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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (29)
Photo CPI
Dimanche 10 mai 2009
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
En Jordanie (9)
De telles idées durent
sonner comme une musique aux oreilles du directeur du
département des renseignements généraux (DRG) Samih Al-Battikhi.
Ils lui fournirent le stimulant pour continuer ses machinations
contre le Hamas. Le 31 août 1996, il ordonna à son subordonné
Amjad Al-Hadid de téléphoner son ancien contact du Hamas Issam
Al-Najjar pour dire qu’Al-Hadid souhaitait le voir pour lui
donner un message. Ils ne s’étaient pas rencontrés pour environ
quinze mois depuis la dispute sur l’employé du Hamas qui était
arrivé sans être annoncé de l’étranger. Al-Najjar pensa que le
sujet serait probablement la reprise des relations entre les
deux parties. Il consulta Khaled Meshaal, qui dit qu’il devait
garder le rendez-vous afin de découvrir ce que les Jordaniens
souhaitaient. Ce qui se produisit ensuite est contesté. Selon le
récit original d’Al-Najjar, lorsqu’il arriva au DRG, il fut
arrêté et détenu pendant plusieurs jours, et il ne fut libéré
que lorsque deux membres du parlement d’entre les Ikhwan,
Abdullah Al-Akaylah et Bassam al-Umush, appelèrent le directeur
même du département des renseignements généraux à le laisser
partir. Al-Najjar s’en alla ensuite voir Khaled Meshaal,
s’effondrant en larmes alors qu’il lui décrivait ce qui s’était
passé au département des renseignements généraux. Il déclara
qu’il fut placé en confinement solitaire et qu’il fut maltraité.
Il affirma qu’on lui apporta à boire de l’urine et on lui dit
que c’était celle d’Amjad Al-Hadid. Il affirma aussi que des
agents du DRG enduirent sa tête et son corps avec son propre
excrément, après s’être occupés des toilettes de sa cellule pour
causer un blocage. Il fut finalement forcé à embrasser la main
d’Amjad Al-Hadid, et il fut pris en photo lors de cette action.
L’image fut placée sur le plafond de sa cellule.
Alerté et dégoûté par ce
qu’il avait entendu, Meshaal fit un rapport au bureau politique
du amas au sujet de l’expérience d’Al-Najjar. Le bureau décida
que le bureau exécutif des Ikhwan devait être informé. Le bureau
exécutif demanda un rapport plus détaillé, et certains de ses
membres suggérèrent que l’histoire soit remise aux médias.
Meshaal demanda à Al-Najjar d’écrire l’histoire dans sa
totalité. Al-Najjar insista à ce que l’affaire n’aille pas plus
loin, car Al-Hadid l’avait averti que si des détails étaient
divulgués au public, il ne serait pas libéré sans un handicap
physique permanent la prochaine fois qu’il serait détenu. Avec
une promesse que toute la direction des Ikhwan se tiendrait
derrière lui, afin que le département des renseignements
généraux ne puisse lui faire davantage de mal après que son
histoire soit révélée, Al-Najjar fut amené à rédiger son récit.
Le rapport fut donné à Hilmi Al-Asmar, éditeur en chef de
l’hebdomadaire des Ikhwan, Assabil, et il fut publié en
première page. Le récit fut aussi envoyé à un certain nombre de
gens bien placés dans le pays, dont le prince héritier Hassan,
qui représentait en ce temps le roi durant son absence à
l’étranger. Le jour où l’histoire fut publiée, le DRG arrêta
Hilmi Al-Asmar chez lui. Ils se rendirent aussi à la demeure d’Issam
Al-Najjar pour l’arrêter, mais ils ne purent le trouver. Il
était déjà parti se cacher. Le Hamas chercha ensuite et obtint
une assurance du premier ministre Abd Al-Karim Al-Kabariti
qu’Al-Najjar ne serait pas davantage poursuivi ou harcelé par le
DRG, et qu’il pouvait ainsi reprendre sa vie normale.
La vie d’Al-Najjar ne
redevint jamais normale. Bien que le département des
renseignements généraux ne l’harcelât plus, il commença à
rencontrer des difficultés avec ses supérieurs et collègues du
Hamas. Il commença à se plaindre que ses supérieurs l’avaient
impliqués dans une confrontation inutile avec le DRG. Dans la
version des événements sur laquelle insistait Al-Najjar en ce
temps, Moussa Abu Marzouq, en tant que chef du bureau politique
du Hamas, lui avait ordonné de dire au membre du Hamas détenu de
ne pas coopérer avec ses interrogateurs du DRG, événement qui
avait été le début de ses problèmes. De plus, le chef actuel du
bureau politique, Khaled Meshaal, l’avait encouragé à aller voir
Amjad Al-Hadid, ce qui fut la raison de sa déplaisante
expérience plus récente. Il reprocha aussi à Meshaal d’avoir
insisté à ce qu’il écrive le rapport au sujet de son expérience
en détention et de l’avoir publié. Ses plaintes répétées
éveillèrent l’hostilité de l’équipe du Hamas à Amman, dont la
critique à son égard allait bientôt se changer en menaces. Pour
résoudre le problème et contenir le mécontentement d’Al-Najjar,
la direction du Hamas proposa de payer ses charges pour qu’il
aille à l’étranger suivre des études de niveau supérieur. Comme
il refusa, ils proposèrent de l’adier à trouver un bon emploi
dans un des Etats du Golfe. Il ne voulait pas quitter le pays ;
ils lui trouvèrent donc un poste à l’Université des Ikhwan
nouvellement fondée à Zarqa. Au début, il accepta cette
proposition, mais il changea ensuite d’avis et la rejeta. Des
officiels du Hamas conclurent qu’il était déterminé à causer des
ennuis, et leur seule option restante était de le présenter
devant un tribunal interne du Hamas.
Hamas: son histoire de
l'intérieur (28)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (30)
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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