Irak
Entretien avec le responsable du waqf
chiite de Bagdad, Saïd al Moussaoui, le
9 mai 2016
Maria Poumier
Portraits de combattants martyrs
dans la ville de Balad
Mardi 28 juin 2016
Le 9 mai 2016,
nous avons été reçus à Bagdad, dans ses
locaux, par son excellence le
responsable du waqf (1) chiite
irakien Saïd al Moussaoui pour réaliser
un entretien. Il a son correspondant
sunnite en la personne de Abdullatif al
Humayim, que nous interviouvrons
quelques heures plus tard dans un autre
quartier de Bagdad (la transcription de
cet entretien frère
ici). L’entretien, préparé sur
la route menant de Kerbala à Bagdad a
été mené par Maria Poumier. J’ai ajouté
quelques notes de bas de page pour
éclairer sur quelques termes, notions,
et événements, sans doute énigmatiques
pour le lecteur occidental. Il s’agit
d’une transcription brute de notre
interprète, Salah Guettaf, que j’ai à
peine littérarisée par endroits. M. al
Moussaoui nous livre un témoignage de
première main sur la réalité de la
situation en Irak, les évolutions
récentes sur le terrain, et met
solennellement en garde le gouvernement
français contre son alliance avec les
pays promoteurs du wahhabisme, comme
l’Arabie Saoudite, wahhabisme qui est
exactement le logiciel de Daech contre
lequel le gouvernement français s’est
déclaré en guerre.
Maria Poumier :
Excellence, nous sommes très honorés
d’être reçus par vous. Notre petite
équipe… nous sommes quatre journalistes
(2), et nous souhaitons informer la
population française sur les réalités de
l’Irak, parce que l’image de l’Irak est
très déformée. On parle toujours de
l’Irak en termes de guerre civile. Nous
voulons combattre cette mauvaise opinion
qui prévaut concernant votre pays.
Saïd al
Moussaoui : Je vous remercie
beaucoup pour cet effort que vous faites
pour montrer la réalité de la situation
en Irak, et vous êtes les bienvenus. Et
nous croyons que rapporter la vérité
telle qu’elle est aux gens, aux
populations, est un acte sacré. Cet
effort est très respectable.
MP : Je suis
obligé de présenter, pour le public
français, la spécificité de votre rôle.
En France les autorités politiques ne
respectent pas les autorités religieuses
chrétiennes, au contraire. Alors nous
admirons beaucoup votre collaboration,
en tant que dirigeant religieux, avec le
gouvernement. Nous pensons que c’est un
facteur de force de l’Irak, force pour
la pays, force pour son avenir, et force
pour sa cohésion, son unité.
SM : Merci
beaucoup.
MP : Vous
avez appelé à la guerre patriotique, à
la Guerre Sainte, car c’est la guerre de
toute la population contre Daech, et
dans l’histoire du chiisme, c’est
exceptionnel. Les dirigeants chiites ont
appelé à une guerre comparable lors de
l’invasion britannique, en 1915 (3), et
contre Daech en 2014 (4). C’est plus
grave ce qui se passe maintenant, que ce
qui s’est passé dans les siècles
précédents (5) ?
SM :
Effectivement, par principe ce que vous
dites là est juste. Daech n’a pas de
principes humains. Son but c’est de
détruire, détruire aussi bien les droits
humains, les droits sociaux, et
l’infrastructure irakienne, donc le
marja (6), le guide spirituel est
intervenu pour arrêter ce mouvement
inhumain, ce mouvement criminel, ce
mouvement terroriste, auquel les
Irakiens ont fait face avec courage.
Ceci dit, Daech n’est un mouvement ni
humain, ni religieux. Son but c’est de
détruire aussi bien les Zaïdis, que les
Irakiens de toutes les ethnies et de
toutes les tendances politiques,
sociologiques, et religieuses.
MP : Nous
avons vu les destructions de la mosquée
de Balad. Il y a d’autres destructions
de mosquées chiites. Ce sont des
destructions importantes ?
SM : Comme
il est connu, vous l’avez vu sur toutes
les chaînes médiatiques dans le monde.
Là où intervient Daech, c’est la
destruction. Ils ont aussi bien détruit
les mosquées comme vous l’avez vu à
Balad, qu’ailleurs, et ainsi, le tombeau
des saints et des prophètes ; ne
laissant aucun symbole religieux à
Mossoul au ailleurs sans le détruire.
Pour correction, ce qui s’est passé pour
le minaret, c’est la mosquée des deux
imams, al Khadimiyya (6), et tout
près de Balad.
MP : Nous
l’avons visité, nous avons constaté
cette triste réalité… Donc cette
idéologie c’est la même idéologie que
celle des wahhabites. Daech et le
wahhabisme c’est la même chose ?
SM : Daech
est l’enfant naturel du wahhabisme.
C’est la plus mauvaise copie du
wahhabisme dans le monde arabe. Vous
constatez, si vous retournez aux sources
de Daech… vous retrouvez tout cela
inscrit dans les références wahhabites.
Si vous allez dans les mosquées
wahhabites, vous allez trouver que les
imams incitent les gens à la guerre, à
la haine, et au terrorisme. Ça devient
une exigence pour nous de contrôler un
peu les mosquées, contre cette pensée
néfaste, nocive, qui dans l’avenir peut
détruire notre jeunesse et notre pays.
MP :
Pensez-vous que Daech a le projet de
couper l’Irak en plusieurs régions ?
Pensez-vous que Daech veut garder le
pouvoir, ou donner le pouvoir à un pays
étranger. Est-ce que c’est une guerre de
résistance patriotique contre les
étrangers ?
SM : Nous
croyons fermement que Daech a un projet
de s’installer en Irak, et de le
contrôler, mais elle ne va pas donner le
pouvoir à un état étranger. En revanche
elle sera soumis au diktat étranger.
MP : Et dans
cette résistance, vous collaborez avec
les dirigeants religieux sunnites ? Vous
êtes d’accord ? Vous avez une ligne
d’action commune ? Vous avez fait des
actions communes, avec les sunnites ?
SM : Nous
avons une grande collaboration, aussi
bien avec les Turkmènes, les Kurdes, les
Sabéens, que les autres ethnies
irakiennes, pour faire face,
premièrement, au flot de réfugiés, qui
débarquent un peu partout, suite aux
exactions de Daech, et nous voulons
aussi faire face pour arrêter Daech et
imposer une unité irakienne.
MP : et les
Chrétiens, vous en les considérez pas
comme des agents de l’occident ? Les
Chrétiens sont patriotes irakiens ?
SM : Ce sont
des Irakiens autochtones… Ils sont là
depuis très très longtemps. On trouve
des lieux de culte et des églises, des
lieux chrétiens, même autour de Najaf.
Cela suppose que ces lieux existaient
avant, depuis très longtemps. Et la
collaboration et la soumission à
l’étranger, ça n’est pas une étiquette
qu’on peut coller forcément sur un
chrétien. Elle peut aussi être portée
par quelqu’un de musulman, soit chiite,
soit sunnite, ou une simple personne qui
a un cœur malade. Le point dont vous
parlez, ethnologique et religieux…
toutes ces tendances, nous les
considérons comme une grande richesse
civilisationnelle en Irak. En cette
occasion et de cet endroit où nous
sommes, j’appelle les chrétiens irakiens
à ne pas abandonner l’Irak, à ne pas
émigrer. C’est leur pays et ils doivent
y rester.
MP : cela
fait exactement deux ans que l’offensive
de Daech a commencé, le 5 mai 2014,
maintenant vous avez réussi à chasser
Daech. Daech recule. Est-ce que les gens
reviennent maintenant chez eux ?
SM :
Effectivement comme vous les dites, on
le constate à Ramadi. Les gens malgré la
destruction et la situation invivable,
les gens retournent avec l’aide de
l’état irakien. Hier j’étais en réunion
avec les autorités chiites et ils m’ont
confirmé cela. En ce qui concerne
d’autres régions, étant donnés les
dégâts, la sécurité beaucoup moins
assurée, car les gens de Daech ont
laissé des mines et des pièges, on ne
peut pas laisser les populations
retourner. Il faut bien un effort
militaire pour sécuriser, les routes,
les maisons, et les bâtiments
administratifs. Certains réfugiés
refusent de retourner chez eux parce
qu’ils préfèrent rester dans le centre
d’accueil où ils ont plus de bien être.
Ils attendent que la situation soit
paisible définitivement pour retourner.
Nous n’imposons pas le retour des
réfugiés dans leurs villes. C’est leur
choix.
MP : Et vous
avez les moyens suffisants pour faire
face au problème des réfugiés ? Ou vous
avez besoin d’organisations
internationales ? Vous avez besoin
d’aide humanitaire, ou vous vous
débrouillez bien, entre Irakiens ?
SM : Nous
remarquons que nous faisons notre devoir
vis à vis des réfugiés, que l’aide
internationale arrive ou n’arrive pas,
quoiqu’elle soit la bienvenue. Nous
avons accueilli des réfugiés dans les
centres religieux Husseyniya, les
mosquées, et comme là vous êtes dans les
centres d’accueil des visiteurs, les
hôtels, il y a aussi des réfugiés, ils
sont les bienvenus : que l’aide arrive
ou non nous les accueillons, nous
faisons nos efforts avec nos propres
moyens.
MP : Le
grand pèlerinage annuel (8) va
commencer, à Kerbala. Vous ne craignez
pas qu’il y ait des infiltrés de Daech
qui fassent des massacre parmi les
pèlerins ?
SM : Le
programme de la visite de l’imam Husseïn
continuera, et on sait qu’il y aura
toujours des exactions criminelles de la
part de Daech. Les gens arrivent par
millions et nous ne comptons pas arrêter
ce mouvement malgré la crainte des
attentats. J’ajoute ceci, que les gens
ordinaires qui vont visiter l’imam
Husseïn et les centres d’accueil
Husseyniya, malgré ces actes criminels,
ne peuvent que nous conforter et nous
pousser à y aller plus encore et encore
plus nombreux.
Maria Poumier :
Nous admirons l’unité du peuple irakien
dans cette résistance et il nous semble
qu’elle est merveilleuse. En France,
voyez, quand nous avons un attentat, les
gens ne vont pas dans les églises. Ils
retournent au restaurant ; et cela nous
semble une résistance bien triste, bien
pauvre, de ne penser qu’à manger, à se
divertir, et non pas à l’élévation de
l’âme.
SM : Ce
phénomène des visiteurs de l’imam
Husseïn dont vous parlez n’est pas
réservé exclusivement aux Irakiens. On
peut constater qu’il y a des musulmans
qui arrivent du monde entier, aussi bien
d’Iran que de l’Europe-même, et cela ne
relève pas du courage des Irakiens. Il
relève de la foi, de la croyance, et si
les Européens arrivent à avoir cette
foi, ils pourront dépasser cette peur.
MP : Nous ne
venons en Irak pour intervenir dans la
politique intérieure de l’Irak, nous
pensons que le rôle de notre pays n’est
pas d’intervenir dans la politique
intérieure de quelque pays que ce soit.
Mais ce qui nous intéresse beaucoup ce
sont les relations internationales.
Est-ce que vous savez que les Nations
Unies, au Conseil de Sécurité, ont voté
la résolution 2249 qui décide de la
résistance contre Daech mais sans
consulter le gouvernement irakien (9) ?
SM : Je ne
suis pas un politicien, je n’exerce pas
la politique, mais je pense que les
Nations-Unies, ou le Conseil de Sécurité
ne peut pas résoudre le problème
irakien, sans consulter les Irakiens
MP :
Peut-être une dernière question… Nous
allons transmettre ces éléments à la
population française : que
souhaitez-vous que le gouvernement
français fasse pour augmenter la
capacité de résistance de l’Irak ?
Saïd al
Moussaoui : Je vous remercie pour
cette question… Je veux confirmer que la
wahhabisme, c’est le problème crucial
qui se pose pour le monde entier. Avec
tristesse nous constatons que les États
européens se sont trompés sur le sens de
Daech. Malgré qu’ils aient des penseurs
et des gens qui analysent la situation,
ils se sont attardés jusqu’à ce qu’ils
reçoivent eux-mêmes ce que nous
subissons comme terrorisme. L’erreur des
Européens, c’est qu’ils ont ouvert leurs
pays, et leurs villes, aux grands
centres religieux wahhabites et aux
grandes mosquées. Ils ont laissé des
gens faire jusqu’au recrutement des gens
qu’ils envoient pour combattre avec
Daech et qui reviennent par la suite
semer le désordre parmi les populations
civiles et paisibles en Europe. Jusqu’à
présent, on le remarque, malgré ce
désastre, en Europe et spécialement en
France, les autorités agissent
timidement avec ces gens et avec cette
pensée qui est destructrice. Et je pense
particulièrement que la cause de cet
aveuglement vient beaucoup plus de
considérations économiques et
financières (10) qui sont imposées par
ceux qu’on connaît : l’Arabie Saoudite
et ses moyens financiers énormes. Nous
constatons avec tristesse que le
gouvernement français préfère l’argent
sale des pays qui exportent le
wahhabisme, à la sécurité et à la valeur
du sang de ses citoyens ; et nous
remarquons aussi avec tristesse et avec
douleur que certains savent tout cela,
et qu’ils préfèrent tendre la main à un
grand état qui dans la région est
l’Arabie Saoudite, qui soutient et qui
finance le terrorisme international, et
qu’ils tendent cette main pour des
raisons économiques et financières et
qu’ils ne pensent pas au sang versé de
leurs citoyens. Ce qui est étrange c’est
que ces pays européens imposent des
embargos sur des états moins dangereux,
alors qu’ils savent que l’Arabie
Saoudite est plus dangereuse pour la
sécurité du monde que ces pays-là ;
pourtant ils laissent faire. S’il y a
bien une liste d’états terroristes, et
une liste noire au Conseil de Sécurité
pour les pays européens, normalement la
première place devrait revenir à
l’Arabie Saoudite. Je vous dis cela avec
connaissance et certitude parce que les
méthodes d’enseignement en Arabie
Saoudite, et vous pouvez le remarquer à
travers les livres, ils éduquent les
élèves du primaire jusqu’à l’université
à voir celui qui ne pense pas comme eux
comme n’ayant pas droit à la vie. Toutes
les mosquées en Arabie Saoudite sont
sous l’autorité des wahhabites, et la
pensée et les principes des wahhabites,
c’est qu’eux seuls sont croyants et sont
là qui parlent au nom de Dieu. Toute
personne qui n’est pas de leurs rangs,
soit elle est impie, soit il faut la
tuer. Tous les moyens des médias, tous
les écrits comme les livres, les
journaux, et autres, ils axent leurs
articles et leurs moyens d’information
sur ce point : takfiri. Takfir
c’est :« tu ne crois pas comme moi, donc
tu n’as pas le droit à la vie ». Nous
savons que tout l’argent des hommes
d’affaire saoudiens dont les fortunes
sont énormes, quand ils donnent ce
qu’ils appellent Zaket ou les
dons, l’aumône, tout cet argent qu’ils
réunissent est envoyé à ces terroristes.
Je ne pense pas que les politiciens en
France ignorent cela, et ils savent
exactement ce qui se passe en Arabie
Saoudite, dans les ordres, aussi bien
les principes religieux, les pensées, et
autres choses, mais ils ferment les yeux
pour des intérêts économiques. Nous
demandons aux frères européens et
particulièrement français, puisque vous
êtes des Français, d’exiger de leurs
gouvernements de ne pas se laisser
faire, de ne pas laisser construire des
centres du terrorisme, des idées
terroristes infiltrer la société
française, qui dans le fond et à la fin
ne font que du tort aux gens, aux
citoyens français. Je suis catégorique :
si les Européens veulent vivre en paix,
vraiment en paix, qu’ils chassent ces
gens-là de leur pays et lors de leur
vote, qu’ils choisissent les
personnalités qui coupent ces ponts avec
ces pays qui exportent le terrorisme et
qui financent particulièrement des gens
horribles, et terribles. Pour en finir
brièvement, je demande aux Européens de
voir l’Islam à travers le prophète
Muhammad ; Muhammad a transmis le vrai
Islam à travers sa famille, donc je
demande aux européens, par amour de la
paix et de l’intégrité, aussi bien
économique, physique que morale, de
consulter quand même ce que les imams et
les enfants et la famille du prophète
ont écrit, et c’est cela le vrai Islam.
Je vous demande seulement d’étudier les
écrits des imams, ce que le prophète a
dit à travers la lignée sainte de sa
famille, vous allez constater que le
vrai Islam, qui demande aux gens de
vivre en paix, de vivre dans la
coexistence pacifique, dans l’amour, et
surtout dans la paix. C’est pour cela
que, par principe, Daech veut arrêter
l’expansion de cet amour dans le monde
au nom de l’Islam fabriqué, au nom de
l’Islam destructeur, qui sert les
intérêts des hommes d’affaires et des
états terroristes. Et j’insiste sur le
fait que nous, en tant que chiites,
adhérant à la famille du prophète,
musulmans avec toutes les différentes
écoles de l’Islam, nous vivons en paix,
en toute harmonie, et le seul problème
qui nous a été imposé, c’est ce problème
du wahhabisme.
Entretien mené
par Maria Poumier, préparé par Maria
Poumier, François Belliot et Gérard
Lazare, filmé par Smaïn Bedrouni et
Gérard Lazare, traduit par Saleh Guettaf,
transcrit par François Belliot
notes
(1) Il existe,
en Irak, deux institutions religieuses
de ce genre (waqfs), sunnite et chiite.
Chacune a pour charge de gérer les biens
religieux : mosquées, masjids, et
mausolées. Elles collectent les « waqfs »
(littéralement les « biens déposés »,
les dons) accordés par les fidèles pour
obtenir rétribution auprès d’Allah.
Jusqu’en 2003, sous Saddam Husseïn, ces
dons étaient recueillis directement par
le gouvernement, sans aucune
contrepartie. C’est alors qu’ont été
créés les waqfs sunnite et chiite,
chacune de ces institutions ayant
vocation à administrer ces affairess de
façon autonome.
(2)Smaïn Bedrouni,
François Belliot, Gérard Lazare, Maria
Poumier
(3)« Les oulémas,
dont un certain nombre se transforment
pour l’occasion en chefs militaires,
mobilisent une armée tribale d’une
ampleur sans précédent. Ce sont ces
moudjahidin chiites qui contraignirent
la garnison chiite de Kout el-Imara à
capituler en 1916. Les Anglais ont le
plus grand mal à venir à bout de
combattants tribaux qui leur font subir
les pertes les plus importantes jamais
enregistréesà l’occasion d’une conqupete
coloniale : Londres reconnaît
officiellement 98 000 morts. Le Djihad
continue jusqu’en 1917 mais les
Ottoamnas vont eu-mêmes de défaite en
défaite. » (Luizard, la question
irakienne, Fayard, 2002)
(4) Cet appel
(fatwa) a été lancé par la plus haute
autorité chiite, le Grand Ayatollah al-Sistani
le 13 juin 2014, en réponse à
l’expansion foudroyante de
l’organisation Etat Islamique (alias
Daech) qui avait déjà conquis le tiers
du pays, menaçant le pays chiite et ses
habitants, auxquels les idéologues
wahhabites de Daehc vouent une haine
inextinguible, qui se traduit
fréquemment par des appels à leur
génocide et à la destruction de tous
leurs mausolées et mosquées.
(5) En 1000 ans, ce
sont les deux seules occasions où un tel
appel a été lancé.
(6)Le marja
est une personnalité considérée par
l’ensemble des chiites comme une
référence et source d’imitation. Il se
distingue par ses connaissances
religieuses, sa capacité à transmettre,
sa piété, sa probité, son charisme. Le
marja peut au besoin mobiliser
des millions de chiites dans un but bien
précis. Son autorité est immense. En
l’occurrence il s’agit de l’ayatollah
al-Sistani.
(7)« Située au
centre de l’Irak sur la rive occidentale
du Tigre, à environ 9 km de Bagdad, Al-Khadimiyya
était connue à l’origine sous le nom de
Cimetière des Quraysh avant de servir de
cimetière aux habitants de Bagdad. Elle
est devenue ensuite un lieu de résidence
et de visite pour les chiites, depuis
que les deux imams Moussa al-Kadim (le
7ème imam) et son neveu Muhammad
al-Jawad (le neuvième) y sont inhumés,
des centaines de milliers de chiites par
an » (l’Irak, 1970-1990, déportations
des chiites, Ali Babakhan, p 35). Nous
étions passés par la ville de Balad et
ce mausolée deux jours plus tôt.
(8) Il s’agit de la
commémoration du martyre du second imam,
Husseïn, dont le mausolée se trouve à
Kerbala. Cela s’appelle l’Achoura.
Les fidèles, par centaines de milliers,
empruntent à pied une partie de la route
menant de Najaf à Kerbala (80 km). On
peut comparer cette cérémonie à la
reproduction du chemin de croix
par les Chrétiens commemorant la
passion du Christ. En 2016 il aura
lieu le 13 octobre.
(9)Cette même
remarque pourrait être faite concernant
les autorités syriennes, qui n’ont pas
non plus été consultées, et dont le
territoire, dans la partie contrôlée par
l’EI et les combattants kurdes, est
sporadiquement pilonnée par les forces
de la coaliton internationale contre
Daech mise sur pied en septembre 2014
(comptant la France, la Turquie,
l’Arabie Saoudite, les USA, etc, c’est-
à dire tous les « amis de la Syrie » (trad :
les ennemis de la Syrie)) pour lutter
contre Daech.
(10) Une phrase de
conclusion du « bilan 2013 des relations
commerciales franco saoudiennes » (site
diplomatie.gouv), est on ne peut plus
enthousiaste : « Aussi bien le niveau
excellent de la relation bilatérale que
le nombre de grands projets, la
stabilité du pays et les grands
indicateurs macroéconomiques, presque
tous dans le vert, devraient inciter les
entreprises françaises à s’intéresser
davantage au marché saoudien. »
Le
dossier Irak
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