Entretien avec Jacob Cohen
Les sayanim : des
citoyens ordinaires qui collaborent avec
le Mossad par « patriotisme »
Silvia Cattori
Mercredi 18 avril
2012
Dans
l’entretien accordé à Silvia Cattori, M.
Jacob Cohen revient sur l’ouvrage «
Le
printemps des sayanim
», que tout citoyen qui s’intéresse aux
affaires de son pays devrait lire. Il
s’agit de l’activité de renseignement,
de désinformation et de propagande de la
part de citoyens de confession juive, au
service d’un État tiers, Israël. Nos
autorités peuvent-elles continuer
d’ignorer cette activité et son impact
crucial sur la politique et l’opinion
publique dans nos pays ?
Silvia Cattori :
C’est avec intérêt et
beaucoup de plaisir que j’ai lu Le
printemps des Sayanim [1].
Raconter par le biais du roman ce qui
est véridique, est-ce pour vous une
manière de prendre de la distance ?
Jacob Cohen :
J’ai conscience de certaines réalités et
de certaines manipulations ; je ressens
le besoin de les faire passer, de
démystifier certaines choses. Et je
raconte mieux dans la forme romanesque.
Les personnages sont mieux campés.
Silvia Cattori :
Fondé sur des faits et
des personnages réels, ponctué
d’évènements qui ont marqué l’actualité
durant plusieurs décennies et que la
désinformation a travestis, votre
ouvrage en dévoile les coulisses.
N’est-ce pas une mise à nu de ce que les
divers pouvoirs nous cachent ?
Jacob Cohen :
Tout à fait. J’ai l’opportunité de
suivre l’actualité dans les médias
favorables à Israël, et je cherche à en
donner les clés. On connaît par exemple
l’émission « Rire contre
le racisme » [2]
lancée par l’UEJF (Union
des étudiants juifs de France) et
ses complices de SOS
Racisme [3].
Une initiative a priori sympathique,
sauf qu’elle a été montée pour contrer
les sorties humoristiques de Dieudonné [4].
Le message sous-jacent et qui passait
dans les médias judéo-sionistes était :
« On peut rigoler sans
revenir aux questions compliquées de
l’occupation et la colonisation
israéliennes ».
Silvia Cattori :
Vous mettez en
perspective des évènements que tout un
chacun peut avoir effleurés sans en
avoir peut-être saisi toutes les
facettes. À commencer par les manœuvres
de ceux qui s’attachent à montrer
l’occupant israélien sous un angle
favorable ?
Jacob Cohen :
Oui, tout à fait. Une partie de mon
travail consiste à aller chercher des
informations sur les sites
judéo-sionistes. Pour comprendre comment
ils présentent les choses et les font
avancer. C’est ainsi que j’arrive à
mettre en lumière les intentions
véritables des acteurs politiques.
Silvia Cattori :
Au travers de Youssef,
un personnage fort attachant, on suit
l’action de gens facilement
reconnaissables, comme BHL que vous
appelez MST. On croit comprendre que
Youssef, arabe d’origine marocaine,
c’est vous ? Incarne-t-il à vos yeux
l’insoumission de l’Arabe colonisé face
au mépris du dominant israélien ?
Jacob Cohen :
Oui, c’est la trajectoire qui a été un
peu la mienne au sein du Grand Orient.
Youssef se bat contre la loge
judéo-sioniste qui bénéficie de la
complaisance des dirigeants de
l’Obédience. Il y a toujours eu dans
toute société, surtout en conflit, des
francs tireurs, je n’ose pas dire des
justiciers. Des gens qui résistent, il y
en a en Israël, il y en a partout, dans
tous les milieux ; chacun à sa manière
essaie de se battre contre l’injustice
ou contre l’imposition d’une idéologie
dominante.
Silvia Cattori :
Trois mots reviennent
fréquemment dans votre roman :
sayanim, paix,
et antisémitisme.
C’est autour des sayanim que se déroule
toute l’intrigue. Au travers de
personnages connus, faciles à
identifier, vous nous rendez attentifs
au fait qu’il y a parmi nous des gens
insoupçonnés qui collaborent avec le
Mossad. Et que le fait qu’ils
travaillent pour un pays étranger est
accepté. Pourquoi est-il important pour
vous de les exposer ?
Jacob Cohen :
Lorsqu’on combat l’idéologie sioniste et
ses forfaits, il est important de mettre
en lumière la façon dont ils agissent.
D’abord pour comprendre, et ensuite pour
pouvoir les contrer, ne pas se laisser
abuser par leur propagande.
Silvia Cattori :
L’existence des sayanim
était pratiquement inconnue avant la
parution de votre ouvrage. N’êtes-vous
pas le premier auteur français à donner
corps à une réalité méconnue faisant
ainsi entrer ce terme dans le
vocabulaire ?
Jacob Cohen :
Quand j’ai lu des livres sur le Mossad
et que j’ai découvert l’existence des
sayanim, je tombais des nues. Ce qui est
extraordinaire - et je l’ai dit ailleurs
- c’est qu’en France il y a probablement
quelques milliers de sayanim et ce mot
n’a jamais été prononcé. Quand j’ai
découvert cette réalité, j’ai voulu lui
donner une certaine épaisseur. J’ai tenu
à le mettre en titre. Je pense que j’ai
été le premier à utiliser ce mot en
France. Alors que, dans les pays
anglo-saxons, c’est un terme qui est
assez courant. Je suis assez content
aujourd’hui parce que le mot sayanim est
presque entré dans le langage courant
sur le web. Il y a beaucoup de gens qui
utilisent maintenant ce terme de sayanim
comme un nom commun.
Silvia Cattori :
Un sayan est-il pour
autant un agent du Mossad ?
Jacob Cohen :
Non pas du tout. Les sayanim ne sont pas
des agents du Mossad. Ce sont des gens
qui ont leur vie normale. Ils sont
écrivains, journalistes, directeurs d’hotel
ou d’une agence immobilière, etc. Les
agents du Mossad peuvent avoir un jour
besoin d’un coup de main, que ce soit
pour espionner, ou pour orchestrer une
manipulation médiatique, par exemple la
campagne autour de Gilad Shalit, une
merveille en termes de propagande.
Silvia Cattori :
Sont-ils devenus des
informateurs, des espions au service du
Mossad à leur insu ? Ou savent-ils qui
sont réellement ceux qui leurs demandent
des services ?
Jacob Cohen : Ils collaborent
volontairement avec le Mossad. En
général, ils appartiennent à des
organisations judéo-sionistes totalement
dévouées à Israël, comme le
Bnaï Brit, une
espèce de franc-maçonnerie
internationale juive qui compte 500 000
membres dans le monde. Ils sont plutôt
fiers d’apporter leur contribution.
Silvia Cattori :
Comment agissent-ils
concrètement ?
Jacob Cohen :
Prenons le cas de Gilad Shalit. Comment
se fait-il qu’un caporal d’une armée
d’occupation, enlevé par le Hamas, dont
le père est un petit fonctionnaire sans
moyens, comment se fait-il que du jour
au lendemain il devient une personnalité
internationale ? Comment se fait-il que
ce père soit invité à plusieurs reprises
par Sarkozy, par Obama, par le Pape, par
le secrétaire général de l’ONU, par
Merkel ? Cela est le travail des sayanim.
C’est le réseau des sayanim qui organise
tout cela. Voilà un exemple qui montre à
quoi peuvent servir les sayanim.
Silvia Cattori :
En quoi le mot paix
prête-t-il à discussion selon vous ?
Israël n’est-il pas intéressé par la
paix ?
Jacob Cohen :
Les Israéliens sont très forts quand il
s’agit du mot paix. Pour ceux qui ne
connaissent pas la mentalité
israélienne. Quand je vais en Israël je
lis les journaux, je connais un peu
l’hébreu, je discute. La musique
israélienne par exemple ; on chante
toujours la paix, quand la paix sera
là…on fait vivre les gens dans
l’illusion de la paix. C’est une manière
de faire croire aux gens qu’on est dans
la recherche de la paix : si seulement
on avait un partenaire, fiable, sérieux,
si seulement on pouvait faire confiance.
Le mot paix fait partie intégrante du
vocabulaire sioniste de manière
obsessionnelle. Mais c’est totalement
illusoire.
Silvia Cattori :
En quoi la promesse d’un
État palestinien est-elle suspecte à vos
yeux ?
Jacob Cohen :
C’est un slogan creux. Tout le monde
parle d’un État palestinien. Même
Georges W. Bush avait déclaré qu’il y
aurait un État palestinien avant 2005.
Puis avant 2008. C’est tout un
vocabulaire qui sert à faire croire que
l’objectif est à portée de main, alors
qu’il n’en est rien, car la colonisation
se poursuit et la Palestine se réduit à
vue d’œil.
Silvia Cattori :
Ne faites-vous pas
partie d’associations de défense des
droits des Palestiniens, qui pourtant y
croient ?
Jacob Cohen :
La seule association dont je suis membre
est l’UJFP (Union
Juive Française pour la paix). Je
pense que de nombreux militants, à
l’UJFP ou ailleurs, croient de moins en
moins à la perspective d’un État
palestinien. Personnellement, je pense
que la solution qui s’imposera, avec
violence certainement, sera un État
unique.
Silvia Cattori :
L’UJFP parlons-en ! À
notre connaissance ses responsables
n’ont aucun scrupule à se servir de
l’anathème de l’antisémitisme de manière
à exclure des gens tout à fait
honorables ! Ils sont à l’origine de la
campagne menée aujourd’hui contre le
jazzman Gilad Atzmon [5]
suite à la publication de son livre
« The Wandering Who ? ».
Comment réagissez-vous à cela ?
Jacob Cohen :
Je ne connais Atzmon que depuis très
peu. Son éditeur m’a envoyé son livre
que j’ai apprécié. J’en ai même écrit
une recension élogieuse. Bien que je me
sente visé par sa critique des «
juifs antisionistes qui
restent juifs ». J’ai été surpris
par la violence des débats. Je regrette
beaucoup ces accusations
d’antisémitisme. D’autant qu’elles sont
généralement l’œuvre des judéo-sionistes
qui veulent empêcher ainsi toute
critique d’Israël. C’est ce qui est
arrivé à Günter Grass, prix Nobel de
littérature : on le traite d’antisémite.
Je trouve cela lamentable. Cela dit, je
ne suis pas responsable des positions de
l’UJFP en tant que telle.
Silvia Cattori :
Votre roman traduit très
bien le climat d’intimidation et de
suspicion que fait régner cet anathème
de l’antisémitisme. D’une manière
différente, ne dites-vous pas un peu la
même chose qu’Atzmon ? Lui, s’appuie sur
des concepts ; vous sur ce que vous
observez au jour le jour. Ne mettez-vous
pas en question un certain comportement
identitaire et son impact sur la scène
politique ?
Jacob Cohen :
Je me différencie en cela des positions
d’Atzmon. J’ai une identité juive qui
est le produit de plusieurs éléments
historiques, culturels, liturgiques,
traditionalistes, et je ne tiens pas à
m’en défaire sans raison.
Silvia Cattori :
Votre personnage exprime
la crainte d’être accusé d’antisémitisme
et déplore la difficulté qu’il a à dire
ce qu’il pense. L’usage de cette
accusation n’est-elle pas une
escroquerie ?
Jacob Cohen :
Ah, tout à fait. Les Israéliens, les
sionistes, les organisations
judéo-sionistes de par le monde ont
trouvé cette parade. J’ai trouvé dans le
livre d’Israël Shahak [6]
que, en 1973 déjà, un journal
britannique a été accusé d’être
antisémite parce qu’il critiquait
l’occupation israélienne. Ils ont trouvé
un argument extraordinaire. Une
excellente méthode pour contrer les
critiques et leur imposer le silence.
Cette accusation a marché longtemps mais
elle fait de moins en moins peur.
D’ailleurs les Israéliens - ou les
judéo-sionistes comme j’aime les appeler
- utilisent moins l’accusation
d’antisémitisme. Ce sont des
exagérations qui finissent par devenir
inopérantes. Ils ont trouvé une autre
parade : ils parlent de «
délégitimation »
d’Israël. Ils disent : ils veulent
délégitimer Israël, dire qu’Israël n’a
pas le droit d’exister, délégitimer
l’État. C’est une autre façon de
dissuader les critiques. Pascal Boniface
a écrit un livre : Est-il permis de
critiquer Israël ? De plus en plus de
personnalités disent : cela suffit ces
amalgames.
Silvia Cattori :
Youssef, le protagoniste
de votre livre, porte un regard sévère
sur ces manifestations qui ont pour but
d’établir une symétrie entre
l’oppresseur et l’occupé. L’intrigue qui
se noue autour d’un match de football
est éclairante. Est-elle réelle ?
Jacob Cohen :
L’histoire du match de football est tout
à fait vraie. J’ai suivi comment les
médias en avaient parlé. J’ai imaginé ce
qui s’était dit dans le bureau du chef
des sayanim, les raisons véritables pour
lesquelles on avait monté cette
opération de propagande. Il faut donner
l’illusion qu’on fait des choses pour
faciliter la compréhension entre les
peuples. Seulement pendant ce temps-là,
la colonisation se poursuit
implacablement.
Silvia Cattori :
Mme Leila Shahid [7]
était-elle sur le lieu du match ?
Jacob Cohen :
J’ai imaginé qu’elle devait être là. Si
elle n’était pas à ce match elle a dû
participer à d’autres manifestations de
ce genre. C’est la liberté du romancier.
Je surfe sur la réalité. L’essentiel est
de créer l’atmosphère. Leila Shahid
comme Dalil Boubaker, etc…on les met
dans des situations très difficiles. Ils
sont obligés de participer à ce genre de
manifestations soi-disant «
de paix » ; s’ils ne
le faisaient pas on leur dirait : vous
êtes contre la paix.
Silvia Cattori :
Vous êtes indulgent à
leur égard. Leila Shahid, par exemple,
ne se plie-t-elle pas aux désidératas
contre nature d’autorités qui, à
Ramallah comme à Paris, collaborent avec
l’occupant israélien ?
Jacob Cohen :
Laïla Soudry, [Leila Shahid] dans mon
roman, s’interroge beaucoup sur sa
fonction et sur le rôle qu’on lui fait
jouer. Rappelez-vous la scène pendant
les hymnes. Ceci dit, de manière
générale, dans mes articles, je suis
très critique vis-à-vis des « Kollabos »
comme je les appelle. Je viens de
publier une chronique dans mon blog [8]
sur la visite de Salam Fayyad à Benyamin
Netanyahou et intitulée :
« Le vassal palestinien
rencontre son maître et saigneur
sioniste ».
Silvia Cattori :
Les Palestiniens qui
de facto collaborent
avec l’occupant israélien sont très
courtisés en France, et pas uniquement
par les sayanim…
Jacob Cohen :
Tout à fait. Dalil Boubaker, et plus
récemment l’imam de Drancy Shalgoumi,
sont devenus les chouchous du CRIF et du
pouvoir sarkozyste. Malheureusement, il
se trouve toujours ce genre de collabos
qui trahissent les aspirations des
peuples qu’ils sont censés représenter.
Silvia Cattori :
Face à l’action de ces
sayanim selon vous actifs partout dans
le monde, les Palestiniens ne sont-ils
pas condamnés à échouer ?
Jacob Cohen :
Je ne crois pas. Aujourd’hui, ils ont
l’air de n’avoir aucune chance, c’est ce
qui pousse les Israéliens à être
intransigeants et à se croire
intouchables. Mais le rapport de force
est en train de s’inverser. Il n’y a pas
longtemps, ils étaient célébrés comme la
« seule démocratie du
Moyen-Orient ». Souvenez-vous de
cette période où les Européens allaient
dans les kibboutzim. En 1967, alors
qu’Israël venait de conquérir des
nouveaux territoires palestiniens et le
Golan, toute la gauche française est
sortie dans la rue pour célébrer Israël.
Ce renversement commence à porter ses
fruits. Israël devient de plus en plus
le paria. Le colonialisme et l’apartheid
façonnent désormais l’image d’Israël.
L’aventure sioniste aura une fin.
D’autant plus que les Israéliens sont
tellement sûrs d’eux-mêmes qu’ils
rejettent toutes solutions qui
pourraient leur permettre de trouver
leur place dans la paix. Ils veulent une
paix où ils seraient les maîtres
absolus.
Silvia Cattori :
L’opinion est une chose,
la classe politique en est une autre…
Quand le Général De Gaulle [9]
avait désigné ce « peuple d’élite,
sûr de lui-même et dominateur »
cela avait fait
scandale. Ne pensez-vous pas
qu’aujourd’hui encore tout homme
politique qui dirait cela risquerait sa
carrière ?
Jacob Cohen :
Je ne suis pas d’accord. Les choses
évoluent là aussi. Je suis l’actualité
au jour le jour. Une délégation
parlementaire française a fait une étude
sur l’accaparement de l’eau en
Cisjordanie par les autorités
occupantes. Le rapporteur a intitulé son
rapport « L’apartheid
d’Israël ». Une chose inimaginable
il y a peu. La sensibilisation a évolué.
Il y a une réalité que les hommes
politiques ne peuvent plus ignorer
indéfiniment.
Silvia Cattori :
Il demeure que les
médias ont ignoré votre livre. N’est-ce
pas la preuve que vous touchez à un
tabou [10]
?
Jacob Cohen :
Il y a eu un mur de silence autour de
mon livre. Assez compréhensible
s’agissant des médias traditionnels.
Mais très peu d’associations
progressistes et pro-palestiniennes se
sont mobilisées pour le livre. J’étais
assez surpris et pas mal déçu.
Silvia Cattori :
Votre description de SOS
Racisme est très forte. Vous montrez
comment ses dirigeants se livrent à des
compromissions contre nature avec un
groupe marqué par l’idéologie raciste :
l’UEJF (Union des étudiants juifs de
France). Et avec quelle facilité ce
groupe peut les acheter et les
instrumentaliser et les conduire à
servir les intérêts d’Israël…
Jacob Cohen :
SOS Racisme est un
cas particulier, quasiment une
caricature d’une organisation à majorité
arabe et musulmane, créée, financée,
contrôlée, manipulée, par les sionistes,
c’est-à-dire par l’UEJF.
Je ne comprends pas que ceux qui forment
sa base, et qui sont en général des
étudiants ou des cadres, ne réalisent
pas les manipulations dont ils sont
l’objet. SOS Racisme
n’a jamais dit un mot sur l’occupation
sioniste. Vous trouverez son nom
toujours accolé à celui de l’UEJF.
Ils marchent main dans la main pour la
gloire d’Israël.
Silvia Cattori :
Vous venez de publier un
nouveau roman « Dieu ne repasse pas
à Bethléem ». Il traite
également de l’actualité au
Proche-Orient [11].
Consacrez-vous tout votre temps à
l’écriture ?
Jacob Cohen :
Je consacre 3 à 4 heures par jour à
l’écriture romanesque. Et puis il y a
l’engagement politique, principalement
sur le web.
Silvia Cattori :
« Dieu ne repasse pas à Bethléem »,
tout comme le Printemps des Sayanim, «
semble être davantage un récit, tissé de
votre vécu, de vos expériences. Le
Moyen-Orient est-il un sujet qui vous
préoccupe particulièrement ?
Jacob Cohen :
« Dieu ne repasse pas à
Bethléem » est l’épopée romancée de
Valérie Hoffenberg, présidente de
l’American Jewish Committee France, élue
de l’UMP et sioniste de choc, nommée par
Sarkozy en 2009 «
représentante spéciale de la France au
Proche-Orient ». Cette Dame a créé
la zone industrielle de Bethléem pour
soi-disant favoriser le rapprochement
israélo-palestinien et contribuer à
créer les conditions de paix. Comme je
l’ai dit précédemment, c’est le type
d’arnaque politique et médiatique pour
donner l’illusion d’une marche vers la
paix. En réalité, c’est un écran de
fumée qui permet à l’occupant sioniste
de resserrer son étreinte sur la
Cisjordanie en toute impunité.
Le Moyen-Orient me
préoccupe particulièrement parce que
toute ma famille et une grande partie de
ma Communauté marocaines ont été
déracinées et implantées sur une terre
étrangère et inhospitalière, soumises au
racisme ashkénaze et entraînées dans des
guerres qui ne les concernaient pas.
Silvia Cattori :
Je vous remercie.
[1]
Jacob Cohen, écrivain franco-marocain, a
publié 5 romans. Né en 1944 dans le
Mellah de Meknès, il obtient une licence
en Droit à la Faculté de Casablanca.
Ensuite ; fait Sciences-Po à Paris,
émigre à Montréal et à Berlin. De retour
au Maroc en 1978 il devient
maître-assistant à la Faculté de
Casablanca jusqu’en 1987. Il vit depuis
à Paris
Le printemps des
Sayanim.
Editions L’Harmattan,
2010.
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp
?navig=catalogue&obj=livre&no=30951
Les «
sayanim » –informateurs en hébreu-
ce sont quelques dizaines de milliers de
gens ordinaires qui obéissent «
au doigt et à l’œil au
Mossad », partout où ils résident,
et se transforment en espions
potentiels. Les ambassades et autres
institutions israéliennes peuvent
compter sur cette armada d’informateurs
que sont les « sayanim
» pour faciliter les activités secrètes
de leurs agents secrets à travers le
monde.
Le 12 mars 2012 lors
d’une séance de dédicace de son livre,
Jacob Cohen a été agressé par un groupe
de sept à huit membres de la Ligue de
Défense Juive. « Ils se
sont précipitées sur moi et ont commencé
à casser des œufs sur ma tête, à
m’asperger de farine. En partant ils ont
hurlé kapo, collabo on reviendra à
chaque fois que vous organisez quelque
chose. Depuis un an je reçois des
insultes sur internet et sur Facebook…
Je me disais qu’un jour ou l’autre ils
allaient faire quelque chose. Il leur
est insupportable qu’il y ait un juif
qui dit ce que je dis et qui commence à
être connu. Je m’attendais plutôt à ce
qu’ils me décrivent comme antisémite, à
un procès, car ils s’en servent pour
intimider et dissuader » nous
confiait M. Cohen peu après cette lâche
agression.
[2]
« Rire contre le racisme
» créée en 2004 en partenariat par
l’UEJF et
SOS Racisme s’est
transformée en 2009 en
«
Rire Ensemble. »
[3]
Association française créée en 1984 par
l’ultra sioniste Julien Dray ; la lutte
« contre le racisme et l’antisémitisme »
n’était, pour Dray et ses amis, qu’une
manière de main mise sur les militants à
des fins d’instrumentalisation
politique. A la fin des années 1990, la
réputation d’Israël se trouvant de plus
en plus écornée par les images de
soldats tirant à balles réelles sur des
enfants qui se soulevaient en lançant
des pierres, SOS Racisme
véhiculait le même discours que ces
officines sionistes qui avaient pour
vocation de détourner les gens concernés
par les crimes d’Israël sur une
prétendue « résurgence
d’un nouvel antisémitisme ». Dotée
d’environ un million d’euros par an,
SOS Racisme compte
quelque 20’000 membres en France.
[4]
Dieudonné, qui était en 2003 qualifié de
plus grand humoriste français, a été
accusé d’antisémitisme, banni du jour au
lendemain des médias, poursuivi par des
bandes extrémistes juives, interdit de
salles, pour avoir simplement lors d’un
sketch imité un colon israélien.
[5]
Voir la lettre publiée le 26 octobre
2011 par Pierre Stambul au nom du bureau
national de l’UJFP :
http://la-feuille-de-chou.fr/archives/27698
[6]
Israël Shahak.
Le racisme de
l’État d’Israël.
[7]
Déléguée générale de l’Autorité
palestinienne en France de 1994 à 2005.
Puis auprès de l’Union européenne.
[8]
Blog de Jacob Cohen :
http://jacobdemeknes.blogspot.com/
[9]
Le Général De Gaulle dans une conférence
de presse en novembre 1967. Il marquait
sa désapprobation envers Israël d’avoir
lancé la guerre des six jours.
http://www.ina.fr/fresques/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00139/conference-de-presse-du-27-novembre-1967.html
?video=Gaulle00139
Raymond Aron accusera de Gaulle
«
d’avoir réhabilité l’antisémitisme ».
[10]
En France, seuls de rares sites (Info
palestine, Comité Valmy, Palestine
solidarité, Le Grand soir, Michel Collon,
Le libre penseur…) lui ont fait
écho.
[11]
« Dieu ne repasse pas à
Bethléem », [publié au Maroc en mars
2012 aux éditions Kalimate], parle de
« cette complicité
odieuse, entre une Europe lâche et
pusillanime, et un Israël au sommet de
sa puissance, arrogant et intransigeant,
et qui se voit le maître incontesté de
toute la région pour l’éternité ».
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