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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (87)
Photo CPI
Mardi 20 juillet 2010
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam
Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision
du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le
département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a
donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le Hamas au
gouvernement (13)
Dans une autre tentative d’affaiblir le
Hamas, Mahmoud Abbas mit la pression sur les membres de la
direction du Fatah pour qu’ils ne rejoignent pas le
gouvernement, que le Hamas espérait être un gouvernement d’unité
nationale. Certains membres-clés du Fatah avaient soutenu la
formation d’un gouvernement d’unité nationale dirigé par le
Hamas. Cependant, il fut largement rapporté que des députés du
Fatah furent influencés et menacés par leur direction pour
qu’ils ne rejoignent pas une telle administration. On leur
promit qu’ils continueraient à recevoir des salaires à travers
le bureau du président afin qu’ils ne soient pas affectés par
des sanctions. Entre-temps, ils furent aussi avertis que s’ils
rejoignaient le gouvernement d’unité nationale du Hamas sans un
changement préalable dans l’attitude du Hamas à l’égard
d’Israël, ils seraient punis et pouvaient risquer d’être placés
sur des listes de suspects terroristes. Il s’avéra plus tard que
le temps que le Fatah comme à discuter de la formation du
gouvernement avec le Hamas, le conseil révolutionnaire du Fatah,
un élément décisionnel clé au sein de l’organisation du Fatah,
avait déjà décidé de boycotter le gouvernement. Le Fatah était
déterminé à s’opposer au Hamas où cela lui était possible et de
causer l’échec du gouvernement du Hamas.
En même temps, ironiquement, les négociateurs du Fatah
continuaient à insister sur le Hamas pour qu’il accepte les
trois conditions fixées par les Etats-Unis s’ils souhaitaient
que les membres du Fatah considèrent de rejoindre son cabinet.
Cependant, des porte-parole du Fatah tels que Sa’ib Urayqat,
Jibril Al-Rajub et Muhammad Dahlan avaient déjà indiqué que le
Fatah préférerait faire partie de l’opposition. Le Fatah voulait
de cette façon se donner un répit et une chance de reconstruire
sa structure et de nettoyer ses différentes actions de
corruption, laissant le Hamas à lui-même pour voir s’il allait
réussir à diriger l’autorité palestinienne. Le temps que le
Hamas approche les autres factions pour discuter de la
possibilité de former un gouvernement d’unité nationale, la
position officielle du Fatah avait changé. Il posait maintenant
deux conditions que le Hamas devait satisfaire. Premièrement, il
devait reconnaître le droit à exister d’Israël, et deuxièmement,
il devait reconnaître la revendication de l’OLP à être le “seul
représentant légitime du peuple palestinien”. Aucune de ces
conditions n’était acceptable pour le Hamas, qui continua à
former un gouvernement de lui-même. Celui-ci prit ses fonctions
le 29 mars 2006.
Ayant échoué à persuader le Hamas d’accepter la formation d’un
gouvernement d’unité nationale, comme désiré par la communauté
internationale, le président Abbas publié un certain nombre de
décrets présidentiels retirant au cabinet du Hamas récemment
formé le contrôle d’une grande partie de la base
institutionnelle du gouvernement. En réalité, il veilla à mettre
en place le principe de la délégation de l’autorité qu’il
s’était lui-même efforcé à appliquer lorsqu’il était premier
ministre à l’époque de Yasser Arafat. Il revendiqua une autorité
présidentielle exclusive sur les forces de police, sur les
divers supports médiatiques comme la télévision, la radio et
l’agence de presse WAFA, sur le département de vente et
d’enregistrement de biens, et un contrôle sur les points de
passage entre Israël et les territoires palestiniens. Même le
département en charge du hadj et de la ‘umra (le pèlerinage à la
Mecque) au sein du ministère des affaires islamiques était
attaché à son propre bureau. Dans un coup direct porté aux plans
de réforme du nouveau gouvernement, il nomma Rashid Abu Shbak en
charge de la sécurité interne, une position supposée être sous
le contrôle du ministère de l’intérieur. En même temps, pour
renforcer son contrôle sur les ministères déjà grandement
affaiblis, il désigna neuf sous-secrétaires, dont aucun n’était
technocrate et qui étaient tous des membres du Fatah qui lui
étaient fidèles et qui ne rendait compte qu’à lui. Ainsi, le
gouvernement dirigé par le Hamas n’avait pas de force de police
à sa disposition, pas de média contrôle par le gouvernement, peu
de contrôle sur les ventes et enregistrements de terrains, et
aucune autorité quelle qu’elle soit sur les passages
frontaliers. On rapporta que l’assistant du secrétaire d’Etat
américain pour les affaires du Proche-Orient suggéra à Mahmoud
Abbas qu’il désigne Salam Fayyad, un ancien ministre des
finances, en tant que directeur financier dans son propre bureau
avec la responsabilité de gérer les fond entrants.
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
Hamas: son
histoire de l'intérieur (86)
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histoire de l'intérieur (88)
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