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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (91)


Photo CPI

Mardi 24 août 2010

Dr. Azzam Tamimi

            L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

Le Hamas au gouvernement (17)

          En avril 2006, des espoirs renouvelés provinrent d’un rapprochement imminent entre la Jordanie et le Hamas lorsque les Jordaniens présentèrent une invitation au ministre des affaires étrangères de l’autorité palestinienne Mahmoud Al-Zahhar, qui faisait un tour d’un certain nombre de pays arabes et islamiques. Cependant, mois de 24 heures avant la visite, qui devait commencer le 19 avril, le gouvernement jordanien annonça son ajournement, prétextant que certains individus liés au Hamas avaient été soi-disant pris en train de passer en fraude des armes et des explosifs dans le pays. Le Hamas nia avec force les accusations et réitéra sa position de non-intervention dans les affaires des pays arabes. La direction du Hamas dit que la Jordanie les avait contactés plus tôt pour exprimer le désir de remettre la visite à plus tard pour d’autres raisons, en raison de l’indisponibilité de certains hauts officiels du gouvernement.

            Quelques personnes trouvèrent les allégations jordaniennes plausibles. Si le Hamas avait été accusé d’avoir utilisé le territoire jordanien pour de la contrebande d’armes en Cisjordanie ou à Gaza, certains aurait pu trouver cela crédible. Toutefois, il n’était pas censé de prétendre que le Hamas prévoyait d’attaquer des installations et du personnel jordaniens ; cela ne correspondait pas à ce que l’on connaît de la façon de penser du Hamas et de son style d’opération. Les Jordaniens déclarèrent que cinq agents du Hamas avaient été attrapés en Jordanie en possession d’importantes armes, dont des armes à feu et des explosifs. Les confessions de trois des prétendus coupables furent montrées à la télévision jordanienne, bien qu’ils aient dit finalement peu de chose qui puisse suggérer un lien avec le Hamas ou toute activité criminelle. Les Ikhwan jordaniens conduirent leur propre investigation, qui révéla l’identité des trois personnes qui firent les confessions télévisées. Les confessions télévisées ne servirent qu’à renforcer les doutes existants au sujet de la crédibilité des allégations jordaniennes. Il fut indiqué que les trois hommes n’avaient aucun lien avec le Hamas ou tout groupe islamique, alors qu’au moins l’un d’entre eux était un drogué et que c’était un criminel déclaré coupable, et qu’un autre avait de proches liens avec le Fatah. Les Jordaniens restèrent silencieux après ces révélations, et la question ne fut plus soulevée à nouveau. Précédemment, le président Mahmoud Abbas avait soutenu les allégations jordaniennes, disant que des officiels jordaniens lui avaient montré des preuves du complot. Dans un affichage ambigu de soutien à la position jordanienne, il dit que des tentatives du Hamas de faire de la contrebande d’armes en Jordanie étaient dangereuses et surprenantes. Sa déclaration ne pouvait se faire à un pire moment, coïncidant avec la tension grimpante entre le Hamas et la direction du Fatah.

            Vendredi 21 avril 2006, le président Abbas annula un rendez-vous d’un officiel de sécurité de haut niveau donné par le gouvernement dirigé par le Hamas le jour précédent. Le ministre de l’intérieur Sa’id Siyam, dans une intention de faire valoir la loi et l’ordre à Gaza, où régnait le chaos, avait désigna Jamal Abu Samhadana, un membre du Fatah et leader des Comités de la Résistance Populaire, pour superviser le ministère de l’intérieur. Sa tâche était de mettre en place un nouvelle force de police pour mettre fin à l’anarchie qui ruinait toute la bande de Gaza. Mahmoud Abbas publié un décret, comme suit : « Les chefs de sécurité, officiers et membres des services de sécurités ont pour ordre de ne pas tenir compte de ces décisions, et de continuer comme si elles n’avaient jamais eu lieu ». La désignation d’Abu Samhadana était une réponse à une tentative d’Abbas de maintenir un contrôle exclusif sur les forces de sécurité fortes de soixante mille hommes du ministère de l’intérieur avec la récente nomination de l’un de ses propres loyalistes, Rashid Abu Shbak, en tant que directeur général du ministère de l’intérieur, sans consultation avec le ministre. Le gouvernement du Hamas ignora le décret présidentiel d’Abbas et se pressa de former la nouvelle force. Le ministre expliqua qu’il consistera en des officiels de police en service et des combattants de diverses factions armées, et qu’elle jouerait un rôle indispensable dans la restauration de l’ordre dans les rues anarchiques de Gaza.

            Le problème de ce décret de Mahmoud Abbas était la goutte qui fit déborder le vase. Parlant à Damas plus tard ce même vendredi, le chef du bureau politique Khaled Meshaal lança une forte attaque contre la direction du Fatah, incluant par implication le président Abbas, bien qu’il n’ait mentionné aucun nom spécifique. S’adressant à un rassemblement pour marquer l’anniversaire de l’assassinat de Sheikh Ahmad Yassine, Meshaal accusa Abbas et l’organisation du Fatah de corruption et de complot contre le Hamas. La colère de Meshaal était alimentée par des rapports disant que le nouveau gouvernement n’avait pas seulement trouvé le trésor public vide, mais que d’anciens ministres et de hauts employés du gouvernement avaient aussi dépouillé des bureaux du gouvernement de leurs meubles et matériels. La réelle raison de la colère de la direction du Hamas ne résidait toutefois pas là. Il était devenu clair que le problème n’était pas la vision politique ou l’agenda politique que le Hamas avait ou qu’il était prêt à avoir. Le problème était simplement le pouvoir et l’argent, que les leaders du Fatah n’étaient pas prêts à perdre.

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)

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Source : CPI
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