Centre Palestinien
d'Information
Interview du Dr Ahmed Bahar
Les élections législatives palestiniennes, deux ans après
Photo CPI
10 février
2008
Gaza – CPI
Dans une interview
exclusive donnée à notre Centre Palestinien d’Information
(CPI), Dr. Ahmed Bahar, président par intérim du Conseil législatif
palestinien, confirme que le Conseil refuse catégoriquement toutes
élections législatives anticipées ; ce serait une action illégale,
hors-la-loi et anticonstitutionnelle. Toute tentative destinée à
suspendre ou à dissoudre le Conseil sera « un coup d'Etat »
contre la loi palestinienne.
Par ailleurs, le Conseil
travaille énergiquement pour passer le message du peuple palestinien
au monde entier, à tous les parlements arabes, islamiques, régionaux
ou internationaux. Et il y a une solidarité accrue avec la cause
palestinienne, aussi bien parlementaire que populaire, constate le
député Bahar.
Quant au point de passage
frontalier de Rafah, Bahar lance un appel au président égyptien
pour qu'il le laisse ouvert. Il qualifie d'illégaux et de nuls les
accords signés par l’autorité palestinienne avec les autorités
de l'occupation israélienne, sans prendre l'approbation du Conseil
législatif.
Afin de freiner la bonne
marche du Conseil, l'occupation israélienne a kidnappé un certain
nombre de députés palestiniens. Cependant, par un système de
procuration, les députés ont mis en échec la tentative israélienne
malsaine, ajoute-t-il.
Le département français
du CPI essaie de traduire, ci-contre, des extraits de cette interview
réalisée avec Ahmed Bahar (Abou Akram), président par intérim
du Conseil législatif palestinien.
Deux
ans après
CPI
: Deux ans après la victoire du Hamas, quelle est la performance
du Conseil, du groupe « changement et réforme » et des
autres groupes ?
Bahar
: Tout d'abord, nous remercions votre Centre Palestinien d’Information
(CPI) pour l'intérêt qu’il porte aux affaires du Conseil législatif
palestinien. Et puis, j’affirme qu'après les élections législatives
palestiniennes, en 2006, pendant les six premiers mois, le Conseil
a donné tous les efforts pour installer une vraie démocratie. Les
séances étant régulières, des décisions importantes ont été
prises. Il a pu donner sa confiance au dixième cabinet
palestinien, le 28 mars 2006.
Cette démocratie naissante
n'était pas au goût de l'occupant, il a alors essayé de paralyser
le travail du Conseil, en kidnappant quelques députés. Mais, ce
qui est regrettable, c'est la position du groupe du Fatah. En
fait, dès qu'il a eu la direction du Conseil, il a commencé à le
vider de son rôle... Nous avons fermé les yeux pour que le travail
parlementaire aille normalement, en vain.
La
résistance
CPI
: D’innombrables difficultés, vous en avez rencontrées, sur tous
les niveaux. Le mouvement du Hamas ressent-il du regret pour sa participation
aux élections législatives palestiniennes ? Et que diriez-vous d’élections
anticipées ?
Bahar
: Les résultats des élections législatives ne doivent pas être
lus de cette façon. Nous avons été choisis pour mieux servir notre
peuple palestinien, si patient.
Via votre tribune, j'aimerais
confirmer que nous continuons à protéger la patrie et la résistance
palestinienne, et confirmer notre participation aux élections législatives
prochaines. Et c'est en cela que réside l'animosité des injustes
campagnes menées contre le mouvement du Hamas. Oui, le Hamas y
participera, mais après la fin du mandat de l'actuel Conseil, après
quatre ans de travail.
Quant aux élections législatives
palestiniennes anticipées, c'est un détournement du choix du peuple
palestinien que nous n'acceptons pas, en aucun cas. C'est hors-la-loi
et anticonstitutionnel. Il ne faut donc pas dissoudre le Conseil ou
le suspendre. Les propos d'Abbas, président de l'autorité
palestinienne, ne représentent qu'une sorte de coup d'Etat contre
la loi palestinienne. Nous confirmons ici notre attachement au Conseil
et à son travail... Le Président, qu'il sache que toutes élections
anticipées doivent être organisées par une volonté nationale
collective. Son appel individuel est alors illégal et contre la collectivité
palestinienne.
Les
obstacles
CPI
: Le Conseil législatif palestinien trouve-t-il des obstacles entravant
son développement ?
Bahar
: Les obstacles sont innombrables. L'enlèvement de députés par
l'occupant en est le premier. Il y a aussi les agissements du groupe
du Fatah... Les services de sécurité entravent également le bon
déroulement du Conseil...
Le détachement entre la
bande de Gaza et la Cisjordanie est un obstacle très embêtant. Les
membres des deux parties ne peuvent se réunir que par vidéoconférence.
Les députés de la Bande ne peuvent effectivement rejoindre le siège
principal du Conseil, à Ramallah. Les problèmes financiers constituent
un autre obstacle. Auparavant, tant de donations étrangères lui
étaient consacrées. Ce qui a pris fin dès que le Hamas y est entré
!
Les
communications
CPI
: Qu’en est-il des moyens utilisés par le Conseil pour faire passer
ses messages au peuple palestinien et aux parlements arabes, régionaux
et internationaux ?
Bahar
: A cette question, nous donnons beaucoup d'importance. Nous sommes
en contact permanent avec les parlements arabes, islamiques et
internationaux, la Ligue Arabe, la l'Organisation de la Conférence
Islamique et avec beaucoup de personnalités partout dans le
monde. Nous leur envoyons des messages, leur donnant l'image de la
scène palestinienne, les incitant à travailler afin de mettre fin
au blocus imposé sur le peuple palestinien, surtout sur la bande
de Gaza.
Plusieurs tournées dans
plusieurs pays arabes et régionaux dont le Qatar, l’Egypte, la
Tunisie, l’Iran, ont été effectuées. Nous leur expliquons la
situation de notre peuple, souffrant de tant de persécutions dont
l'enlèvement de nos députés dont Aziz Al-Duwik, chef du Conseil
législatif palestinien. Nous sommes également en contact avec les
parlements arabes qui ont pris des positions honorables. Le Conseil
du peuple égyptien s'est réuni, par exemple, dans une séance
exceptionnelle, pour discuter de la situation de la bande de
Gaza... Nous mettons aussi les parlements européens au courant de
ce qui se passe dans notre Conseil législatif palestinien...
J'aimerais noter ici que
le Conseil organise différentes activités pour briser le blocus
imposé sur notre peuple. Nous avons tenu un rassemblement sur le
point de passage de Rafah pour demander la permission aux pèlerins
de Gaza d'en sortir. Et nous avons réussi, Dieu merci. Un autre rassemblement
a aussi été organisé pour assurer leur retour à travers le même
passage. Un troisième a été tenu pour qu'il reste ouvert. Des messages
ont aussi été envoyés au président égyptien Hosni Moubarak lui
expliquant les dangers que la bande de Gaza subis à cause du blocus
et de la fermeture du point de Rafah. Nous continuons à expliquer
aux délégations arabes et occidentales la situation de la Bande.
Les
procurations
CPI
: Les députés captifs ont donné des procurations à leurs collègues.
Cette méthode a-t-elle réussi ?
Bahar
: ... Une séance, cent pour cent légale, a été tenue le 7
novembre, pour mettre en application les procurations des députés
captifs par les autorités de l'occupation sioniste. Le but était
de briser la volonté sioniste de détruire le Conseil législatif
palestinien. Ainsi, cette volonté a connu un échec cuisant...
CPI
: Les parlements arabes, régionaux et internationaux, quelles sont
leurs réactions ?
Bahar
: Les parlements arabes ont des réactions très positives. Ils montrent
une grande solidarité avec le peuple palestinien et avec la question
des députés captifs maltraités par les autorités sionistes. Nous
saluons ces réactions qui soutiennent tant la cause palestinienne
sur tous les niveaux.
Le
passage de Rafah
CPI
: Et quant à ce qui se passe sur le point de passage
de Rafah ?
Bahar
: A multiples reprises, nous avons insisté sur la nécessité que
le point de passage de Rafah reste un passage palestino-égyptien...
Les accords effectués avec l'occupant en 2005 ne sont pas légaux,
n’ayant pas été entérinés par le Conseil législatif
palestinien. Pareil pour l'accord de Paris. En fait, ils viennent
à l'encontre de l’intérêt de notre peuple...
CPI
: Qu’en est-il des entraves du Conseil législatif palestinien ?
Bahar
: Tous les comités du Conseil législatif palestinien continuent
à travailler. Et il y a des frères qui défendent les députés
enlevés...
Quatre lois verront bientôt
le jour : la loi du droit au retour, la loi de l'interdiction de faire
cession de la ville d'Al-Quds, la loi de la juridiction militaire,
la loi modifiée d'état civil.
La
division
CPI
: Quelle est la solution de l'état de division de la rue palestinienne
en général, et du Conseil législatif palestinien en particulier
?
Bahar
: La solution, c'est l'unité palestinienne. Nous avons appelé toutes
les factions palestiniennes à signer le document de « L'entente
nationale », à mettre fin à cette séparation entre Gaza et
la Cisjordanie. Nous n’arrêtons pas de dire que ce sont les Sionistes
qui essaient d’approfondir cette division qui ronge la rue
palestinienne. Ils ne veulent jamais le bien de notre peuple. Ils
ne veulent pas voir notre peuple uni...
De cette tribune
respectueuse, nous renouvelons notre appel à la nécessité d'un
retour immédiat au dialogue et aux attentes nationales
palestiniennes, afin de faire face à toutes les menaces qui
viennent à l'encontre des intérêts du peuple palestinien.
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