Cette dénonciation n’a pas été exprimée
seulement par les Palestiniens, mais aussi par James Wolfensohn,
représentant du Quartet pour le désengagement, dans son
courrier de la semaine dernière, aux ministres des Affaires étrangères
du Quartet et au secrétariat-général des Nations unies.
Wolfensohn a alerté sur le fait que le
gouvernement d’Israël empêchait la reprise économique de la
population de Gaza en renvoyant les questions les plus urgentes
devant des commissions ultra lentes. Que ce soit par
malveillance comme un acte agressif ou simplement par mauvaise
volonté ordinaire, le résultat est le même. L’application
de l’accord pour l’ouverture de la Bande de Gaza à la
population et aux marchandises, pierre angulaire de l’économie
de Gaza, a été repoussée depuis trop longtemps. La
proposition de la Banque mondiale pour un système provisoire de
transports des marchandises n’a pas été suivie et les
discussions à ce sujet sont toujours repoussées. Israël n’a
pas répondu à la proposition de l’Union européenne pour
assurer une surveillance provisoire au passage de Rafah ;
le barrage de Erez est pratiquement toujours bouclé ; le
passage des marchandises par Karni est particulièrement lent ;
et seuls deux ou trois cars relient la Bande de Gaza et la
Cisjordanie, tous les quelques jours. Cette situation n’a rien
à voir avec les questions de sécurité, qui faudrait-il
absolument protéger ?
La lettre de Wolfensohn a pris une tonalité
dramatique, dans le but de sortir les preneurs de décisions de
leur apathie, les prévenant que « si nous ne saisissions
pas cette opportunité de changement, nous le regretterions
pendant les dix ans à venir ».
Le bureau du Premier ministre a répondu que la
lettre « serait étudiée après (les fêtes du) Sukkot »,
alors que, de son côté, le ministre de la Défense disait
qu’il n’y avait « pas lieu de s’exciter ».
Ces réponses arrogantes n’écartent pas tout
espoir de sagesse diplomatique. Quand il arrive qu’il y ait
des relations entre Israël et les Palestiniens, le premier intérêt
d’Israël réside dans une amélioration significative du
niveau de vie des Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Pour
que le désengagement reste une réussite, et ne devienne pas un
acte isolé, Israël doit éviter de faire obstacle aux pays
donateurs et à leur assistance des Palestiniens. Si la lettre
de Wolfensohn peut incité Shaul Mofaz et Shimon Peres à
prendre leurs responsabilités sur cette question, elle aura été
utile.
Le gouvernement Sharon pourrait à tort penser
que les barrières contre les meurtres et les tirs sont une
solution pour obtenir le calme. Il pourrait aussi être tenté
de croire qu’il est possible de couper Gaza de la Cisjordanie.
Mais les Qassams lancés sur Sderot en réponse au meurtre de
l’activiste du Jihad islamique à Tulkarem montrent que les
Palestiniens de Cisjordanie et ceux de Gaza forment un tout. Ce
qui est évidemment souhaitable, mais les conditions doivent être
créées pour une reprise économique qui renforcera les modérés
palestiniens et réduira le soutien à la violence. Le désengagement
de Gaza n’a pas été mené jusqu’à son terme, à plus
forte raison sa réussite. On a fait seulement la moitié du
travail jusqu’ici. Lever l’embargo économique sur Gaza est
la condition sine qua non pour qu’il soit réussi.