Opinion
Syrie : un ancien
ministre canadien accuse Nicolas Sarkozy
Cherif Abdedaïm
Jeudi 12 janvier
2012
Revue de presse: La Nouvelle République
(extrait) – 9/1/12
Q : Quelle analyse
faites-vous de la crise que traverse la
Syrie ?
Richard Le Hir* : Ce qui est
particulièrement frappant, c’est le
fossé entre ce que rapportent les médias
officiels étrangers et les
comptes-rendus des sources d’information
non alignées sur le terrain. Le fait que
Bachar Al-Assad tienne encore solidement
les rênes du pouvoir constitue pour moi
une indication très claire que la menace
vient davantage de l’extérieur que de
l’intérieur et qu’elle est téléguidée
comme l’était la tentative de
renversement du régime iranien en 2009
lors de la pseudo Révolution verte.
Il ne faut donc pas se surprendre de
retrouver dans le camp de la révolution
syrienne l’intellectuel français et de
moins en moins philosophe Bernard-Henri
Lévy, qui n’avait pas hésité à jeter
tout son poids médiatique derrière la
révolution avortée en Iran et qu’on a vu
se démener avec toute la force de son
impressionnant carnet de contacts en
Libye récemment. On sait maintenant
grâce à Bernard-Henri Lévy lui-même que
« c’est en tant que juif » qu’il a «
participé à l’aventure politique en
Libye ». Lors de la première Convention
nationale organisé par le Conseil
représentation des organisations juives
de France (CRIF), il a en effet précisé
: « Je ne l’aurais pas fait si je
n’étais pas juif. J’ai porté en étendard
ma fidélité à mon nom et ma fidélité au
sionisme et à Israël ». La question se
pose maintenant de savoir si la fidélité
de Lévy au sionisme et à Israël
l’emporte sur la fidélité qu’il doit à
la France en tant que citoyen français.
C’est une question que les Français
devraient se poser, et je suis surpris
de voir qu’ils ne soient pas nombreux à
le faire. La facilité avec laquelle il
est parvenu à entraîner la France dans
le renversement de Kadhafi par la force
est un témoignage éloquent du délitement
de la diplomatie française sous Sarkozy
et de sa mise au service des intérêts
des Etats-Unis, d’Israël et,
accessoirement, de certains oligarques
du pétrole proches de Sarkozy, notamment
le Canadien Paul Desmarais.
L’effondrement diplomatique de la France
est une mauvaise nouvelle pour Bachar
Al-Assad qui ne peut plus compter
désormais que sur le soutien de l’Iran,
de la Russie et de la Chine. Quant aux
Syriens eux-mêmes, il ne fait pas de
doute qu’une certaine faction aspire à
un renversement du pouvoir en place,
mais cette faction n’a ni l’importance
numérique que lui attribuent les médias
occidentaux, ni une large base de
soutien populaire, ni le degré de
radicalisme requis pour faire une
révolution, et elle ne voit pas que ses
espoirs sont alimentés par une force en
déclin qui, le moment venu, ne serait
pas capable de tenir ses promesses en
raison de la précarité de sa situation
économique et ses propres problèmes.
Autrement dit, il y a en Syrie à l’heure
actuelle des tas de gens qui sont
manipulés et qui meurent pour rien
d’autre que la promotion d’intérêts
étrangers.
* Richard Le Hir, ex-député du Parti
québécois d’Iberville en 1994 et
ministre délégué à la Restructuration
dans le cabinet Parizeau du 26 septembre
1994 au 9 novembre 1995.
Extrait de l’entretien réalisé par
Chérif Abdedaïm – La Nouvelle Republique
(Algérie) – 9/1/12
Texte intégral : « Le problème au
Moyen-Orient tient aux origines de
l’État d’Israël »
http://www.vigile.net/Le-probleme-au-Moyen-Orient-tient
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 13 janvier 2012 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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