Entretien
Nasrallah annonce la fin de l'hégémonie
américaine : Trump va quitter le
Moyen-Orient
et abandonner ses alliés
Lundi 11 mars 2019
Entretien du Secrétaire Général du
Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 26
janvier 2019, avec Ghassan Ben Jeddou,
fondateur de la chaîne panarabe et
anti-impérialiste Al-Mayadeen.
Cette interview
en direct, très attendue en Israël et
dans le monde arabe, a duré plus de 3
heures.
Traduction :
sayed7asan.blogspot.fr
Voir
l'introduction, le
premier, le
deuxième, le
troisième et le
quatrième extraits de cette
interview.
Transcription
:
Première partie
[...] Ghassan
Ben Jeddou : Mais je souhaite
revenir sur les Etats-Unis, car un fait
d'importance capitale vient de se
produire, Eminent Sayed, sur la scène
générale et stratégique, à savoir que
Trump a déclaré qu'il allait se retirer
de Syrie, disant qu’on n’y trouve (rien
que) du sable et la mort. Ma question
précise est celle-ci : est-ce
(simplement) un retrait tactique, à
savoir que les Etats-Unis retireraient
(juste) une partie de leurs forces pour
vous laisser dans un bourbier ? Ou
est-ce un véritable retrait, qui
signifie une défaite pour les Etats-Unis
?
Hassan Nasrallah : A mon avis,
chaque fois que Trump parle de son
intention de retirer les forces
américaines, il est véridique et
sincère. Le mot « sincère » (appliqué à
Trump) vous fait rire ? Je veux dire
qu'il est honnête avec lui-même (il dit
ce qu'il pense). Durant sa campagne, il
a fait des promesses électorales, et
dans deux ans, il y aura de nouvelles
élections présidentielles. Et tout ce
qu'il a promis de faire, il veut le
réaliser. Et de fait, il a déjà réalisé
une partie de ses promesses électorales.
L'une de ces promesses était : « «
Pourquoi envoyons-nous nos enfants
(combattre) à l'étranger et mourir dans
telle ou telle région pour la défendre,
se faire tuer et dépenser des sommes
d'argent (colossales) ? » Il déclare que
les Etats-Unis ont dépensé 7 000
milliards de dollars...
Ghassan Ben Jeddou : 7 trillions
de dollars.
Hassan Nasrallah : 7 trillions
égale 7 000 milliards. Et il y a
quelques jours encore, il déclarait : «
Nous avons dépensé 7 000 milliards, nous
avons envoyé nos forces armées, nous
avons fait tous ces sacrifices, pour
qu'en fin de compte je doive me rendre
en Irak en catimini, de nuit ? Cela
indique clairement notre échec ! » Donc
chaque fois qu'il (parle de sa volonté
de retrait, il est sincère). Même
lorsqu'il dit : « Si nous restons pour
défendre, par exemple, l'Arabie Saoudite
ou les pays du Golfe, ils doivent payer.
Si on défend l'Europe, elle doit payer.
Si nous défendons le Japon, il doit
payer. » Obama... pardon, Trump est
quelqu’un de charmant ! Quand on
écoutait Obama, il parlait de droits de
l'homme, de démocratie, d'élections
(libres), etc. Son attitude et ses
propos étaient pétris d'hypocrisie.
Ghassan Ben Jeddou : Lorsqu'il
parlait du printemps arabe...
Hassan Nasrallah : Nous
reviendrons sur ce point. Depuis le
premier jour, tout ce qu'on entend de la
part de Trump, c'est « millions,
milliards, dollars... » Je me remets un
peu à l'anglais (grâce à lui), vous
voyez... Et « Ils doivent payer, ils
doivent payer, ils ont des riches et des
pauvres, etc. » Très bien. C'est pour
cela qu'il n'a respecté personne dans
ses déclarations. Il a été très
insultant envers l'Arabie Saoudite, et à
l'égard des pays du Golfe en général, y
compris de ses alliés les plus proches,
comme l'Europe, le Japon et de la Corée
du Sud, (il n'a épargné personne). Pour
utiliser une expression libanaise, il
les a enterrés vivants (sous son torrent
d'injures). Il veut faire payer les
gens, à tort ou à raison, ils doivent
(cracher) leur argent (de force), alors
même qu'il pille (déjà) leurs
ressources, leurs matières premières,
leur avenir, qu'il leur confisque leur
liberté politique et leur impose des
compagnies (américaines), etc., mais
tout cela, il n'y prête pas attention.
Tout ce qui compte à ses yeux, c'est
qu'il les protège, et ils doivent donc
payer des milliards de dollars contre
cette protection. Ainsi, il s'est engagé
à faire sortir ses forces (de Syrie,
etc.).
Que se passe-t-il aujourd'hui en
Afghanistan ? Aujourd'hui même, pour
prouver que nous sommes bien en direct –
mais il suffit que vous l'affirmiez, nul
besoin de preuves supplémentaires –, les
Talibans ont annoncé qu'eux et la
délégation américaine menée par Khalil
Zad Zalmai s'étaient rencontrés à Doha
et avaient conclu un accord, qui stipule
que dans les 18 mois, toutes les forces
étrangères quitteraient l'Afghanistan.
Voilà (ce que fait) Trump ! Et il faut
bien avoir cela à l'esprit et le
rappeler lorsqu'on s'adresse au Liban et
aux peuples de la région, pour qu'ils
sachent que les jours de l'hégémonie
américaine dans notre région (sont
comptés). A mes yeux, depuis le jour où
il est devenu Président, Trump a
l'intention de retirer les modestes
forces américaines présentes en Syrie au
prétexte de la coalition internationale
(contre Daech) depuis Obama. Mais les
conseillers qui l'entourent l'en ont
dissuadé du fait de la montée en
puissance de l'Iran, de la Russie et du
Président Assad (qui serait exacerbée en
cas de retrait américain), etc. Et ils
sont repartis à nouveau, et le gars
(Trump) a pris son mal en patience. Il
leur a laissé du temps (pour réaliser
des avancées en Syrie) mais il a vu que
ça ne servait à rien. C’est pour cela
qu’il y a 7 mois, il me semble, lors
d’un discours, il a déclaré : « Nous
quitterons la Syrie bientôt, très
bientôt ».
Nous sommes à une époque où il faut
faire attention avec les traductions, et
s’assurer qu’elles sont précises, et
j’ai donc demandé à un frère (du
Hezbollah) qui avait le texte du
discours en anglais de me l'envoyer en
surlignant le passage où il disait «
bientôt, très bientôt », (et ce passage
disait bien) « soon, very soon » («
bientôt, très bientôt »). Donc les
médias avaient fidèlement traduit son
propos. Cela a provoqué un scandale,
avec les protestations de Mattis,
l’ancien Secrétaire à la Défense (qui a
démissionné en décembre 2018), et
d’autres personnes dénonçant ce retrait
qui représenterait une victoire offerte
gratuitement à l’Iran en premier lieu, à
la Russie et au Président Assad, une
décision erronée, une réaction
épidermique (mal avisée), etc. Ils sont
allés le voir. Ce sont des faits
importants qu’il faut que je vous
rapporte, avec mes informations (sûres),
dont je pourrais même vous donner la
source.
(Mattis, Bolton et leurs semblables)
sont allés voir Trump et lui ont dit de
leur laisser un délai. S’il tenait
absolument à sortir de Syrie, qu’il leur
laisse au moins (le temps de) réaliser
un gain (sur le terrain) en contrepartie
de ce retrait. Trump a dit qu'il n'avait
pas de problème, et il leur a demandé
combien de temps il leur faudrait. Ils
ont répondu 6 mois. Ces 6 mois n’ont pas
été annoncés officiellement, mais CNN et
d’autres médias américains ont rapporté
que Trump avait accordé 6 mois à son
Secrétaire à la Défense pour préparer le
retrait de Syrie. Les Américains sont
allés auprès des Russes et leur ont dit
– excusez-moi de mélanger le dialecte
libanais et l'arabe littéraire. Les
Etats-Unis ont dit à la Russie qu’ils
étaient prêts à sortir de toute la Syrie
et à n’y laisser absolument aucun soldat
– je vous rapporte leurs propos avec
précision –, et qu’ils étaient mêmes
prêts à quitter la région d’Al-Tanf, qui
a une importance toute particulière.
Hier, un responsable américain a déclaré
qu’ils quitteraient la Syrie mais
resteraient à Al-Tanf (base américaine à
la frontière syro-irakienne et
syro-jordanienne), mais ce jour-là, ils
ont dit qu’ils quitteraient même Al-Tanf,
mais à la condition que les forces
iraniennes quittent la Syrie, ainsi que
le Hezbollah bien sûr. Les Etats-Unis
ont demandé aux Russes d’aller
s’entretenir avec les Iraniens et avec
le Président Assad pour leur proposer
cet accord, à savoir un retrait iranien
qui serait effectué en même temps qu’un
retrait américain complet de Syrie. Et
les Américains s’affirmaient tout à fait
prêts à conclure un tel accord. Trump
était résolu à retirer ses troupes même
sans cette contrepartie, mais son
entourage lui a dit de patienter un peu
pour qu’ils puissent obtenir cette
contrepartie.
Les Russes ont donc fait part de cette
proposition aux Iraniens, et c’est le
Président Poutine lui-même qui en a
informé le Président Rouhani, qui m’en a
informé moi-même en retour. De même, les
Russes ont envoyé une délégation de haut
niveau à Damas qui a rencontré le
Président Assad et lui a transmis cette
proposition. Les Russes ont donc attendu
une réponse de l’Iran et une réponse de
la Syrie. Du côté iranien, je suis une
des personnes qu’ils ont consultées sur
cette question, et je leur ai dit que
(selon moi), les Etats-Unis se
retireraient de toute façon de Syrie,
que les Iraniens y restent ou qu’ils
partent ; ils essayent d’obtenir une
contrepartie pour sauver la face et
couvrir leur retrait (car ils sont
vaincus), pour prétendre qu’ils partent
après avoir réalisé une grande victoire,
à savoir le retrait des forces
iraniennes – car Daech n’était pas
encore éradiqué – qui serait présenté
aux Etats-Unis comme un énorme succès
par Trump, et comme un succès encore
plus grand par Netanyahou auprès de
l’entité israélienne. L’Iran a refusé
catégoriquement cette proposition,
disant qu’ils étaient présents à la
demande du gouvernement syrien, pour
combattre le terrorisme et les groupes
takfiris, qui étaient toujours présents
en Syrie : la raison de leur présence
étant toujours valable, il n’y avait
aucune raison de partir. Point, à la
ligne. Fin de la discussion.
Le Président Assad a fait la même
réponse, disant qu’il refusait que
l’Iran quitte la Syrie – parler de
forces iraniennes ne serait peut-être
pas tout à fait juste, mais il y a des
généraux, des officiers, des
conseillers, de la logistique, etc. Il a
refusé par principe de mettre sur le
même pied les Iraniens et les
Américains, car les premiers sont venus
à sa demande, et les seconds sont des
occupants. « Les premiers sont des amis
et les seconds soutiennent mes ennemis,
(a-t-il dit). La bataille n’est pas
terminée, et même si les Iraniens
souhaitaient partir, je ne l’accepterais
pas, et je leur demanderais de rester. »
Ce projet américain a donc échoué.
Pour être honnête, il faut préciser que
les Russes n’ont exercé aucune pression
(pour faire accepter cette proposition),
ils ne faisaient que transmettre un
message. Car vous savez que dans les
médias, on parle beaucoup de la question
russo-iranienne (pour présenter une
prétendue divergence voire opposition en
Syrie). Il est vrai que les Russes
exagèrent parfois (dans leurs demandes,
exerçant trop de pression), [Rires],
mais pour être précis et juste, (cette
fois-ci), les Russes n’ont fait que
transmettre un message, et de manière
correcte (et respectueuse). Ils ont dit
qu’il y avait cette proposition, et
demandé (à l’Iran et à la Syrie) leur
avis. Et lorsqu’ils ont répondu non,
cette réponse a été transmise aux
Américains. Fin de l’histoire.
Trump a été informé que cette tentative
avait échoué, et il a commencé à leur
demander d’œuvrer sérieusement à la
liquidation de Daech, car ils n’avaient
que 6 mois. C’est pour cela que
dernièrement, les opérations et
bombardements contre Daech se sont
intensifiés, et de véritables massacres
ont été perpétrés pour mettre fin à
Daech dans cette dernière poche de la
région de Deir-Ezzor où ils sont
présents.
Lorsque les 6 mois se sont écoulés,
Trump n’a surpris personne (en annonçant
le retrait américain de Syrie). Mattis,
le Secrétaire à la Défense, et les
autres responsables, savaient depuis 7
mois qu’ils n’avaient que 6 mois devant
eux. Vous n’avez rien obtenu, vous
n’avez rien pu faire, donc le gars
(Trump) a pris la décision de sortir de
Syrie. Pourquoi veut-il quitter la Syrie
? J'y viens. Il a déclaré qu’il n’y
avait que du sable et la mort (là-bas),
rien d’autre, et qu’il n’avait aucune
raison de rester. A ses yeux, le peuple
syrien n’a aucune valeur, il se
contrefiche de l’avenir de la Syrie – et
il y a même un aspect positif à cela. Ni
les élections, ni la liberté, ni la
démocratie, ni rien de tout cela ne
l’intéresse. En fin de compte, de quoi
se soucie-t-il en Syrie ? Il se soucie
d’Israël, et peut-être de quelques
lignes rouges, de quelques limites et de
quelques groupes (armés). Et il
considère qu'il peut garantir ses
intérêts à travers l'hégémonie
politique, la résolution politique (du
conflit en Syrie), les pressions, etc.
Et il a également dit quelque chose
(d'important) : l'aviation aérienne
garde sa présence indisputée dans les
cieux syriens. Lorsque Trump a bombardé
Damas après la mascarade chimique, d'où
venaient ses avions ? Ils venaient du
Qatar et de la Mer Méditerranée, de leur
base d'Al Udeid (au Qatar) ou je ne sais
quoi. Trump n'a donc pas besoin d'avoir
une présence militaire en Syrie (des
troupes au sol) pour y poursuivre sa
pression militaire (et y rester influent
et actif). Il peut le faire depuis ses
autres bases. Il peut donc sortir de
l'Est de l'Euphrate et ainsi réaliser
une de ses promesses électorales.
Mais ce retrait traduit également un
échec. L'idée même de retirer les
troupes de Syrie, d'Afghanistan, d'Irak,
la diminution du nombre de troupes
présentes, la reconsidération (de leur
doctrine), constituent en fait une
nouvelle stratégie. C'est ce que
j'appelle la version trumpiste du projet
américain (de domination).
Deuxième partie
Ghassan Ben Jeddou : (Le retrait
de Syrie annoncé par Trump) n'est donc
pas une simple manœuvre tactique. Vous
dites qu'il est sérieux et sincère dans
sa volonté de retrait, mais cela traduit
un échec, pour ne pas dire une défaite,
pas de Trump en particulier mais du
projet américain en général.
Hassan Nasrallah : Evidemment,
c'est tout à la fois un échec, une
impasse et une défaite. Actuellement, la
cause de ses hésitations est que (ses
conseillers) lui disent que les Kurdes
sont leurs alliés (et qu'il ne faut pas
les abandonner). Je vais vous expliquer
pourquoi on a vu ces hésitations
dernièrement (quant au retrait de
Syrie). Lorsque Trump a déclaré que les
troupes américaines allaient se retirer
et qu'il n'y avait que du sable et la
mort en Syrie, il a déclaré quelque
chose de plus important encore : «
Jusqu'à quand allons-nous rester le
gendarme du Moyen-Orient ? » Il a
signalé par ce propos, et même plus que
signalé (c'est une indication
explicite), que toutes ces forces
américaines présentes au Moyen-Orient
n'avaient pas vocation à y rester, et
qu'avec le temps, il procèderait à leur
retrait (complet). Quel effet cette
déclaration a-t-elle produit dans la
région, Professeur Ghassan ? Laissons la
question d'Israël pour plus tard. Ce
propos a entrainé, chez le régime
saoudien, chez un certain nombre de pays
du Golfe ennemis de la Syrie, et chez
tous les alliés des Etats-Unis dans la
région – qu'il s'agisse d'organisations,
de partis ou de personnalités, sans
parler des Etats –, un immense accès de
peur et de désespoir. Et Trump les
connait bien (et savait l'effet que
provoqueraient ses déclarations).
Lorsqu'il dit (à l'Arabie Saoudite et
aux pays du Golfe) que « Sans nous, vous
ne tiendriez pas deux semaines », ou «
Sans nous, vos avions décolleraient mais
n’atterriraient pas », « Sans nous, vous
Saoudiens parleriez perse. » Il leur dit
tout cela, et il ajoute « On ne va pas
rester le gendarme (du Moyen-Orient), on
va quitter la région avec armes et
bagages. » Cela a causé un état de
confusion, de désespoir et de peur dans
la région. Voilà pour le premier point.
C’est pourquoi tous ces pays et tous ces
groupes (alliés des Etats-Unis), en
commençant par les partis kurdes, sont
venus à Beyrouth, et ont demandé à
s’entretenir avec le Hezbollah. Nous les
avons rencontrés. Ensuite, ils se sont
rendus…
Ghassan Ben Jeddou : De qui
parlez-vous ?
Hassan Nasrallah : Des partis
kurdes, des personnes qui sont chargées
de négocier au nom des unités kurdes.
Ils sont venus discuter avec nous, puis
de là ils se sont rendus à Moscou, puis
en Irak pour demander que l’Irak serve
d’intermédiaire avec le Président Bachar
al-Assad. Aujourd’hui, les Kurdes
recherchent (désespérément)…
Ghassan Ben Jeddou : De qui
parlez-vous précisément ? Des Forces
Syriennes Démocratiques ?
Hassan Nasrallah : Oui, les
Forces Syriennes Démocratiques, les
instances et représentants kurdes
chargés de négocier. Très rapidement,
ils se sont précipités vers Moscou, vers
l’Irak, vers le Liban. Pourquoi ? Parce
que Trump les a abandonnés, il les a
délaissés, il les a trahis. Voilà en ce
qui concerne l'Est de l'Euphrate.
En ce qui concerne les pays (paniqués à
l'idée de se retrouver abandonnés par
les Etats-Unis et livrés à eux-mêmes
comme les Kurdes), ils se mettent tous à
réfléchir (intensément et à reconsidérer
leurs positions). Ils revoient et
essaient de renforcer leurs relations
avec la Russie, ils reconsidèrent leurs
relations avec l’Iran. Même en Syrie,
les priorités de certains ne sont plus
les mêmes. Et c’est là qu’il faut parler
de la question (des relations entre les
pays) arabes et de la Syrie. Vous voulez
que je vous raconte cette histoire
maintenant, ou plus tard ?
Ghassan Ben Jeddou : Je vous en
prie, allez-y.
Hassan Nasrallah : Selon mes
informations, tout ce que nous voyons
durant ces dernières semaines, à savoir
les Emirats rouvrant leur ambassade en
Syrie…
Ghassan Ben Jeddou : Et avant
cela, le Président (du Soudan)
al-Bachir.
Hassan Nasrallah : Bien vu. Le
Président al-Bachir est venu en Syrie.
Est-il venu de son propre chef ?
Ghassan Ben Jeddou : Quelles sont
vos informations ?
Hassan Nasrallah : Il a eu le feu
vert de l’Arabie Saoudite.
Ghassan Ben Jeddou : Ce sont vos
informations ?
Hassan Nasrallah : Oui. Le feu
vert de l’Arabie Saoudite et des pays du
Golfe. En fin de compte, dernièrement,
c’est à eux que s’est rallié le
Président al-Bachir. Et le fait même
(qu’un Président arabe) rencontre Bachar
al-Assad est une chose de première
importance pour eux.
Ghassan Ben Jeddou : Donc cette
visite n’était pas un arrangement de la
Russie qui aurait mis en colère l’Arabie
Saoudite et les Emirats (comme certains
médias l’ont affirmé) ?
Hassan Nasrallah : Non, en aucun
cas. Le problème actuel entre le
Président al-Bachir et l’Arabie Saoudite
n’a rien à voir avec sa venue en Syrie.
Il concerne le fait que l’Arabie
Saoudite n’a pas tenu ses promesses et
les engagements financiers pris envers
le Président al-Bachir en contrepartie
de son envoi de brigades de l’armée
soudanienne pour combattre au Yémen – et
cette participation du Soudan à cette
guerre est très malheureuse. Ce problème
n’a rien à voir avec la Syrie.
Quoi qu’il en soit, la visite du
Président al-Bachir (en Syrie), la
réouverture de l’ambassade émiratie,
l’annonce du Ministre des Affaires
Etrangères du Bahreïn – et je précise
que sa déclaration était mensongère –
qui affirmait que leur ambassade en
Syrie était toujours restée ouverte,
etc. Mais ce n’est pas vrai. Quoi qu’il
en soit, nous avons commencé à voir une
atmosphère arabe (différente à l’égard
de la Syrie), nous voyons des avances
saoudiennes, des délégations se sont
rendues au Caire, et il est question de
la venue du Président al-Sissi et
d’autres à Damas, etc. Quelle en est la
raison ? Et ici, je parle également
d’informations (sûres) qui me viennent
de plus d’une source et se recoupent. A
la lumière de la décision de Trump de se
retirer, et de la démission de Mattis,
qui constituait une garantie pour
beaucoup, et de l’inquiétude visible au
sein de l’administration américaine, il
y a eu un grand vent de panique en
Arabie Saoudite et aux Emirats – et
auprès de tous leurs alliés et
instruments, mais surtout ces deux pays
en particulier. Ils se sont rencontrés à
Abu Dhabi pour évaluer la situation – et
leurs options –, à un très haut niveau.
Ils ont évalué leur situation en Syrie
et se sont dit : « La bataille contre le
Président Bachar al-Assad est terminée,
et nos groupes ont échoué. Tous les
mouvements que nous avons financé sont
maintenant avec M. Erdogan, n'est-ce pas
? Tous ceux qui ont combattu en Syrie ou
au Sud de la Syrie, qui étaient financés
par l’Arabie Saoudite, les Emirats et
Israël, et qui ont fait progressivement
retraite (suite à leurs défaites
consécutives) sont aujourd’hui tous dans
le Nord, c’est-à-dire (dans la zone de
contrôle) d’Erdogan. La bataille contre
le Président Assad est terminée en ce
qui concerne les factions armées, les
groupes et les partis que nous avons
soutenus, ainsi que nos divers réseaux
d’influence, tout notre projet s'est
effondré. Le Président Assad restera
assurément en poste, l’Etat syrien l’a
emporté, l’Axe adverse a triomphé en
Syrie. Il reste (seulement) un danger
(qu’on peut encore prévenir), c’est
qu’Erdogan – pardon, Trump – a pris la
décision de retirer (ses troupes de
Syrie), et par conséquent, le seul
refuge des Kurdes est le Président Assad,
Damas, (pour éviter) l’invasion de l’Est
de l’Euphrate par la Turquie. Trump a
dit à Erdogan que la Syrie est à lui. Si
la Syrie est (abandonnée) à Erdogan, si
la Turquie veut envahir la Syrie, c’est
un projet dangereux pour l’Arabie
Saoudite et les Emirats. »
Figurez-vous que leur analyse est
parvenue à ce résultat : le principal
danger en Syrie n’est pas l’Iran...
Ghassan Ben Jeddou : C’est le
résultat auquel sont parvenus les
Emirats et l’Arabie Saoudite ?
Hassan Nasrallah : Oui. (Le
principal danger à leurs yeux) n’est pas
l’Iran. Le principal danger
(aujourd’hui), c’est la Turquie. L’Iran
ne vient qu’en deuxième position. Le
Président Assad, qui s’est imposé
durablement dans l’équation, peut être
mis en troisième position, et (l’Arabie
Saoudite et les Emirats) sont même prêts
à avoir des relations avec lui. Ils
peuvent également s’entendre avec la
Russie et obtenir d’elle certaines
garanties, etc. Ils considèrent la
Russie de manière moins crispante, moins
problématique. Ils considèrent que le
danger principal est la Turquie.
Vous savez que (l’Arabie Saoudite et les
Emirats) réfléchissent toujours en
termes sectaires. En fin de compte, (à
leurs yeux), l’Iran – et ne m’en voulez
pas pour ma franchise – est un pays
chiite, et par conséquent ne peut avoir
qu’une influence limitée en Syrie, etc.
Alors que la Turquie est un pays
sunnite, qui a une certaine implantation
en Syrie, des relations historiques avec
ce pays, un pays voisin et frontalier,
si bien que si la Turquie entre
(durablement) en Syrie, ça sera la fin
de l’histoire et personne ne pourra l’en
faire sortir. (C’est comme cela qu’ils
voient les choses).
Est-ce que c’est parce que leur cœur
brûle pour la Syrie (qu’ils craignent
une implantation turque) ? Certainement
pas. En aucun cas. [Rires] Ils se
moquent du sort de la Syrie (et des
Syriens). Mais ils considèrent que
l’avancée du projet turc en Syrie serait
l’avancée d’un Axe (adverse), constitué
selon eux de la Turquie, du Qatar et des
Frères Musulmans. Et cela raviverait ce
projet qui cible, selon eux, le régime
saoudien, le régime émirati, le régime
égyptien, etc.
Ghassan Ben Jeddou : Et c’est la
raison de leur ouverture (au régime
syrien) ?
Hassan Nasrallah : C’est pour
cela qu’ils ont résolu de se rapprocher
de la Syrie, de rétablir des relations
avec le Président Assad et avec l’Etat
syrien, tout en restant dans leur
hostilité à l’égard de l’Iran mais en
essayant de s’entendre avec la Russie
pour pouvoir mettre un obstacle et des
limites à toute avancée du projet
(néo-ottoman) d’Erdogan en Syrie et par
conséquent dans la région.
Ghassan Ben Jeddou : Mais que
s’est-il passé pour qu’ils interrompent
leur rapprochememt avec Damas ?
Hassan Nasrallah : L’ouverture
(vers la Syrie) a commencé, et ils ont
commencé à parler du retour de la Syrie
au sein de la Ligue Arabe, le Président
al-Bachir s’est rendu auprès du
Président Assad et lui a parlé de cela.
Et la position d’Assad ne m’a aucunement
surpris.
Ghassan Ben Jeddou : Que lui
ont-ils proposé ? Quelles sont vos
informations ?
Hassan Nasrallah : Ils ont
demandé à la Syrie de soumettre une
demande écrite indiquant qu’au vu du
changement de la situation dans la
région (fin prochaine de la guerre en
Syrie, etc.) et de son souci pour les
Etats arabes, l’unité arabe et la
coopération entre eux, elle souhaitait
redevenir membre de la Ligue Arabe.
Ghassan Ben Jeddou : Tel est le
message qu’ils lui ont remis ?
Hassan Nasrallah : Oui. Bien sûr,
je parle du fond de la proposition, et
je ne cite pas le message à la lettre.
Ghassan Ben Jeddou : Et ensuite ?
Hassan Nasrallah : La réponse (d’Assad
fut la suivante) : « La Syrie n’est
jamais sortie de la Ligue Arabe (de son
plein gré) pour demander à la
réintégrer. Nous n’avons jamais soumis
de démission que nous devrions
maintenant retirer. C’est à ceux qui
nous ont fait sortir de nous demander de
revenir. » Et c’est là une position
noble et digne, et parfaitement
prévisible. Ce n’est pas une surprise.
Si les régimes arabes se figurent qu’il
leur suffit de dire au Président Assad
et à la Syrie que leurs portes leurs
sont ouvertes et qu’ils peuvent venir
(dans la Ligue Arabe) pour que la Syrie
ressente un immense soulagement et
s’élance avec joie dans leurs bras, ils
se font des illusions. La Syrie
reprendra sa place au sein du monde
arabe, et c’est dans son intérêt. Mais
elle y retournera avec toute sa dignité
(et non de manière servile).
Ce qu’il y a de nouveau, c’est que les
Etats-Unis ont fait une évaluation des
accomplissements de Trump : « Mais
qu'est-ce que tu as fait ? Où sont donc
passés nos alliés ? » [Rires] Untel se
retrouve (à se rapprocher) de la Russie,
untel est avec le Président Bachar al-Assad,
untel considère maintenant qu’en Syrie,
le principal danger est la Turquie
(membre majeur de l’OTAN) et non l’Iran,
alors que les Etats-Unis veulent que
leur ennemi (principal) reste l’Iran.
Que faire (face à cette situation de
recul dramatique de l’influence
américaine au Moyen-Orient) ?
Citons ce point de détail pour le Liban,
c’est qu’en ce qui concerne toutes les
forces politiques libanaises qui
misaient sur la chute de l’Etat et du
régime syriens, vous pouvez imaginer
dans quel état elles se sont retrouvées
lorsqu’elles ont entendu M. Trump
déclarer qu’il allait se retirer de
Syrie.
Les Etats-Unis ont donc pris la décision
de demander à M. Pompeo de faire une
tournée dans la région pour remonter le
moral de tous les Etats et groupes qui
sont abattus par l’annonce de retrait
américain de la Syrie (et du
Moyen-Orient), et qui ont commencé à
reconsidérer leurs choix, leurs
relations et leur avenir et à s’agripper
à leurs trônes (dans un accès de
panique). (Cette visite de Pompeo visait
à) essayer de les remettre sur pied, à
leur redonner de l’aplomb et les assurer
que les Etats-Unis les soutiennent et ne
les abandonneront pas, qu’ils n’ont pas
l’intention de quitter la région, et
pour preuve, il les a invités à
participer avec les Etats-Unis à une
conférence à Varsovie pour faire face à
l’Iran, à son influence et à sa menace,
(dans une tentative) de les replacer
dans la confrontation avec l’Iran, du
moins au niveau des apparences.
(Pompeo) a envoyé David Hill au Liban –
car Pompeo (s’estime) trop important
pour venir lui-même au Liban – avec le
même message, afin de rassurer ceux qui
étaient apeurés, démoralisés, inquiets
et perdus face à la politique américaine
au Moyen-Orient.
Mais puisque nous en sommes arrivés à ce
point de notre discussion, je veux
conclure cet exposé par cette
déclaration : les Etats-Unis ne
parviendront pas à faire plus que ce
qu’ils ont déjà fait. Je déclare aux
gouvernements de la région, à leurs
dirigeants, à leurs peuples, à leurs
mouvements et à Israël – car nous allons
enfin en venir à Israël : les Etats-Unis
sont en train de déserter notre région.
Ils vont fuir la Syrie – ça prendra
peut-être plusieurs mois, mais la
décision est prise. O mes frères, ils
sont en train de fuir d’Afghanistan. Et
vous savez à qui ils laissent
l’Afghanistan ? Ils le laissent aux
Talibans ! Car dans l’accord conclu,
Trump a obtenu des Talibans l’engagement
de ne pas permettre à Al-Qaïda et Daech
de revenir (s’implanter) en Afghanistan.
Trump considère donc que les Talibans
représentent le gouvernement de demain,
qui peut (dès aujourd’hui) apporter des
garanties au gouvernement américain.
N’est-ce pas là une défaite humiliante
pour les Etats-Unis en Afghanistan ?
D’autant plus que les Talibans sont
officiellement considérés comme une
organisation terroriste (par
Washington), et qu’ils prétendent ne
jamais négocier avec les terroristes.
Les Etats-Unis vont fuir la région. Il
n’y aura plus de forces armées
américaines qui viendront porter la
guerre dans notre région. Trump ne
déclenchera de guerre ni pour les
(beaux) yeux de Mohammad Ben Salmane
(prince héritier de l’Arabie Saoudite),
ni pour les (beaux) yeux de Mohammed ben
Zayed (prince héritier des Emirats), ni
même pour les (beaux) yeux de Netanyahou
– et clairement, les yeux de Netanyahou
sont bien plus précieux pour Trump. Pas
même pour les yeux de Netanyahou !
Trump, les Etats-Unis et la situation
que traversent les Etats-Unis, que ce
soit à l’intérieur, au niveau de
l’économie, etc., etc., etc., ne leur
permettent pas de lancer une nouvelle
guerre dans notre région. Il n’y
aura pas de guerre américaine dans la
région. Que veut donc Trump ? (Pour
lui,) c’est de leur propre poche que les
Etats, régimes et forces (alliées des
Etats-Unis au Moyen-Orient), avec leur
propre argent, leurs propres médias,
leur propre sang (qu’ils doivent
combattre)… Trump veut les réunir à
nouveau pour les mettre (seuls) face à
l’Iran. Et si, face à l’Iran, pendant
40 années – nous sommes au 40e
anniversaire (de la Révolution
Islamique) –, les Etats-Unis et tous les
tyrans de la Terre ont été incapables de
faire quoi que ce soit pour faire tomber
ce régime et cette République Islamique
bénie, alors (que pourront donc faire
les Etats arabes livrés à eux-mêmes) ?
Ghassan Ben Jeddou : Mais,
Eminent Sayed, de manière relative, (les
Etats-Unis) n’ont-ils pas gagné ? Vous
venez de nous révéler une information
très importanforceste, à savoir que les
Saoudiens et les Emiratis se sont réunis
et ont conclu que le grand changement
stratégique que vous venez de nous
présenter va se produire
(inéluctablement). Mais il semble que
Trump a tout de même gagné.
Premièrement, il a freiné la ruée des
pays arabes vers Damas, et deuxièmement,
aujourd’hui, on entend un nouveau
discours de la part des pays arabes, à
savoir que…
Hassan Nasrallah : Le fait qu’il
ait mit un frein à l’élan des pays
arabes est naturel. Il peut les tenir en
bride facilement (ils lui obéissent
encore au doigt et à l’œil). [Rires]
Pensez-vous que ces pays sont courageux,
indépendants, qu’ils ont un processus de
décision autonome, et peuvent se
rebeller contre leur maître américain ?
En aucun cas. C’est pourquoi…
Ghassan Ben Jeddou : Ce que je
veux dire, c’est que les Etats-Unis ont
réussi à remettre tous leurs alliés –
l’Arabie Saoudite, les Emirats et tous
les autres – dans le rang.
Hassan Nasrallah : Oui, mais ce
n’est pas un succès. Trump a seulement
empêché que tout s’écroule rapidement.
Mais le processus d’effondrement est en
cours.
Ghassan Ben Jeddou : A-t-il
arrêté ou ralenti le processus
d’ouverture des pays arabes à la Syrie ?
Hassan Nasrallah : Ce que nous
avons entendu et ce qui nous a été
rapporté, c’est qu’ils sont indécis. Il
n’y a pas de choix clair pour maintenir
la rupture (des relations avec Damas) ou
pour rester dans une attitude
complètement négative (à l’égard de la
Syrie). Je vous en donne un signe. Il y
a deux jours, il y a eu une rencontre
entre une délégation économique émiratie
et une délégation syrienne. Je ne me
souviens pas si elle a eu lieu à Damas
ou aux Emirats. Cela signifie qu’au
moins à un niveau intermédiaire, ces
relations vont se poursuivre. (Tôt ou
tard), il sera révélé que des
personnalités très importantes des pays
arabes sont secrètement venues à Damas,
même si ces rencontres n’ont pas été
rendues publiques. Mais il appartient
aux dirigeants syriens (de les révéler).
Et je parle de rencontres à très haut
niveau.
Ghassan Ben Jeddou : Au niveau
politique ou sécuritaire ?
Hassan Nasrallah : Au moins au
niveau sécuritaire.
Ghassan Ben Jeddou : Par exemple
des chefs de services de renseignement ?
Hassan Nasrallah : Par exemple.
Ghassan Ben Jeddou : Des
décisionnaires ?
Hassan Nasrallah : Oui.
Ghassan Ben Jeddou : Issus de ces
pays (les plus) influents du Golfe
(Arabie Saoudite et Emirats) ?
Hassan Nasrallah : Disons
simplement de pays arabes, ne me forcez
pas à en révéler davantage sur leur
identité ou leurs titres – Cheikh ou
Sayed, Professeur ou Hajj, Docteur ou
Ingénieur, etc.
Ghassan Ben Jeddou : De la
Mauritanie à la Somalie ?
Hassan Nasrallah : Ce que je
viens de révéler suffit (je ne dirai
rien de plus).
Ghassan Ben Jeddou : De pays
arabes influents et actifs ?
Hassan Nasrallah : Actuellement,
les Etats-Unis souhaitent et s’efforcent
de retenir avec force ces pays arabes en
arrière (pour les empêcher de faire un
pas en avant vers Damas, Moscou, etc.).
Mais bien sûr, jusqu’à présent, ils ne
leur ont apporté aucun élément qui les
convainque et les rassure (que c’est le
bon choix) et que les Etats-Unis n’ont
pas abandonné la Syrie à la Turquie. Car
c’est ce que l’Arabie Saoudite, les
Emirats, le Président al-Sissi et
l’Egypte, et tous les autres veulent
entendre de manière claire.
C’est pourquoi nous allons peut-être
assister, sur la question arabe, à un
certain ralentissement ou à de la
froideur dans l’élan vers la Syrie, mais
j’exclus que ce mouvement puisse être
complètement stoppé. C’est pourquoi je
conclus ce point en affirmant que les
Etats-Unis ont échoué en Syrie. Bien
sûr, face à ce fiasco, celui qui perd le
plus et qui est dans le plus grand
désarroi est Netanyahou. […]
Deux derniers extraits sur Assad
et sur Netanyahou à venir.
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