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Opinion
Extraits de l'interview de Paul-Éric Blanrue pour le magazine
«Flash» du 18 novembre
Vendredi 19 novembre 2010
Collaborateur à la revue Historia
et auteur d’une dizaine de livres de démystification,
l’historien Paul-Éric Blanrue a lancé une pétition le 6 août
dernier. Son objectif : l’abrogation de la loi Gayssot et la
libération du révisionniste Vincent Reynouard, emprisonné pour
un an à la prison de Valenciennes. Cette démarche originale
méritait bien un entretien dans Flash.
1° Pouvez-vous nous rappeler ce
qu’est la loi Gayssot ?
Une aberration intellectuelle et juridique. Parue dans le
Journal officiel du 14 juillet 1990, cette loi est en principe
destinée à réprimer les propos racistes et antisémites. En fait,
c’est un fourre-tout, dont l’un des articles les plus scélérats
punit ceux qui auront contesté l’existence « d’un ou plusieurs
crimes contre l’Humanité » tels qu’ils sont définis par le
tribunal de Nuremberg. Nous sommes ainsi en présence d’une loi
qui n’interdit pas seulement de nier, mais simplement de
contester un point du jugement. Notez que l'article 6 du statut
du tribunal prévoyait trois autres catégories de crime : 1°
contre la Paix, 2° de guerre et 3° l'élaboration ou l'exécution
d'un plan concerté ou complot pour commettre l'un quelconque des
crimes ci-dessus. Or la loi Gayssot ne les prend pas en compte.
Pourquoi ? Au nom de quoi cette loi permet-elle implicitement la
contestation de trois catégories de crime et interdit-elle
explicitement la contestation des « crimes contre l'Humanité » ?
On se trouve devant un passe-droit qui ne bénéficie qu'à une
seule partie de la population incarnant en substance l'Humanité
tout entière. Y a-t-il des souffrances exceptionnelles et
d'autres dont on peut s'accommoder ?
2° Pourquoi demander son abrogation ?
Imaginez ce dialogue entre taulards : « T’es tombé pour quoi,
toi ? – Moi j’ai buté ma femme et je l’ai découpée en rondelles.
Et toi ? – Moi ? J’ai contesté ! - Oh la vache ! T’es pas sorti
de zonzon, mon pote !» Le tribunal de Nuremberg était, à la fin
de la Seconde Guerre mondiale, la juridiction militaire des
vainqueurs jugeant les vaincus. Or, soixante-cinq ans après les
événements, nous voici obligés, sous peine de prison ou de
fortes amendes, de dire amen à une partie de ce que les
militaires américains, anglais et les Soviétiques staliniens ont
délibéré concernant leurs ennemis allemands qu’ils venaient de
terrasser. Les vainqueurs, bien entendu, n’ont jamais été jugés
par personne : « Hiroshima, mon amour ! »… Notez que l’article
19 du statut du tribunal de Nuremberg stipulait que celui-ci
« ne sera pas lié par les règles techniques relatives à
l'administration des preuves ». Tout aussi incroyable, son
article 21 : « Le tribunal n'exigera pas que soit rapportée la
preuve de faits de notoriété publique, mais les tiendra pour
acquis ». Sur le principe, cette loi est une folie pure,
puisqu’elle institue une seule et unique vérité d’État, de type
orwellien. Remarquez que vous ne pouvez pas contester un
tribunal militaire de 1945-46, mais que vous avez parfaitement
le droit de nier l’existence du génocide indien, arménien,
rwandais, congolais ou encore celle du commerce triangulaire.
5° Vous avez clôturé votre
pétition il y a trois semaines. Êtes-vous satisfait des
résultats ?
Environ mille personnes, du monde entier, des États-Unis à
l’Italie, l’ont signée. Même si le chiffre peut paraître bas
comparé à l’opération BHL pour Sakineh, il est inespéré vu
la terreur pavlovienne qui règne dès qu’on parle de la Shoah
et l’absence quasi-totale de relais médiatiques dont nous
disposons. Nous avons reçu le soutien de Noam Chomsky, qui
nous a écrit qu’il considérait « la loi Gayssot comme
complètement illégitime et en contradiction avec les
principes d'une société libre, tels qu'ils ont été compris
depuis les Lumières », ajoutant qu’il souhaitait ne pas voir
cette loi appliquée dans le cas de Reynouard, comme dans
tout autre cas d’ailleurs. Comme « signataires célèbres »,
je peux vous citer « the big Woz », Steve Wozniak,
cofondateur d’Apple avec Steve Jobs, un monstre sacré pour
les informaticiens du monde entier (« chacun sait que les
livres sont écrits par les vainqueurs », nous a-t-il écrit),
le fondateur de Reporters sans frontières Robert Ménard, le
journaliste et écrivain Dominique Jamet, ancien président de
l’établissement public de la Bibliothèque de France,
Dieudonné, l’universitaire belge Jean Bricmont, le Père
Michel Lelong ou encore Alain Soral que vous connaissez
bien !
6° On a entendu dire que certains signataires s’étaient
désistés. Que s’est-il passé ?
Il n’y a eu que deux défections, mais elles ont fait le « buzz »
ce qui n’est pas plus mal compte tenu du mutisme général de
la presse… 48 heures après la publication de la liste, Mgr
Gaillot nous a ainsi demandé d’ôter son nom. Il n’a pas
cherché à nier qu’il avait subi des pressions d’un certain
nombre de groupes et s’est excusé auprès de nous, ce qui
était assez courtois de sa part. Moins correcte en revanche
a été l’attitude de Yann Moix, qui était mon ami depuis dix
ans et avait même préfacé l’un de mes livres sur le
judaïsme. Après avoir signé crânement, il a eu une subite
crise de panique et s’est désisté sans m’en avertir en
m’accusant de l’avoir fait tomber dans un piège ! Sur le
site de La Règle du Jeu, la revue de son mentor BHL, ce
ladre a déclaré qu’il ignorait que le nom de Faurisson
apparaissait sur la pétition et qu’en conséquence il ne
pouvait moralement y rester ! J’ai immédiatement réagi sur
le blog du Clan des Vénitiens
(http://www.blanrue.blogspot.com/) en prouvant qu’il mentait
comme une brassière. Deux pigistes du Monde.fr, spécialisés
dans la traque des extrémistes de droite, réels ou supposés,
ont mené une enquête de leur côté et sont parvenus au même
résultat en utilisant google-cache, la mémoire du moteur de
recherche. Bref, Moix a été pris la main dans le pot à
confiture et ça commence à se savoir. Son étoile a pâli et
je crains qu’il se soit déconsidéré à tout jamais aux yeux
de ses amis comme de ses adversaires. Celui qui part d'une
pétition qu'il vient de signer perd sur tous les tableaux.
Il passe pour un type qui n'assume pas ce que tout le monde
sait à présent qu'il pense !
(...)
Pour signer la pétition, il suffit d'indiquer vos nom et
prénom, ainsi que votre ville (et votre profession si vous
le désirez) à cette adresse :
eugenie.blanrue@laposte.net
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