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Interview

Les positions du Hamas ? Un rappel salutaire



IPS, vendredi 29 janvier 2010

Interview de Mahmoud Al Ramahi, secrétaire général du Conseil Législatif Palestinien, par Mel Fikberg, sur la situation politique palestinienne, au cours de laquelle le Hamas redit notamment à tous ceux qui feignent de l’ignorer qu’il "accepte Israël dans ses frontières de 67".

La politique palestinienne est dans une impasse. Le mandat de 4 ans du Conseil Législatif Palestinien (CLP) s’est terminé le 25 janvier sans qu’aucune élection n’ait été prévue. Les élections présidentielles, qui devaient se tenir l’année dernière, ont été reportées elles aussi indéfiniment. IPS s’est entretenu avec le Dr. Mahmoud Al Ramahi, neurochirurgien et secrétaire-général de CLP, sur cette impasse politique.

Q : Vous avez passé trois ans dans une prison israélienne et vous avez été relâché l’année dernière. Quelle était la cause de votre emprisonnement ?

R : Avec 47 autres membres du Hamas ainsi que des parlementaires élus du CLP, nous avons été arrêtés par les Israéliens suite à la prise du pouvoir dans la Bande de Gaza par le Hamas en juin 2007 et à la capture d’un soldat israélien qui avait été fait prisonnier par des combattants basés à Gaza. Nous n’avons été accusés de rien d’autre que d’appartenir au Hamas.

Q : Le mandat de 4 ans s’est donc terminé le 25 janvier sans autres élections de prévues bien que les activités du CLP aient été gelées depuis la prise de pouvoir du Hamas à Gaza. Comment voyez-vous la situation actuelle et que s’est-il passé quand vous avez essayé de tenir une conférence de presse il y a plusieurs jours sur cette situation ?

R : L’Autorité palestinienne exerça une pression sur les médias locaux pour qu’on ne puisse pas tenir la conférence de presse dans leur bâtiment et nous avons dû la faire dans nos propres bureaux.

Par la suite des membres de notre bureau furent arrêtés par la sécurité de l’Autorité palestinienne qui les accusa sous le prétexte qu’ils blanchissaient de l’argent sale. Je fus moi-même suivi par la patrouille de la sécurité mais grâce à mon immunité parlementaire je ne fus pas arrêté. Notre groupe fut relâché à minuit et les accusations ont été levées sous la pression exercée par les membres du Fatah installés à Gaza qui craignaient que de semblables mesures soient prises par les autorités du Hamas contre eux.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait fait passer un décret selon lequel aucune élection présidentielle ou législative ne serait tenue dans un futur proche même si l’année dernière il en avait publié un autre qui affirmait que des élections seraient tenues en janvier cette année.

Q : Le président Abbas a déclaré que tant que le Hamas ne signerait pas un accord de réconciliation sous l’égide des égyptiens il n’y aurait pas d’élections. Pourquoi le Hamas refuse-t-il de signer le document ?

R : Il existe trois conditions pour signer le document. La campagne politique d’arrestations contre les membres du Hamas en Cisjordanie doit cesser. Tous les membres cisjordaniens du Hamas licenciés sur la base de leur filiation politique doivent être réintégrer et de nouvelles élections auraient dû être tenues le 25 janvier. L’Autorité palestinienne accepta ces conditions pendant les conversations unitaires l’année dernière.

Cependant, suite à la visite au Caire l’année dernière de l’envoyé américain au Moyen-Orient George Mitchell, les Etats Unis exercèrent une pression sur l’AP, et Abbas revint sur l’accord.

L’Autorité palestinienne déclara qu’elle n’avait plus les fonds pour réemployer les fonctionnaires du Hamas qui avaient été congédiés. Elle déclara plus tard que les commissions électorales dans le futur ne pouvaient inclure que des membres du Fatah. Ces conditions sont absolument inacceptables pour nous qui avons gagné les dernières élections, lesquelles étaient libres et justes. Q : Y-a-t-il interaction entre le Fatah et le Hamas malgré le gel du CLP ?

R : Préalablement à la conférence inattendue du Fatah au mois d’août dernier nous avions des relations tout à fait cordiales avec nos collègues du Fatah. Cependant, au fur et à mesure que s’approchait la Conférence, la communication cessa presque totalemetn, et on leur fit savoir que parler avec nous mettrait en péril leurs chances d’être élus au Comité Central du Fatah.

Auparavant nous respections le Fatah sous la direction du président feu Yasser Arafat comme la première organisation révolutionnaire. Désormais, nous croyons que la présente politique qui consiste à persécuter les membres du Hamas et à nier le droit à la résistance contre l’occupation israélienne est une faute grave de la part de l’AP.

Q : Croyez-vous que la popularité du Hamas en Cisjordanie a grandi et pensez-vous que cette popularité pourrait expliquer le refus de l’AP à tenir des élections ?

R : Abbas a publiquement reconnu notre popularité grandissante. Je ne doute pas un seul moment que si des élections libres étaient tenues demain nous les gagnerions encore comme en 2006. Dans des élections tenues par les étudiants à l’Université de Birzeit nous avons remporté plus de 20% de voix par rapport à l’an passé et perdu seulement pour un faible pourcentage.

Parmi les employés de l’AP beaucoup se sont affiliés à l’AP seulement parce qu’ils dépendent de l’AP pour l’emploi et le salaire. Si les Etats Unis avaient arrêté de les payer pendant un seul mois la base qui soutient l’AP aurait diminué encore plus que maintenant.

Q : Le Hamas accuse l’AP de suivre une politique de base antidémocratique dans laquelle les arrestations politiques, le non respect des droits humains et le fait de museler la presse sont la norme, mais le Hamas ne fait-il-pas la même chose à Gaza ?

R : La direction du Hamas en Cisjordanie a non seulement critiqué ce qui se passe à Gaza mais obligé la direction à cesser ces pratiques. Cependant, il faut se souvenir que l’AP a plus de 500 prisonniers politiques en Cisjordanie tandis que le Hamas en a seulement 50 et qu’un certain nombre d’entre eux sont accusés de meurtre. Beaucoup de ces arrestations ont été faites en représailles contre des arrestations en Cisjordanie.

Q : Le Premier Ministre de l’AP Salaam Fayaad a admis la torture de détenus du Hamas en Cisjordanie, mais a dit aussi qu’elle s’était arrêtée officiellement en octobre dernier. Est-ce vrai ?

R : Dans la plupart des cas les détenus ne sont plus frappés aveuglement, les prisonniers ne sont pas attachés dans des positions insupportables mais d’autres formes d’abus subsistent comme le fait de forcer les détenus à dormir dans le froid, sur des sols en ciment, sans matelas ni couvertures en hiver ou en inondant les cellules d’eau de telle sorte qu’il soit impossible de s’asseoir.

Q : Pourquoi les Etats Unis devraient-ils négocier avec le Hamas s’ils ont des raisons de croire que même si votre organisation gagnait des élections libres, une fois au pouvoir vous ne renforceriez pas une théocratie islamique ?

R : Nous sommes un mouvement islamique modéré et on ne nous a jamais accordé ne serait-ce qu’une période d’un mois après les élections, pour prouver notre bonne foi. Si on nous avait donné une chance et qu’on ait prouvé que nous étions antidémocratiques alors il aurait été logique de nous boycotter, mais pas avant. J’ai expliqué cela à l’ex-président Jimmy Carter après les élections de 2006 dont il avait été l’un des observateurs. Et laissez moi ajouter que l’AP est loin d’être démocratique.

L’influence de l’Islam est en constante progression dans la région, que l’occident le veuille ou non. Le seul choix est de traiter avec des groupes islamiques modérés comme les nôtres, ou de continuer à nous boycotter et à alimenter un réel extrémisme de se développer sous la forme d’Al Qaida, et ensuite essayer de négocier avec eux.

Q : Les Américains disent aussi que votre refus de reconnaître le droit d’Israël à exister est source de problèmes.

R : Nous avons déjà affirmé à plusieurs reprises que nous acceptons l’existence d’Israël dans les frontières de 1967 comme une réalité politique même si nous n’admettons pas sa légitimité morale.

D’un autre côté Israël n’a jamais reconnu le droit d’un Etat palestinien à exister même sous l’AP, malgré le fait que l’AP ait reconnu le droit d’Israël à exister. Tout ce qu’Israël a reconnu c’est la légitimité de l’OLP comme seul représentant du peuple palestinien."

Source : http://www.informationclearinghouse.info/article24538.htm

(Traduit par Annie et P. Osses pour CAPJPO-EuroPalestine)



Source : CAPJPO-EuroPalestine
http://www.europalestine.com/...


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