Interview
Al-Assad à la
chaîne américaine Fox News : La Syrie
s'engage à tous les impératifs de son
adhésion à la Convention sur
l'Interdiction des Armes chimiques
Jeudi 19 septembre 2013
Le président Bachar al-Assad
a affirmé l'engagement de la Syrie à
tous les impératifs de son adhésion à la
Convention sur l'Interdiction des Armes
chimiques et son accord sur l'exécution
de son contenu, en réponse à
l'initiative américaine, mais loin de
tout lien avec les menaces américaines
"auxquelles la Syrie ne s'était pas
soumise un jour", dans une interview
accordée à la chaîne américaine Fox
News.
A une question sur
l'accord de la Syrie sur la destruction
de ses armes chimiques, le président al-Assad
a indiqué qu'il y a dix ans en 2003
quand la Syrie était un membre
non-permanent du Conseil de sécurité,
elle avait proposé aux Nations Unies et
au Conseil de sécurité de se débarrasser
des armes de destruction massive et de
faire du Moyen-Orient, une zone exempte
d'ADM mais les États-Unis se sont
opposés à cette proposition.
"Nous voulons voir notre
région exempte de toutes sortes d'armes
de destruction massive parce que c'est
une région très volatile, elle est
toujours sur le point de l'anarchie et
des guerres", a-t-il ajouté.
A une question si le
président Obama pourrait avoir confiance
en le fait de marcher en avant
concernant ladite convention, le
président al-Assad a répondu : "Je ne
pense pas que le président Obama devrait
avoir confiance en moi, d'abord c'est le
peuple syrien qui doit avoir confiance
en moi et non pas le président Obama.
Deuxièmement, quand vous
parlez de contrats et de relations
internationales, il faut des mécanismes
et ces mécanismes devraient être fondées
sur des critères objectifs, donc si vous
voulez faire confiance ou pas confiance,
regarder ce pays, voir s'ils obéissent à
ces mécanismes et à ces règles ou pas".
Le président al-Assad a
indiqué que la Direction syrienne
cherche la confiance du peuple syrien,
précisant que toute offensive politique
concernant le règlement de la crise
syrienne sans la réalisation de la
stabilité sera des illusions. "Toute
offensive politique doit commencer par
l'arrêt de l'afflux des terroristes et
du soutien logistique à ces derniers",
a-t-il indiqué.
Le président syrien a
reconnu qu'il disposait d'armes
chimiques, et a fait part de sa volonté
de les détruire. "Une opération qui
prendra un an, et qui coûtera un
milliard de dollars. Si l'Administration
américaine est prête à payer cette somme
d'argent et d'assumer la responsabilité
du transport de ces produits toxiques
aux Etats-Unis qu'elle le fasse, mais
avec la coopération de l'Organisation
concernée au sein des Nations Unies",
a-t-il indiqué.
Le président al-Assad a
précisé que la Syrie n'impose aucune
condition sur l'envoi des armes
chimiques n'importe où si elles seront
détruites, vu qu'elles sont nocives pour
l'environnement.
Le président al-Assad a
remercié la Russie qui bloque depuis le
début du conflit toute résolution
contraignante ou menaçante au Conseil de
sécurité et pour son soutien face à
l'attaque féroce dont la Syrie fait
l'objet.
A la question si la Syrie
d'accord avec le dernier rapport des
Nations Unies concernant l'usage des
armes chimiques aux environs de Damas le
21 août dernier, le président al-Assad a
nié toute responsabilité dans cette
attaque, précisant que les enquêteurs
n'ont pas encore terminé leur mission.
"Ils vont revenir et nous
devons en discuter avec eux, nous devons
voir les détails, mais nous ne pouvons
pas être en désaccord sans avoir la
preuve contraire. Donc, personne n'a dit
que le gaz toxique n'a pas été utilisé,
car en mars nous avons invité la
délégation à la Syrie parce que le gaz
Sarin a été utilisé. Nous avons la
preuve qu'il a été utilisé en mars à
Alep. Le gaz sarin est nommé "Gaz de
cuisine" parce que chaque personne
pourrait le fabriquer chez lui. "Chaque
rebelle pourrait fabrique ce gaz surtout
que les rebelles sont soutenus par des
gouvernements et tout gouvernement
possédant des substances chimiques
pourraient les délivrer aux rebelles",
a-t-il ajouté.
Le président al-Assad a,
en outre, précisé que des dizaines de
milliers de djihadistes sont entrés en
Syrie des différents pays soutenus par
des personnes liées à Al-Qaëda et non
pas aux Etats, on n'a pas d'informations
si des Etats les soutiendraient
directement, mais plus précisément ils
sont soutenus par des dons octroyés par
des individus ayant la même idéologie.
Le président al-Assad a
ajouté que des dizaines de milliers de
Syriens sont morts dans le conflit à la
suite d'attaques terroristes,
d'assassinats et d'attentats-suicide et
des soldats gouvernementaux ont trouvé
la mort dans ce conflit. "La plupart des
innocents sont tués par les terroristes
et non pas par le gouvernement. Aucun
gouvernement dans le monde ne procède à
tuer son peuple. Comment pourrions-nous
résister pour deux ans et demi si nous
tuons notre peuple, au moment où
l'Occident est contre nous et tous les
pays de la région et le peuple contre
nous et nous le tuons. Est-t-il réaliste
?".
A une question sur son
attachement à sa position pour une
longue période face aux demandes
pacifiques des citoyens de réaliser la
démocratie, le président al-Assad a
indiqué que "dès le début et avant
l'arrivée des terroristes et des
étrangers en Syrie, en 2011, six jours
après le conflit, nous avons dit que
nous allons faire des changements et
nous avons commencé le processus de la
modification de la constitution, deux ou
trois mois après le conflit. Ce n'est
pas moi qui ai changé la constitution,
ce sont les Syriens qui avaient voté
pour la nouvelle constitution lors d'un
référendum au début de 2012, en février,
soit avant la fin de l'année qui suit le
conflit. Donc, ce que vous dites est
bien loin de la réalité, c'est une
histoire complètement différente, aucune
de ces choses qui s'est passée en Syrie.
Il s'agit peut-être d'un autre pays. Ce
qui s'est passé en Syrie est que nous
avions dit qu'il y a des demandes, nous
sommes prêts à changer quoi que ce soit.
A propos de la
coopération de la Syrie pour la tenue de
la conférence de Genève, le président
al-Assad a indiqué que la Syrie avait
soutenu le processus de Genève dés le
début et soutenu les émissaires de l'ONU
qui venaient en Syrie mais les
Etats-Unis avaient dressé des obstacles
pour différentes raisons, la première
était que les Etats-Unis savent qu'il
n'y pas d'opposition réelle à
l'extérieur. " L'essence de la
conférence de Genève doit s'appuyer sur
la volonté du peuple Syrien et tout ce
qui sera obtenu de Genève sera proposé
au peuple syrien. Si vous n'aurez pas
des bases populaires vous n'aurez pas la
capacité de faire convaincre le peuple
syrien d'agir avec vous", a-t-il
indiqué.
A une question sur la
possibilité de présenter sa candidature
pour les prochaines élections 2014, le
président al-Assad a indiqué qu'il est
prématuré de parler de cette question et
cette décision sera prise avant les
élections.
Le président al-Assad a
indiqué que la Syrie ne voit pas les
Etats-Unis comme ennemi ou le peuple
américain comme ennemi." Nous aimons
toujours avoir des bonnes relations avec
tous les pays du monde et d'abord avec
les Etats-Unis parce qu'ils sont un
grand Etat. C'est normal et évident.
Mais cela ne veut pas dire aller dans la
direction que les Etats-Unis
déterminent. Nous avons notre intérêt et
notre civilisation et nous avons notre
volonté. Ils doivent accepter et
respecter cela. Nous n'avons pas de
problème au cas du respect mutuel. Bien
sûr, nous voulons avoir des bonnes
relations", a-t-il précisé.
A propos de l'élaboration
d'une nouvelle constitution en Syrie qui
garantira la liberté du peuple, le
président al-Assad a répondu que la
Syrie a une constitution qui garantit
davantage de libertés, mais cela dépend
de la nature de cette liberté. Les
Syriens doivent fixer ce qu'ils
voudraient et moi je dois accepter.
Répondant à la question
de savoir s'il y a quelque chose à ce
moment qui sera de nature à rattraper
ces deux ans et demi d'horreur et de
guerre sanglante dont le pays était la
cible, le président al-Assad a répondu
que la majorité du peuple syrien ait
l'expérience de savoir la signification
du terrorisme , surtout que la Syrie
était autrefois l'un des pays les plus
sécurisés au monde et qu'elle était le
numéro quatre sur l'échelle
internationale de la sécurité. "Ces gens
soutiennent le gouvernement, ainsi, ils
sont derrière le gouvernement. Pas ou
peu importe s'ils sont derrière moi ou
pas. La chose la plus importante est que
la majorité soit derrière les
institutions.
S'interrogeant sur
l'existence de 60 à 70% du territoire
syrien en dehors du contrôle du
gouvernement, le président al-Assad a
indiqué que quoi qu'il en soit, l'armée
et la police n'existent partout en
Syrie, et le problème maintenant est que
la guerre n'est pas entre deux pays ou
deux armées. Il s'agit de l'infiltration
de terroristes qui se déplacent d'une
région à une autre pour la destruction
et les tueries. "Le problème maintenant
est l'infiltration de ces terroristes en
Syrie et le problème le plus dangereux
est que nous confrontons leur idéologie,
ce qui est plus important que ce
pourcentage. A la fin, un grand nombre
d'entre eux sont des étrangers non
Syriens et ils partiront un jour ou ils
trouveront la mort en Syrie, mais leur
idéologie demeurera le principal souci
de la Syrie et des pays voisins, et cela
devrait être le souci de tous les pays
du monde, y compris les Etats-Unis",
a-t-il conclu.
R.B.
Le
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