Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (67)
Photo CPI
Lundi 22 février 2010
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le Hamas, l’OLP et l’autorité
palestinienne (2)
De la retenue à la confrontation
Les rendez-vous tels que ceux-ci étaient généralement organisés
grâce aux bons services d’intermédiaires. Un meeting de ce
genre, considéré comme particulièrement important à l’époque,
fut arrangé à Khartoum grâce aux bons services du leader
islamique soudanais Hassan Al-Turabi en janvier 1993. La
délégation du Hamas fut une nouvelle fois dirigée par Moussa Abu
Marzouq et incluait Ibrahim Ghosheh, Muhammad Siyam et Muhammad
Nazzal. La délégation de l’OLP fut dirigée par Yasser Arafat et
comportait le porte-parole du CNP Salim Al-Za’num, Nasr Yussuf,
Muhammad Dahlan et Abu Ali Shahin. Certaines indications lors de
cette rencontre permettaient de dire que la tension entre les
deux parties pourrait se calmer. Les relations se détériorèrent
bientôt une fois encore, cependant, lorsqu’il fut annoncé
qu’Israël et l’OLP étaient parvenues à un accord après les
négociations secrètes à Oslo. Le Hamas condamna la signature de
la déclaration de principes sur le gaon de la Maison Blanche le
13 septembre 1993, le qualifiant d’acte de trahison à l’encontre
des droits palestiniens fondamentaux.
Alors que Yasser Arafat commença à se préparer pour retourner à
Gaza en 1994 sous les termes des accords d’Oslo, il avait de
l’appréhension quant à l’accueil qui pouvait l’attendre.
Conscient de la popularité du Hamas à l’intérieur de la bande de
Gaza et de l’étendue de son autorité, il avait peur que le Hamas
puisse d’une certaine façon déranger son arrivée. Via des
médiateurs, il appela la direction du Hamas à lui permettre de
retourner en paix. Ceci n’était en fait pas nécessaire, car le
Hamas n’avait en réalité pas d’objection au retour à la patrie
d’Arafat et n’avait pas l’intention de causer de trouble. Au
contraire, lorsque la force de sécurité palestinienne
nouvellement formée arriva de Jordanie plus tôt au cours de
l’année pour se déployer dans la bande de Gaza et à Jéricho, le
Hamas l’avait accueillie et lui avait fourni de la nourriture et
un abri. Il n’aurait pas été de l’intérêt du Hamas d’être vu en
train de protester contre le retour d’un Palestinien ou contre
le remplacement des troupes de l’occupation israélienne par une
force palestinienne.
Une des principales tâches de l’autorité palestinienne qui était
établie sous les termes des accords d’Oslo, c’était de réprimer
et de désarmer les factions palestiniennes et de même un terme à
toutes les hostilités contre les Israéliens. Cette tâche n’était
en aucun cas facile à accomplir. En guise de test, les forces de
sécurité de l’autorité palestinienne intervinrent pour disperser
les foules après avoir quitté la mosquée Filastin à Gaza le 18
novembre 1994. Les foules manifestaient pacifiquement contre la
continuation de l’occupation en dépit de l’accord de paix avec
Israël. Quatorze croyants pro-Hamas fut tués par balle et
plusieurs autres blessés. Il y eut une explosion de colère
populaire et une foule marcha vers les quartiers généraux de
l’autorité palestinienne, brisant la clôture pour s’en prendre
au bâtiment. Des appels du Hamas au public à se calmer et à
rentrer chez eux permirent de mettre fin à la crise. La
direction du Hamas dit que la colère publique devait être
dirigée contre les autorités de l’occupation israélienne dans la
forme d’une résistance accrue plutôt que contre la force de
police palestinienne. Le Hamas remporta un respect et une
autorité supplémentaires en soutenant une politique
d’interdiction des conflits armés entre les Palestiniens.
La direction de l’autorité palestinienne à Gaza expérimenta des
problèmes dans la communication avec le Hamas. Nombreux d’entre
les leaders du mouvement dans les territoires étaient toujours
en détention dans les prisons israéliennes. En outre, le pouvoir
de prise de décision au Hamas avait déjà été transféré de
l’intérieur des territoires à l’extérieur après les mesures
sérieuses israéliennes prises à l’encontre du mouvement en 1989.
Cela signifiait que l’avis final sur les questions politiques et
stratégiques reposait dans les mains du bureau politique basé en
Jordanie dirigé par Moussa Abu Marzouq. En avril 1995, Yasser
Arafat envoya Abd Ar-Razaq Al-Yahya à Amman pour rencontrer la
direction du Hamas et lui demander d’ordonner de mettre fin à
toutes les formes de violence dans l’ensemble de la Palestine
afin de donner une chance de succès à ses efforts de paix.
Lorsque ni les menaces ni les persuasions ne rapportèrent
d’acceptation pour sa proposition, Arafat se tourna vers les
leaders locaux du Hamas dans la bande de Gaza. Il voulait en
particulier persuader le Hamas à prendre part aux élections du
Conseil Législatif Palestinien (CLP) qui avaient été fixées pour
le 20 janvier 1996. Suite à cette insistance, la direction du
Hamas dans la bande de Gaza et en Cisjordanie accepta de penser
à y participer, à condition qu’ils soient autorisés de consulter
d’abord les autres branches du mouvement.
En décembre 1995, l’autorité palestinienne persuada les
Israéliens de permettre à une délégation du Hamas de l’intérieur
de quitter la Palestine pour voyager à Khartoum, la capitale du
Soudan, pour rencontrer un groupe de leader du Hamas de
l’extérieur, et pour tenir ensuite des discussions avec
l’autorité palestinienne au Caire. La délégation était composée
de Jamil Jamami, Jamal Salim, Abd Al-Khaliq Al-Natshah et Hassan
Yussuf, de la Cisjordanie, et de Abd Al-Fattah Dukhan, Sayyid
Abu Mussamih, Mahmoud Al-Zahhar et Muhammad Hassan Sham’ah, de
la bande de Gaza. La délégation de l’extérieur était composée de
Khaled Meshaal, qui venait d’être élu chef du bureau politique,
Muhammad Nazzal, Imad Al-Alami, Ossama Hamdan et Ibrahim Ghosheh.
Depuis la formation du mouvement huit ans plus tôt, c’était le
premier meeting de la direction du Hamas au plus haut niveau à
avoir lieu entre ceux à l’intérieur et ceux à l’extérieur.
Certaines des personnalités-clés manquaient car elles étaient en
détention. Celles-ci incluaient Sheikh Ahmad Yassine et Abd
Al-Aziz Al-Rantissi en Israël et Moussa Abu Marzouq aux
Etats-Unis. Les questions les plus pressantes sur l’agenda
étaient la résistance armée et les élections à venir. L’autorité
palestinienne voulait une fin à la première et une participation
du Hamas à la deuxième. L’autorité palestinienne et Israël
espéraient tous deux que lorsque la délégation du Hamas de Gaza
et de la Cisjordanie allait rencontrer ses collègues de
l’extérieur, elle puisse persuader les leaders de l’extérieur
d’appeler à un arrêt de l’activité militaire du Hamas et de
participer au processus politique.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (66)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (68)
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Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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