Centre
Palestinien
d'Information
Interview exclusive Az-Zahhar
: Le Hamas a réussi à associer le pouvoir à la résistance
Jeudi 18 décembre 2008
Gaza – CPI Mahmoud Az-Zahhar, leader distingué du
Hamas, affirme que le mouvement de la résistance islamique
Hamas, qui vit son vingtième anniversaire, devient l’espoir de
toute la Nation. Il a beaucoup développé ses principes et a
beaucoup donné.
Dans une interview exclusive donnée à
notre centre Centre Palestinien d’Information (CPI), Az-Zahhar
affirme que le mouvement du Hamas a vu le jour pour exprimer la
réalité du peuple palestinien. Depuis sa naissance, le mouvement
est le sujet de beaucoup de défis. Les défis étaient encore plus
grands lorsqu’il s’est mis en avant pour conduire la résistance
et pour participer aux élections législatives. Des défis locaux,
régionaux et internationaux.
Le mouvement du Hamas a bien réussi à
associer la résistance au pouvoir, dit Az-Zahhar. Il attire
l’attention sur l’arme de la résistance palestinienne qui est
passe de la pierre, au couteau, au fusil puis aux roquettes.
Az-Zahhar, l’ancien ministre palestinien
des affaires étrangères, a ironisé sur le sort de ceux qui
prétendent que les cadres du mouvement du Hamas recherchent le
pouvoir. Nous sommes venus pour servir notre peuple, dit-il.
Il se montre confiant pour le projet
islamique dont le mouvement du Hamas fait partie.
Mahmoud Az-Zahhar, leader éminent du
Hamas, évoque ces sujets et d’autres encore, dans l'interview
ci-après, traduite de l'arabe et résumée par nos soins.
Vers le sommet
CPI : Pourriez-vous résumer la vie du
mouvement du Hamas ?
Dr. Az-Zahhar : Le mouvement du Hamas ne
comportait qu’un millier de partisans. Aujourd’hui, 60% des
Palestiniens soutiennent le Hamas. Au départ, personne ne
connaissait le mouvement, maintenant tous les médias en parlent.
Aujourd’hui, on étudie la pensée du Hamas. Il n’était que
résistance. Il est maintenant l’espoir de toute la nation. Le
Hamas reste le même, il ne laisse tomber aucun de ses principes
et de ses sacrifices.
Le pouvoir
CPI : La participation du Hamas aux
élections législatives et au pouvoir, avec tous les échecs et
toutes les réussites, reste l’étape la plus importante dans la
vie du mouvement. Quelques-uns disent qu’il a été attiré vers
son destin, un suicide. Quel est votre avis ?
Dr. Az-Zahhar : Le mouvement du Hamas est né
pour exprimer la réalité de notre peuple palestinien. Il devient
une grande école, une université, une géante institution. C’est
une évolution des plus naturelles.
Toutefois, cette évolution a poussé les
autres mouvements à envier le Hamas, voyant leur influence
diminuer. Alors, ils l’ont harcelé et lui infligé des
arrestations, des déportations, de la torture… En dépit de tout
cela, le mouvement a participé aux élections pour servir notre
peuple palestinien. Pour servir sa cause et ses intérêts.
CPI : L’expérience, qu’a pu en tirer le
Hamas ?
Dr. Az-Zahhar : Le mouvement du Hamas en a
beaucoup appris. Auparavant, nous ne connaissions rien des
institutions du gouvernement, rien des ministres. Actuellement,
nous dirigeons tout. Nous avons acquis beaucoup d’expériences.
CPI : L'alliance que vous faites entre la
résistance et la construction est un grand défi. A quel point le
mouvement y a-t-il réussi ?
Dr. Az-Zahhar : Les chiffres peuvent
confirmer notre réussite, pour ce qui est de l’administration,
de la transparence et de la résistance. A savoir que la
résistance n’est pas toujours une action armée. Cette dernière
n’en est qu’une partie. Le mouvement est maintenant une
université, une école, une institution, une radio, une
télévision. La résistance reste une grande idée. Son arme est
passée de la pierre, au couteau, au fusil et jusqu’aux
roquettes. La résistance ne s’est pas arrêtée. Même durant
l’accalmie, 77 roquettes et plus de 170 obus ont été tirés sur
l’occupation israélienne pour répliquer à ses violations.
Le Hamas et son programme
CPI : Le Hamas a-t-il laissé tomber
certaines de ses idées ?
Dr. Az-Zahhar : Le Hamas n’a pas changé,
mais s’est développé comme toute chose. Si le Hamas a utilisé
l’Internet, cela veut-il dire qu’il a changé ?
CPI : Pourquoi travaillez-vous sous une
autorité venant après Oslo ? Pourquoi ne vous occupez-vous pas
de la résistance exclusivement ?
Dr. Az-Zahhar : Nous travaillons pour servir
le peuple palestinien. Nous apportons de l’argent pour tout le
monde, dont les membres du mouvement du Fatah. Ce sont les
autres qui ne font que profiter du pouvoir. Ils veulent notre
mort, la mort du Hamas.
Nous sommes venus pour briser Oslo. Regardez
maintenant, où est Oslo ?
CPI : Parmi les mouvements islamiques, le
Hamas, où peut-il être placé ?
Dr. Az-Zahhar : Dieu merci ! Tout le monde
admire notre expérience. Le Hamas a guidé le peuple palestinien
dans des conditions difficiles, en effectuant beaucoup de
réalisations.
Les pouvoirs
CPI : La séparation entre le pouvoir, « le
gouvernement », et le mouvement n’est-elle pas un défi difficile
à appliquer ?
Dr. Az-Zahhar : Nous l’avons appliquée avec
succès, sans qu’une partie n’affecte l’autre.
CPI : Le mouvement a perdu sa popularité,
dit-on ?
Dr. Az-Zahhar : Qu’on attende que nous
participions dans de nouvelles élections ! Ils verront combien
notre victoire sera écrasante. La raison en est simple, nous
avons un nouveau programme.
Le dialogue
CPI : Le dialogue du Caire a connu l’échec.
Y a-t-il une chance qu’il reprenne de nouveau ?
Dr. Az-Zahhar : Le dialogue, nous ne pouvons
nous en dépasser. Mais cela ne veut pas dire laisser la terre
palestinienne être vendue à ceux dont le rôle est de signer ce
que veulent les Américains et les Israéliens.
Les Arabes
CPI : Dans leur dernière rencontre, les
ministères des affaires étrangères se sont divisés en deux axes.
Où en êtes vous ?
Dr. Az-Zahhar : Les axes ne nous intéressent
pas. La cause palestinienne reste la cause arabe la plus grande.
Nous voulons reprendre notre territoire, tout notre territoire,
et que tous les pays nous aident.
Nous réaffirmons que nous ne sommes pas une
carte à jouer par quiconque. C’est celui qui s’est habitué à
cette politique des axes qui veut jouer le même jeu avec nous.
C’est un jeu impossible.
CPI : Quel est le niveau des relations du
mouvement du Hamas avec les pays arabes, musulmans et
européens ?
Dr. Az-Zahhar : Notre relation, la plus
forte, est avec notre terre. Nous faisons partie de la nation
arabo-islamique. Nous croyons que la plupart des peuples
arabo-islamiques soutiennent le Hamas.
Et pour ce qui est des pays européens,
plusieurs d’entre eux nous contactent loin des médias. Ils nous
écoutent et nous estiment.
CPI : Et pour le nouveau président américain
Obama ?
Dr. Az-Zahhar : Nous attendons l’avenir,
avec beaucoup de précaution.
Avec les factions
CPI : Quelques factions palestiniennes
faisaient objection à l’accord d’Oslo et au programme du Fatah.
Mais maintenant, elles font avec. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Dr. Az-Zahhar : Celles-là étaient déjà de
mèche avec le Fatah. Et certaines factions sont crées par lui.
C’est seulement la méthode de travail qui est différente.
CPI : Et vos relations avec le Djihad
Islamique ?
Dr. Az-Zahhar : Une relation de respect
réciproque, plus que chaleureuse. Qui veut nous rejoindre dans
le chemin de la résistance est le bienvenu.
CPI : De petites factions ont récemment vu
le jour. Le Hamas est accusé de les mettre dans la poche ?
Dr. Az-Zahhar : La franchise est notre
devise. Ces nouvelles factions, si elles veulent profiter de
l’expérience du Hamas, le Hamas ne dira pas non. C’est la patrie
de tout le monde.
CPI : Les négociations entre l’autorité de
Ramallah et l’Entité sioniste, où en sont-elles ?
Dr. Az-Zahhar : Les négociations deviennent
une stratégie à Ramallah, un objectif en soi. L’objectif doit
être un moyen. Si elles n’amènent nulle part, comme c’est le cas
actuellement, on devrait pouvoir les quitter.
La Cisjordanie
CPI : Comment le Hamas vit-il en
Cisjordanie ?
Dr. Az-Zahhar : C’est vrai que la situation
y est difficile. Elle reste cependant positive. Les gens
commencent à faire la distinction entre les résistants et ceux
qui laissent le résistant, même s’il est membre du Fatah et des
Martyrs d’Al-Aqsa, être massacré par les forces israéliennes
d'occupation, dans les rues de la Cisjordanie. Les gens voient
comment on te laisse sans arme et on laisse les colons mettre à
feu et à sang ta maison. Ce qui s’est récemment produit dans la
ville d’Al-Khalil (Hébron) en reste le meilleur témoin.
CPI : Comment était l’an 2008 pour le
Hamas ? Et comment voyez-vous l’avenir ?
Dr. Az-Zahhar : 2008 s’affichera dans la
chronique de l’histoire du Hamas comme une année de grande
endurance, une dure expérience pour le mouvement, mais une
expérience riche de sens.
Enfin et en ce qui concerne l’avenir, il est
au profit de l’Islam, le grand Islam, non du Hamas
exclusivement. Les Musulmans représentent le tiers du monde en
nombre et en géographie. Le capitalisme pourra tomber du jour au
lendemain. L’Islam jamais.
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