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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (61)


Photo CPI

Lundi 11 janvier 2010

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

Le djihad et le martyre (2)

Le djihad

            La première apparition du terme jahada ou djihad dans la révélation du Coran fut associée avec le combat de la communauté musulmane naissante contre l’oppression. Le djihad était une lutte pour la liberté de culte de la communauté selon sa foi monothéiste et pour le droit d’inviter les autres à l’embrasser. Lorsque l’islam fut d’abord prêché à la communauté arabe à la Mecque, les anciens de la ville le perçurent comme une rébellion destinée à changer le statu quo politique. Les hommes au pouvoir se sentirent menacés par l’appel aux gens de Muhammad à réexaminer leurs croyances et valeurs héritées. Ce qui était particulièrement menaçant était sa forte critique du mode de vie des autres citoyens, que le Coran décrivit comme immoral et égaré.

            Les révélations du Coran, narrées par ces quelques personnes qui osaient suivre le Prophète en dépit de l’intimidation à laquelle elles étaient soumises, rejetaient l’idolâtrie et condamnaient les Arabes parce qu’ils prétendaient que leurs dieux leur avaient donné le pouvoir de faire ce que l’islam considérait comme des crimes haineux et des actes immoraux. Le défi face aux détenteurs de l’autorité était sérieux. Le prophète de la nouvelle foi déclarait être l’héritier légitime d’Abraham, le père ancestral des Arabes et des Israélites, et se présentait comme la confirmation de tous les messages et prophètes qui le précédèrent. Il fit appel aux faibles et aux opprimés, aux pauvres et aux destitués, et à tous ceux qui étaient discriminés par les Arabes. Durant les treize premières années de sa mission, d’environ 610 à 622, le Prophète s’abstint de défier les polythéistes arabes, si ce n’est en se lançant dans des débats et en leur récitant le Coran. Il attira les membres opprimés de la communauté, qui voyaient en son message une promesse d’émancipation et une délivrance de la servitude. Son défi aux forts et puissants était : « Accordez-moi la liberté de parler et accordez aux gens la liberté de choisir ».

            La principale tribu à la Mecque, dans laquelle naquit le Prophète Muhammad aux alentours de 570, était celle de Quraysh. Les anciens de la tribu étaient déterminés à ne pas le laisser leur retirer leur prestige ou les priver de leur autorité en mettant les jeunes hommes de la tribu, et leurs femmes, esclaves, et servants contre eux. Ils orchestrèrent une campagne pour le dénigrer, déclarant que c’était un charlatan, un magicien, un poète et un voyant. On demandait aux gens de rester à l’écart de lui, de peur qu’ils ne se retrouvent son l’influence de ses incantations. Lorsque ces tactiques échouèrent, les opposants du Prophète Muhammad utilisèrent la force contre lui et ses partisans. Ceux d’entre eux qui étaient faibles et ne pouvaient demander le soutien d’une tribu forte étaient persécutés. Ils étaient torturés, et certains perdirent leur vie. A un moment, toute la communauté de monothéistes fut bannie dans une vallée infertile. Le commerce avec eux fut interdit pendant trois ans et les Arabes à l’intérieur et autour de la Mecque avaient pour ordre de les boycotter. Lorsque ceci ne réussit pas non plus à freiner la croissance du nombre de partisans du Prophète Muhammad, les anciens cherchèrent à négocier un compromis avec lui. Ils proposèrent de reconnaître son Dieu à condition qu’il reconnaisse leurs idoles. Leur suggestion était que toutes les divinités supposées, le sien et les leurs, devaient être adorées.

            Le Prophète fut ordonné par le Coran de ne pas prendre garde à l’appel à un tel compromis : « Dis : Vous les kafirun [ceux qui sont ingrats ou qui rejettent la foi], je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. Non, je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. A vous votre religion, à moi la mienne » (sourate Al-Kafirun 109:1-6). Au lieu de cela, il reçut pour ordre, par le Coran, d’accomplir jihadan kabiran (une très grande lutte) contre eux (sourate Al-Firqan 25:52). Ce verset de la sourate Al-Furqan fut révélé à la Mecque et fait partie de la réponse du Coran à l’effort constant des polythéistes de la Mecque de dissuader le Prophète de prêcher le monothéisme. En termes chronologiques, on pense que ce verset fut la première référence coranique au djihad. Similaire est la référence suivante au djihad dans la sourate Al-Hajj : « Combattez pour Dieu, Il a droit à ce combat. Il vous a choisis, Il ne vous a pas imposé de gêne dans votre religion, la religion de votre père Abraham » (sourate 22:78).

            Le djihad à l’époque n’impliquait pas de qital (lutte ou combat) : c’était une forme de combat totalement non-violente. En fait, à travers la période mecquoise, treize ans sur un total de vingt-trois de la prophétie de Muhammad, il était interdit pour les musulmans d’utiliser la force. L’interdiction n’était pas auto-imposée, mais elle suivait le commandement divin. Même lorsqu’ils subirent la persécution ou qu’ils furent torturés, ils n’étaient pas autorisés à répondre par la violence. Il leur était dit d’être patients, de montrer de la retenue et de se retenir les mains.

            L’observance de la patience et de la retenue était saluée comme un acte noble, un djihad, pour lequel Dieu promit les plus hautes récompenses dans l’au-delà. Considérons par exemple la référence au djihad dans le dernier verset de la sourate Al-‘Ankabut : « Mais ceux qui auront combattu pour Nous, Nous les guiderons dans Nos sentiers. Oui, Dieu est avec ceux qui agissent bien ». Il ne serait pas possible d’interpréter ce verset correctement sans prendre en considération les quelques premiers versets de ce même chapitre. Les versets 1 à 6 associent sans équivoque le djihad à la retenue et l’abstention de l’utilisation de la force en réponse à la persécution : « Les hommes pensent-ils qu’on va les laisser dire : “Nous croyons”, sans les éprouver ? Certes, Nous avons éprouvé leurs devanciers. Dieu saura ceux qui disent vrai et ceux qui mentent. Ceux dont les œuvres sont mauvaises, pensent-ils Nous échapper ? Ils se trompent beaucoup. Celui qui compte rencontrer Dieu, eh bien, le jour de Dieu approche. Oui, Dieu entend et Il sait. Celui qui combat, combat pour soi, car Dieu se suffit et n’a pas besoin des mondes » (sourate Al-‘Ankabut 29 2-6).

            En dépit de la clarté de la nature du concept original de djihad, on peut difficilement trouver un dictionnaire de langue anglaise qui ne suggère par « guerre sainte » pour sa signification. Selon le dictionnaire Merriam-Webster, par exemple, le djihad est « une guerre sainte lancée par l’islam en tant que devoir religieux ». Le dictionnaire fournit deux autres définitions : « Un combat personnel en dévotion à l’islam, impliquant notamment une discipline spirituelle » ; et « une croisade pour un principe ou une croyance ». Cependant, il n’y a rien du tout dans les sources islamiques qui décrive la guerre comme sainte. L’interprétation du terme djihad en “guerre sainte” est plus liée à l’histoire du christianisme en Europe qu’aux enseignements ou à l’histoire de l’islam. Le terme “guerre sainte” est une invention chrétienne européenne datant d’environ l’an 1096 après J.-C., lorsque Rome commença à prêcher une “sainte croisade” « pour libérer la ville sainte de Jérusalem de la domination d’hérétiques et d’infidèles ».

Hamas: son histoire de l'intérieur (60)
Hamas: son histoire de l'intérieur (62)

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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