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Entretien avec Aharon
Shabtai
Israël,
« invité d’honneur » aux salons du livre de Paris
et de Turin, doit être boycotté
Silvia Cattori
Aharon Shabtai
26
février 2008 Alors qu’en
Italie l’annonce de la venue d’écrivains israéliens à la
« Fiera del libro » de Turin (*), où l’Etat
d’Israël est invité d’honneur, a immédiatement suscité une
vague de protestations, et que de nombreuses personnalités ont
soutenu l’appel au boycott lancé par les syndicats d’écrivains
palestiniens, jordaniens, et égyptiens, en France, curieusement,
la même invitation au Salon du livre de Paris n’a pas fait
grand-bruit. Parmi les 40 écrivains israéliens invités, seul le
poète Aharon Shabtaï a refusé d’y participer. Il explique ici
pourquoi il faut boycotter ces Salons -qu’il qualifie
d’entreprise de propagande en faveur d’Israël- ainsi que tout
événement culturel où l’Etat hébreux est célébré.
Silvia
Cattori : En décembre 2007, ayant
appris que votre nom figurait parmi les noms de quarante écrivains
israéliens invités au Salon du Livre de Paris, dont Israël sera
le « pays hôte d’honneur », vous avez déclaré
qu’il est impossible de participer à un événement culturel où
Israël, qui "commet des crimes contre des civils
quotidiennement", est, lui aussi, invité [1]
. Apparemment, trente-neuf écrivains israéliens ne considèrent
pas leur participation comme problématique ?
Aharon
Shabtai [2] :
Ce salon sera inauguré par le président français, Nicolas
Sarkozy, ainsi que par le président israélien, Shimon Peres.
Dans ces conditions, aller au Salon du Livre de Paris en tant
qu’écrivain, figurant dans la délégation officielle israélienne,
cela signifie que vous vous drapez dans les couleurs du drapeau
israélien. Tous les jours, Israël perpètre des crimes de
guerre, et il inflige des punitions collectives aux Palestiniens.
Il n’y a aucune raison de célébrer quoi que ce soit. Israël
viole toutes les lois internationales. Pas seulement la Convention
de Genève. La Cour Internationale de Justice de La Haye a condamné
la muraille illégale qu’Israël a érigée sur le territoire
palestinien confisqué.
Ce salon du livre, ainsi
d’ailleurs que toute autre sorte de manifestation où l’Etat
d’Israël est invité, n’est pas un moyen de promouvoir la
paix au Moyen-Orient, ni un moyen d’apporter la justice aux
Palestiniens. Il s’agit uniquement de propagande, visant à
donner à Israël une image de pays libéral et démocratique.
Un Etat qui perpétue une
occupation militaire et commet, quotidiennement, des crimes à
l’encontre de civils, ne mérite pas d’être invité à une
manifestation culturelle quelle qu’en soit la nature. Nous ne
saurions accepter d’être considéré comme faisant partie de
cet Israël là, qui n’est pas un pays démocratique, mais bien
un pays d’apartheid. Nous ne saurions soutenir cet Etat, en quoi
que ce soit.
Silvia
Cattori : Donc, en invitant l’Etat
d’Israël à célébrer ses soixante années d’existence, la
France et les organisateurs de ce Salon sont en train, à votre
avis, de faire une énorme erreur ?
Aharon
Shabtai : Cela n’est pas une erreur ! C’est
une politique ! Je pense que, pour M. Sarkozy, c’est
une façon de participer à l’occupation israélienne [3].
Il y a une collaboration entre les gouvernements européens et
Israël. L’invitation d’Israël en fait partie. Sans l’aide
des Etats-Unis, et désormais, sans l’aide de la France, Israël
ne pourrait pas poursuivre une telle politique à l’encontre des
Palestiniens. Cette aide donne à Israël le feu vert pour
attaquer et tuer des Palestiniens, en particulier à Gaza. Il est
très regrettable de constater que la France, l’Allemagne et les
autres pays européens –qui ont un passé de persécution à
l’encontre des juifs– participent, aujourd’hui, à la persécution,
par Israël, des Palestiniens et des peuples arabes et musulmans.
Silvia
Cattori : Que répondez-vous à ceux
qui disent qu’il faut ne faut pas mélanger la culture et la
politique ?
Aharon
Shabtai : Pourquoi les séparer ? Dans la
tradition européenne, comme chez les Grecs, des écrivains tels
Voltaire, Rousseau et Thomas Mann ont toujours lutté contre
l’oppression et pour la liberté. Les intellectuels et les écrivains
progressistes se sont de tout temps engagés dans la critique
politique.
Silvia
Cattori : Donc, vous condamnez ceux
qui s’apprêtent à participer à ce Salon, comme Amoz Oz [4],
Avraham B. Yehoshua, Aharon Appelfeld, David Grossman, Zeruya
Shalev, Etgar Keret, Orly Castel-Bloom, et autres ?
Aharon
Shabtai : Oui ! Bien entendu ! Je les
condamne, car, en agissant comme ils le font, ils contribuent à
la propagande israélienne, et ils collaborent avec les occupants
israéliens !
Silvia
Cattori : Les avez-vous appelés à
se joindre à votre action de boycott ?
Aharon
Shabtai : Mais des écrivains tels Amoz Oz, David
Grossmann et autres, ne veulent absolument pas boycotter Israël !
Je n’attends rien d’eux : ce sont des ambassadeurs
d’Israël. Ils sont tout à fait coutumiers de la collaboration
avec le gouvernement israélien ; ils font partie de
l’appareil de propagande israélien. Aussi, il est tout-à-fait
naturel, pour eux, d’aller partout où Israël est
officiellement invité. Ils travaillent pour le gouvernement israélien.
Silvia
Cattori : Ces écrivains israéliens
sont donc bien des "collaborateurs" selon vous ?
Aharon
Shabtai : Oui, bien sûr. Ces invitations sont, en
effet, généralement lancées par un gouvernement qui perpétue
le maintien du peuple palestinien sous une occupation militaire.
Je pense que tout intellectuel, que tout écrivain, doit refuser
de participer à toute réunion durant laquelle un anniversaire
d’Israël puisse être célébré. Au lieu d’y aller, ils
doivent aider les Palestiniens à recouvrer leurs droits, leurs
terres et leur eau.
Il est de notre devoir de
combattre les discriminations et les persécutions israéliennes ;
d’avoir la même attitude que celles qu’eurent les écrivains,
durant la lutte contre le régime d’apartheid sud-africain ;
l’attitude qu’eurent des écrivains progressistes radicaux
comme Brecht, Aragon, Breton, qui organisèrent, sous le nazisme,
un Congrès et s’efforcèrent de lutter autant qu’il était
possible contre la discrimination et la persécution dont les
juifs étaient les victimes.
Silvia Cattori :
Est-il vrai alors que le gouvernement israélien se
sert des Israéliens œuvrant dans les domaines des arts et des lettres
dans le cadre de son réseau de relations publiques, pour mener sa
guerre d’information, comme un moyen visant à afficher un visage
avenant d’Israël ? [5].
Aharaon Shabtai :
Oui ; le régime israélien utilise des artistes, les créateurs,
comme des agents de relations publiques ; tout-à-fait à la
manière dont les écrivains soviétiques, à l’époque de
l’URSS, étaient mobilisés par le régime.
Ainsi, les écrivains israéliens
se rendent, aujourd’hui, à Paris, en tant que collaborateurs d’un
régime odieux, et comme partie prenante à ce régime. Dans une telle
situation, quand de tels crimes sont perpétrés, jour après
jour, par Israël à l’encontre des Palestiniens, quiconque ne coupe
pas tous liens avec le gouvernement israélien –c’est une donnée
objective– collabore avec Israël, et fait œuvre de propagandiste
pour cet Etat.
Silvia Cattori :
A vos yeux, toutes les personnes honnêtes et humaines
devraient boycotter non seulement les expositions de Paris et de
Turin, mais aussi l’ensemble des célébrations des « Soixante
ans d’Israël » ? Donc, la seule solution, pour les
écrivains israéliens, serait d’avoir suffisamment de courage pour
perdre certains de leurs privilèges, de répondre aux
Palestiniens, qui en appellent désespérément à un boycott [6],
et d’appliquer à Israël un traitement identique à celui qui a
été appliqué à l’Afrique du Sud ?
Aharon Shabtai :
Oui, exactement. Je pense que nous Israéliens devons œuvrer à notre
avenir commun, avec les Palestiniens, et ne pas soutenir le militarisme
d’Israël. La poursuite de l’occupation et la guerre sont de très
graves dangers pour l’avenir des Juifs, des Israéliens, et de nos
enfants. Nous pouvons contribuer à mettre un terme à cette occupation
en cessant de flagorner l’Etat d’Israël.
Silvia Cattori :
Un écrivain israélien arabe, M. Sayed
Kashua, a apparemment accepté d’aller au Salon du Livre, à
Paris, et à Turin, avec la délégation israélienne !
Aharon Shabtai :
Son nom a été mis par Israël sur la liste officielle, comme ceux
des trente-neuf autres écrivains. C’est quelqu’un de bien. Mais
sa situation d’Arabe israélien n’a rien de confortable. C’est
sans doute dangereux, pour lui, de boycotter Israel. Il doit avoir
peur. Il pourrait perdre son travail. La vie des Arabes israéliens,
vivant en Israël, est très dégradée ; c’est très
difficile, pour eux, de survivre. Comme tous les Arabes israéliens,
Kashua est considéré comme un citoyen de deuxième catégorie, par
Israël. Cela n’est pas mon cas ; j’appartiens, en ce qui
me concerne, à la classe dominante, je suis juif, je peux boycotter
sans encourir personnellement de danger ; mais un Arabe israélien
doit faire extrêmement attention.
Silvia Cattori :
A l’extérieur aussi ; les intellectuels qui
appellent au boycott contre Israël ne sont pas dans une position
aisée !
Aharon Shabtai :
Vous, les Européens, vous avez décidé de boycotter le peuple occupé
de Palestine parce qu’ils ont élu démocratiquement le gouvernement
Hamas ; et voilà que maintenant, vous continuez à boycotter
la population de Gaza et à collaborer avec Israël contre le peuple
palestinien et contre son gouvernement !
Gaza est un ghetto, un camp de concentration !
En même temps, vous, les Européens, vous célébrez Israël, sans
la moindre considération pour le calvaire de près de quatre millions
de Palestiniens, qui vivent dans une situation similaire à celle
des Noirs soumis au régime de l’apartheid, dans l’Afrique du
Sud blanche.
Il est difficile de trouver les mots
justes permettant d’exprimer une telle absurdité. Le calvaire des
Palestiniens est pire que celui des Noirs en Afrique du Sud soumise
à l’apartheid.
Les Palestiniens sont affamés, ils
sont bombardés quotidiennement, ils se font tuer à grande échelle.
La situation, à Gaza, soumise aux opérations militaires agressives
d’Israël, est horrible.
En invitant Israël, le gouvernement
Sarkozy sait que cela va l’encourager à poursuivre son occupation
et ses crimes contre les Palestiniens.
Je ne pense pas que les Européens,
avec les valeurs qui sont les leurs, puissent inviter un pays tel
qu’Israël, et participer aux célébrations de son soixantième
anniversaire. Les Salons de Paris et de Turin ne sont qu’une énième
occasion, pour Israël, de faire de la propagande et de se gagner
un surcroît de soutien à son occupation militaire.
Quand le Kosovo se battait contre
la Serbie, l’Europe a pris partie pour le Kosovo, et elle a fait
la guerre à la Serbie. La Serbie était le propriétaire en titre
du Kosovo, mais, en dépit de cela, le monde a combattu la Serbie
et il l’a bombardée. Dans le cas qui nous occupe, c’est exactement
l’opposé. Israël écrase un territoire occupé. Et vous, les
Européens, vous allez aider les occupants israéliens, et pas les
Palestiniens, qui souffrent, sous cette occupation ?
Pourquoi, ce deux poids – deux mesures ?
Silvia Cattori :
Jusqu’à présent, il était impossible, fût-ce
au sein du mouvement de solidarité avec les Palestiniens, de traiter
Israël avec la même sévérité que le régime sud-africain
d’apartheid. Quand l’intellectuel helvétique Tariq Ramadan a
simplement déclaré que si nous voulons être cohérents et respecter
la dignité de l’être humain, nous devons boycotter cette
manifestation, il a été vilipendé et accusé d’encourager
l’« antisémitisme » [7].
Dans le cas d’Israël, le boycott est souvent considéré par les
gens de religion juive, ainsi que par les représentants des partis
de gauche, comme un acte « antisémite » !
Aharon
Shabtai : Les juifs refusent de voir que près de
quatre millions de Palestiniens vivent, actuellement, dans des
camps de concentration, dans des camps de prisonniers, comme à
Gaza.
Les gens, en Europe, ne savent pas
exactement quelle est la réalité, ici. C’est totalement
stupide, d’utiliser le mot « antisémite », et de blâmer
ceux qui appellent à boycotter Israël ! Je suis né ici,
mes enfants vivent ici, et moi aussi, j’exige le boycott
d’Israël, moi aussi, je pense comme ceux que l’on accuse
« d’antisémitisme ». Récemment, Benny Ziffer, le rédacteur
en chef du supplément littéraire du quotidien israélien
Haaretz, a appelé au boycott du Salon du Livre, lui aussi.
Ces allégations d’« antisémitisme »
ne sont que pure propagande. Jusqu’à récemment, Israël a réussi
à faire en sorte que les Européens soutiennent l’occupation.
Mais, après la guerre contre le Liban, et après le blocus de
Gaza, les peuples européens ne peuvent continuer à soutenir Israël.
Les appels au boycott n’ont strictement rien à voir avec je ne
sais quel racisme.
Silvia
Cattori : Alors que, dans les
universités britanniques, il est possible de refuser d’inviter
des écrivains ou des scientifiques israéliens, en Europe
continentale, la gauche consensuelle ne répond jamais à
l’appel au boycott lancé par les Palestiniens. Pourquoi ?
Aharon
Shabtai : Je ne comprends pas ce que signifie ce
terme de « la gauche », dès lors que ses tenants ne
coupent pas toutes relations avec Israël ? Je pense qu’énormément
de gens ont peur de se voir accuser d’« antisémitisme ».
Aujourd’hui, la signification réelle de l’Holocauste est
totalement falsifiée. Il y a bel et bien une industrie de
l’Holocauste, qui a été privatisé par la propagande israélienne ;
c’est répugnant.
Silvia
Cattori : Des gens manifestent-ils
leur soutien à votre prise de position ?
Aharon
Shabtai : Naturellement. Je reçois beaucoup de
lettres d’Europe. Je sais que les gens se sentent concernés ;
ils n’ont rien contre les juifs, mais ils condamnent la brutalité
de la politique israélienne. C’est cela, que les médias
taisent.
Les gens ont soutenu Israël
durant tellement d’années ! Mais aujourd’hui, par leurs
réactions, nous constatons que les sentiments des gens ordinaires
sont très majoritairement opposés à la domination et au
militarisme d’Israël. Mais, dans les médias, vous n’en
trouvez aucune trace ! Parce que les médias - nous l’avons
vu, à propos de la guerre contre l’Irak- sont du côté du pays
qui fait la guerre. Les médias sont pro-israéliens.
(*)
Fiera
internazionale del Libro de Torino (8 - 12 Mai 2008)
Salon
du Livre de Paris (14 - 18 Mars 2008)
Le ministère des Affaires Etrangères et le Centre national du
livre ont invité quarante écrivains, de langue hébraïque,
traduits et publiés en français, qui vivent en Israël.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier :
http://www.voltairenet.org/article155481.html#nh7
[1]
« Le
poète israélien Aharon Shabtai dit non au Salon du livre de
Paris », silviacattori.net, 22 janvier 2008.
[2]
Aharon Shabtai, né en 1939 à Tel Aviv, père de six enfants, vit
à Tel Aviv. Il est le plus éminent traducteur en hébreu des
tragédies grecques et l’auteur de nombreux recueils de poésie.
Il a suivi la Tel Nordau School et l’Educational
Institute au Kibbutz Merhaviya. Après son service militaire,
il a étudié le grec et la philosophie à l’Université hébraïque,
à la Sorbonne et à Cambridge et, de 1972 à 1985, il a enseigné
les Etudes théâtrales à Jérusalem. Il a reçu le Prix du
Premier Ministre pour la traduction en 1993.
[3]
« Nicolas
Sarkozy, la France et Israël », par Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 17 février 2008.
[4]
Au sujet d’Abraham Yehoshua, Amos Oz et David Grossman lire également
« Omar
Barghouti et la Fiera del libro de Turin : La gauche…
est-ce que vous vous souvenez de la bataille contre l’apartheid ? »,
par Michelangelo Cocco, Il Manifesto du 22
janvier 2008 et Mondialisation.ca, 23 janvier 2008.
[5]
Le quotidien Haaretz, a rapporté (août 2007) que le Ministère
des affaires étrangères (par le biais du DCSA :
Division for Cultural and Scientific Affairs)
utiliserait les écrivains pour promouvoir une belle image
d’Israël ; et que tout un va et vient d’écrivains
« officiels » sont aidés pour faire la promotion et
les traductions de leurs livres en diverses langues.
[6]
Palestinian
Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel
« Egyptian
writers protest at Israel’s Paris book fair invite »,
AFP, 22 janvier 2008.
Parmi les personnalités qui appellent au boycottage : les écrivaines
Susan Abulhawa (Etats-Unis) Rita Amabili (Canada) ; Tariq
Ali, John Berger, le chef d’orchestre Riccardo Muti, le chorégraphe
Omar Barghouti.
« Above
Politics ? "Out of Israel" and into Complicity »,
par Omar Barghouti.
« Why
I Will Not Participate in the Turin Book Fair ? »,
, by Tariq ALI, 14 February 2008
« ISESCO
urges Paris Book Fair boycott », 27 February 2008
« Lebanon
to boycott Paris book fair », BEIRUT (AFP), 27 February
2008
[7]
« A
propos de l’appel au boycott de la Foire du livre de Turin »,
par Tariq Ramadan, Réseau Voltaire, 5 février
2008.
Citation de T. Ramadan : « Toutes les
femmes et tous les hommes de conscience - et cela ne concerne pas
seulement les Palestiniens et les Arabes - devraient, à mon sens,
boycotter la Foire (comme le Salon de Paris d’ailleurs) dont
l’invité d’honneur est un pays qui ne respecte pas le droit
et la dignité des peuples. »
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