’autorité si
elle a pour but de freiner le peuple palestinien ? Il faut
supprimer l’autorité et faire en sorte que tout le peuple
palestinien intègre la résistance, le projet de résistance, y
compris le Fateh, notamment en Cisjordanie, et jusqu’aux
profondeurs de l’état israélien, par les opérations
martyres,comme cela s’est passé lors de l’intifada al-Aqsa. La
bande de Gaza, les Israéliens en sont sortis, elle peut être
transformée en une véritable zone libérée, soit une base de
résistance et un point d’appui, lorsque Israël fait ce qu’il
fait à al-Quds, il faut que la résistance parte de la bande de
Gaza, dans une stratégie globale où tout l’ensemble palestinien
est pris en compte..
Question : Finalement, après ce tableau, penses-tu que les
forces de la résistance sont en progrès et que l’ennemi est en
recul ?
Réponse : Si nous regardons l’occupation en
tant qu’Etat et entité, dans son ensemble, Israël n’est plus ce
qu’il était avant, il ne peut plus, même avec son arsenal
nucléaire, ramener les choses comme avant. Le temps où Israël
remportait des victoires faciles et où nous étions défaits, est
fini… Nous avons combattu et avons résisté : par la résistance
en 2000 au sud du Liban, la terre a été libérée par la force des
armes. Après l’effondrement de l’Union soviétique et
l’instauration d’un nouvel ordre mondial, et où les Etats-Unis
sont les protecteurs d’Israël, la résistance a combattu et est
sortie victorieuse à Gaza, elle a chassé les Israéliens, par la
résistance et les opérations martyres, de la bande de Gaza en
2005. La résistance a été victorieuse en 2006 dans une victoire
légendaire qui a menacé toute l’entité, et la résistance a
combattu et est sortie victorieuse en 2008 et 2009. Je suis
certain que les combattants et les résistants remporteront de
nouvelles victoires pour cette nation, car il est fini le temps
où notre sort est la défaite et l’abandon, comme veulent nous
l’imposer les autres.
Traduction Cirepal (Centre d'Information sur la
Résistance en Palestine)
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