EODE PRESS OFFICE
Interview de
Gilbert Knamto
HNM
Lundi 8 décembre 2014
Les experts internationaux de EODE sur
les médias …
EODE-TV & HNM (Horizons Nouveaux
Magazine)/
Avec EODE Press Office/ 2014 12 01/
Entretien avec Gilbert KNAMTO
(*),
Administrateur de EODE Zone Africa (et
n° 2 d’EODE) :
Diffusé dans le n° 47 de HNM
(Cameroun)
Ce 1er décembre 2014
ENTRETIEN-VERITE AVEC GILBERT NKAMTO DE
L’ONG EODE
# HNM INT’L : Voulez-vous rappeler à
l'adresse de nos lecteurs les objectifs
poursuivis par votre organisation EODE,
Zone Africa ?
Gilbert Nkamto : Tout d’abord je vous
remercie ainsi que toute l’équipe de «
Nouveau Magazine Intl. » pour l’intérêt
que vous avez porté à l’endroit de notre
organisation EODE. Je salue en passant
vos nombreux lecteurs, ce public de plus
en plus nombreux et qui se hâte
d’apprendre et de comprendre, à travers
votre media, les enjeux politiques de
l’heure, tant bien au niveau de
l’Afrique que dans le reste du monde.
Pour revenir à votre préoccupation,
notre ONG EODE, est une
association à l’origine née en Europe.
Elle s’est activée dès sa création à
promouvoir la démocratie réelle,
l’observation et le monitoring des
élections. Mais aussi des activités de
recherche et d’analyse avec notre
Département EODE Think Tank : l’étude de
la géopolitique et de la géostratégie,
la défense de la paix. ET encore la
prévention des conflits.
En Afrique, elle s’est employée dès 2006
dans ses objectifs non seulement à faire
du monitoring et de l’expertise des
élections, mais aussi à promouvoir le
panafricanisme, à promouvoir
l’«éducation pour tous» en vue de
développer l’esprit civique, pacifique
et la non-violence auprès des
populations africaines, à lutter contre
les visions tribalistes, xénophobes et
racistes, à prôner le dialogue des
cultures et la solidarité des peuples, à
œuvrer pour intégrer le groupe
d’émergence qui encouragerait
l’unification d’un espace de coopération
et de solidarité entre les peuples
d’Afrique (un panafricanisme militant),
d’Eurasie (un partenariat équitable «
gagnant-gagnant ») et des Amériques (une
mondialisation équilibrée).
Pour être à la hauteur de ces missions,
EODE a donc mis en place dès 2011 « EODE
Zone Africa », que je dirige, afin de
mener à bien des activités conséquentes
centrées sur le monitoring,
l'observation et l'évaluation des
élections sur l’étendue du territoire
africain. Ainsi nous avons été présents,
pour ne citer que quelques exemples, au
Cameroun lors des sénatoriales d’avril
2013, mais aussi à Madagascar, lors des
élections présidentielles.
Dans ce contexte international toujours
en mouvement et demandant des expertises
les plus accrues, EODE Zone Afrique se
spécialise aussi dans l’organisation de
missions de formation en technique de
monitoring des élections, de comptage de
voix, et en technique de gestion des
résultats du scrutin ; l’organisation
des séminaires, symposiums, colloques et
conférences sur les élections et la
démocratie ; la maitrise des systèmes et
processus de prévention et de résolution
de conflits liés aux élections ;
A la différence de la plupart des ONG
occidentales - donneuses de leçons aux
Africains -, EODE est aux côtés de
l’Afrique. Elle est africaine. Elle
s’oppose et s’est toujours opposée aux
manigances et aux interventions dans les
affaires internes des Etats africains,
qui sont organisées par ces associations
derrière lesquelles l’OTAN, l’UE et tous
ces pays impérialistes dits «
démocratiques » se cachent pour mener
des actions négatives contre l’Afrique
et ses peuples.
Notre association refuse donc de se
poser en donneuse de leçons à l’Afrique,
mais elle chemine avec elle dans son
combat contre le néocolonialisme, la
prédation de ses richesses. Nous nous
situons dans une démarche panafricaine
et souhaitons être une voix sûre de
relais de la voix de l’Afrique à travers
nos différents canaux informationnels,
diplomatiques tant au niveau national
qu’international (notre ONG
faisant ce que la presse
occidentale appelle de la « diplomatie
parallèle ») .
# HNM INT’L : Le contexte international
est marqué par la volonté de l'Occident
de dicter une fois de plus sa loi au
reste du monde sur le plan
géostratégique, quelles sont les chances
de voir cette politique prospérer plus
que jamais?
Gilbert Nkamto : Comme vous devez le
savoir, le XXIème siècle a commencé très
mal. D’abord avec le 11 septembre 2001
et les attentats qui ont servi de
prétexte à certaines puissances,
principalement les Etats-Unis, pour
aller à la conquête du monde, envahir
des pays souverains pour y installer des
régimes de terreur. Pour moi, c’est le
point de départ du cataclysme de
l’existence au-delà des enjeux
politiques mondiaux qu’avait en son
temps consacré la chute du mur de Berlin
en novembre 1989.
Mais l’enjeu n’est pas là.
Vous conviendrez avec moi, que c’est
d’abord la question de survie
existentielle, la fin du cycle de
domination et le choix des peuples à
s’auto-affirmer qui conditionnent de nos
jours le monde et pratiquement qui
augure des lendemains encore plus
sombres pour les pays dominés s’ils n’y
prennent pas garde.
La science et la recherche d’un
profit hors normes par les oligarchies
mondiales, donc la transformation
exagérée de l’ordre de la nature dans
tout son contexte et l’accumulation des
richesses par une poignée d’individus
dans le monde occidental mais aussi dans
l’ancien « tiers monde », ont favorisé
des conditions optimales de la rareté.
Ce qui a permis non seulement de
continuer à assujettir des peuples
innocents mais à les empêcher de
s’épanouir.
Cette situation a fini par pousser les
peuples innocents marginalisés à se
donner des moyens de mettre en place des
mécanismes stratégiques et d’acquérir
des armements puissants pour se protéger
d’un impérialisme violent et sauvage ;
cas de la Corée du Nord, du Pakistan, de
l’Iran actuellement.
Aujourd’hui la question de la survie est
centrale. D’où le recours, comme ce fut
le cas pendant la première et la seconde
guerre mondiales, mais aussi et surtout
la Guerre froide, à la course aux
armements de dissuasion, de plus en plus
sophistiqués, et qui sont des armes de
destruction massive.
La Chine et la Russie font bloc
aujourd’hui devant le zèle des USA, bref
le bloc atlantiste qui domine les alliés
traditionnels de l’Europe de l’ouest, de
l’Asie et du Pacifique, mais où
aujourd’hui, à la différence de l’époque
soviétique, on peut trouver des pays
phagocytés de l’ex-URSS qui ont rejoint
l’OTAN. Ces nouvelles alliances doivent
inquiéter les partisans de la paix -
comme nous, avec notre ONG - qui
redoutent la destruction de l’humanité,
la fin de notre monde, je veux dire le
monde des humains… bien que cette
possibilité de recours à la guerre
(nucléaire) à grande échelle comme en
1945, n’est pas à l’ordre du jour des
puissances en confrontation, si on en
croit les différents QG militaires de
ces pays.
Mais si jamais le recours à la guerre
atomique devrait être la seule voie
déterminante pour séparer ces puissances
qui naissent et qui ne sont pas loin de
freiner leurs ardeurs de désir de
puissance en se limitant sur l’économie
mondiale, ca sera un très grand
désastre, surtout pour l’Afrique, encore
attentiste.
Economiquement aujourd’hui, les USA
piétinent. Militairement, ils sont
contestés en leur qualité de « gendarme
international », par la Russie
notamment, qui se pose en challenger
vingt-trois ans après la chute de
l’URSS. Le bloc occidental est en train
de voir son pouvoir économique mourir ou
tomber en ruine ainsi que tous ses
instruments de domination économique
[FMI, Banque Mondiale…] qui sont
contestés par les BRICS.
Ce qui ne doit pas être sans
risque. Et c’est pourquoi je le disais,
la fin du cycle de puissance du bloc
occidental est annoncé, mais est-ce
qu’il se laissera faire ? Et déjà les
géopoliticiens et géostratèges US
dressent leurs plans pour empêcher cette
chute et maintenir les USA comme « la
seule superpuissance du XXIe Siècle » …
Tout au long de la dernière décennie du
deuxième millénaire, l’unipolarité du
monde a montré ses dérives. Les USA et
leurs alliés ont détruit l’humanité,
dévalorisé l’Homme dans son éthique
existentielle, conspiré contre des
leaders historiques et légendaires tels
Slobodan Milosevic mort dans sa prison à
la Haye en mars 2006, Saddam Hussein en
Irak pendu par des bourreaux cagoulés en
décembre de la même année… plus
récemment Laurent Gbagbo, président
démocratiquement élu, enlevé de son
domicile et extradé à la Haye comme un
vulgaire bandi, sans compter la mort
cruelle du frère guide Mouammar
Al-Kadhafi, telles sont les pratiques
exécrables qui caractérisent cet
occident américanisé, violent et brutal.
Des pays comme l’Afghanistan ont risqué
d’être effacés complètement. L’Irak est
devenu l’ombre d’un état dévasté, un
cimetière pour l’homme et un paradis
pour les décérébrés désignés à tort ou à
raison par cet occident, comme «
terroristes, jihadistes, combattants de
l’islam », tout ce qu’un public abruti
par les médias de masse occidentaux peut
gober sur ces pays en faillite.
C’est la survie d’une
superpuissance qui est en jeu, devant
une économie moribonde ! Ouvrons les
yeux…
# HNM INT’L : Les BRICS, sinon plus
précisément la Russie et la Chine, sont
ils en mesure de rattraper la dérive
observée avec la déstabilisation du
continent africain et surtout de devenir
sur le plan géostratégique de véritables
boucliers pour les pays africains?
Gilbert Nkamto : Vous parlez bien des
BRICS, ce nouveau pôle économique
constitué par le Brésil, la Russie,
l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Sans être professeur d’économie, on peut
avoir une analyse conséquente de
l’influence avérée que peuvent jouer ces
pays en faveur d’un équilibre mondial.
D’ailleurs le Président russe, Vladimir
Poutine dans une interview qu’il avait
accordée à l’agence ITAR-TASS en mars
2013, disait ceci : « Plusieurs facteurs
de long terme jouent à l’avantage des
pays BRICS. Le Brésil, la Russie,
l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud
sont les leaders de la croissance
économique depuis deux décennies. En
2012, le taux moyen de la croissance du
PIB dans ces pays représentait 4 %. Pour
les pays du G7 ce taux atteint à peine
0,7 %. Le PIB des pays BRICS mesuré
selon la parité du pouvoir d'achat en
monnaies nationales, atteint 27 % et
cette part est en train d’augmenter… ».
Le président Poutine indique très
clairement à travers son analyse comment
la balance est en train de favoriser
cette nouvelle union et ce à quoi le
monde pourrait s’attendre avec le temps,
tout en reconnaissant dans son interview
le chemin encore long à parcourir pour
peser fort dans le monde. Mais il s’agit
bien des BRICS… l’Afrique du Sud ne
représentant pas l’Afrique dans cette
configuration qui se dessine, mais
elle-même, seulement elle-même.
Il faut que l’Afrique se démarque.
Il faut que les Africains
comprennent que les défis mondiaux de
l’heure ne sont pas seulement le monde
occidental dirigé par les USA contre le
monde en voie de développement, je veux
dire les BRICS… les Africains, regroupés
au sein de l’Union africaine, doivent
comprendre que ces blocs combattent pour
préserver leur survie existentielle.
L’Afrique ne doit pas attendre que des
blocs se constituent pour qu’elle vienne
se protéger sous leur parapluie. Elle
doit, elle-même, forger son dynamisme.
Le frère Kadhafi
dès septembre 1999 avait donné le
ton. Il a soutenu lui-même son plan de
manière énergique tant moralement,
physiquement et financièrement jusqu’à y
laisser sa vie.
L’Afrique doit continuer un Bloc
continental et puis tisser des alliances
géopolitiques. Sans doute avec le Bloc
eurasiatique que construit Moscou. Le
fondateur d’EODE, Luc MICHEL, parle d’un
« Axe géopolitique Eurasie-Afrique » …
Vous savez, on a besoin d’un monde
multipolaire où l’Afrique soit un pôle
d’influence eu égard à sa position
géographique stratégique, à ses énormes
richesses, à sa population très jeune et
dynamique. Mais en géopolitique, seuls
les forts comptent et existent.
# HNM INT’L : Si c'est le cas, quelles
sont les conditions à réunir pour voir
prospérer un tel tutorat?
Gilbert Nkamto : Comme je l’ai déjà
expliqué, les conditions s’il y en a,
car pour moi, je ne vois pas pourquoi
l’Afrique devrait toujours être sous
protection ou sous le parapluie de X ou
Y, l’Afrique doit se situer dans une
démarche de « démarcation » par rapport
aux enjeux stratégiques mondiaux du
XXIème siècle… elle doit être elle-même,
elle en a les moyens. L’Afrique a ce
moyen, nous avons ce moyen. Pourquoi
toujours chercher à trouver un prétexte
pour justifier notre protectorat ? Nous
n’avons pas besoin en Afrique de
tutorat. Ce temps est dépassé, il est
révolu et notre génération actuelle veut
que les choses changent. Toutes les
lignes sont tracées pour permettre que
l’Afrique s’insère dans le monde avec sa
touche singulière. Osons ! Et nous
mettrons un terme à ces politiques
malheureuses qui sont orientées sur
notre continent. Débarrassons-nous de
tout ce qui nous empêche de décoller
nous mêmes … engageons une bataille
ouverte contre ces africains qui nous
empêchent de tracer notre propre voie.
Ce n’est pas possible que quatre siècles
après l’esclavage, soixante ans après
nos premières indépendances, nous
restions la risée des autres continents…
la carte des autres puissances… il nous
faut oser… donnons-nous les moyens, nous
les avons !
# HNM INT’L : Quel est le regard que
vous posez sur l'avenir des démocraties
africaines au regard des intrusions
répétées des puissances néo coloniales
parmi lesquelles les USA et la France,
avec la complicité de leurs alliés
locaux dans les affaires intérieures des
pays africains?
Gilbert Nkamto : Je vois les choses de
trois manières : primo comment l’Afrique
est dessinée, secundo la mentalité
africaine après la deuxième guerre
mondiale et enfin, le jeu trouble des
anciennes puissances coloniales et
singulièrement la France.
Jusque vers la fin 2010, chaque africain
soucieux du devenir de l’Afrique était
satisfait de la bonne marche du
continent. On avait perdu cette culture
du coup d’état, cette guerre acharnée
pour le contrôle du sous-sol. Les pays
africains semblaient se mettre enfin sur
la marche de l’histoire et nous
commencions à avoir une lueur d’espoir.
C’était sans compter sur l’exploit des
faucons impérialistes qui ne lésinent
pas sur les moyens pour venir à bout de
nos efforts.
L’Afrique a échoué à se saisir de
l’opportunité pour décoller et à laisser
la situation en Côte d’Ivoire se
détériorer jusqu’à la confiscation du
pouvoir populaire par la France. La même
chose est le spectacle macabre qu’on a
vu en Libye, une situation malheureuse
qui s’est faite avec la bénédiction des
pays africains notamment l’Afrique du
Sud, le Gabon et le Nigeria qui assument
et assumeront seuls le destin tragique
de l’Afrique dès 2011. Ils ont permis
aux puissances étrangères de revenir
s’installer en Afrique au moment où
elles étaient presque toutes boutées à
l’extérieur. Les USA , avec leur AFRICOM
créé par W. Bush en 2007, leurs 34 bases
militaires en Afrique, leur contrôle de
la France suite à sa réintégration
totale dans l’OTAN par Sarkozy,
intervient maintenant directement et
convoque à Washington comme des
sous-préfets les dirigeants africains.
Conséquence, le Mali est partiellement
détruit, le Niger déstabilisé, le
Burkina Faso instable, la République
centrafricaine en déliquescence, et les
pandémies à connotation politique comme
l’Ebola ont refait surface.
Sans oublier la Somalie et la
Libye somalisée.
Nous sommes 54 pays en Afrique
pour une superficie de 30.202.704 km2,
une population estimée à moins d’un
milliard d’âmes. 54 pays formés sous
forme de peau de panthère où chacun
s’abrite pour défendre son intégrité,
pourtant la Chine est à 9.596.961 km2
... Au regard de l’évolution politique,
du modèle de politique générale de ces
deux continents, quelle démocratie est
humaniste ? A-t-on vu les interventions
de pays étrangers dans les affaires de
la Chine ?
Il est clair que si l’Afrique ne
décolle pas, c’est tout simplement parce
que, parmi nous africains, certains ont
décidé de se conjurer avec l’ennemi.
Il y a, si nous devons tenir
compte du contexte géographique créé, né
de la configuration du continent
africain après le Congrès de Berlin de
1885, on peut se dire qu’il y a quelques
exceptions en Afrique qui se démarquent
démocratiquement. En Afrique
francophone, on peut saluer le jeu
démocratique au Sénégal… beaucoup reste
à faire dans les pays de l’Espace
francophone pour que la démocratie soit
réellement au service du peuple, pour le
peuple. Les pays africains d’expression
anglaise ont longtemps pris de l’avance
sur le plan démocratique, l’alternance
au pouvoir et la valorisation du rôle de
l’opposition… on peut voir ce qui s’est
passé au Kenya par exemple mais aussi en
Afrique du Sud.
Tant que les Africains joueront
le jeu des anciennes puissances
coloniales et des USA, nouvelle
puissance néocoloniale en Afrique, elles
resteront des traînées de l’histoire.
Les Etats africains ont pour obligation
de s’unir, de personnaliser leur propre
démocratie qui n’a rien à voir avec les
modèles importés.
# HNM INT’L : Quelles sont les chances
pour les pays africains de l'Espace
francophone de se débarrasser du joug
français et comment qualifiez-vous cette
situation au regard des besoins de
liberté des peuples concernés?
Gilbert Nkamto : La condition sine qua
none c’est de se libérer économiquement
de l’emprise française sans chercher à
s’appuyer sur aucune autre puissance
occidentale.
Se libérer économiquement
suppose, mettre en place une monnaie
commune et se débarrasser du FCFA (franc
des colonies françaises d’Afrique),
avoir une Union douanière commune, un
plan d’industrialisation commun, une
politique économique continentale
unifiée et portée par une seule voix, et
enfin assumer l’Afrique. REFUSER toute
aide étrangère à l’Union africaine.
La France elle-même aujourd’hui est sa
propre ombre. Elle n’est qu’une pseudo
puissance falsifiée, les rêves résiduels
de jadis, car depuis que de nombreux
pays africains de l’Espace francophone
se sont passés à majorité « des œuvres
bienfaisantes de la Grande France » et
ont refusé de placer en retour les
richesses de leur pays pour continuer à
perfuser l’économie française, la France
se meurt petit à petit sous nos yeux.
Elle a surtout perdu tout leadership
politique dans l’EU au profit de
l’Allemagne. Et s’est vassalisée
diplomatiquement et militairement aux
USA en réintégrant l’OTAN, y compris en
Afrique, détruisant la grande politique
du général de Gaulle dans le monde. Les
africains ne s’en rendent pas compte
parce que de Gaulle, anti-impérialiste
dans le reste du monde, a été
néocolonialiste dans le pré carré
français, instrumentalisant la néfaste
Françafrique …
J’encourage les pays africains dont les
peuples ont décidé d’oser contre la
volonté coloniale ; je rends ici hommage
à la Guinée Equatoriale contre
l’Espagne, le Cameroun contre la France,
le Zimbabwe contre le Royaume Uni… pour
ne citer que ces quelques exemples.
J’encourage davantage les autres peuples
à suivre les pas de ces pays, à les
prendre pour exemple et à mettre hors
d’état de nuire les velléités
néocoloniales de la France.
Si la France veut venir à nous
avec les bonnes intentions d’un
partenaire historique, nous allons
oublier tout le tort qu’elle nous a
causé pour la prendre en partenaire
égal, en pays ami. Mais si elle vient à
nous avec son orgueil, son désir d’une
puissance qu’elle n’a pas su faire en
Asie, boutée dehors en Syrie, au Liban,
en Indochine, en Algérie, au Maroc par
ses peuples, elle trouvera sur nos
chemins des résistances. Le problème
s’est compliqué avec le fait que sous
Sarkozy et Hollande c’est maintenant
Washington qui décide souvent pour
Paris, en lieu et place.
# HNM INT’L : Pouvez-vous nous faire
l'inventaire des modèles politiques qui
seraient susceptibles de garantir le
progrès des pays africains et quels sont
les forces à mettre en mouvement pour y
parvenir à votre avis?
Gilbert Nkamto : Soyez sur que je ne
vais pas ressasser des modèles
politiques à même de garantir le progrès
de l’Afrique. Cela serait nier moi-même
mes propres convictions. Les seuls
modèles politiques qui peuvent et
doivent garantir le progrès des pays
africains c’est sans nulle doute ceux
qu’avait en son temps traité l’Osagyefo
Dr. Kwame N’krumah : le panafricanisme.
L’Afrique pour les Africains. Et aussi
la Jamahirya de Kadhafi, sa démocratie
directe, sa géopolitique continentale.
Les progressistes africains de 1963 sont
morts pour cette cause. Lumumba est mort
assassiné comme un fauve. Sékou Touré,
Sankara, Kadhafi de la même façon, même
si pas de la même manière mais avec
presque des méthodes similaires. Nous
devons retourner sur le chemin de nos
leaders historiques et légendaires pour
donner vie au dernier plan du
développement de l’Afrique tel qu’il a
été dessiné dès 1999 à Syrte en Libye,
mais également mettre en marche le plan
africain de 2010, donc la monnaie unique
africaine à travers la mise en place du
Fonds monétaire africain (FMA) à Yaoundé
au Cameroun,
la Banque centrale africaine
(BCA) à Abuja au Nigeria, et déplacer la
Banque africaine d’investissement qui
devait être à Syrte pour un autre pays
du continent.
C’est le premier plan du progrès
de l’Afrique. Cette souveraineté
monétaire nous permettra d’agencer
d’autres politiques de développement
autonome.
# HNM INT’L : Un message de fin à
l'adresse de tous ces africains qui
rêvent davantage de justice et de
liberté ?
Gilbert Nkamto : Je vois l’avenir avec
tristesse, mais surtout pour notre
continent. L’Union africaine est
redevenue la défunte OUA (Organisation
de l’unité africaine) ou son clone, une
association folklorique de chefs d’états
africains qui se réunissent par moments
pour des dîners de gala et autres agapes
chic. Au moins s’ils se réunissaient
tout seuls, j’aurai un peu d’espoir que
quelque chose changerait.
A chaque fois qu’ils se réunissent pour
débattre de l’avenir de l’Afrique, on
voit des prédateurs présents dans les
salles les plus confidentielles de notre
continent. D’autres viennent même nous
insulter sur notre propre tribune, et
ils applaudissent. Que diriez-vous !? Où
quelqu’un comme Robert Mugabe est assis,
on trouve à côté un traître meurtrier
comme Alassane Ouattara. Quel résultat
attendriez-vous au sortir de telles
assises africaines ?
Vous parlez de justice et de
liberté… quelle justice ? Quelle liberté
? Nous sommes loin de rêver. Le rêve est
tombé dès 2011 lorsque nous avons
accepté que des bombes coloniales
s’abattent sur l’Afrique pour la
première fois tuant plus de 70.000 âmes
sur le sol libyen de notre continent qui
nous est cher. Que nous acceptions qu’on
s’empare d’un de nos présidents, dans sa
chambre présidentielle, humilié, sa
femme et lui, en « mondiovision » ?
Qu’on s’attende après à un avenir
radieux… au moment où les armées
coloniales sont à côté de nous en RCA
prêts à nous bombarder parce que nous
refusons de céder nos biens matériels et
naturels à nos bourreaux de tous les
temps…
Je compte sur l’audace africaine. Le
sursaut d’orgueil de ceux qui ont en
mémoire l’histoire des progressistes
africains, des nationalistes africains à
l’instar de Oum Nyobè du Cameroun… c’est
cette audace qui doit déterminer notre
futur.
Je vous remercie pour tout le temps que
vous m’avez accordé pour apporter ma
part de contribution aux questions qui
taraudent l’esprit des peuples africains
englués dans ce nouvel environnement
peu propice au décollage de
l’Afrique.
Comme j’aime bien à le dire, la pensée
est synonyme de l’action. Refuser de
penser, de consacrer son énergie
cérébrale pour participer à la marche du
monde, c’est faire abstraction de soi au
monde, être un sujet historique, c’est
exister… Nous devons poser des actes
d’information et d’éducation de nos
masses, et c’est ce que vous faites
déjà. Cette quête d’idées, qui associe
nos pensées injectera de l’adrénaline
aux peuples africains pour se poser en
défenseurs de leur histoire et leur
patrimoine. C’est ce que vous faites
déjà… et nous sommes ensemble.
La place et le temps me manquent pour
aborder les analyses géopolitiques du
contexte dont nous parlons ; par exemple
les rapports de sujétion au sein du bloc
impérialiste occidental et la façon dont
Washington domine l’UE et la France. Ou
encore le grand concept géopolitique
inventé par le géopoliticien Luc Michel,
le fondateur d’EODE, qui est
aussi un panafricaniste bien connu (à la
Joe Slovo ou à la Gaston Donna), et qui
parle de « l’alternative du futur » avec
son « axe géopolitique Eurasie-Afrique »
centré sur Moscou et Malabo, une
perspective pour 2.050. Moi je suis
resté dans les peurs et les espoirs
immédiats des africains, ceux de la
terrible décennie 2004-2014 …
(*) Gilbert NKAMTO est éditorialiste,
panafricaniste convaincu et leader
d’organisations :
- Co-fondateur et Administrateur Zone
Africa de l’ONG EODE, Observatoire
eurasien pour la démocratie et les
élections, Yaoundé
- Correspond du CEREDD, Bruxelles
- Secrétaire général du Conseil
panafricain du MDPR, Tripoli
- Co-fondateur du réseau SJA, Synergie
Jeunesse Afrique, Mali
- Co-initiateur de la Charte africaine
de la jeunesse, SJA-UA
- Co-fondateur du réseau RAPAD-CEMAC,
Réseau des Partenaires d’Action au
Développement de la Zone Cemac, Tchad
- Représentant Afrique du Forum Mondial
pour la Démocratie Directe, Venezuela
HNM / EODE Press Office /
www.eode.org
https://vimeo.com/eodetv/
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