|
Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (68)
Photo CPI
Lundi 1er mars 2010
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage
Hamas : Son histoire de l’intérieur
de Dr. Azzam Tamimi s’inscrit dans
une volonté de montrer au monde la vision du mouvement du
Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le département
français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a donc
jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le Hamas, l’OLP et l’autorité
palestinienne (3)
Le meeting de Khartoum était
une opportunité en or pour la haute direction du Hamas
d’échanger des avis et de débattre de questions politiques et
stratégiques dans un environnement détendu et libre. Parfois,
les discussions étaient intenses. Certains des délégués de
l’intérieur de la Palestine avaient été de forts supporters de
l’arrêt de l’activité militaire et de la participation aux
élections. Ils étaient devenus convaincus que le processus de
paix allait apporter une solution à leurs problèmes actuels si
une chance lui était donné, mais qu’une fin à toute violence et
qu’une coopération ave l’autorité palestinienne étaient requises
avait qu’une telle chance puisse exister. Après quatre jour et
quatre nuits de discussions, les délégués arrivèrent à deux
conclusions importantes, non pas de façon unanime, mais avec une
confortable majorité. La première de ces conclusions était que
la résistance était cruciale et qu’elle ne devait être
abandonnée, que ce soit à la demande d’Arafat ou de toute autre
personne. La décision d’intensifier, de modérer ou de
restreindre le niveau de la résistance devait rester une
prérogative du mouvement, qui jugerait de la situation et
entreprendrait les actions appropriées. Deuxièmement, ils se
mirent d’accord pour ne pas participer aux élections du CLP.
Cette décision fut prise pour plusieurs raisons, notamment parce
que les élections étaient considérées comme « un produit de
l’accord d’Oslo, qui est un projet sioniste ». Les opposants à
la participation déclarèrent à l’époque que selon les accords
d’Oslo, les Israéliens avaient le dernier mot sur ce que le CLP
décidait. Nombre de ceux qui supportaient la suspension de la
résistance et la participation aux élections changèrent d’avis
durant le débat, mais d’autres restèrent non-convaincus. Tous
reconnurent que le meeting avait été conduit de façon totalement
démocratique.
A part Ibrahim Ghosheh, qui retourna à Amman, les leaders du
Hamas se rendirent ensuite au Caire, où ils passèrent plusieurs
jours à discuter avec une délégation de l’autorité
palestinienne. L’équipe de l’autorité palestinienne était
dirigée par le président du conseil Nation Paletinien, Salim
Al-Za’nun, et comportait certaines des figures les plus
anti-Hamas dans le Fatah, comme Abu Ali Shahih, Al-Tayyib Abd
Al-Rahim, Hassan Usfur, Frayh Abu Maddayn et Nabil Amr. Ces
conservateurs du Fatah n’avaient jamais considéré le Hamas avec
autre chose que du mépris, donc il était très inapproprié de les
voir comme les représentants choisis par l’autorité
palestinienne pour négocier avec l’équipe du Hamas. Le meeting
fut infructueux, probablement pour cette raison. Bien que les
discussions se soient terminées par un communiqué normal,
politiquement correct, leur réalisation était en réalité très
faible.
Tout le long, les discussions étaient troublées par des
protestations sur toutes sortes de questions. Les deux dernières
années en particulier avaient vu l’émergence d’un profond
sentiment négatif entre les deux parties. A l’intérieur du
Hamas, certains étaient convaincus que le Fatah avait fait la
paix avec Israël principalement afin de frapper le Hamas. Ils
pensaient que le Fatah voulait s’approprier les gains remportés
par l’intifada en conspirant avec les Etats-Unis et Israël pour
annuler le projet de la résistance islamique contre le sionisme.
A l’intérieur du Fatah, d’autre part, certains pensaient, ou
aimaient croire, que le Hamas était un complot fomenté par
Israël et dirigé contre leur propre mouvement.
Une question s’éleva au début des discussions qui troubla
davantage les eaux : qui était à la base de l’intifada de
décembre 1987 ? Lorsque certains délégués du Fatah insinuèrent
que le Hamas n’avait joué aucun rôle dans le soulèvement
populaire, le délégué du Hamas Abd Al-Fatta Dukhan protesta. Il
déclara qu’il avait été le président du bureau exécutif des
Ikhwan qui s’était retrouvé peu après l’incident de la route
dans lequel un certain nombre de Palestiniens perdirent la vie,
et qu’il avait décidé de mobiliser le public pour répondre à
l’outrage. Cela n’annula pas, dit-il, « le rôle des frères du
Fatah et des autres factions, ni ne déprécie l’esprit populaire
qui nourrit l’intifada ». Cela signifiait simplement, cependant,
que tout ce qui se produisit ce matin qui suivit le jour de
l’incident de la route n’était pas simplement une réaction
spontanée, mais le résultat d’une préparation et une escalade
délibérée.
Yasser Arafat passa par le Caire alors que le meeting avait
lieu, et il avait l’intention de rencontrer les deux
délégations. Lorsqu’il fut informé, toutefois, que le Hamas
n’avait pas changé sa position sur l’emploi de la résistance
armée contre Israël et sa participation dans les élections à
venir, il décida qu’il était préférable de ne pas se joindre aux
discussions. L’autorité palestinienne ne pouvait plus faire
grand-chose pour persuader le Hamas à rejoindre le processus
politique ou renoncer à la violence. Les leaders du Hamas
avaient peur que leur participation aux élections n’accorde une
légitimité au processus d’Oslo, auquel ils étaient
fondamentalement opposés. De même, ils ne pouvaient promettre de
mettre un terme à l’utilisation de la force contre les soldats
ou les colons israéliens alors que l’occupation se poursuivait
et qu’Israël détenait des milliers d’activistes palestiniens.
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (67)
Hamas: son histoire de
l'intérieur (69)
Les dernières mises
à jour
|