Intervention
Syrie / Genève 2 : Nous sommes venus
vous mettre face à vos responsabilités !
Walid al-Mouallem
Lundi 3 février 2014
À lire la presse française officielle de
cette fin de semaine, nous sommes en
droit de nous demander si « l’échec
consommé », ou encore le « fiasco », de
la Conférence internationale dite de
Genève 2, concerne uniquement la Syrie.
Il est clair, que ces courageux
journalistes, qui se sont présentés en
grand nombre à Montreux, n’ont pas
cherché à savoir le contenu de
l’intervention du chef de la délégation
de la République arabe syrienne, M.
Walid al-Mouallem, et si jamais ils ont
fait cet effort, ils n’ont rien voulu
entendre. Une fois de plus !
Pour mémoire,
voici la traduction intégrale de cette
intervention. [NdT].
Mesdames et Messieurs,
Je vous salue
au nom
de la délégation
de la République
arabe syrienne...
« République laïque » que certains,
présents dans cette salle, ont tenté de
ramener au Moyen Âge... « République
arabe » fièrement et fortement enracinée
dans son arabité, malgré les agissements
de certains arabes censés être des
frères... Je vous salue au nom de « la
Syrie » dont l’Histoire est sept fois
millénaire !
Je n’ai jamais connu une situation aussi
difficile que celle d’aujourd’hui. Sur
mes épaules, et celles de la délégation
syrienne, pèsent toutes les souffrances
qu’a endurées mon pays depuis trois
années, tout le sang des martyrs, toutes
les larmes des veuves, tous les espoirs
des familles qui endurent l’absence d’un
proche enlevé ou porté disparu, tous les
cris de chaque écolier tétanisé par les
explosions visant son école, toutes les
attentes d’une génération qui voit ses
rêves d’avenir se fracasser, tout le
courage des pères et mères qui ont
envoyé leurs enfants défendre la patrie,
toute la détresse des familles qui ont
perdu leur foyer et se retrouvent
déplacés ou réfugiés...
Sur nos épaules, Mesdames et Messieurs,
pèsent les espoirs du peuple syrien pour
les années à venir, le droit de chaque
enfant de se rendre à l’école en
sécurité, le droit de chaque femme de
sortir de chez elle sans risquer d’être
enlevée ou violée et assassinée, le
droit de chaque jeune de construire son
avenir comme il l’entend, le droit de
chaque citoyen de pouvoir rentrer chez
lui en toute sérénité.
Aujourd'hui, nous sommes face à un
moment de vérité. Une vérité qu’on a
systématiquement essayé de défigurer par
la désinformation et les mensonges,
jusqu’à en arriver aux meurtres et au
terrorisme ! Une vérité que nous venons
délivrer, debout, à tous les juges et
censeurs ; nous, la délégation de la
République arabe syrienne qui
représentons son peuple, son
gouvernement, ses institutions, son
Armée, et son Président Bachar al-Assad.
Je regrette, Mesdames et Messieurs,
oui... je regrette et le peuple de « la
Syrie qui résiste » regrette que des
représentants de pays ayant le sang
syrien sur les mains soient ici
présents... Pays qui ont exporté le
terrorisme et qui se posent en
distributeurs des indulgences, allant
jusqu’à empêcher certains fidèles de se
rendre à la Mecque; comme si Dieu les
avait chargés d’ouvrir le paradis à
certains et de le fermer à
d’autres...Pays qui ont encouragé les
terroristes, les ont financés, les ont
aidés, et ont décidé de la légitimité ou
non des uns et des autres comme bon leur
semblait... Pays qui ne se sont jamais
souciés de leurs maisons de verre
fêlées, mais qui se sont mis à lapider
nos châteaux forts séculaires et à nous
donner, toute honte bue, des leçons de
démocratie, de développement et de
progrès alors qu’ils sont plongés dans
l’ignorance et l’arriération. Pays qui
accordent, refusent, légitiment,
renient, distribuent dons et
gratifications à leur guise et par
habitude ; l’habitude de ceux dont le
pays appartient à un roi ou à un prince,
qui en donne ce qu’il veut à qui il
veut, et en prive qui il veut comme il
veut !
Ils ont vilipendé la Syrie civilisée,
souveraine et indépendante... Ils s’en
sont pris à l’honneur et à la liberté de
ses femmes et de ses filles, alors
qu’eux-mêmes se noient dans la fange de
leurs discriminations abominables et
leur ignorance.
Ils ont commis tout cela... Mais
maintenant que leurs masques sont
tombés, la vraie vérité de leur dessein
s’est dévoilée. Celui de déstabiliser la
Syrie et de la détruire par
l’exportation de leur produit national
premier : le terrorisme ! Avec leurs
pétrodollars, ils ont acheté les armes,
recruté les mercenaires, inondé l'espace
médiatique de leurs mensonges, pour
dissimuler la sauvagerie de ce qu’ils
font sous un voile qu’ils ont fini par
appeler : « La Révolution syrienne
voulue par le peuple syrien » !
Qu’est-ce que tout cela à a voir avec ce
qui se passe en Syrie ? Comment un
terroriste tchéchène, afghan, saoudien,
turc, français ou britannique pourrait
répondre aux aspirations du peuple
syrien ? Comment ? En installant un État
islamique qui ne connaît rien de
l'Islam, mais se nourrit de la déviance
de l’idéologie wahhabite !?
Qui vous a dit, et qui leur a dit, que
le peuple syrien cherchait à revenir des
milliers d'années en arrière ?
En Syrie, Mesdames et Messieurs, les
femmes enceintes sont éventrées et les
fruits de leurs entrailles sont
assassinés... les femmes sont violées
avant et après avoir été tuées, selon un
rituel hideux et obscène qui n’est
inspiré que par les exportateurs de
cette idéologie !
En Syrie, Mesdames et Messieurs, les
pères sont découpés à l’arme blanche
devant leurs enfants au nom de la
« révolution »... Pire encore, les
propres enfants de ceux-là qui les
découpent, soi-disant pour répondre à
nos aspirations de Syriens, piaillent et
dansent.
En Syrie, l’on dévore le cœur du Syrien
en prétendant réaliser l’ambition de sa
victime ; l’ambition d’une vie libre,
prospère, tranquille et démocratique !
Quelle absurdité est-ce là ? Et de qui
se moque-t-on ?
Au nom d’une prétendue « glorieuse
révolution syrienne », on massacre des
civils parmi les vieux, les femmes et
les enfants... On pulvérise les
infrastructures et les institutions sans
même se soucier de l’orientation
politique, idéologique ou intellectuelle
de ses victimes... On brûle les livres
et les bibliothèques... On farfouille
dans les tombes... On vole les reliques
et les trésors archéologiques...
Au nom de « la révolution », les enfants
sont assassinés dans leurs écoles et les
étudiants, dans leurs universités... On
s’autorise à déshonorer la femme à
travers toutes sortes de « fatwas
perverses » légitimant le Jihad sexuel,
l’inceste ou autres interdits... On
bombarde les mosquées pendant que les
fidèles sont en prière... On coupe les
têtes qu’on exhibe dans les rues... On
rôtit des personnes encore vivantes, en
un véritable holocauste que l’histoire
retiendra et que beaucoup de pays
dénonceront, mais sans jamais parler
d’antisémitisme !
Toujours au nom de la « révolution », un
père en est réduit à se faire exploser
avec femme et enfants pour échapper à
des étrangers ayant pénétré dans sa
maison. Des étrangers qui prétendent
être venus lui offrir la démocratie et
le libérer du joug et de l’oppression
« du régime » !?
Mesdames et Messieurs ; vous, dont la
plupart sont des parents, imaginez les
sentiments qui poussent un père à tuer
sa famille, de ses propres mains, pour
les soustraire à des monstres déguisés
en humains et qui disent se battre pour
la liberté ! C'est ce qui s'est passé à
Adra... Adra, où ces étrangers ont fait
irruption dans la Cité et ont tué,
pillé, pendu, découpé, brûlé des
personnes bien vivantes.
Vous n’avez peut-être pas entendu parler
de Adra, mais vous avez certainement
entendu parler d’autres cités où ils ont
commis les mêmes horreurs en désignant
de leurs doigts accusateurs, dégoulinant
du sang des innocents, l’État et l’Armée
syrienne. Ce n’est qu’une fois que leur
mensonge insensé n’a plus réussi à
convaincre qu’ils ont arrêté de le
raconter !
En cela, ces monstres ont exécuté ce
qu’ils ont été chargés de faire par des
États devenus aujourd’hui le fer de
lance déchiquetant le corps syrien...
Des États finalement arrivés au devant
de la scène, après avoir écarté d’autres
États... D’autres États qui ont essayé,
moyennant tout autant le sang des
Syriens, de s’imposer comme des
puissances régionales, en achetant les
consciences et les influences, en
finançant ces monstres d’apparence
humaine ; monstres imrégnés de la
détestable idéologie wahhabite avant
d’être lâchés à l’assaut de tout le
territoire syrien.
Mais, me voici à cette tribune pour vous
dire que vous savez, comme moi, qu’ils
ne se contenteront pas de rester en
Syrie, bien que nous sachions que
certains des participants à cette
assemblée ne veulent ni comprendre, ni
entendre !
Mesdames et Messieurs, tout ce qui ce
précède n’aurait pas été possible si,
profitant de la crise, des pays voisins
de la Syrie n’avaient dérogé aux
relations de bon voisinage. Celui du
Nord l’a poignardée dans le dos. Ceux de
l’Ouest sont restés spectateurs et ont
tu la vérité. Ceux du Sud ont dû obéir
aux ordres parce que faibles. Alors que
celui de l’Est est lui-même éreinté par
tout ce qui a été programmé contre lui
depuis de longues années, pour le
détruire... avant de détruire la Syrie !
Tout ce qui précède n'aurait pas été
possible si « le gouvernement Erdogan »
n’avait usé du territoire turc pour
accueillir, entraîner, armer, puis
expédier les terroristes vers la Syrie.
Un gouvernement qui a refusé de voir que
la magie finirait par se retourner
contre le magicien. Mais le voilà qui
commence à goûter à la coupe de
l’amertume, car le terrorisme n'a pas de
religion et n’est fidèle qu’a lui-même.
Le voilà passé de zéro problème avec ses
voisins, à zéro en politique étrangère,
en diplomatie internationale, en
crédibilité politique et en toute
chose ; ce qui ne l’empêche toujours pas
de persister dans son ignoble agression.
Et ceci, parce que le gouvernement d’Erdogan
s’est imaginé que le rêve historique
d’Al-Qotb et de son prédécesseur,
Mohamed Abdel Wahab, était sur le point
de se concrétiser. D’où son offensive
semant la corruption depuis la Tunisie,
jusqu’en Libye, en Égypte et en Syrie,
avec la ferme décision de réaliser une
chimère qui n’existe que dans son
cerveau malade. Un gouvernement qui,
malgré l’échec et la nullité de ses
ambitions, persiste et signe. Autant de
comportements qu’on ne peut
raisonnablement mesurer qu’à l’aune de
la bêtise... Celui qui ne tire pas les
leçons de l’Histoire perdra le
présent... Celui qui allume le feu chez
son voisin ne peut espérer rester en
sécurité !
D’autres voisins ont contribué à allumer
le feu, certains allant jusqu’à importer
les terroristes du monde entier... Mais
là, est apparu un paradoxe drôle,
quoique des plus iniques.
Quatre-vingt-trois nationalités se
battent en Syrie, sans que nul ne s’en
plaigne, ne dénonce, ne modifie son
regard, ne cesse de parler effrontément
de « la glorieuse révolution
syrienne » ; alors que lorsque quelques
dizaines de jeunes combattants de la
Résistance se sont joints à l’Armée
syrienne pour défendre certaines
régions, tout ce petit monde s’est
retrouvé sens dessus-dessous parlant
d’« intervention étrangère » et exigeant
la sortie de ceux qu’il a qualifiés de
« troupes étrangères » venues violer
« la souveraineté de la Syrie » !
Concernant la souveraineté syrienne, je
vous affirme que la Syrie, pays libre et
indépendant, fera tout ce qu’exige sa
propre défense et par tous les moyens
qu’elle jugera nécessaires. C’est une
décision strictement syrienne, et elle
le restera !
Malgré tout ce qui précède, le peuple
syrien résiste. Il résiste, malgré les
sanctions censées le faire plier en
visant son pain quotidien et le lait des
ses enfants. Il résiste, malgré les
pillages, les destructions et les
sabotages de sa nourriture, de ses
usines de médicaments, de ses hôpitaux,
de ses cliniques, de ses chemins de fer,
de ses lignes électriques. Même ses
lieux de culte, chrétiens et musulmans,
n’ont pas été épargnés par les hordes
terroristes !
Mais ils ont échoué... Et c’est à partir
du moment où ils ont constaté leur échec
que les États-Unis ont brandi leur
menace d’attaquer la Syrie. Avec ceux
qui en Occident et parmi les arabes
partagent leurs
convoitises, ils ont fabriqué de toute
pièce l’histoire nous accusant d’avoir
utilisé des armes chimiques ; histoire
qui n’a pas convaincu leur propre
peuple, pas plus qu’elle n’a convaincu
le nôtre.
Autant de comportements qui,
malheureusement, soulignent le fait que
ces États prônant la démocratie, la
liberté, et les droits humains ne
disposent que d’un langage guerrier,
sanguinaire, colonialiste et dominateur.
Leur démocratie s’impose par le feu,
leur liberté signifie frappes aériennes,
leurs droits humains autorisent de tuer
l’Humain ! Ils se sont habitués à l’idée
qu’ils sont les maîtres du monde, que ce
qu’ils veulent sera, et que ce qu’ils ne
veulent pas ne sera pas !
Ils ont oublié, ou font semblant d’avoir
oublié, que ceux qui se sont fait
exploser à New York sont de la même
veine que ceux qui se font exploser en
Syrie... même idéologie... même source !
Ils ont oublié, ou font semblant d’avoir
oublié, que ce terrorisme qui était hier
aux États-Unis est aujourd’hui en Syrie,
sans que l’on sache où il sera demain.
Ce qui est sûr c’est qu’il ne s’arrêtera
pas là. L’Afghanistan est un parfait
exemple pour qui consentirait à retenir
la leçon... pour qui consentirait...
mais la plupart s’y refusent.
Ni les États-Unis, ni certains de leurs
alliés occidentaux civilisés - dont
celui qualifié de « Pays des Lumières »
et celui qui pouvait autrefois
s’enorgueillir d’être à la tête d’un
« Empire où le soleil ne se couche
jamais » – ne veulent y consentir. Et
alors qu’ils ont tous goûté à l’amertume
du terrorisme, les voilà qui se
déclarent subitement solidaires d’un
groupe de pays dits « Amis de la
Syrie », au côté de quatre royaumes
dictatoriaux et répressifs, ne sachant
rien de la laïcité ou de la
démocratie... Des pays qui autrefois ont
colonisé la Syrie, l’ont pillée et l’ont
disloquée voilà une centaine d’années ;
mais des pays qui, aujourd’hui, se
réunissent en congrès pour déclarer,
haut et fort, leur amitié au peuple
syrien, s’inquiéter de son horrible
« situation humanitaire », pendant
qu’ils l’assiègent, lui imposent toutes
sortes de sanctions possibles, et
soutiennent secrètement le terrorisme
qui le frappe !
Mesdames et Messieurs, si vous êtes
tellement inquiets de la situation
humanitaire et des conditions de vie en
Syrie, arrêtez donc l’afflux des
armes... Arrêtez de soutenir les
terroristes... Annulez vos sanctions...
Levez le siège imposé au peuple
syrien...
Revenez à la raison et à la
logique dans votre politique ! Dès lors,
nous vous assurons que nous serons aussi
bien que nous l’avons été et vous
délivrerons de votre immense inquiétude
à notre égard.
Maintenant, certains pourraient se
demander si tout ce qui se passe en
Syrie est de source étrangère. Non,
Mesdames et Messieurs, ce n’est pas le
cas ! Des Syriens, présents dans cette
salle, ont contribué à tout ce qui
précède. Ils ont exécuté et ont tout
légitimé, sans pour autant être en
accord les uns avec les autres ! Tout
cela, aux dépens du sang syrien dont ils
prétendent vouloir stopper
l’hémorragie !
Ces Syriens se sont politiquement
divisés une centaine de fois et leurs
chefs se sont réfugiés aux confins de la
terre. Ils se sont vendus à Israël et
sont devenus ses yeux qui enregistrent
et ses bras qui détruisent. Et
lorsqu’ils ont échoué, Israël est
intervenu directement pour leur éviter
les coups de l’Armée syrienne et les
aider dans l’exécution de ce qu’il a
projeté pour la Syrie, depuis des
décennies.
De l’aveu même de leurs partisans sur le
terrain, ils se prélassent dans les
hôtels cinq étoiles pendant que notre
peuple est saigné. Ils se sont opposés à
partir de l’étranger. Ils se réunissent
à l’étranger. Ils trahissent la Syrie à
partir de l’étranger...
Celui qui veut parler au nom des Syriens
est invité à venir en Syrie. Qu’il vive
comme un parent syrien qui, tous les
matins, embrasse son enfant en se
demandant s’il rentrera de l’école ou
sera emporté d’une bombe lancée par un
révolutionnaire instrumenté par
l’étranger... Qu’il vienne supporter la
morsure du froid parce que nous sommes
privés de pétrole... Qu’il fasse la
queue pendant des heures pour nourrir
les siens parce que les sanctions nous
interdisent d’importer du blé, alors que
nous étions des exportateurs... Celui
qui veut parler au nom de la Syrie,
qu’il vienne témoigner de la solidité de
celui qui résiste face au terrorisme et
le combat, depuis bientôt trois années.
Une fois qu’il l’aura fait, qu’il
revienne parler au nom des Syriens
devant cette assemblée !
La République arabe syrienne - État et
Peuple - a fait et continue de faire ce
qu’on attendait d’elle ! Elle a ouvert
notre territoire aux journalistes qui
l’ont parcouru pour ensuite vous
rapporter la réalité de ce qui s’y
passe, mais toujours après être
retournés à l’étranger ! Une réalité que
nombre de médias occidentaux n’ont pu
supporter, parce qu’elle ne
correspondait pas à ce qu’il voulait
dire ou filmer sur la Syrie. Nous avons
autorisé l’entrée d’organisations
internationales de secours, mais les
instrumentalisés par l’étranger - dont
certains sont ici présents - leur ont
fait obstacle en les mettant en danger
sous les tirs des terroristes ; quand
nous, nous faisions notre devoir
en les protégeant et en facilitant leur
mission. Nous avons libéré, de façon
répétée, un grand nombre de prisonniers
dont certains avaient usé de leurs armes
contre les citoyens, ce qui a suscité le
mécontentement de beaucoup de Syriens
« de l’intérieur » ; mais ils ont fini
par comprendre et accepter l’idée que la
Syrie étant plus précieuse que tout le
reste, nous devons dépasser nos
blessures et surmonter les haines et les
rancunes.
Et vous qui prétendez parler au nom des
Syriens, qu’avez-vous fait ? Quelle est
votre vision pour ce merveilleux pays ?
Quelles sont vos intentions et quel est
votre programme politique ? De quels
instruments disposez-vous sur le
terrain, mis à part les groupes
terroristes armés ? Je suis persuadé que
vous ne disposez de rien du tout, ce qui
est évident pour tout le monde et
notamment dans les régions occupées par
vos mercenaires, autrement dit « les
régions libérées » selon votre étrange
terminologie ?
Avez-vous vraiment libéré les habitants
de ces régions ? Ou bien avez-vous
dérobé leur culture tolérante pour
imposer votre extrémisme répressif ?
Avez-vous construit des écoles et des
centres de soin ? Ou bien avez-vous
détruit les hôpitaux et permis à la
poliomyélite de ressurgir en Syrie,
alors que nos enfants ont vécu indemnes
de cette maladie depuis des décennies ?
Avez-vous sauvegardé et protégé les
trésors archéologiques et les musées de
la Syrie ? Ou bien les avez-vous pillés
et en avez tiré profit ? Avez-vous
respecté les principes de la Justice et
des droits humains? Ou bien avez-vous
exécuté des peines de mort par
décapitation, et en public ?
Pour résumer, vous n’avez rien réalisé
de bon, rien du tout ! Vous n’avez amené
que le déshonneur et la honte en
suppliant les États-Unis de lancer une
attaque militaire contre la Syrie. Même
l'opposition, dont vous prétendez être
les maîtres et les gardiens, ne veut pas
de vous ! Elle refuse votre gestion de
vous-mêmes, avant même que de songer à
ce que vous gériez le pays.
Ils veulent un pays d’une seule
couleur !? Et je ne parle pas ici
d’ethnie ou de confession, car toute
personne qui n’est pas d’accord avec eux
est autre, et cet autre est un infidèle,
quelle que soit sa religion et son
environnement. Ils ont donc tué des
musulmans de toutes les branches de
l’Islam et ont sévèrement ciblé les
chrétiens. Mêmes les religieuses en
habit ne leur ont pas échappé. Ils les
ont enlevées après avoir frappé
Ma’aloula, dernier endroit au monde où
l’on parle encore couramment la langue
du Christ, pour contraindre les Syriens
chrétiens à quitter la Syrie !
Mais là aussi, ils ont échoué. Car tous
les Syriens sont Chrétiens lorsqu’on
s’attaque au christianisme ; tous les
Syriens sont Musulmans lorsqu’on
s’attaque aux mosquées ; et tous les
Syriens sont de Raqqa, de Lattaquié, de
Soueida, de Homs, ou d’Alep la
blessée... quand l’une ou l’autre de ces
régions sont frappées. D’où l’horreur
devant leurs tentatives de semer la
discorde et le sectarisme religieux, la
pire des laideurs qu’un syrien ne peut
tolérer. Bref, Messieurs, votre
prétendue « grande révolution syrienne »
n’a laissé aucune transgression
condamnable ici bas, sans la commettre !
En revanche, derrière la noirceur de ce
sombre tableau, la lumière est toujours
restée tout au bout du chemin. Ceci,
grâce à la détermination du peuple dans
sa résistance, grâce à la détermination
de l’Armée dans sa défense, et grâce à
la détermination de l’État dans sa
cohésion et sa continuité... Et aussi,
parce que malgré tout, certains États se
sont tenus à nos côtés et au côté du
Droit et de la Justice. Parmi ces États,
la Russie à qui je m’adresse au nom du
peuple syrien pour lui exprimer ses plus
sincères remerciements, la Chine que
nous remercions tout autant que la
Russie pour leur respect de la
souveraineté et de la liberté de
décision de la Syrie.
La Russie s’est comportée en véritable
ami dans toutes les arènes
internationales et a fermement défendu,
en paroles et en actions, les principes
de l'Organisation des Nations Unies
quant à la souveraineté des États et les
droits humains. La Chine et les pays du
BRICS se sont tenus à ses côtés, ainsi
que l'Iran, l'Irak, et certains États
arabes musulmans, des États d’Afrique et
d’Amérique latine. Autant d’États qui
n’ont cessé de protéger, en toute
honnêteté, les aspirations du peuple
syrien, non celles d’autres États qui
voudraient nous imposer ce dont nous ne
voulons pas !
Oui, Mesdames et Messieurs, le peuple
syrien aspire tout comme les autres
peuples de la région à plus de liberté,
de justice, et de droits humains. Il
aspire à plus de pluralisme et de
démocratie. Il aspire à une Syrie
meilleure, une Syrie tranquille,
prospère, et en bonne santé. Il aspire à
un État fort reposant sur des
institutions, non à la démolition des
siennes. Il aspire à protéger ses
monuments et ses sites archéologiques
ainsi que son patrimoine national, non à
leur pillage et leur destruction. Il
aspire à ce que son Armée nationale
reste forte pour protéger sa terre, son
honneur et ses biens, défendre ses
frontières, la souveraineté et
l'indépendance de son pays ; non à une
armée de mercenaires « libre » de
kidnapper des civils et de les rançonner
ou de les transformer en boucliers
humains ; « libre » de s’accaparer les
donations, de voler les pauvres et de
vendre la partie ; « libre » de
s’enrichir par le trafic d'organes
prélevés sur des hommes, des femmes et
des enfants bien en vie.
Une armée de mercenaires dont certains
éléments mangent les cœurs et les foies
humains, font griller les têtes
d'humains sur des barbecues, recrutent
des enfants soldats, violent les femmes
sous la menace de leurs armes. Des armes
expédiées par des États, ici présents,
sous prétexte d’un prétendu « soutien
aux groupes modérés ». De grâce,
dites-nous où est la modération dans
tout ce que je viens de vous exposer !
Où sont donc ces « éléments modérés »,
aux dénominations fumeuses, derrière
lesquels vous vous cachez et que vous
soutenez médiatiquement et
militairement, notamment ceux que vous
rebaptisez ? Des éléments préexistants
sur le terrain, auxquels vous donnez une
nouvelle peau, un nouveau nom,
prétendant qu’ils combattent le
terrorisme alors qu’ils sont encore pire
que leurs prédécesseurs, pendant que vos
médias retravaillent leur image après
les avoir revêtus de l’habit griffé :
« modération ». Ils savent, comme nous
savons, qu’il s’agit du même extrémisme
et du même terrorisme sous des noms
différents. Ils savent, comme nous
savons, que sous le prétexte du
« soutien aux groupes modérés » on
continue à armer ceux qui, finalement,
appartiennent à Al-Qaïda et à plusieurs
de ses organisations sévissant en Syrie,
en Irak, et dans d’autres pays de la
région.
Telle est la vérité, Mesdames et
Messieurs. Réveillez-vous ! L'Occident
soutient et certains arabes exécutent
pour qu’en fin de parcours, les armes
tombent aux mains d’Al-Qaïda. Par
conséquent, l’Occident prétend lutter
contre le terrorisme en public, mais le
nourrit en secret. Celui qui ne voit pas
cette vérité est aveugle ou ignorant. Ou
alors, il ne veut pas la voir et a
décidé de poursuivre dans cette voie !
Est-ce la Syrie que vous voulez malgré
les milliers de martyrs, l’installation
de l’insécurité, et les destructions
systématiques ? Est-ce cela les
aspirations du peuple syrien que vous
voudriez réaliser ? Non, Mesdames et
Messieurs, la Syrie ne restera pas dans
cette situation. Et c’est pour vous le
dire que nous sommes ici.
Nous sommes venus, malgré tout ce qui a
été fait par certains d’entre vous.
Nous sommes venus pour sauver la Syrie,
pour arrêter les décapitations, les
bouffeurs de foie, de cœurs, et les
éventreurs.
Nous sommes venus pour ramener les mères
et leurs enfants chassés de leurs foyers
par des terroristes.
Nous sommes venus pour protéger notre
État laïc, notre civilisation, et
l’avancée des Tatars et des Mongols dans
notre région.
Nous sommes venus pour empêcher
l'effondrement de l'ensemble du
Moyen-Orient.
Nous sommes venus pour protéger la
richesse et la diversité de notre
culture, pour protéger le dialogue entre
les civilisations et les religions, à la
source même de ces religions.
Nous sommes venus pour protéger l'Islam
tolérant qu’on a défiguré.
Nous sommes venus pour protéger et
garder
les Chrétiens du Moyen orient !
Nous sommes venus dire aux Syriens de
l'étranger : revenez dans votre pays,
car l’étranger reste un étranger, aussi
proche soit-il, et le Syrien reste un
frère pour le Syrien, quelle que soit
l’intensité des adversités.
Nous sommes venus pour arrêter le
terrorisme, comme l’ont fait tous les
États du monde qui ont goûté sa
douloureuse amertume. Certes, nous avons
dit et nous continuons à dire que le
dialogue entre les Syriens est la
solution. Mais, nous avons agi et
agissons comme tous les autres pays du
monde lorsqu’ils ont été frappés par le
terrorisme. Nous avons cherché et nous
chercherons toujours à défendre notre
peuple, car tel est notre devoir
constitutionnel... Et, de cette tribune,
je vous dis que nous continuerons à
frapper le terrorisme qui a gravement
nui à tous les Syriens, abstraction
faite de leurs affiliations politiques.
Nous sommes venus vous mettre, tous,
face à vos responsabilités. Car, tant
que certains États que vous connaissez,
et que nous connaissons, continueront à
soutenir le terrorisme, cette conférence
ne connaîtra pas le succès ; l’action
politique et le terrorisme étant
incompatibles lorsqu’il s’agit d’un même
terrain. La politique implique « la
lutte contre le terrorisme » et ne
pousse pas dans son ombre !
Nous sommes venus en tant que
représentants du peuple syrien. Oui...
Monsieur Kerry... je dis que
l’expérience prouve que personne au
monde n’a le droit d’accorder,
de conférer ou de retirer la légitimité
à un président, à un État, à une
Constitution, ou à quoi que ce soit, sauf
les Syriens eux-mêmes !
C’est leur droit et leur devoir
constitutionnel. Tout ce sur quoi nous
pourrions nous accorder ici, et quoi
qu’il en soit, sera soumis à un
référendum populaire. Nous sommes ici
pour faire savoir la volonté du peuple
syrien, non pour décider de son avenir !
Par conséquent, celui qui ne veut pas
entendre cette volonté ferait mieux de
ne pas parler en son nom. Lui seul a le
droit de décider de ses dirigeants, de
son gouvernement, de son parlement, et
de sa Constitution. Toute autre décision
est inacceptable.
Pour conclure, je m'adresse aux
personnes, ici présentes, ainsi qu’au
monde entier qui nous regarde et nous
écoute : en Syrie nous vivons une guerre
contre le terrorisme !
Un terrorisme qui a beaucoup détruit et
qui continue de détruire. Un terrorisme
contre lequel la Syrie s’est dressée
depuis les années quatre-vingt du siècle
dernier tout en appelant, haut et fort,
à former un front uni pour le
combattre ; mais personne n’a voulu
entendre.
Un terrorisme dont vous avez
horriblement souffert aux États-Unis, en
France, en Grande-Bretagne, en Russie,
en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, et
la liste ne fait que s’allonger, car le
voici qui se répand partout. Coopérons
tous ensemble, main dans la main, pour
le combattre et stopper la noirceur de
son idéologie obscurantiste, et
terrifiante.
Quant à nous, les Syriens, dressons-nous
comme un seul homme et concentrons-nous
sur la Syrie pour commencer à la
reconstruire humainement et
structurellement. Certes, le dialogue
est fondamental, comme je l’ai déjà dit.
Mais, bien que nous remerciions ce pays
qui nous accueille, nous disons que le
vrai dialogue entre les Syriens doit
avoir lieu en Syrie, sous le ciel de la
patrie !
Il y’a un an, le gouvernement exposait
sa vision de la solution, mais là aussi
personne n’a entendu ! Que de vies
innocentes auraient été épargnées si
certains États avaient opté pour le
langage de la raison, plutôt que pour
celui de la terreur et de la
destruction ! Une année entière que nous
appelons au dialogue, alors que le
terrorisme n’a cessé de frapper l’État
syrien, ses institutions, son
gouvernement et son peuple.
Mais, mieux vaut tard que jamais.
Aujourd’hui, nous voici réunis pour
prendre une très importante décision
dont dépendra notre destin, la décision
de lutter contre le terrorisme et
l'extrémisme tout en engageant le
processus politique ; ce qui est
d’autant plus opportun que tous sont là,
aussi bien les arabes que les
occidentaux !
Maintenant, si certains États, parmi
vous, continuent à soutenir le
terrorisme en Syrie, ce sera votre
décision... Vous connaissez la nôtre.
Sinon, écartons les obscurantistes et
les menteurs qui vous tendent la main et
vous sourient en public, mais
nourrissent le terrorisme dans l’ombre.
Un terrorisme qui frappe la Syrie, mais
qui finira par se répandre pour nous
brûler tous.
C’est donc l’instant de vérité et
l’instant du destin, soyons à la hauteur
du moment !
Je vous remercie.
Dr Walid al-Mouallem
Ministre syrien des Affaires étrangères
et des Expatriés
22/01/2014
Texte traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Sana / Syrie
http://sana.sy/print.html?sid=523707&newlang=ara
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