14 décembre 2005
L'avocat de Nadi al-asir, Hanane al-Khatib, a pu récemment
rencontré plusieurs femmes palestiniennes détenues dans la
prison de Hasharon. Les prisonnières ont réussi à témoigner
des traitements inhumains et humiliants subis dans les centres
israéliens d'interrogatoire.
1 - Samar Ibrahim Subayh, est de Tulkarm, originaire de
Gaza, 22 ans. Elle a été arrêtée le 29 septembre 2005, trois
mois après son mariage. Elle est enceinte de deux mois.
Samar raconte qu'elle est venue de Gaza le 25 mai 2005 à
Tulkarm, pour se marier. Le 29 septembre, les forces de
l'occupation ont investi sa maison. Elles ont obligé tous les
habitants de la maison de sortir de la maison. Elles ont obligé
les hommes à se déshabiller entièrement, devant les femmes et
les enfants, puis leur ont apporté des vêtements de rechange
blancs, le but étant de les humilier devant les membres de
leurs familles.
Elle ajoute : les soldats m'ont ordonnée de me mettre de côté,
et m'ont obligée à entrer dans une sorte de cabine mobile où
se trouvent des caméras. Il y avait un soldat qui m'a ordonné
de me dévêtir, ce que j'ai refusé, mais il m'a ensuite menacé
de me tuer. Ensuite, ils m'ont passée une longue robe blanche
que je devais porter, à la place de mes vêtements. Ils m'ont
interrogé de suite, pendant une demi-heure, et j'ai été emmenée
au centre de détention d'al-Moskobiyya, à al-Quds.
Ils m'ont attachée les mains, les pieds et les yeux. J'étais
gardée par une soldate israélienne, et lorsque je suis arrivée
à al-Moskibiyya, plusieurs soldates se sont mises à me
fouiller, toute nue. Je leur ai dit que j'étais enceonte, mais
elles ne voulaient pas me croire, elles m'ont emmenée à l'hôpital
pour s'en assurer, et lorsqu'elles s'en sont assurées, elles
m'ont ramenée à al-Moskobiyya, et m'ont fait entrer dans la pièce
des interrogatoires.
J'ai été interrogée pendant deux mois, et chaque séance
durait entre 3 et 4 heures, tous les jours. J'étais alors
attachée à une chaise, les pieds et les mains liées. Du
10/11/ 2005 jusqu'au 15 novembre, la pression des
interrogatoires s'est accélérée, les séances se déroulaient
de 6 heures du matin jusqu'à minuit, et j'étais tout le temps
en position de shabeh, sur la chaise. Ils n'ont pas pris en
considération mon état. Les instructeurs se reposaient, se
remplaçaient, mais moi, j'étais tout le temps, assise,
subissant leurs pressions.
Les instructeurs l'ont menacée à plusieurs reprises de démolition
de la maison, de la faire avorter, de l'arrestation de ses
soeurs et de sa mère, et l'insultaient constamment.
L'un des moyens de torture psychologique utilisés est de faire
venir son mari dans les cellules d'al-Moskobiyya. Les
instructeurs lui demandaient de jeter un coup d'oeil sur une
cellule d'interrogatoire. Elle y a vu son mari, les yeux bandés,
les mains et les pieds attachés. Ils ont plusieurs fois utilisé
ce moyen au cours de l'interrogatoire.
15 instructeurs se sont relayés pour l'interroger, la plus
terrible étant l'instructrice dénommée capitaine Noura.
A propos des cellules d'al-Moskobiyya, Samar a expliqué que les
cellules étaient extrêmement froides, obscures, humides, sans
aucune aération, ni fenêtre, les murs sont peints en gris
sombre, avec un trou dans le sol pour les besoins. La lumière
feutrée fait mal aux yeux, le matelas et les couvertures sont
sales. Concernant l'alimentation, elle n'a pas eu droit à un
verre de lait qu'elle a réclamée, ni à une nourriture équilibrée,
étant donné son état.
Le 15 novembre, Samar est emmenée à la prison de Telmond,
section 12.
Il faut signaler que le mari de Samar a été arrêté le
lendemain, le 30 septembre, et est en détention administrative
pour six mois.
2 - Arij Mustafa Muhammad Arouq, de Jénine, 25 ans. Arrêtée
le 27 juillet 2003 et condamnée à quatre ans de prison. Elle a
été arrêtée au barrage de Huwwara. Elle était restée
qautre heures sur le barrage, les mains attachées et les yeux
bandés. Elle fut ensuite emmenée au centre de détention de
Huwwara, où elle passa deux jours dans des conditions très éprouvantes
: dans une pièce avec des engins de construction, du
sable, de la poussière, et un simple matelas pour dormir.
Elle fut ensuite emmenée au centre d'interrogatoire d'al-Jalame,
où elle est restée un mois. Elle a été fouillée à nue, et
les trois premiers jours de l'interrogatoire furent en continu,
sans une minute pour dormir.
Les instructeurs l'ont installée sur une chaise, les mains et
les pieds attachés, et également attachés à la chaise, clouée
au sol. Au cours de l'interrogatoire, elle fut menacée
d'arrestation de ses frères et soeurs, de démolition de la
maison familiale, de détention pour une longue période, et même
de faire circuler des mensonges à son propos. L'instructeur Abu
Munir la giflait en permanence. Arij dit : "il est certain
qu'ils voulaient arracher des aveux, ils criaient, insultaient,
menaçaient. A un moment, ils étaient 7 instructeurs cherchant
ensemble à me faire avouer". Concernant les cellules d'al-Jalame,
elles ressemblent à celles d'al-Moskobiyya, froides, obscures,
humides, et sales.
Arij a été transférée le 18 janvier 2005 à la prison de
Telmond. La représentante des prisonnières, Amina Mouna a
transmis par son intermédiaire un message à l'avocat Hanane
el-Khatib, disant :
Depuis 9 jours, les prisonnières sont extrêmement inquiètes,
elles ne sortent plus à la promenade, car elles craignent des
agressions de la part des gêoliers et geôlières. Ces derniers
ont des comportements anormaux ces derniers temps, ils sont
tendus, crient sans cesse, refusent de s'adresser à la représentante
Amina Mouna pour la gestion quotidienne.
Arij Arouq décrit la prison de Telmond disant que la situation
y est terrible, les fouilles sont constantes, les insultes, les
punitions pleuvent pour n'importe quel prétexte, les prisonnières
sont privées des visites, des lettres, elles sont mises en
isolement et privées de promenade.
3 - Shifa' Adnane Amine al-Qudsi, de Tulkarm, 29 ans, arrêtée
le 10 avril 2002. Elle est mariée et mère d'une fille. Condamnée
à 6 ans de prison. Elle a témoigné avoir été arrêtée dans
sa maison. Une impostante force de l'armée a investi le lieu,
elle a été utilisée comme bouclier humain au cours de son
arrestation. L'armée avait ordonné aux hommes de sortir de la
maison, les ont obligés à se dévêtir devant tout le monde,
pendant que les insultes et grossièretés pleuvaient sur tous.
Ensuite, les femmes furent ordonnées de sortir, et à peine
est-elle arrivée près des soldats, qu'ils se sont mis à la
rouer de coups. "Ils m'ont frappée avec des bâtons, les
crosses des fusils, m'ont donnée des coups de pied. J'avais l'épaule
droite en sang, à cause de leurs coups.
Près de dix soldats se trouvaient avec moi dans la voiture
militaire, ils n'ont pas cessé de me frapper tout le long du
trajet, et du fait de ces coups subis lors de mon arrestation,
je souffre toujours de l'épaule droite, et surtout en temps de
froid.
Elle fut ensuite emmenée au centre de "liaison
civile" à Tulkarm, où elle a encore été frappée, puis
au centre de la police de Natanya, et ensuite au centre d'al-Jalame.
Au centre al-Jalame, elle fut auscultée par un médecin qui a découvert
une blessure à l'estomac.
"Les quatre premiers jours, l'interrogatoire était
permanent. J'ai été interrogée par l'instructeur Segal. J'ai
été mise en position de shabeh, pendant quatre jours de suite,
les mains et les pieds attachés, sur une chaise. A plusieurs
reprises, les instructeurs ne me disaient rien, l'un manipulait
un ordinateur, pendant que l'autre était occupé, mais c'est
surtout une forme de pression psychologique pour arracher des
aveux. L'un des instructeurs m'insultait par des mots très
grossiers, il essayait de me provoquer. Ils m'ont passé, au
cours de l'interrogatoire, près d'une dizaine de fois à un
appareil pour détecter les mensonges.
Shifa' passa près de 48 jours dnas les cellules d'al-Jalame,
dont 16 en isolement. Elle ne peut prendre sa douche que 15
jours après son arrestation.
Pendant ma détention à al-Jalame, une prisonnière de droit
commun m'a brûlée l'oeil avec sa cigarette. J'ai eu des problèmes
pendant une quarantaine de jours, j'ai porté plainte au
tribunal, mais sans aucun résultat.
Après avoir passé deux ans dans la prison de Ramleh, elle a été
transférée à la prison de Telmond. Elle s'est plaint des
insectes et bêtes qui pullulent dans les cellules, surtout
qu'elle a été récemment piquée par une araignée, en plein
sommeil. Et elle réclame, pour elle et ses co-détenues, des
couvertures, pour l'hiver.
Traduit par Centre d'Information
sur la Résistance en Palestine