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Centre Palestinien d'Information

Hamas : son histoire de l'intérieur (36)


Photo CPI

Dimanche 5 juillet 2009

Dr. Azzam Tamimi

L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète, diffusée régulièrement en de nombreuses parties.

L’affaire Meshaal (5)

            Le 5 octobre, le gouvernement du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu publia la première déclaration publique dans laquelle elle avoua sa responsabilité dans la tentative d’assassinat ratée à Amman. Toutefois, la déclaration défendit aussi l’obligation du gouvernement israélien « de protéger les vies de ses citoyens, et de combattre la terreur sans compromis ». Alors que plus de détails apparurent, des rapports de presse dirent que Netanyahu avaient approuvé le plan d’assassinat, qui avait été conçu par le Mossad. Des officiels du gouvernement israélien étaient furieux à cause d’une histoire qui apparut dans le Times de Londres, déclarant que Netanyahu avait insisté sur la tentative d’assassinat devant les objectifs d’officiels du Mossad. Selon le Times, Netanyahu voulait se venger des bombardements du Hamas et ne faisait pas vraiment attention à quel officiel du Hamas serait assassiné. Les assistants de Netanyahu nièrent avec force l’histoire, bien qu’elle ne fît que confirmer une déclaration faite le 4 novembre par le chef du Mossad, Danny Yatom. Yatom dit à une commission parlementaire israélienne d’enquête sur l’opération ratée que le premier ministre Netanyahu avait joué un rôle direct dans la tentative d’assassinat de Meshaal. Dans ses huit heures de témoignage, Yatom a mit le blâme sur le premier ministre pour l’opération échouée, affirmant que Netanyahu avait ordonné au Mossad d’assassiner le leader du Hamas contre le conseil du Mossad. Selon la télévision israélienne, Yatom dit à la sous-commission du comité des affaires étrangères et de la défense de la Knesset qu’il avait été opposé au plan. Yatom dit qu’il avait personnellement préféré une cible différente dans un continent différent. Cependant, le premier ministre Netanyahu, le ministre de la défense Yitzhak Mordechai, et Ami Ayalon, chef du Shin Bet, avaient décidé de prendre en cible Meshaal, car il était une « cible de plus grande qualité ». Selon le rapport de la télévision israélienne, Yatom était ennuyé que d’autres décidaient de ses priorités d’opération et évaluaient la qualité de ses cibles.

            Néanmoins, lundi 16 février 1998, l’équipe de trois hommes désignée pour enquêter sur ce qui était devenu l’affaire la plus embarrassante de l’histoire du Mossad, nettoya Netanyahu de tout reproche dans l’assassinat raté. L’enquête officielle sur l’incident mit la majeure partie du blâme pour l’échec de l’attaque sur le dos du Mossad, et décrivit le complot d’assassinat d’amateur. Le 24 février, Netanyahu accepta la démission de Danny Yatom, qui avait été le chef du Mossad pendant deux ans. Il est important de mentionner que l’enquête parlementaire israélienne ne fut suggérée que par l’échec de l’opération. Elle s’était concentrée à chercher à savoir pourquoi l’opération avait échoué plutôt que de chercher à savoir pourquoi elle avait été autorisée ou qui l’avait autorisée. En d’autres termes, pour les institutions politiques d’Israël, il n’y avait rien de moralement incorrect dans l’assassinat de Meshaal, si l’opération restait secrète, sans qu’il n’y ait de répercussions pour Israël. L’opération était justifiée par le simple fait que Khaled Meshaal était, comme décrit par l’enquête, « un haut chef du Hamas avec une responsabilité directe dans le meurtre d’Israéliens ». Des rapports de presse en Israël citèrent le membre du cabinet Danny Naveh, un assistant de Netanyahu, en disant que l’opération était justifiée. Naveh ajouta : « Il est de la responsabilité du gouvernement d’Israël de protéger la vie de ses citoyens et de combattre le terrorisme sans faire de compromis. Meshaal est considéré comme la figure numéro un du Hamas, il est responsable du meurtre d’innocents Israéliens ». Des politiciens israéliens dirent que le Mossad leur assura que Meshaal avait donné l’ordre pour les deux bombardements à Jérusalem le 30 juillet et le 4 septembre 1997, qui tuèrent vingt-et-une personnes et pour lesquels le Hamas revendiquait sa responsabilité.

            En dépit de l’aveu d’Israël de sa responsabilité dans la tentative d’assassinat échouée, les autorités jordaniennes libérèrent les deux agents israéliens. Un communiqué jordanien dit que « les investigations sur les deux personnes qui ont attaqué Khaled Meshaal n’ont rien prouvé. Aucune confirmation ou preuve matérielle contre eux n’a été trouvée, ils ont donc été libérés et ont quitté la Jordanie ». L’après-midi du 6 octobre 1997, deux hélicoptères de l’armée jordanienne, s’envolèrent de l’ouest d’Amman. L’un, du centre médical Al-Hussein, emmena Sheikh Ahmad Yassine à Gaza. L’autre, des proches quartiers généraux du DRG, emmena les deux agents du Mossad à Tel Aviv. Quarante autres prisonniers palestiniens et jordaniens furent libérés de la détention israélienne, ceci faisant partie de l’accord. Certains leaders du Hamas pensèrent que la Jordanie aurait pu obtenir un meilleur accord, peut-être en libérant des centaines de prisonniers palestiniens. D’autres affirmèrent que les agents du Mossad auraient du être poursuivis plutôt que libérés. Toutefois, le courage, la bravoure et la sagesse avec lesquels le roi Hussein traita l’affaire furent reconnus et appréciés par tout le mouvement.

            Plusieurs facteurs s’élevèrent pour éveiller la colère du roi Hussein et le pousser à entreprendre une telle action décidée. Tout d’abord, le roi voulait que tout le monde sache que la tentative israélienne d’assassinat de Meshaal sur le sol jordanien était un grave affront. En plus d’être un citoyen jordanien, Mesaal se trouvait dans le pays grâce à un accord conclu avec le Hamas. Le roi considéra la libération de Sheikh Yassine comme une réponse adéquate à l’objectif d’Israël d’exploiter sa relation avec la Jordanie. La prétendue paix cordiale entre Israël et la Jordanie, en comparaison de la paix froide qui existait entre Israël et le reste des pays de la région, était tout ce qui avait permis de rendre l’opération faisable. Le roi fut aussi d’avis que si Sheikh Yassine se trouvait à l’extérieur de la prison, il avait plus de chance d’avoir un impact sur le Hamas pour qu’il modère sa position. En prison, son incarcération continue ne servait qu’à soutenir l’intransigeance des supposés extrémistes au sein du Hamas qui dirigeaient le mouvement depuis que Sheikh Yassin était en prison.

            En deuxième lieu, le roi estimait que s’il n’agissait pas avec détermination et fermeté, d’autres incidents de ce genre pouvaient se produire, avec de graves conséquences pour la réputation de la Jordanie comme étant un pays stable et sûr dans la région. Il espérait éviter toute possibilité que son pays puisse être déstabilisé en devenant un champ de bataille entre Israël et le Hamas. Ceci était une inquiétude particulière au vu d’un communiqué publié au nom du Hamas à la suite de la tentative d’assassinat disant qu’Israël avait maintenant agrandi le champ de bataille au-delà de la Palestine. Troisièmement, le roi avait peur que s’il n’agissait pas rapidement contre Israël, les relations entre la Jordanie et les Palestiniens puissent s’en ressentir. Les conséquences de toute détérioration de ce genre avaient le potentiel d’être aussi sérieuses que les événements du septembre noir et de la guerre entre l’OLP et la Jordanie en 1970. En étant aussi bien ferme que décidé, le roi fit taire les rumeurs déclarant que certains cercles officiels jordaniens pouvaient peut-être même avoir été impliqués dans le complot, ou en avait été informés au préalable. Ces rumeurs s’étaient élevées suite à la réponse méprisante du directeur du DRG Samih Al-Battikhi le premier jour de l’attaque.

Hamas: son histoire de l'intérieur (35)
Hamas: son histoire de l'intérieur (37)

Traduction réalisée par le Centre Palestinien d’Information (CPI)



Source : CPI
http://www.palestine-info.cc/...


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