Editorial
L'humanisme et la démographie !
CPI
Photo:
D.R.
Samedi 12 septembre 2015
Paris – CPI
En file indienne, les immigrés
quittant leurs pays en masse s’étend
jusqu’à l’horizon. Ils marchent, l’air
fatigué, sans rien pour bagage, sinon un
petit enfant dans les bras de ses
parents. Mais dès qu’on peut avancer un
pied devant un autre, l’enfant doit
marcher, on ne peut pas le porter durant
tous ces longs trajets. Ils ont beaucoup
de trajets à faire, entre leur pays
d’origine et le premier pays voisin. Et
puis entre ce dernier et celui de la
destination, en l’occurrence
l’Allemagne, ils doivent traverser
plusieurs autres contrées. La route est
longue et tortueuse.
Plusieurs pays d’Europe accueillent
très mal ces réfugiés. Ils n’ont pas
besoin de nouvelles bouches à nourrir ;
ils en ont déjà trop. Ils n’ont pas
besoin de nouvelles mains-d’œuvre, ils
en ont déjà trop. Ils n’ont pas besoin
de s’occuper d’autres personnes ; ils
veulent que les autres s’occupent d’eux.
Mais ce n’est pas le cas de l’Allemagne.
En effet, pour le seul week-end
dernier, l’Allemagne a reçu quelque
vingt mille nouveaux refugiés, la
plupart syriens. Soudain, ce pays
européen, connu pour sa forte
rationalité, est devenu humanitaire et
voudrait aider tous les malheureux du
monde. Cela laisse beaucoup de questions
en suspens. L’Allemagne est le même pays
qui vient à peine de se laver les mains
d’une guerre financière contre un
« frère », un autre membre de l’Union
Européenne : la Grèce. Ce n’est qu’au
dernier moment que la chancelière
allemande Angela Merkel, que tous les
médias mondiaux représentent comme la
salvatrice de l’humanité, a accepté
d’aider la Grèce, au bord d’une faillite
évidente, en imposant à son peuple des
conditions, le moins qu’on puisse dire
inhumaines, des conditions drastiques
dont la couche faible de la société
grecque souffrira la première.
Merkel a formidablement réussi à
donner une excellente image de son pays
au monde entier. Elle a pu bien cacher
la raison, la vraie, de tout cet
humanisme qui vient de tomber sur elle.
Tout le monde dit « chapeau » aux
Allemands pour leur humanisme. Tout le
monde a oublié combien la société
allemande est vieillissante, combien le
pays a besoin de mains-d’œuvre, d’un
million et demi d’ouvriers afin de
garder son niveau économique.
On a oublié que l’Allemagne est un
des très rares pays dont le nombre
d’habitants baisse et pourra baisser
encore et encore. En 2013, son nombre
d’habitants était d’un peu plus de 80
millions de personnes. En 2020, ce
nombre pourrait descendre à moins de 68
millions, estiment des experts.
Remarquons que depuis une dizaine
d’années, il existe une différence
négative entre le nombre de nouveau-nés
et le nombre de travailleurs qui
quittent la vie active. Depuis quelques
années, les statistiques parlent de 800
mille nouveaux enfants qui gagnent les
écoles, annuellement, contre 850 mille
personnes qui partent à la retraite. La
société allemande a primordialement
besoin de sang neuf, jeune, et les
jeunes viennent par leurs propres
moyens, à pied s’il le faut.
Finalement, un grand merci à
l’Allemagne et tous ces pays qui
reçoivent les réfugiés, un grand merci
pour leur humanisme ; mais un merci
encore plus grand s’ils nous disent les
vraies raisons de cette nouvelle
générosité débordante.
Département
français du Centre Palestinien
d’Information (CPI)
11 septembre 2015
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