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Fériel Berraies Guigny
Dominique
Baudis: « Je reste persuadé que la meilleur façon de connaître
notre avenir commun, est de mieux se connaître »
Dominique
Baudis nouvellement nommé à la Présidence de
l’IMA a tenu
à présenter son Institution
comme le point d’ancrage essentiel entre le monde arabe
et la France. Un geste politique d’il y a vingt années et dont
la pérennité est toujours de mise, nous confie t –il.
Et oui l’IMA a aujourd’hui vingt ans !
Heureuse date
pour une Institution qui a connu bien des affres financiers
et des intrigues intra muros, ces dernières années. Face à
cette situation, la nomination de Dominique Baudis est prometteuse
d’une « Renaissance » de l’IMA et d’une remise
en perspective de ses missions et objectifs. Car l’heure est au
rappel du rapprochement franco arabe, et ce en dépit des
sceptiques. Et la culture
aux côté du politique, n’a jamais autant
pavé la route de la paix !
L’IMA, est la maison
du monde arabe, vitrine de ses identités plurielles confondues
qui caractérise notre région. Avec un million de visiteurs par
an et 50% de recettes propres réalisées grâce aux entrées, aux
ventes et aux évènements, elle est le dixième lieu de visite
culturel à Paris.
Dominique Baudis, ne
cache pas par ailleurs sa volonté de décentraliser. Un
premier pas est déjà franchi cette année, avec trois
expositions de l’IMA organisées à Alger, désignée capitale
culturelle du monde arabe pour 2007. Le reste est encore à venir !Aujourd’hui,
l’IMA fonctionne grâce aux 10 millions d’euros d'aides
publiques : 8 millions et demi de la part du ministère français
des Affaires Etrangères (une somme inchangée depuis 17 ans) mais
que le Président Baudis a fini par réactualiser cette année
2007. Une grande victoire, mais qui ne cache pas les attentes de
L’IMA qui attend , un fond
de soutien entretenu plus ou moins assidûment par les états
arabes. Et même avec une
dette de trois millions d’euros : "J’ai bon espoir
de redresser la situation", confie Dominique Baudis. Un appel
a également été lancé en vue de sensibiliser les Etats à être
plus participatifs dans les diverses expositions à venir, ainsi
que sur le plan financier.
Biographie de Dominique
Baudis :
Ancien patron du
Conseil supérieur de l'audiovisuel (directeur du CSA de 2001 à
janvier 2007), Dominique Baudis a été maire de Toulouse
pendant 18 ans. Il a été député et président du Conseil régional
Midi-Pyrénées mais aussi journaliste, coopérant militaire à la
radio et télévision libanaise de 1971 à 1973, correspondant de
TF1 au Proche-Orient de 1974 à 1976, et présentateur du journal
de TF1 de 1978 à 1980, puis celui de FR3 jusqu'en 1982.
Connaisseur du monde arabe, il a écrit plusieurs ouvrages comme
La Passion des chrétiens du Liban, en 1978, La Mort en keffieh,
en 1980, Raymond d'Orient en 1999. Aujourd’hui il est le Président
de l’Institut du Monde Arabe.
Entretien :
Dominique Baudis
Comment
vivez vous votre récente nomination ? de l'audiovisuel, au
journalisme à L'IMA est ce un découlement logique ?
Je
suis depuis le mois de février, Président de l’Institut du
Monde Arabe. Et c’est une mission qui me passionne. Cette
mission cohérente avec ce que j’ai fait pendant toute une période
de ma vie. Puisque j’ai été journaliste correspondant pour la
télévision française à Beyrouth. Je couvrais les évènements
non seulement à Beyrouth mais dans la région du Proche et du
Moyen Orient. Par ailleurs, j’ai un lien affectif avec le Monde
Arabe. Mon épouse est née en Algérie et est de père algérien.
J’ai connu le Moyen Orient professionnellement et affectivement
par le biais de mon épouse, le Maghreb. Je me sens très investi
par cette mission et j’y crois beaucoup. Je reste persuadé que
la meilleure façon de connaître notre avenir commun, est de
mieux se connaître, pour mieux se respecter. Cette maison est
celle de la connaissance, du savoir et du respect.
Comment prévoyez
vous de faire pour sortir l'IMA de son marasme financier ? à
combien s'élèvent les arriérés ? On dit que cet Institut
est budgétivore qu'en pensez vous ?
Certes
ma mission est difficile. Le paradoxe de l’Institut du Monde
Arabe c’est qu’il connaît un grand succès auprès du public
et depuis toujours. Avec un million de visiteurs par an c’est le
dixième lieu culturel
le plus visité à Paris. Et en même temps, depuis vingt ans que
l’IMA existe, nous accumulons des déficits successifs. Pour la
première année, en 2007 on terminera l’année avec un budget
en équilibre.
J’ai réussi à rétablir l’équilibre des finances à
l’Institut. Maintenant, il faut le consolider.
Qu'est ce que le
Fonds de dotation ? des négociations sont en cours avec
l'Irak et la Lybie ?
Le fonds de dotation est un fonds alimenté par les sommes
versées par les Etats Arabes. Il représente un peu plus de
Trente cinq millions d’euros, c’est le capital de l’IMA.
Un certain nombre de pays, dont cinq, n’ a pas versé
dans ce fonds. Mon objectif est donc d’arriver à
les convaincre de le faire. Je vais signer dans quelques
jours, à l’occasion de la visite du Colonel Kadhafi, des
documents avec les autorités libyennes que j’ai rencontrées ce
mois d’août. Je suis allé cet été à Tripoli, pour discuter
d’un projet culturel, qui sera une grande exposition consacrée
au Patrimoine historique et archéologique libyen. Cela fait
partie, de nos objectifs, d’augmenter le fonds, par le versement
des arriérés, des dettes des cinq pays sur 22. Il y a dix ans,
il a été décidé en échange du paiement des arriérés, de ne
plus soumettre les Etats arabes à une cotisation. Tous les pays
l’ont fait, sauf les cinq. Et en réalité le fonds aurait du être
de 65 millions d’euros. Mon premier objectif est d’arriver de
faire régler la dette à l’IMA, même si cela ne résout pas le
problème complètement.
Aujourd’hui il faut trouver un système de financement par
les Etats Arabes. La France apporte son financement, j’ai obtenu
qu’il soit augmenté, mais il faut drainer un financement par
les Etats arabes. Le système serait d’imaginer avec chacun des
pays membres de l’Institut des actions qui peuvent être intéressantes
pour eux. Cela peut être soit des actions culturelles, ou des
actions de communication, auxquelles ces pays participent en
s’impliquant financièrement. Un exemple, nous allons ouvrir une
exposition à la Médina, sur le Qatar. Pendant un mois, le Qatar
se présentera lui même, comme on le ferait sur une exposition
universelle. Ou bien des manifestations de très haut niveau sur
le plan culturel et le pays s’implique sur le projet, soit en
apportant un financement, soit en travaillant avec l’IMA pour
trouver des mécénats d’Entreprise autour du projet.
Pourquoi ce désengagement
des Etats arabes ?
Je
pense que le système des cotisations n’était pas très motivant pour les Etats. En réalité on ne peut motiver ou
mobiliser les Etats arabes que sur des projets et non en
envoyant un appel de cotisation en fin d’année
On dit que l'IMA
est la vitrine du Monde Arabe, qu'en est il aujourd'hui ? Le
dialogue des cultures et l'échange des valeurs qui ont été à
la base de cette institution, pensez vous leur retour possibles ?
L’IMA
est dans sa réalité une vitrine du Monde Arabe et par ailleurs,
le dialogue des cultures a toujours été son moteur conducteur,
et cela ne s’est jamais départi. On parle souvent du dialogue
des cultures comme si
c’était un vœu, un discours de rhétorique ; à l’IMA
depuis vingt ans on pratique ce dialogue des cultures, avant même
que ce concept ne se transpose au discours politique ou
diplomatique. Encore une fois, avec beaucoup de succès car nous
avons énormément de visiteurs. Mais c’est aussi une réalité
qui a des exigences logistiques et financières.
Quel rôle pour une
institution comme l'IMA pour contrer les tenants du clash des
civilisations, intégristes de tous bords ?
Je
ne crois pas au clash entre les civilisations mais le clash des
ignorances. Car justement, si les gens ne se connaissent pas, si
on ne connaît pas son voisin et la France et le Monde Arabe sont
des voisins, alors on s’en méfie et on lui tourne le dos. Les
incompréhensions amènent des crises graves. La connaissance de
l’autre dissipe les craintes et conduit au respect de l’autre.
La dimension culturelle aujourd’hui est devenue centrale dans la
relation diplomatique et dans la politique. Quand Le Louvre va
dans le Golfe, cela revêt une dimension politique et quand la
France a ouvert l’Institut du Monde Arabe, il y a vingt ans,
cela avait la même signification. C’est un geste politique pour
le Monde arabe, un message pour le public
français et européen. Aller vers l’autre, bâtir des
liens solides entre les peuples.
On parle d'une réorientation
de la politique extérieure française moins favorable aux
Arabes. Qu’en pensez vous ?
La
question ne se pose plus, depuis l’avènement de la gouvernance
actuelle. Rien
ne permet de dire que la politique française ait changé à l’égard
du Monde Arabe. Au mois d’avril, il est vrai qu’il y avait une
certaine crainte manifestée par certains dirigeants du Monde
Arabe, qui acceptait mal le départ du Président Chirac.
Aujourd’hui la donne a changé car le
Président Sarkozy depuis le mois de mai, n’a fait
qu’enchaîner des visites au Maghreb. Les trois quart de
l’agenda du Président, a été consacré au Monde Arabe qui est
une priorité. Contrairement à ce que j’entends ou peux lire,
je pense que la relation avec le Monde Arabe, se porte très bien.
Aujourd'hui vous fêtez
le 20 e anniversaire, pourtant on assiste plutôt à des réductions
de personnel ?
Ca
signifie qu’il nous faut tirer un bilan, de notre histoire, de
notre mémoire, de nos activités. L’IMA est une réalité qui a
rencontré beaucoup de succès auprès du public. Il faut
maintenant rétablir un équilibre financier et le maintenir. Il
faut que l’IMA
aille aussi dans le Monde arabe pour participer à sa vie
culturelle, au travers d’expositions, d’évènements. On peut
apporter nos collections, nos ouvrages, nos œuvres en dehors de
ces murs. L’IMA ne doit pas être exclusivement parisien. Il
faut aller rencontrer le public du monde arabe. C’est un
objectif anniversaire.
S’agissant du plan de licenciement économique,
il est vrai qu’il y a eu neuf personnes qui sont parties.
C’est la situation que j’ai trouvé en arrivant.
Les demandes faites par ailleurs du Ministère des Finance,
c’était de supprimer encore 20 postes. Quand je suis arrivé
j’ai décidé qu’il ne fallait pas procéder à une deuxième
vague de licenciements. En revanche, j’ai dit qu’il fallait
faire tous les efforts possibles, pour mettre nos ressources
possibles à la hauteur de nos missions. Il faut un comportement
de croissance et de dynamisme. Il ne suffit pas de le dire il faut
être aussi financé. J’ai commencé à avoir des débuts de réponse
avec l’Etat français, des mécènes et certains pays Arabes.
Ainsi on pourra garantir à l’équipe de l’IMA, de continuer
à faire son travail, comme elle le fait depuis vingt ans.
Le Quai d'Orsay,
a dû débloquer une rallonge pour équilibrer les comptes ?
Il
s’agit en fait d’une actualisation. Le Quai d’Orsay nous
donnait la même somme depuis 1990. J’ai donc demandé qu’on
nous donne une somme qui corresponde à la valeur qu’elle nous
donnait en 1990. C’est un très gros effort déjà.
Vos expositions
assurent la moitié des recettes,: sur les pharaons (700 000 entrées),
Venise et l'Orient (actuellement au Met de New York, après 250
000 billets vendus à l'IMA), Matisse et le Maroc (350 000 entrées)
ou encore l'âge d'or des sciences arabes (170 000 entrées),
quels sont les pronostics pour les deux expos sur les phéniciens
et l art arabe contemporain?
Il
est difficile de répondre à ces questions, car les deux
expositions siégeront jusqu’en mars avril 2008. Tyr et Carthage
a très bien démarré. En terme de fréquentation nous sommes très
content. Hormis pour les dix jours de grève.
On a eu beaucoup d’articles, d’émissions télés, de
radios.
Vous avez fait un voyage en octobre 2007,
huit jours avant l’ouverture de l’exposition en Tunisie ?
Il
y a deux aspects dans l’Exposition : l’aspect
scientifique, beaucoup d’objets viennent de Tunisie, et c’est
le comité scientifique qui a fait venir de 70 musées différents,
les pièces de l’Expo. Après il y a la question de la
communication et là c’est au tour du pays de communiquer. La
Tunisie peut parfaitement organiser une campagne par exemple sur
les phéniciens et Carthage et venir greffer cela sur le tourisme
culturel. Puisque c’est une des orientations actuelles de votre
tourisme. L’IMA et cette Exposition pourrait être un tremplin.
Cela peut être le rôle des Ambassades, des offices du Tourisme,
du Ministère du Tourisme, des compagnies aériennes. Dans ce cas
précis, Tunisair avait fait une visite privée, et a amené des
journalistes français en Tunisie. Ils ont visité les ruines de
Carthage, on vu des vestiges phéniciens. Il y avait une trentaine
de journalistes et cela a permis entre autre de faire sortir un
numéro spécial de l’Express sur cette expo et on y voit en
illustration dans une des pages le Tophet de Carthage.
Incontestablement la Tunisie pourrait tirer profit de cette
exposition, en terme de visibilité et de promotion du Tourisme
culturel.
Les grandes
orientations de la programmation pour 2008 ?
Les
Phéniciens, L’exposition des artistes arabes contemporains,
ouvre ses portes, ce mois de décembre. l’Architecture
contemporaine dans les Emirats, cet été, entre mai et septembre.
Et en octobre, Bonaparte en Egypte
Merci
Monsieur Baudis
Crédits : Courtesy of F.B. G Communication
www.fbgcom.net
fbgcommunication@yahoo.fr
Publié le 21 décembre 2007 avec
l'aimable autorisation de Fériel Berraies Guigny
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