Syrie
Interview du
président al-Assad avec
la chaîne syrienne Al-Ekhbariah Assouria
Mercredi 17 avril
2013 Damas / Le
président Bachar al-Assad a félicité le
peuple syrien à l'occasion de
l'anniversaire de l'indépendance "fête
de l'évacuation de la patrie de
l'occupant français", affirmant
qu'aujourd'hui nous avons, plus que
jamais, besoin de se cramponner à la
vraie notion de l'indépendance et de
l'évacuation.
"Cette fête était
toujours pour nous le symbole de la
dignité et nous avons à nous en tenir
pour qu'elle reste le passé glorieux et
le présent de la dignité", a insisté le
président al-Assad qui a tenu à signaler
qu'indépendance et évacuation n'en
seraient pas réelles sans la
souveraineté. "La vraie indépendance
c'est le retrait des troupes étrangères
de la terre mais encore la récupération
par le pays de la pleine souveraineté",
a-t-il précisé.
"Une terre occupée et
un peuple libre est de beaucoup mieux
qu'une terre libérée avec un peuple non
souverain sur sa terre et un Etat ne
possédant pas sa libre décision", a
affirmé le président al-Assad dans
l'interviewe qu'il a accordée à la
chaines de télévision /al-Ikhbariah/,
retransmise ce soir, mercredi 17 avril,
anniversaire de l'Evacuation, fête
nationale de la Syrie, évoquant dans ce
sens la nouvelle ruée colonialiste dont
fait l'objet actuellement la Syrie et
qui va en tout sens.
"On est devant une
tentative d'envahir la Syrie par des
forces de différentes nationalités,
venues de l'extérieur, et qui suivaient
de nouvelles tactiques qui diffèrent de
celui du colonialisme traditionnel tel
que l'occupation américaine de Irak et
d'Afghanistan", a souligné le président
al-Assad, parlant aussi d'une tentative
d'invasion culturelle de la Syrie pour
la conduire à sa soumission ou bien aux
grandes puissances, à l'occident en
particulier, ou bien aux forces de
l'obscurantisme et Takfiries.
Questionné sur les
événements actuels en Syrie, "incidents
sécuritaires ou guerre?", le président
al-Assad a dit: Ce qui passe
actuellement en Syrie est une Guerre en
plein sens du mot, ce n'est point des
incidents sécuritaires, comme il
semblait être au début".
Le président al-Assad
d'expliquer: Il y a des grandes
puissances occidentales, avec en tête
les Etats-Unis, qui n'admettaient pas,
historiquement, de voir des pays
indépendants, même en Europe. "On veut
une Europe soumise, comment donc quand
il s'agit d'un petit pays", a-t-il
précisé, évoquant une autre raison qui
rendait les pays colonialistes désireux
de mettre la main sur la Syrie, à savoir
sa position géopolitique.
"Ces pays jouaient un
rôle dans la bataille actuelle, au début
en apportant un soutien politique et
médiatique, et tout dernièrement en
fournissant un appui matériel et
logistique, et aussi, croit-on, un
soutien en matière d'armement", a dit le
président al-Assad, évoquant dans ce
sens le rôle de certains pays arabes et
régionaux, tels que la Turquie, qui
s'étaient faits une place sur la scène
arabe et islamique par leur soutien
artificiel à la cause palestinienne.
"Mais il semble que ceux-ci étaient
allés plus loin qu'il ne leur était
permis et ils avaient alors à faire
marche arrière", a-t-il poursuivi.
"La position claire et
transparente de la Syrie en ce qui
concerne les différentes causes, dont la
cause palestinienne, les questions des
droits et de la dignité, embarrasse
nécessairement ces pays, Ils s'étaient
alors mobilisés, par toutes leurs
forces, pour frapper la Syrie", a
expliqué le président al-Assad qui a
évoqué aussi des facteurs intérieures.
"Tous ces facteurs sous le grand titre
/les forces takfiries/. Nous combattons
en effet les forces takfiries", a-t-il
conclu.
Questionné s'il
redoute le confessionnalisme en Syrie,
le président al-Assad a souligné que
dans chaque société on voit, surtout
dans les moments des crises, des
personnes qui portent une pensée étroite
et un sentiment national faible, "mais
nous comptons sur la conscience du
peuple syrien qui a prouvé durant deux
ans qu'il est fort conscient, sinon la
situation aurait été tout à fait
différente. Je peux dire, sans exagérer,
que la situation en Syrie est
aujourd'hui mieux qu'elle n'était au
début de la crise. Au début de la crise,
le discours confessionnel avait été
utilisé et certains foyers étaient
apparus, comme dans les années 80 quand
les frères musulmans avaient tenté de
propager la pensée confessionnelle. Mais
avec le temps la conscience a augmenté
et je peux assurer aucun inquiétude pour
le peuple de Syrie", a assuré le
président al-Assad.
Répondant à une autre
question sur des zones qui sont hors du
contrôle de l'Etat en Syrie, le
président al-Assad a souligné que ce que
la Syrie traite aujourd'hui est une
nouvelle guerre et une nouvelle méthode.
Nous traitons avec des groupes, dont
certains sont étrangers ou arabes, qui
entrent dans les villes et les quartiers
pour y commettre des actes de sabotage.
"Pour être précis, ce
que nous affrontons aujourd'hui n'est
pas une opération de libération de
terre, pour parler des zones libérées,
mais nous exécutons une opération de
liquidation des terroristes et si nous
ne les liquidons pas la libération de
n'importe quelle région en Syrie n'aura
aucune signification", a fait noter le
président al-Assad, qui a affirmé, à cet
effet, que ce qui compte pour l'Etat est
la question humanitaire, la souffrance
des citoyens, la protection de leurs
âmes et l'atténuation de la souffrance
des régions où les terroristes son
présents.
"Pour nous,
l'information et la politique n'est pas
une priorité. On ne s'intéresse pas si
l'autre partie a bénéficié de cela. Il y
a des choses qu'impose la bataille mais
pour nous la priorité est la question
humanitaire", a assuré le président al-Assad.
Questionné sur les
propos évoquant un démembrement
géographique ou une division
confessionnelle en Syrie, le président
al-Assad a affirmé que tant que nous ne
craignons pas le confessionnalisme, il
n'y aura pas de véritables bases pour un
démembrement. La société syrienne est un
mélange qui se trouve dans chaque région
et chaque village, alors il est
difficile de réaliser le démembrement,
mais les propos à ce sujet s'inscrivent
dans le cadre de la guerre psychologique
et font partie de la défaite virtuelle.
"La proposition confessionnelle, qui est
la plus dangereuse, a échoué", a dit le
président al-Assad.
Quant à la séparation
entre certaines villes et leurs
banlieues, le président al-Assad a
affirmé que cela ne s'inscrit pas dans
le cadre du démembrement car cette
séparation n'est pas fondée sur des
lignes raciales ou confessionnelle, mais
conformément aux lieux où se trouvent
les terroristes, affirmant que les
priorités militaires et humanitaires
imposent parfois les lieux de présence,
ainsi que la tactique de l'armée qui
peut être présente dans un lieu et
absente dans une autre, c'est-à-dire
comme report temporaire des objectifs.
Passant à la situation
des kurdes en Syrie, le président al-Assad
a affirmé qu'ils sont une partie
naturelle et essentielle du tissu syrien
vu qu'ils existent dans cette région
depuis des décennies. "La plupart des
kurdes sont des nationalistes, mais
comme dans chaque société, certaines se
servent des titres précis au service de
leurs propres intérêts, "à l'exemple des
parties kurdes en Syrie qui se servent
de la questions kurde et de la
répression des kurdes en Syrie, ce qui
est incorrecte, pour trouver leur place
sur la scène nationale", a indiqué le
président al-Assad qui a signalé que
beaucoup de familles des martyrs qu'il
avait rencontrés étaient des kurdes.
En ce qui concerne la
politique d'Erdogan à l'égard de
l'utilisation de la carte kurde en
Syrie, le président al-Assad a affirmé
qu'Erdogan avait deux objectifs,
intérieur et extérieur. L'Objectif
extérieur est d'exercer des pressions
sur la Syrie, tenant compte que la
question kurde en Syrie est complètement
différente de celle en Turquie de point
de vue de l’histoire des relations,
précisant à cet effet: "Nous n'avons pas
perpétré des massacres contre les
Kurdes, nous n'avons pas opprimé les
Kurdes comme l'avait fait la Turquie
pendant la désintégration de l'Empire
Ottoman. La situation en Syrie est
complètement différente. En Syrie, il y
a une harmonie complète et une
fraternité. Nos relations avec les
Kurdes sont bonnes, même avec les partis
kurdes qui mènent des combats pour
obtenir leurs droits en Turquie".
Le président de
poursuivre: "L'autre objectif interne
est de recourir aux Kurdes pour profiter
de ce grand bloc en Turquie et obtenir
des voix, peut-être dans la prochaine
constitution, où le Président de la
république peut avoir des larges
attributions. Mais il y a le problème de
la crédibilité d'Erdogan en ce qui
concerne la question kurde. "Nous avons
reçu des informations, il y a quelques
jours, des forces kurdes amies et
actives sur la scène turque ou syrienne,
selon lesquels elles n'ont pas confiance
en Erdogan", a-t-il ajouté.
Passant au sujet de la
laïcité de l'Etat syrien, le président
al-Assad a dit: "ce qui est vraiment
important, c'est la pratique. Par
exemple, Certaines personnes pratiquent
la laïcité comme non-religion, comme
c'est le cas en Turquie dans de
différentes périodes. Et il y a la
laïcité que nous comprenons comme
liberté de croyance. Nous sommes une
société variée, où chaque confession est
libre de pratiques ses rituels de la
façon qu'ils jugent appropriée. Cela
signifie que nous, en tant qu'Etat, nous
n’agissons pas sur la base de la
religion. Il ne faut pas faire la
discrimination sur la base de la
religion ou l'origine ethnique. Je pense
que ce concept de laïcité est positif et
bon. Tant qu'il ne s'agit pas de la
laïcité antireligieuse, cela signifie
elle n'est pas hostile à la religion et
tant que nous parlons de la liberté de
croyance, cela signifie que ce type de
laïcité soutient les religions et ne
l'affronte pas".
Le président al-Assad
a ajouté que "Comment dire que nous
sommes passés de la laïcité à la
religion, alors que depuis 1970, 18.000
mosquées ont été construites. Si la
laïcité est contre la religion, ou si
nous pratiquons la laïcité
antireligieuse, pourquoi avons-nous
autorisé à la construction de 18.000
mosquées ? 220 écoles religieuses ont
été établies et des dizaines d'instituts
de formation religieuse pour les
prédicateurs ont été ouverts. Donc, le
côté religieux a toujours été important
en Syrie. Si la société s'engage à la
religion, l'État doit être fondé aussi
sur des bases religieuses car il est le
miroir de la société. On ne peut pas
avoir un Etat irréligieux avec une
société religieuse et vice versa ".
Au sujet des décisions
et des mesures prises durant la crise
telle que l'autorisation des chaînes
religieuses et des femmes prédicatrices
de pratiquer publiquement, le président
al-Assad a dit: "Ces choses n'ont rien à
voir avec la crise actuelle. Les cloches
ont sonné d'alarme après l'invasion de
l'Irak, en particulier en 2004 lorsque
des signes d'extrémisme ont commencé à
apparaître sur la scène syrienne. Le
premier incident inquiétant était
l’attaque contre le bâtiment de la
Radio-Télévision syrienne en 2006 par un
certain nombre d'individus trompés. Mais
le plus important était le premier
attentat-suicide en Syrie en 2008
pendant le mois de Ramadan, qui a été
perpétré par des syriens. C'était une
signe d'avertissement significatif. Sur
fond de cet attentat, j'ai discuté
certain nombre de grands ulémas
religieux en Syrie de cette question,
certain nombre d'idées ont été
proposées, dont la chaîne satellitaire
Nour al-Cham. En ce qui concerne les
prédicatrices féminins, c'était aussi en
2008 dans le cadre de la même série de
mesures".
Le président al-Assad
a assuré que ces mesures n'avaient rien
à voir avec la crise. "Au contraire, la
crise a prouvé dès le premier jour que
les institutions religieuses sont les
plus disciplinés et que ceux qui sont
engagés à leur religion en Syrie,
musulmans ou chrétiens, sont les plus
patriotiques. Ceux qui parlent de
confessionnalisme n'appartiennent pas à
ces institutions", a-t-il expliqué.
En ce qui concerne la
solution politique et les personnes
invitées au dialogue, le président al-Assad
a dit: "Il y a d'abord la Conférence du
Dialogue National qui fait partie de la
solution politique, dont j'ai parlé dans
mon dernier discours en janvier. Ce
dialogue n'est pas entre l'Etat et une
autre partie, il s'agit d'un dialogue
entre les différentes composantes de la
société syrienne, en particulier celles
politiques, sur l'avenir de la Syrie, le
régime politique, si c'est
parlementaire, présidentiel,
semi-présidentiel ou tout autre, et la
constitution", ajoutant que l'Etat à ce
moment exécuterait ce que les
participants ont convenus.
"Les rencontres du
Comité ministériel, conduit par le
président du conseil des ministres, avec
de différentes parties sont des réunions
de consultations, destinées à fixer la
façon d'entamer le dialogue", a-t-il
rappelé.
"Nous ne voulons pas
fonder cette Conférence sur les propres
concepts de l'Etat. Nous voulons que
tout le monde prenne part à cette
conférence. Ces consultations ont pour
but de parvenir à un dialogue mature", a
fait noter le président al-Assad.
En ce qui concerne les
personnes avec qui le gouvernement
entamera le dialogue, le président al-Assad
a fait noter que "Nous sommes prêts à
mener un dialogue avec n'importe quelle
partie, avec ceux qui aiment la Syrie et
refuse de traiter avec Israël, avec ceux
qui ne vendent pas la patrie contre
l'argent et ceux qui insistent sur
l'indépendance de la Syrie".
Il a aussi affirmé que
le gouvernement ne mènera pas un
dialogue avec une partie qui pariait sur
la chute de l'Etat syrien, ni avec une
autre qui ne condamnait pas les actes
terroristes mais, au contraire, elle
donne des justifications aux terroristes
ni avec une opposition qui a choisi
volontairement de rester à l'étranger.
Le président
d'ajouter: "Si la question est avec qui
devons-nous mener un dialogue, nous
avons des partis politiques en Syrie,
qui sont nouveauxs mais patriotiques qui
ne se colorient pas conformément aux
circonstances et ne sont pas à la solde
de l'extérieur. Il y a des forces
patriotiques à l'intérieur du pays.
" Les choses ne se
limitent pas à ceux qui se nomment
(opposition) ou ceux qui se nomment
(opposition patriotique qui représente
le peuple), alors que nous connaissons
bien qu'ils ne représentent
qu’eux-mêmes", a estimé le président al-Assad.
A la question de
savoir si le régime en Syrie demeurera
parlementaire ou il y aurait un
parlement présidentiel, le président al-Assad
a estimé que toutes les questions sont
discutables et qu'il n'y a pas de lignes
rouges sauf deux choses, l'indépendance
de la Syrie qui signifie la non
ingérence étrangère dans ses affaires,
et l'appui aux terroristes. "Sinon,
Aucun problème ne réside dans la
question de définir si le régime en
Syrie sera présidentiel ou non, car ceci
sera déterminé par le peuple. Pour nous,
ce que détermine le peuple syrien, nous
l'acceptons", a précisé le président al-Assad.
Quant au poste du
président de la république et au
président lui-même, le président al-Assad
a dit : "Il faut faire différence entre
le poste et mois. Autrement dit que le
poste dépend du régime politique qui
définit ses prérogatives. Quand le
régime politique change, il est évident
que les attributions changent, y compris
les prérogatives du président. Or le
président et les nouvelles véhiculées
dans ce sens, ce sont un sujet lié à
l'individu et ceci est différent des
attributions. Toute personne œuvrant
pour parvenir au poste sera méprisée.
Comme ça je vois les choses,
c'est-à-dire que le poste est un outil
mais jamais un objectif. L'objectif doit
être le projet présenté par l'individu à
la société et l'appui du peuple à ce
projet pour parvenir à un meilleur état
pour la Syrie. Les médias hostiles que
ce soient arabes et autres ont tenté de
prétendre que le problème ne réside pas
dans un projet extérieur ni dans des
forces qui se rendent de l'extérieur ou
dans l'extrémisme, mais d'un président
rejeté par son peuple, un président qui
s'attache à son poste et tue son peuple
pour y rester; c'est pourquoi ils ont
soumis la question de l'abdication. Le
poste n'a aucune valeur. S'il n'y avait
pas de soutien populaire, ce poste
n'octroierait rien à l'individu.
L'objectif pour lequel le responsable
doit lutter est le soutien populaire. Ce
qui compte c'est la décision du peuple
pour que le président reste ou parte".
Répondant à une
question sur la terminologie de la
négociation avec le régime, non pas le
dialogue avec lui, et sur les propos de
certains responsables syriens rejetant
cette terminologie, le président al-Assad
a fait noter qu'il assimilait le pays,
l'Etat, la société et la patrie à la
famille. "Le père et la mère dialoguent
avec leurs enfants non pas négocient
avec eux. Lorsque nous nous asseyons en
tant que Syriens, nous dialoguons. On
dit le dialogue entre les Syriens, non
pas la négociation entre eux, mais si un
individu se considère comme étrangers,
il peut proposer le terme de la
négociation. Que nous acceptions cela ou
non, dépend des bases et des
déterminants, car vous négociez avec vos
homologues. Si vous étiez un Etat vous
négociez avec un Etat mais vous ne
négociez pas avec des individus. Or ce
qui propose la négociation doit se
définir, s'il était un Syrien qui
dialogue avec un Syrien ou un étranger
représentant une partie quelconque".
A la question de
savoir si les événements diplomatiques
et politiques dans la région, lesquels
accompagnés des événements sur le
terrain en Syrie étaient intervenus par
hasard, le président al-Assad a estimé
que toute personne qui ne s'intéresse
pas à la politique dans la région,
notamment en Syrie, dit que se qui
s'était produit récemment n'est pas par
hasard car les choses sont liées l'une à
l'autre. "Le maître qui les dirige est
le même. Obama et Kerry étaient venus
aux mêmes pays concernés par cette
escalade. En analysant les choses, on
peut définir deux facteurs, le 1er est
extérieur et joue un rôle crucial dans
ce qui se passe en Syrie depuis le
début, alors que le 2ème est l'accru de
l'escalade au moment-où nous réalisons
des succès ", a précisé le président al-Assad.
Quant aux propos sur
le rôle fondamental de la Jordanie dans
la guerre en Syrie, notamment son
accueil des camps d'instruction, des
réunions et des chefs des groupes
terroristes armés sur le terrain et
l'infiltration des hommes armés et des
armes via ses frontières avec la Syrie,
le président al-Assad a répondu : "Nous
avons obtenu officiellement beaucoup
d'informations dans ce sens, certaines
d'elles via les médias, les canaux
diplomatiques ou sécuritaires. Nous
avons directement envoyé il y a deux
mois un émissaire politique du ministère
des AE en Jordanie pour examiner ces
données avec les responsables jordaniens
et mettre en garde contre l'impact de
cela non seulement en Syrie mais dans la
région tout entière. La partie
jordanienne a démenti ces nouvelles,
mais une escalade a été provoquée
ensuite à Daraa. Nous avons vu des
milliers de terroristes qui se rendent
en Syrie depuis la Jordanie, c'est
pourquoi nous avons envoyé il y a un
mois un responsable sécuritaire qui
s'était réuni avec ses homologues
sécuritaires en Jordanie auxquels il a
expliqué les données que nous possédons.
Evidement, il a écouté des propos
démentant l'implication de la Jordanie
dans ce qui se déroule en Syrie. Mettons
de côté les informations sur les camps
d'instructions, car elles sont non
corroborées, mais ce qui est confirmé
c'est les aveux des terroristes et ce
que nous avons constaté sur
l'infiltration de ces terroristes via
les frontières jordano-syriennes. Il est
incroyable de voir des milliers de
terroristes qui s'infiltrent en Syrie
depuis la Jordanie alors que ce pays
était capable d'arrêter toute personne
apportant d'armes à la résistance en
Palestine pendant les dernières années.
Nous souhaitons que certains
responsables jordaniens qui ne
comprennent pas la gravité de la
situation en Syrie et ses conséquences
sur la Jordanie et les autres pays,
d'être matures dans leur évaluation de
cette situation. Nous souhaitons que les
responsables jordaniens soient comme
leurs homologues irakiens qui avaient
compris l'importance de la stabilité en
Syrie sans prendre en compte leurs
différends avec nous dans le passé".
A la question de
savoir si les gouvernements de la
Jordanie, du Qatar, de l'Arabie
Saoudite, de la Tunisie, de l'Egypte, de
la Libye et du Yémen sont tous erronés
alors que la Syrie a raison, le
président al-Assad a évoqué les sommets
arabes, depuis le 1er sommet en 2000
après la 2ème intifada palestinienne, et
ensuite après la guerre de l'Irak,
jusqu'aux sommets tenus en raison de la
guerre israélienne contre le Liban en
2006 et contre Gaza en 2008. " Tout
citoyen arabe avait dénoncé ces sommets.
Autrement-dit, est-ce que 300 millions
citoyens arabes sont-ils erronés alors
que des dizaines de responsables arabes
qui prennent part auxdits sommets
avaient raison?", a-t-il précisé.
Le président al-Assad
a ajouté que ces gouvernements ne sont
pas indépendants, certains d'eux
existent du fait de la force du maître
américain alors que les autres vivent
dans des troubles et son rejetés par
leurs peuples. "Ces gouvernements ont
besoin de légalité avant de nous
l'octroyer. J'ai dit cela et je le
répète : la Ligue arabe tout entière a
besoin de légalité".
"C'est le peuple
syrien qui définit si on avait tort où
raison. Mois, personnellement, et tous
les responsables syriens sont
responsables devant le peuple syrien ;
toute autre partie ne nous concerne
point", a-t-il affirmé.
Répondant à une
question sur l'affrontement par la Syrie
d'al-Qaïda, des groupes terroristes
armés ou des combattants modérés, le
président al-Assad a dit : "Toute
personne portant d'arme et attaque les
citoyens est un terroriste, que ce soit
d'al-Qaïda ou pas, mais la terminologie
des combattants modérés est utilisée par
les Etats-Unis pour la justification
devant leur peuple. Les Etats-Unis qui
avaient combattu Taliban après les
événements de 2001 ont compris qu'ils
n'avaient rien réalisé en Afghanistan,
car leurs pertes étaient considérables ;
c'est pourquoi ils avaient tenté de
justifier leur dialogue avec ces
groupes. Il parlait d'un bon ou d'un
mauvais Taliban et actuellement il parle
d'un terroriste modéré. Il n'y a pas de
terroriste modéré; c'est un terroriste
bien qu'ils l'aient dénommé homme armé
ou opposition armée. Ils ont véhiculé
cette terminologie médiatiquement à
leurs peuples pour prétendre que le
conflit est entre un dirigeant
gouvernant et un citoyen gouverné et
maltraité. Mais la vérité a été révélée
de même que l'identité du terrorisme
extrémiste. Les médias occidentaux
n'avaient pas pu cacher cette vérité.
Ils ont justifié l'envoi d'armes et de
fonds aux terroristes sous de différents
titres, dont "un appui non létal ou des
assistances non létales".
Questionné sur
l'armement d'al-Qaïda par l'Occident, le
président al-Assad a estimé que
l'Occident recourt à tout élément apparu
sur la scène même s'il était contre lui.
La preuve est que l'Occident combat
al-Qaïda au Mali et le soutient en Syrie
et en Libye. "Ceci est la politique de
double critère; mois, je l'appelle le
triple et le quadruple critère.
L'Occident est favorable d'envoyer
al-Qaïda en Syrie, car il se débarrasse
de ces éléments qui le combattent dans
nombre de pays, notamment en Libye, au
Mali et en Afghanistan. L'envoi de ces
éléments en Syrie contribue au sabotage
de ce pays sans prendre en considération
qui triomphera, l'Etat, al-Qaïda ou
autres. Ce qui compte c'est que la Syrie
paie le prix et nous voyons les
résultats de ce sabotage dans les
infrastructures en Syrie. En même temps,
l'Occident ne comprend pas que ce
terrorisme regagnera ses pays qui
avaient au début financé al-Qaïda en
Afghanistan". a-t-il souligné.
Quant à la
terminologie de l'intervention
humanitaire, le président al-Assad a
évoqué des exemples de cette
"intervention humanitaire", notamment
l'appui présumé depuis 60 ans de
l'Occident au peuple palestinien contre
les Israéliens et l'intervention
humanitaire au Vietnam et au cours de la
guerre en Corée, soulignant que 9
millions personnes ont été tuées
seulement en Corée du nord du fait de
cette "intervention humanitaire".
"Nous avons constaté
cette intervention humanitaire en Irak
et ses résultats dans ce pays et aussi
en Libye et en Syrie. Je crois que cette
intervention avait pour but de saboter
l'homme syrien alors que "la
responsabilité morale" de laquelle parle
aussi l'Occident vise à porter atteinte
aux fondements moraux sur lesquels se
base la société syrienne, en particulier
la dignité et l'attachement aux droits
",a fait noter le président al-Assad.
Questionné sur les
raisons de perdurer la crise en Syrie,
le président al-Assad a répondu : "Il y
avait des facteurs extérieurs et
intérieurs. Nous avons déjà parlé des
facteurs extérieurs, mais quant aux
facteurs intérieurs, on avait au début
un problème de persuader beaucoup de
Syriens sur ce qui se passe dans le
pays. Vous vous rappelez mon 1er
discours à l'Assemblée du peuple et les
critiques que certaines parties lui
avaient adressé, notamment la question
du complot. Elles ont dit que la
question est émotionnelle et que si je
me suis rendu à Daraa, le problème aura
réglé. J'ai affirmé à ce moment-là que
la question n'avait pas commencé par
l'émotion pour s'en finir par celle-ci.
La question dans son essence est un plan
extérieur. On affrontait un problème
dans la conviction de gens que les
nouvelles véhiculées par les médias
extérieurs sont des falsifications, que
l'Etat ne tue pas les manifestants et
qu'il y avait d'autres parties qui
tirent sur les deux parties pour attiser
la tension. Il était difficile de les
persuader que ces hommes armés ne sont
point une armée libre, mais une armée
dépendant à l'extérieur et qu'al-Qaïda
était intervenu sur le terrain jusqu'à
ce qu'ils aient vu eux-mêmes la vérité.
Combien de temps on avait perdu pour les
convaincre que l'Etat ne sabote pas les
mosquées, dont celle d'al-Omari?. Quant
aux massacres, l'armée armée arabe
syrienne en était accusé, ce qui avait
provoqué la base du chaos en Syrie".
A la question de
savoir qu'elles sont les potentiels de
la fermeté de l'Etat jusqu'au présent,
le président al-Assad a fait noter que
ce n'est pas l'Etat qui était ferme,
mais le peuple syrien sans lequel toutes
les choses avaient fini non pas pendant
des semaines, mais des jours. "L'Etat
s'inspire sa force du peuple, ainsi que
sa faiblesse. La résistance au Liban
avait triomphé en 2006 via son peuple
avant ses combattants et sans l'appui de
ce peuple à la résistance, elle ne
restera guère ferme; ceci est le cas
dans tout pays et la Syrie n'est une
exception", a-t-il souligné.
Questionné sur son
optimisme au sujet de la situation en
Syrie, le président al-Assad a dit :
"Sans l'optimisme en Syrie, en
particulier chez eux qui défendent la
patrie pour que nous tous vivions, nous
n'avons pas combattu et nous n'étions
pas restés fermes en tant que Syriens".
Bulletin français
Publié le 18 avril 2013
International
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Publié le 18 avril 2013
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